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Marianne Millon (Traducteur)
EAN : 9782330189686
416 pages
Actes Sud (03/04/2024)
3.51/5   45 notes
Résumé :
Afrique du Nord à la fin des années 1950 : une ambiance en noir et blanc, à la "Casablanca", l'Algérie est en ébullition, le Maroc a des velléités d'indépendance, les ambassades bruissent de manoeuvres et d'intrigues. C'est dans ce cadre suranné que se déploie une histoire d'amitié et de trahison entre deux jeunes phalangistes dans le protectorat espagnol de Tétouan, au coeur du Rif occidental. Quelques 70 ans plus tard, un manuscrit surgit chez un libraire madrilèn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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José Carlos Somoza n'était pas attendu sur ce terrain-là, celui du roman historique, lui dont l'oeuvre s'est principalement construite sur des rivages fantastiques et par le biais d'intrigues ultra sophistiquées. L'origine du mal, avec son héros phalangiste, aurait presque) pu être écrit par Javier Cercas et, c'est forcément subjectif, il y a le sentiment que Somoza est moins à l'aise dans l'univers violent et réaliste de l'Espagne de 36 puis de l'Afrique du Nord, dans l'après-guerre et ses temps troublés, avant l'indépendance du Maroc et de l'Algérie. le livre vire alors carrément au roman d'espionnage avec la confusion qui va avec. La construction de L'origine du mal obéit un schéma bien usé, celui du manuscrit qui tombe du ciel dans les mains d'un écrivain et qui déclenche une enquête de ce dernier. Somoza n'est pas un manchot quand il s'agit d'installer un suspense prenant mais si l'évocation du paysage éruptif des années 50 dans le Maghreb ne manque pas d'éclat, l'intérêt n'est pas toujours soutenu, à mesure que se met en place une histoire d'amitié et de trahison. La partie contemporaine, qui occupe notamment les dernières pages, multiplie les rebondissements, certains au-delà du crédible, et parvient cependant à susciter un brin d'émotion, contrairement aux pages qui ont précédé. Pour autant, à l'inverse d'un Cercas, encore, très convaincant quand il change de genre, avec le brillant Terra Alta, L'origine du mal laisse un peu perplexe quant à la capacité de Somoza à s'aventurer dans un nouveau genre. Vous voulez parier que son prochain livre marquera un retour à son domaine de prédilection ?
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Dans « L'origine du mal », José-Carlos Somoza délaisse le fantastique, son champ narratif privilégié, pour celui de la toile de fond historique : la phalange espagnole des années 30 et le mouvement de décolonisation de l'Afrique du Nord. Cependant, chassez le naturel et il revient au galop : le roman n'est donc pas exempt de mystère et de fantastique, mais à la sauce mystique et espionnage.
Façon poupée russe, le roman est un roman dans le roman… dans le roman. Trois niveaux, avec lesquels Somoza joue parfaitement, usant des codes classiques du suspens, de l'espionnage et de la petite histoire dans la grande. La narration est resserrée autour de quelques personnages que l'on suit sur plusieurs années : jeunes hommes idéalistes, puis hommes dans les trames de la guerre, puis hommes de pouvoir.
Si l'auteur semble abandonner ses thèmes récurrents, il n'en est rien. Ici encore Somoza montre l'importance des mots, le poids et la nécessité de l'écrit : comme une sorte de mystique supérieure. S'y mêlent également des sujets plus « légers » : l'amitié, la fidélité, la trahison, et surtout le pouvoir.
Le mouvement de la décolonisation version espagnole offre un cadre un peu déstabilisant pour le lecteur français qui n'a pas révisé cette période historique. Mais l'enjeu du roman n'est pas là. Somoza met en lumière les ombres, toutes les ombres, celles des hommes et des organisations secrètes.
« L'Origine du mal » tranche avec la production habituelle de l'auteur. Plus concret, plus classique, ce roman est plus carré, si je puis dire. Mais Somoza joue aussi avec la poésie et la sensibilité, ce qui rend ses personnages attachants et crédibles. A ce titre, la fin est particulièrement émouvante, même si dans sa volonté de boucler la boucle, elle est un peu prévisible.
Une pioche étonnante, mais une bonne pioche quand même.
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Fin des années 30. Tout commence par une amitié entre deux jeunes hommes, Anjel et Elias. Ils ont des idées et Franco est leur leader. Ils vont embrasser la carrière militaire et très vite se retrouver dans les services secrets espagnols. Chacun à son rythme, chacun essayant de concilier famille et patrie. Et l'Espagne a besoin d'eux dans le protectorat du Maroc, là ou bruissent des rumeurs d'indépendance.
De nos jours, un libraire marocain confie la photocopie d'un manuscrit à un ami écrivain. Il doit le lire dans les 24 heures et se faire un avis. C'est l'histoire d'une mort, celle d'un certain Anjel, militaire espagnol tombé dans l'oubli étatique.
Je ne sais pas trop comment définir ce roman.
C'est un roman policier car il y a une enquête avec des disparitions mais pas de course poursuite.
L'histoire principale est faite de rencontres secrètes, d'idéaux qu'il faut défendre, de diplomates qui n'en sont pas alors c'est un roman d'espionnage.
Mais c'est aussi un roman initiatique car l'écriture nous emmène sur les chemins de l'amitié, de l'amour et de la trahison.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agit d'un roman atypique qui me donne l'envie de découvrir d'autres écrits de José Carlos Somoza.
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Les écrivains espagnols entretiennent un rapport étroit avec leur histoire récente, et s'ils ancrent leurs récits dans l'époque actuelle, c'est souvent pour en plonger les racines dans le sombre passé de la dictature. Mais peut-être ne s'agit-il dans le fond que d'un tropisme personnel qui me conduit précisément vers ces textes-là… Quoi qu'il en soit, le roman de Somoza opère ce mouvement de balancier entre les années 1950 et la fin des années 2010.

Il s'ouvre en effet de nos jours à Madrid : un manuscrit a été confié par un mystérieux émissaire à un libraire marocain, charge à lui de le lire dans les vingt-quatre heures et de le confier à un écrivain susceptible d'en apprécier la qualité. Alors que l'Espagne est encore traumatisée par les récents attentats de Barcelone et que trois jeunes filles viennent d'être enlevées par ce qui pourrait être des terroristes islamistes, le récit relate sur un mode autobiographique la vie - et surtout la mort - d'un militaire phalangiste envoyé après guerre dans le protectorat marocain qui manifeste alors des velléités d'indépendance.

On est ainsi invité à suivre le parcours de ce jeune homme au sein des missions diplomatiques, des services secrets, à observer ses relations avec sa hiérarchie ainsi que le trouble jeu des alliances et des trahisons…

Ce récit s'enchâsse dans le dialogue mené entre le libraire et l'écrivain s'interrogeant sur l'identité de l'auteur et la nature du rôle que l'on veut leur faire jouer, mais aussi sur le climat de défiance régnant dans leur pays à l'égard des populations d'origine arabe, pour nous mener vers une résolution bien inattendue.

Si j'ai parfois manifesté un peu d'impatience à la lecture du récit secondaire qui constitue la plus large partie du roman, j'ai en revanche été séduite par la manière dont Somoza joue sur le statut de l'écriture - jusqu'au bout on s'interroge sur l'énigme d'un auteur prétendument mort écrivant sur les conditions de son décès - et la manière dont il finit par nouer les fils des deux récits et des deux temporalités.

Peut-être faut-il s'intéresser d'assez près à l'histoire coloniale du Maroc et à ses relations avec l'Espagne - ce qui est assez pointu - pour pleinement apprécier ce livre, mais sa construction et le rôle central qu'il attribue à l'écrit en fait néanmoins une lecture attrayante et stimulante.
Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Roman dense, complexe ou plutôt trois romans en un : à la fois roman historique, polar, mais aussi roman d'amitié ne ménageant pas le suspense et tenant en haleine jusqu'à la fin. Néanmoins, l'intrigue est parfois complexe à suivre, surtout lorsque, comme moi, on n'est pas très initié à l'histoire de l'Espagne et son rôle dans la décolonisation des pays du Maghreb, d'autant que les va et vient entre différentes périodes historiques sont incessants.
En revanche, la langue est agréable, parfois même poétique, semant çà et là quelques belles réflexions et invitant à réfléchir sur la part d'ombre voire la part sombre inhérente à chaque individu.
Je suis donc partagée face à ce roman parfois déconcertant mais il s'agit en tout cas d'une découverte intéressante !
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Je sais pourquoi vous avez du mal à pleurer, capitaine, dit Rahini. Pleurer, c’est vivre, et vous voulez être mort… Mais vous êtes vivant. Être mort, ce n’est pas pleurer sur la tragédie des autres. Cela signifie danser sur des cadavres. Planifier froidement la destruction des autres. Vous êtes vivant et vous devez pleurer. C’est la première chose que l’on fait en arrivant au monde.
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Mon père me racontait une anecdote sur sa jeunesse militaire, quand il était affecté à la frontière avec la France. Il me disait qu’il avait observé ces quelques mètres, cette terre entre les barrières, la même des deux côtés, mais, par convention, différente ; la terre pour laquelle nous versions notre sang en raison d’une distance de 10 à 15 pas semblait la même, sans limites. Et pourtant, une chose paraissait maintenant évidente, quand je suivais les trottoirs sous les nuages lourds : ils étaient chez eux avant nous. Des femmes voilées et des hommes en turban ou fez. Ni espagnols ni français : algériens. Qui tentions-nous de conquérir ? À qui « permettre » l’indépendance ? Il n’y avait rien à répartir entre nous. C’était eux, juste eux, les héritiers d’eux-mêmes. Les frontières, comme les foyers, se mettaient à exister à l’arrivée des étrangers.
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Je voulais peut-être… Je ne sais pas. Tourner la page. C’est ça, non ? C’est le cas de le dire : tourner la page. L’histoire de Angel Carvajal est émouvante, mais de nombreuses histoires le sont, dans notre pays. Nous les Espagnols, nous avons vécu des époques terribles. Des années de brutalité, de misère, de violence. Mais je crois que nous devons faire comme lorsque nous lisons : ne pas oublier, mais tourner la page. […]
Tourner la page et continuer à lire. Car l’avenir… L’avenir s’écrit pendant que nous lisons. Vous êtes écrivain. Je suis lectrice. Nous croyons tous deux au pouvoir des mots.
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Tu veux savoir le bon côté de cette guerre ? Le fait que les puissances se soient aperçues qu’il faut s’unir. Par-delà les frontières, les langues, les croyances. Il y a… Tu serais surpris de savoir tout ce qui se fait, en Angleterre, aux États-Unis, Ángel, leurs vues ambitieuses… Crois-moi : Hitler passera à la postérité comme le dernier idiot qui faisait confiance aux guerres pour contrôler le monde. La guerre, au singulier, est terminée, pour toujours. Dorénavant, il n’y aura plus que des batailles.
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Les mots vivent éternellement, voulais-je lui dire. Ils restent quand nous partons. Et ils seront connus, même si tu détruis ceux qui les prononcent. ( p 234 )
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Videos de José Carlos Somoza (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Carlos Somoza
12 janv. 2023 Que lire pour des romans policiers d’un nouveau genre ? Le coup de projecteur sur Jose Carlos Somoza.
Liste des romans présentés : Clara et la pénombre La caverne des idées L’appât Daphné disparue.
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