AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070126989
168 pages
Verticales (30/11/-1)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Qu’écrire encore sur la Shoah qui ne l’a déjà été ?
Peut-être son empreinte sur le présent.
Comprenant que toute trace de l’existence de ses grands-parents paternels n’a pu disparaître, Marianne Rubinstein décide de savoir ce qu’il reste d’eux. Elle exhume de rares documents d’époque conservés dans une « boîte en fer bleue » et finit même par esquisser un arbre généalogique. Mais alors qu’elle fouille dans le passé, sa recherche ne cesse de déborder su... >Voir plus
Que lire après C'est maintenant du passéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Marianne Rubinstein intitulé "C'est maintenant du passé", publié par Gallimard sous le couvert des éditions "verticales phase deux" (ISBN 978.2.07.012698.9).

Née en 1966, issue d'un mariage mixte (mère bretonne, père juif d'origine polonaise), l'auteur part à la découverte des vestiges de sa famille paternelle à partir de 2007 environ. Elle cite à plusieurs reprises l'ouvrage de Mendelsohn "les disparus" dont elle s'inspire sans que sa quête ne prenne cependant la même ampleur (environ 160 pages très aérées).

Quelques éléments retiennent mon attention dans sa façon de restituer l'histoire familiale :
- l'auteur ne cherche pas du tout à produire un récit continu, elle reconnaît et assume le fait de ne disposer que de fragments sans continuité possible
- elle mêle étroitement la narration de sa quête à la restitution des maigres données : le récit raconte aussi bien sa relation à son père pour en obtenir des informations que ses réactions à elle et que les histoires familiales ; son père résiste plus ou moins fortement à l'idée de laisser remonter tous ces souvenirs (c'est un mécanisme connu : la génération ayant vécu le désastre ne veut pas en parler, elle veut oublier, à tout le moins ne pas s'en surcharger pour être à même de vivre).

L'ouvrage de Mendelson est centré sur la Shoah, alors qu'ici, l'auteur inclue des drames individuels sans doute provoqués par la situation de guerre, mais sans s'y rattacher directement (voir citation) : ces traumatismes ont été en quelque sorte écrasés, gommés, pour le moins relativisés par le cataclysme collectif que fut la seconde guerre mondiale.

Que l'on permette de citer ici un exemple personnel. En 1942, alors qu'il est enfant et que son père est prisonnier en Stalag, l'un de mes oncles voit sa mère et sa soeur périr dans l'incendie de leur pauvre demeure provoqué par un poêle à charbon défectueux ; sur demande de la Croix-Rouge, les nazis autorisent le père à rentrer chez lui ; il se remarie avec une mégère qui ne trouve rien de mieux que de chasser l'enfant du foyer paternel, sans que le père ne prenne la défense de son fils ! Mon oncle sera recueilli et élevé par ma grand-mère, mais aujourd'hui encore, il n'a rien pardonné à son père décédé…

De nos jours, un tel vécu justifierait l'intervention d'une nuée de psychiatres ou d'assistantes sociales ravies de justifier leurs salaires ; dans les années d'après-guerre, entre 1945-1955, ces malheurs individuels furent engloutis dans la joie d'avoir surmonté le désastre collectif…

Le grand mérite de cet ouvrage réside justement dans le fait de poser cette question : comment s'articulent les malheurs individuels dans une période de grands malheurs collectifs ?
Commenter  J’apprécie          20
Ébaucher des portraits des disparus à partir de fragments, leur redonner vie et retrouver sa place.

«Cette brume insensée où s'agitent des ombres, comment pourrais-je l'éclaircir ?». Cette citation de Raymond Queneau, en exergue à «W ou le souvenir d'enfance» de Georges Perec aurait pu également ouvrir ce récit de Marianne Rubinstein, publié en 2009 aux éditions Verticales et dédié aux absents.

Après la lecture des «Disparus» de Daniel Mendelsohn, qui forme un trait d'union entre «Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin» et ce livre-ci, Marianne Rubinstein a enquêté frénétiquement, avant que tout ne s'efface, et rassemblé les traces éparses et souvenirs fugitifs pour faire surgir des lueurs sur l'histoire de ses grands-parents paternels et des membres de leur famille déportés et assassinés par les nazis.

La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans le recueil le plus célèbre de contes traditionnels japonais - le Konjaku monogatari -, l'équivalent de notre Il était une fois se dit : C'est maintenant du passé. Mais alors que notre Il était une fois met le passé à distance, le C'est maintenant du passé japonais, comme les deux caractères chinois à l'origine du titre le révèlent (kon/jaku, littéralement présent/passé), entremêle passé et présent, le passé mordant sans cesse sur le présent, et le présent, à peine vécu, devenant passé à son tour.
Commenter  J’apprécie          120
Pourquoi écrire ? « Bon qu’à ça », répondait Beckett. Comment être plus laconique ? J’écris parce que j’ai un problème de place. Comme des millions de gens. Comme des milliards même, qui pourtant n’écrivent pas. J’écris parce que c’est le seul endroit où je peux, sans l’aide de personne, calmer l’angoisse. Où je n’ai plus le visage collé à la vitre, le nez écrasé par trop de pression. J’écris parce que l’écriture crée, même en été, un espace enneigé autour de moi, qui assourdit les bruits de l’extérieur et dans lequel je peux réparer les mécanismes complexes d’une montre imaginaire, nettoyer chacune des pièces avant de les assembler dans l’espoir d’entendre de nouveau tic tac, tic tac, tic tac.
Commenter  J’apprécie          60
"de manière visible, il y a les traumatismes liés à la guerre, mais en-dessous, dissimulés, des traumatismes familiaux qui ne peuvent plus se faire jour car ils ont été considérés par la psyché des survivants comme étant sans commune mesure par rapport aux traumatismes vécus plus tard. [...]
L'évènement traumatique fut d'une telle violence – un Hiroshima du monde juif européen – qu'il conduisit à un écrasement des émotions, celles d'avant comme celles d'après."
pp. 57-59
Commenter  J’apprécie          20
Le silence qui entoure les anecdotes de mon père n'est pas celui du haiku.

Deux verbes latins expriment l'acte de faire silence, note Lacan. L'un, silere, correspond à un état passif, celui d'être silencieux. L'autre, tacere, exprime l'acte de taire quelque chose, le silence actif.

C'est le silence du haïku que je cherche ici: silere.

Tacere: se taire pour se protéger de l'incrédulité ou de l'indifférence de l'autre; pour le préserver ou pour éviter d'user ses souvenirs à force de les divulguer. Mon père se tait (tacere).

Je cherche le silence après que ce qui doit être dit l'a été dans une forme juste. C'est un silence, je le devine, qui n'est pas étouffement, mais qui crée, au contraire, un espace paisible en soi.

Cette idée de forme juste, Roland Barthes l'évoque dans L'empire des signes: «La brièveté du haïku n'est pas formelle; le haïku n'est pas une pensée riche réduite à une forme brève, mais un événement bref qui trouve d'un coup sa forme juste [...] cette justesse a évidemment quelque chose de musical (musique des sens, et non forcément des sons) : le haïku a la pureté, la sphéricité et le vide même d'une note de musique. »
Commenter  J’apprécie          00
J'aime excessivement la courtoisie. À mes yeux, la politesse n'est pas une hypocrisie, mais la manière la plus agréable de vivre ensemble lorsqu'il n'est pas question d'aller plus avant dans l'intimité, ce qui est souvent le cas.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Marianne Rubinstein (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marianne Rubinstein

Marianne Rubinstein - Les arbres ne vont pas jusqu'au ciel
« C'est quoi, pour toi, la quarantaine ? » demande-t-elle obstinément à ses amies. Elle pour qui le « milieu du chemin de la vie » a commencé par une rupture et la garde alternée de son petit garçon. Après l'effondrement, vient pourtant le temps de la reconstruction, des amitiés fondatrices, des amours éphémères, et d'une certaine douceur de vivre. Dans Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel, Marianne Rubinstein évoque tout en subtilité cet ébranlement intime de la quarantaine. D'un ton juste et lumineux, l'auteur de Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin et du "Journal de Yaël Koppman", en analyse les découvertes, les effrois, les bonheurs et la liberté qui peut en résulter. Maître de conférences en économie à Paris VII, Marianne Rubinstein est l'auteur d'un essai remarqué sur les orphelins de la Shoah, "Tout le monde n'a pas la chance d'être orphelin". Son œuvre romanesque met en scène un double littéraire Yaël Koppman que l'on retrouve dans "Les arbres ne vont pas jusqu'au ciel".
+ Lire la suite
autres livres classés : shoahVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

La siximème Dinah et moi

Comment s'appelle la meilleure amie de Louis?

Elle se nomme Dinah.
Elle se nomme Jazz.
Elle se nomme Lea.
Elle se nomme Maxime.

6 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : La sixième, Dinah et moi de Marianne RubinsteinCréer un quiz sur ce livre

{* *}