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La force des choses tome 1 sur 2
EAN : 9782070367641
384 pages
Gallimard (05/03/1976)
4.16/5   180 notes
Résumé :
A trop se décanter, le passé perd cette intensité qui nous l'a fait vivre le coeur battant et qui donne aux souvenirs leur saveur humaine à défaut de la froide impartialité historique. C'est pourquoi, au risque d'encourir le reproche de manquer du recul nécessaire, Simone de Beauvoir a choisi de continuer dans La Force des choses l'autobiographie entreprise dans Mémoires d'une jeune fille rangée et La Force de l'âge. Vie publique, vie privée se confondent au cours d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La force des choses est la troisième tome de l'autobiographie de Simone de Beauvoir. La deuxième guerre mondiale est désormais terminée. Elle laisse la France dans la misère et dans une situation politique bien compliquée. Simone de Beauvoir évoque donc sa vie durant cette période, sa relation particulière avec Sartre, ses écrits, ses études pour le deuxième sexe, ses nombreux amis (Vian, Camus, Giacometti...), son amour pour l' écrivain américain Nelson Algren et enfin ses nombreux voyages, notamment en Afrique noire, au Maghreb, aux Etats Unis et en Scandinavie.
L'ouvrage est un peu plus politique que les deux premiers tomes mais tout aussi intéressant. Quelle vie extraordinaire !
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Au lendemain de la libération des camps, Simone de Beauvoir a 36 ans et son engagement politique, ainsi que celui de Sartre, se renforce. Elle est réintégrée dans l'Education Nationale en 1945 ; pourtant elle n'enseignera plus. Elle vit de ses écrits et des droits d'auteur des pièces de Sartre, qui sont jouées et rejouées avec plus ou moins de talent. Dans ce 1er volume du 3e tome de sa biographie, l'autrice féministe survole les forces géopolitiques à l'oeuvre pendant la guerre froide, l'affrontement des 2 blocs, sa sympathie pour le Parti Communiste, son désenchantement pourtant lors de la découverte des goulags en URSS.
C'est aussi le moment où elle fonde et contribue à la revue "Les Temps modernes" accompagnée de Vian, Sartre, Leiris... une sorte de porte-étendard de l'existentialisme dans la littérature.
Elle évoque longuement ses voyages aux Etats-Unis (Chicago), ou elle aura une liaison passionnée avec l'écrivain Nelson Algren, premier lauréat du National Book Award, d'origine juive et aux sympathies communistes ; elle explique avec beaucoup de sincérité que ni l'un ni l'autre n'était prêt à sacrifier son mode de vie pour rejoindre l'autre. Leur relation est vouée à l'échec, ils se séparent la mort dans l'âme. Sartre aussi entretient de son côté des liaisons intimes avec des femmes, et Beauvoir s'éloigne de lui, elle ne fait plus lire ses manuscrits avant publication : elle dira que la célébrité lui a volé Sartre... Sartre de son côté se brouille avec Camus pour des divergences de vues politiques, et se rapproche du PC.
C'est aussi le moment où elle écrit et publie "Le Deuxième Sexe", qui jettera un pavé dans la mare, et dont la thèse est que les différences homme-femme ne sont que culturelles. le chapitre sur l'avortement provoquera un tollé, on ira jusqu'à lui demander des adresses de faiseuses d'anges...
Elle continue ses voyages avec Sartre : ils iront en Algérie, jusqu'en Afrique noire, dans des conditions très précaires où ils seront très malades. le temps passe, plusieurs de leurs amis meurent d'un cancer, les relations de longue date se distendent...
J'ai trouvé ce tome plus laborieux que les deux précédents, l'écriture, moins fluide, met sur un même plan l'anecdotique et le politique, sans expliciter ce dernier outre mesure, je préfère nettement son écriture de l'intime de "La Force de l'âge".
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Troisième volet des Mémoires de Simone de Beauvoir et toujours ce plaisir de découvrir cette femme sous toutes les coutures : son rapport au Monde, à l'histoire, à la politique, aux artistes de l'après-guerre et à Sartre bien évidemment. Elle prévient en préface des possibles longueurs de cette oeuvre et des raisons de l'écrire si tôt. Elle se rapproche de Montaigne ou de Rousseau, arguant que non, l'autobiographie n'est pas une oeuvre d'art, figée dans le temps ! C'est au contraire un texte en constante évolution. Et la plus belle évolution est finalement celle de l'artiste au fil du monde en marche.
Ce monde de l'après-guerre est une période très riche intellectuellement et politiquement parlant. Deux puissances s'affrontent et en France la peur des communistes est flagrante. Celle d'une invasion de l'URSS également. Ce conflit d'idéologie, on le découvre, prend énormément de place dans la vie du couple Beauvoir-Sartre. Ce dernier, conspué par les communistes, rêve d'une union de gauche socialiste, ni pro-américaine, ni prosoviétique. de nombreuses réflexions sont étayées grâce aux amis du couple (Vian, Camus, Merlau-Ponty...). Et parfois amitié et idéologie ne font décidément pas bon ménage. L'évolution de la revue des Temps Modernes donne aussi un aspect de la situation. Véritablement, ce tome est axé sur la place de la France dans le monde et la place de l'artiste.
Concernant le pôle "privé" de la vie De Beauvoir, nous avons le droit à un peu plus de transparence. Surtout sur les relations entre Algren et elle ou entre Sartre et M. . Ce regain d'honnêteté est finalement logique car dans ce tome, on comprend clairement que le couple est désormais public. Leurs faits et gestes, leurs écrits sont décortiqués. Ce nouveau statut a forcément un impact sur leur relation ; ainsi à force d'être au monde, ils s'échappent un peu plus.
L'élément intéressant de cette partie est la réception du Deuxième Sexe. Elle ne s'attarde pas exagérément mais on comprend qu'on la charge de bien des maux.
Elle n'hésite pas à développer largement son voyage en Afrique. D'autres sont évoqués plus brièvement, c'est le cas de l'Islande, de l'Ecosse, de la Norvège, du Mexique et de Chicago à travers sa relation avec Algren.
Ce tome est véritablement une "mise au monde" pour Beauvoir, c'est ainsi que je le perçois et c'est ainsi qu'elle le suggère dans son intermède, dévoilant l'importance de marcher avec ce monde, de le suivre docilement au fil des années. Ces bouleversements transforment forcément l'artiste et la femme.
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Quel plaisir de retrouver l'auteure dans le cheminement de sa vie, ici à l'après-guerre. Car en plus de découvrir l'évolution d'une femme, avec son succès et sa vie publique, c'est en fait toute une époque clé de l'histoire qu'elle nous fait revivre: l'euphorie suivant la libération, la découverte des camps de l'horreur, l'unité et le pouvoir des anciens résistants; puis les doutes, la montée du communisme, les prémices de la guerre froide...

Si dans les romans précédents elle et Sartre ne se voulaient que spectateurs, c'est bel et bien en tant qu'acteurs qu'ils ont influencé cette période de l'histoire, toujours entourés de personnages prestigieux dont les noms font rêver: Giacometti, Camus, Picasso, Boris Vian, et même une rencontre avec Hemingway...

Mais ce que j'aime aussi dans ce livre, c'est leur découverte du monde au cours de leurs multiples voyages (Etats-Unis, désert saharien, Afrique noire): de quoi laisser rêveuse une amoureuse des voyages telle que moi !
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Le livre débute à la Libération, la situation en France est donc plutôt compliquée et je n'ai pas eu le sentiment que la façon dont elle l'a décrite l'a rendu plus claire. J'ai eu le sentiment qu'on m'envoyait des acronymes de parties sans chercher à expliquer les véritables idées et surtout, elle ne parlait que des penchants politiques de Sartre. À un moment, je me suis dit que si je voulais savoir qu'elles avaient été les opinions politiques de Sartre, j'aurais essayé de lire une biographie ou autre, qu'elle en parle, je comprends, qu'elle parle dix fois plus de ça que de son deuxième voyage aux États-Unis, je dis non.

En revanche, j'ai vraiment aimé la façon dont elle a traduit toute la palette de sentiments ressentis à la fin de la Seconde Guerre mondiale : espoir de liberté, période d'euphorie, deuil commun, horreur à l'annonce des événements survenus aux camps, etc.


J'ai aussi aimé entrer dans "l'élite littéraire" de l'époque : Camus, Malraux, Vian, etc. on apprend non pas qui ont été ces écrivains, mais qui ont été ces hommes et c'était forcément intéressant. Par contre, il n'y a que deux seules et uniques mentions de Violette Leduc, et encore, à la volée ! Je pensais qu'elle en parlerait plus en détail comme elle le fait avec tous ces amis qui font partie intégrante de son oeuvre, et pourtant non. Je ne le cache pas, ça a été une déception.

Et puis on fait la connaissance de l'Américain Algren, auteur également, résidant à Chicago. Elle nous décrit parfois un peu pudiquement, mais avec une réelle sincérité son idylle avec lui, le plaisir des retrouvailles, la souffrance des au-revoir. Elle expose avec une véritable simplicité l'incompatibilité entre sa vie à lui à Chicago et sa vie à elle, à Paris, aux côtés de Sartre.

Il y a aussi ces moments où elle parle de ses écrits, de façon rétrospective elle nous donne son avis sur ceux-ci, et elle parle enfin de sa grande oeuvre le Deuxième Sexe - qui ne m'intéresse pas outre mesure. Ces passages étaient passionnants, qu'elle livre ce qu'elle pense de ses écrits après coup, qu'elle prenne position par rapport à eux, j'ai adoré.


Mon avis en intégralité :
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
en parlant des critiques lors de la publication de l'essai "Le deuxième sexe" :
A croire que Freud et la psychanalyse n'avaient jamais existé. Quel festival d'obscénité, sous prétexte de fustiger la mienne ! Le bon vieil esprit gaulois coula à flot. Je reçus, signés ou anonymes, des épigrammes, épîtres, satires, admonestations, exhortations que m'adressaient, par exemple, des "membres très actifs du premier sexe". Insatisfaite, glacée, priapique, nymphomane, lesbienne, cent fois avortée, je fus tout, et même mère clandestine. On m'offrait de me guérir de ma frigidité, d'assouvir mes appétits de goule, on me promettait des révélations, en termes orduriers, mais au nom du vrai, du beau, du bien, de la santé et même de la poésie, indignement saccagés par moi. Bon. C'est monotone de tracer des graffiti dans les lavabos ; que des maniaques sexuels préfèrent m'envoyer leurs élucubrations, je pouvais le comprendre. Mais Mauriac, tout de même! Il écrivait à un des collaborateurs des Temps Modernes : "J'ai tout appris sur le vagin de votre patronne" : ce qui montre que, dans le privé, il n'avait pas peur des mots.
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Simone Weil réclamait qu'on traduise devant un tribunal ceux qui se servent de l'écriture pour mentir aux hommes et je la comprends. Il y a des mots aussi meurtriers qu'une chambre à gaz.
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Ma curiosité est moins barbare que dans ma jeunesse, mais presque aussi exigeante : on n'a jamais fini d'apprendre parce qu'on n'a jamais fini d'ignorer.
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"Le néant m'avait toujours épouvantée ; mais jusqu'ici je mourrais au jour le jour sans y prendre garde : soudain, d'un coup, tout un grand morceau de moi-même s'engloutissait ; c'était brutal comme une mutilation et inexplicable car il ne m'était rien arrivé. Mon image dans la glace n'avait pas changé ; derrière moi, un passé brûlant était encore proche : cependant, dans les longues années qui s'étendaient devant moi, il ne refleurirait pas ; jamais. Je me retrouvais de l'autre côté d'une ligne qu'à aucun moment je n'avais franchie : je restais confondue d'étonnement et de regret."
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Mon premier livre n'avait que deux ans, il n'était pas temps de tirer un traité. J'avais l'avenir, je lui faisais confiance. Jusqu'où m'amènerait-il ? Sur la valeur de mon œuvre, au futur comme au présent, j'éviterais de m'interroger: je ne voulais ni me bercer d'illusions, ni prendre les risques d'une lucidité peut-être cruelle.
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Vidéo de Simone de Beauvoir
Vous connaissez Simone de Beauvoir, mais peut-être pas sa soeur Hélène. Pourtant, cette artiste peintre s'est elle aussi engagée pour la cause des femmes.
#feminisme #simonedebeauvoir #cultureprime
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