Wazhàzhe est un polar sur fond de chamanisme et d'enquête.
Le chef Marmont, Indien osage et de profession ranger en Oklahoma, est l'invité d'honneur du petit village
De Laprade. En effet, la France et les Etats-Unis souhaitent procéder à un don de terre pour réunifier deux nations et rétablir une injustice vieille de plusieurs décennies (ou plutôt faire un coup de pub pour doper l'économie et l'image du village). Cependant, ce don ne va pas avoir l'effet escompté. La venue de cet « étranger » n'est pas vue d'un très bon oeil par certains habitants du village, générant ainsi une ambiance électrique voire raciste. Au même moment et non loin de là, une fillette prénommée Lise, est en proie à des cauchemars dans lesquels un esprit semble lui parler et la somme de se rendre à Laprade. Soucieux de la santé de leur fille et après s'être rendus au mauvais endroit, les parents trouvent finalement le signe qu'ils attendaient en apprenant qu'un osage est l'invité d'honneur d'un petit village près de Montauban. de cette rencontre entre la fillette et l'indien d'Oklahoma va découler des disparitions, mettre en exergue des meurtres non élucidés tout en effectuant un bon dans le passé pour finalement dévoiler un rituel commencé il y a plus de 150 ans…
Malheureusement je n'ai pas été emballée par le fond de l'histoire qui a pourtant bien du potentiel et de l'originalité. Je n'ai pas été autant emportée que ce que je l'espérais à la lecture de la quatrième de couverture.
Tout d'abord, j'ai trouvé que les personnages manquaient de personnalités, qu'ils étaient un peu survolés, leur histoire personnelle pas suffisamment établie. le ranger Marmont par exemple avait tout pour plaire et tout pour se démarquer de ses acolytes du polar, pourtant j'ai eu la sensation que la place qu'il méritait n'était pas suffisamment exploitée. Les auteurs tentent de rendre leurs personnages attachants, mais le lecteur n'a pas suffisamment d'informations à leurs sujets pour s'identifier à eux, pour les comprendre, pour ressentir pleinement leurs émotions.
Ensuite, j'ai trouvé qu'il y avait quelques petits points qui manquaient de cohérence. Je doute qu'un personnage tel que Marmont, qui serait le suspect principal dans la réalité, est autant de liberté d'action dans de vraies enquêtes. Par ailleurs, le personnage de Claire Tourment, lieutenant de la gendarmerie et personnage un peu plus torturé, est dépeinte comme étant une femme forte, de caractère et respectée par son équipe. J'ai apprécié cette image là et sa persévérance. En revanche, là aussi les interventions narratives sur son collègue de travail Joffrain restent un peu superflues dans le développement du récit. Certes, il permet de montrer qu'elle est appréciée, mais au-delà de ça rien de bien concluant, pas de discussions entre eux, ni de lien particulier qui approfondis la relation.
Sur le fond du récit, je m'attendais à une histoire plus sombre, proposant davantage d'informations sur les rites indiens du 19ème siècle par exemple, davantage d'explications sur les faits historiques, davantage de descriptions sur les transes, les esprits, les animaux totem, j'attendais plus de lumière sur les meurtres en eux-mêmes.
J'aurai aimé par exemple que la parole de Lise, lorsqu'elle est possédée par E Stah Sop Pe, l'esprit osage, soit plus approfondie, qu'on ressente davantage l'esprit de l'indien dans les descriptions, qu'ils deviennent un personnage à part entière avec plus de puissance. Quel dommage de ne pas avoir relaté la conversation de Marmont avec son ancêtre « E Stah Sop Pe to pu » qui parlait au travers de Lise lorsqu'elle se trouvait à l'hôpital. Décrire cela aurait donné beaucoup plus de profondeur, de frissons aux lecteurs.
Enfin, en ce qui concerne l'écriture en elle-même, elle est relativement fluide, j'ai lu les chapitres assez rapidement, les dialogues rythment le récit, ce qui reste agréable. On ressent la culture générale des auteurs et leur capacité à ne pas trop laisser l'action s'amoindrir.
En conclusion, la collaboration de
Hervé Jubert et
Benoît Séverac propose vraiment un roman original, on sent bien qu'il y a de la suite dans les idées, mais sur ce polar ci un peu plus d'émotions, de suspens et de frissons auraient été bienvenus. L'ensemble nous emporte malgré tout jusqu'à la dernière page sans trop d'ennui et sera probablement apprécié par les amateurs de polars « soft ».