L'invention de l'amour

« L'enfer, c'est les autres » écrivait Sartre.
En ouvrant ce court roman d'un auteur couronné de quelques prix de renom, on a l'impression de se trouver dans « Huis-clos ».
Un refuge, sous la forme d'une abbaye, propriété d'une baronne, une tempête de neige qui isole tout un petit monde. le décor est placé. Reste à animer cette petite dizaine de personnages pour donner vigueur à une belle pièce de théâtre.
Lorsque se trouvent ainsi confinés plusieurs personnes de culture et d'horizons différents, cela implique de jolies scènes. On peut s'assembler autour d'un jeu de société ou, plus opportunément pour la trame d'un roman, parler d'amour.
Chacun apporte son vécu, son passé, ses névroses, ses doutes et ses regrets. Les rapports de force ou/et de séduction se tissent et se défont au fil des pages. Tout ce petit monde se croise et se décroise dans une ambiance feutrée et oppressante.
Ajoutez un cadavre et vous auriez une belle pièce d'Agatha Christie.
Faites entrer un fantôme et une bande de zombies dirigés par Dracula en personne et vous obtenez un criant roman d'horreur.
Restez superficiels et convenus et c'est le pire sitcom de l'année.
Rouart sait se démarquer des trop simples scénarios en troussant un joli texte sur le sentiment le plus répandu et pourtant le moins connu qui soit : l'amour.

roman de plage, presque de gare ; style alerte mais s'oublie de suite

Un huis clos forcé qui est instauré va déchaîner les passions, raviver les blessures du passé, révéler les fantasmes inavoués, plaçant chacun face à lui-même et à cette mystérieuse invention de l'être humain : l'amour. L'amour qui n'est peut-être qu'illusion, mais où chacun trouve le rêve, l'élan qui seuls permettent de transcender l'absurdité et la solitude. C'est une descente au plus profond d'un labyrinthe hanté par l'inconscient, les désirs, la mémoire, le malheur intime.