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Laura Derajinski (Traducteur)
EAN : 9782351783153
464 pages
Gallmeister (17/08/2023)
3.57/5   74 notes
Résumé :
Le 3 juin 1539, le conquistador espagnol Hernando de Soto enfonce son épée dans le sol de La Florida et se proclame gouverneur officiel, adoubé par le roi Charles Quint. Au terme d’un périlleux voyage, après avoir bravé la fougue de la mer et la rage de ses ennemis, le voilà enfin face à son destin. À lui les richesses, à lui la gloire, il bâtira là une nouvelle cité qui portera son nom. Aveuglé par l’ambition, obsédé par l’or, de Soto déferle sur les terres avec se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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David Vann est un grand romancier américain que vous connaissez peut-être déjà depuis le succès de Sukkwan Island. Maître du « nature writing« , il nous revient cette année avec une oeuvre plus ambitieuse. La Contrée obscure explore les origines de l'Amérique et nous démontre avec brio l'extrême violence de la colonisation des « native Americans« . Une façon aussi pour lui de rendre hommage à ses origines Cherokees.
L'expédition du conquistador Hernando de Soto sur le territoire de la Florida est entièrement vraie. L'auteur n'en a changé que la fin. Mais ce n'est pas tant la véracité des faits qui nous intéresse ici que le la construction du personnage principal du livre : grandiloquent, totalement imbu de lui-même et obsédé par l'appât d'un or introuvable, sa mégalomanie l'aveugle au point de le rendre ridicule. Une sorte de Don Quichotte massacreur qui justifie sa mission sanguinaire par la grâce de Dieu.
Le problème est qu'il ne sait pas que le territoire que lui a offert le roi d'Espagne n'est en réalité qu'un immense marécage. Alternant les chapitres du côté des Espagnols et des légendes Cherokees qui animent ces lieux, David Vann réussit la prouesse de nous conter une épopée sanglante avec beauté, intégrité mais aussi avec humour. Naviguant entre ubuesque et horreur, la richesse de cette terre est une culture et une spiritualité que les conquérants aveuglés par l'appât du gain auront tôt fait de détruire.
Un livre captivant dont le sujet reste toujours à méditer. Un roman important de cette rentrée !
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Si ce n'avait pas été David Vann, honnêtement, je ne l'aurais pas lu. La couverture qui fait très roman pulp fiction, le thème et la quatrième de couverture présageant beaucoup de violence... mais, intriguée, je me suis lancée. Et c'est souvent la curiosité qui nous fait découvrir des choses insoupçonnées!

Si vous ne connaissez de Soto que de nom, comme moi il y a quelques semaines, sachez qu'il est un conquistador espagnol s'étant auto-proclamé gouverneur officiel de Florida après y avoir accosté, et qu'il parcourra la péninsule et une grande partie du sud de ce qui deviendra les Etats-Unis, aveuglé par la soif de l'or, entraînant à sa suite des centaines d'hommes vêtus de lourdes armures.
Ce serait comique si ne n'avait été si violent: traversant marécages et rivières, affamés, régulièrement perdus, affrontant alligators et serpents pour la postérité, ils pillent sur leur route les villages indigènes et violent les femmes avant de leur fendre le crâne, de brûler les hommes ou les jeter dans le gueule de leurs chiens affamés qui les déchiquètent avec voracité.
Ce sera ainsi tout au long du roman dont se dégage, peu à peu, notamment grâce aux répliques ironiques et salvatrices d'Ortiz, l'interprète agnostique de de Soto, un sentiment profond d'absurdité face à cette quête de l'or impossible.
Peu à peu se dessine aussi le paysage cherokee d'avant la colonisation européenne, leur vie, leurs pensées, la fierté et la résistance incroyable dont ils font preuve, au grand dam des conquistadors.
En parallèle, comme une bulle d'air, le récit de la légende cherokee de la création du monde et de la naissance de l'enfant sauvage, qui tournera elle aussi peu à peu vers l'horreur.
Oui, une violence par moments insoutenable pèse sur ce récit, mais qui n'est pas gratuite; Si vous cherchez des infos sur les conquistadors, la colonisation du continent dans les premiers siècles, cette violence dont les Européens ont fait preuve est bien trop souvent passée sous silence. le sang a pourtant coulé sur toutes ces terres où vivaient les Amérindiens depuis des milliers d'années.
J'ai été surprise de me laisser prendre par cette lecture que j'appréhendais, mais au delà de la violence, c'est le choc des cultures que l'auteur interroge et que j'ai aimé appréhender.
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Le nouveau roman de David Vann, chronique d'un périple destructeur. Fidèle à son style incisif et à sa syntaxe distinctive, l'auteur met de côté son thème de prédilection du dysfonctionnement familial pour écrire sur des racines plus profondes encore. Cette fois, il s'agit de la relation aux pères, autrement dit aux ancêtres et à l'Histoire de son peuple. Car David Vann possède des origines cherokees et veut y rendre hommage avec ce roman à deux arcs narratifs entrelacés. le premier décrit l'avancée en terres hostiles du conquistador espagnol Hernando de Soto, gouverneur de Cuba et marquis de la Florida. le second est un récit cosmogonique, mystère de la création du monde et des peuples premiers, au travers du mythe de l'Enfant Sauvage.

L'Enfant Sauvage, né des viscères de gibier et de l'eau d'une rivière, capable de se changer en plume, en courant d'air ou en flamme. Il sème le chaos sur son chemin, n'apporte à son jeune frère que perdition et incompréhension. de Soto, obnubilé par l'or et la gloire. Il considère les terres de la Florida comme son fief et les natifs comme ses esclaves, moins que des Hommes. Ces deux personnages sont avides de sang et de destruction, et font trembler le monde par le changement.

Malgré un tableau de départ prometteur, ce roman m'a quelque peu déçu en regard de mes expériences précédentes avec l'auteur. le récit créateur, par son côté fantastique et la relation toxique unissant les deux frères, m'a davantage plu que celui sur la progression de de Soto dans La Florida. L'avancée de son armée dans les terres marécageuses et pinèdes interminables est ponctuée par les conflits incessants avec les indigènes, les scènes de torture, de viol et de démembrement. Les dialogues entre de Soto et ses hommes souffrent de platitude et d'une sempiternelle acrimonie. le seul personnage sortant vraiment du lot est celui d'Ortiz, un Espagnol égaré entre deux mondes et deux cultures, tenant le rôle de guide et interprète pour le conquistador. Ce roman, lesté par la superficialité et l'enlisement, n'est selon moi pas le meilleur de David Vann, mais il laisse songeur sur la relation entre destruction et création.
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Viens, te plonger dans l'abîme, où l'horreur coule comme un venin dans les veines d'une réalité éclatée. Viens t'y abreuver.

Avant de te mettre dans le mood, laisse-moi te recommander un cauchemar de l'histoire, « le massacre des indiens » de Lucien Bodard. Ça annonce la couleur direct, comme ça t'auras déjà dégueulé un bon coup à propos de l'humanité et de ce qu'elle est cap de faire à ses semblables et à la nature quand elle décide de dominer.

Je reviens à David Vann. Ma passion pour ce type n'est plus à prouver. Je lis chacun de ses livres comme je pouvais m'enfiler un distributeur de bonbecs PEZ.

« La contrée obscure » sera surprenant de par son fond. Ok, en fait, pas vraiment. Tu te doutes que Vann , encore une fois, est porteur des fardeaux hérités de ses ancêtres, des traumatismes coulant dans ses gènes et de l'Histoire du sang, en général.

S'étant découvert des ancêtres cherokees, Vann met sa plume au service de « avant de faire de la merde ou de la perpétrer, regardez d'où vous venez. Vous voici certainement en train d'éradiquer une partie de votre arbre généalogique ».

« La contrée obscure » raconte l'aube déjà bien avancée du génocide initié par les conquistadors, cette lie de l'humanité et de la conquête de la Florida par l'un de ses plus cruels représentants ; Hernando de Soto.

Vann ne se contente pourtant pas de paraphraser ses sources ; il se mue en historien maudit et y tisse une mise en scène funeste. Sa plume acérée vient enrichir L Histoire, lui insufflant, évangélisation forcée, viols et gueuletons canins.

Afin d'équilibrer la narration, l'auteur alterne chaque chapitre d'une spiritualité cherokee, témoignant du gouffre béant causé par l'avidité vorace de l'Europe du 16e siècle, anéantissant tout sur son passage.

Deuxième roman à se démarquer de la biblio de Vann, (avec « L'obscure clarté de l'air »), « La contrée obscure »éblouira ses lecteur.ices, enivrera les soiffard.es d'Histoire et hisse David Vann à mon panthéon perso des meilleurs auteurs américains de ces dix dernières années.

Rien que ça, ouais.
Schlak !
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La contrée obscure.
David VANN

Hernando de Soto de l'ordre de Santiago, gouverneur de Cuba et marquis (autoproclamé) de la Florida. Rien que ça !
Lui c'est donc le méga mégalo de conquistador qui dirige l'expédition de 1539 visant à s'approprier toutes les terres sur son passage ainsi que leurs populations et leurs richesses notamment l'or.
Une quête infernale pour trouver le précieux métal qui rendra de Soto complètement fou.
Suivi par une armée plus ou moins vouée à sa cause et surtout Ortiz qui servira d'intermédiaire pour les traductions. de Soto va devoir affronter des populations indigènes qui refusent de se laisser dépouiller de leurs rites et de leurs richesses.
Au prix d'ignobles combats sanglants, d'une barbarie toujours plus grande et d'atrocités sans nom, de Soto va livrer le combat de sa vie dans des paysages très variés.
Ça c'est pour une partie de ce roman.
L'autre partie en alternance de chapitres concerne le mythe de la création du monde cherokee avec l'histoire de l'enfant sauvage qui naît des eaux et peut tour à tour devenir vent, plume, foudre ou eau. Et la création de l'univers avec ces petits insectes, poissons, oiseaux et mammifères qui contribuent à enrichir l'écosystème.
Vous connaissez tous mon amour et mon admiration pour David Vann ( 1 ère fan française c'est lui qui le dit 😇).
Je savais que ce roman serait différent et il l'est !
Moi qui déteste les histoires avec des indiens j'ai quand même aimé ce roman (la magie Vann !).
La partie concernant la quête avide de l'or par les espagnols est incroyable d'entêtement et d'aveuglement.
Les faits très bien documentés et je comprends l'intérêt de l'auteur pour ses racines Cherokees.
En revanche la partie mythe indien m'a laissé un peu de côté mais je m'en doutais puisque je n'adhère jamais à tout ce qui n'est pas réaliste.
C'est un bon nouveau roman. Pas mon préféré mais je crains que mon préféré ne reste à tout jamais « Sukkwan island ».
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critiques presse (6)
Culturebox
12 décembre 2023
Une cosmogonie, récit mythologique de la naissance de l’univers, et une chronique sanglante d’un génocide annoncé, récit macabre d’une extermination programmée.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeJournaldeQuebec
09 octobre 2023
Sadique et impitoyable, de Soto a laissé derrière lui des pages d’histoire tachées de sang qui sont ici racontées sans y mettre de gants [...]. L’ensemble est un peu déroutant mais avec Vann, ça n’a rien de bien nouveau.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaPresse
25 septembre 2023
Un roman à lire pour son écriture sublime.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaCroix
18 septembre 2023
Dans ce roman historique, l’auteur de "Sukkwan Island" se penche sur l’héritage de ses ancêtres cherokees.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Culturebox
06 septembre 2023
L’écrivain David Vann rend justice à ses ancêtres cherokees dans un livre poignant et captivant. Avec un talent exceptionnel, il revient sur une épopée macabre et sanglante.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
25 août 2023
Dans ce roman puissant malgré quelques longueurs, David Vann déconstruit le mythe de la conquête de l’Amérique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- Perico a essayé de leur expliquer, dit Ortiz. Ils n'ont jamais entendu parler de Jésus Christ. On leur a dit que c’était notre Dieu.
- Le fils de notre Dieu.
Perico s'entretient encore avec les hommes.
- Ils demandent pourquoi vous vénérez le fils. Est-ce que son père est mort, et êtes-vous sûrs que ce n'était pas plutôt son oncle?
Ortiz, visiblement amusé par cet échange.
- Non, putain, il n'est pas mort, et ce n'était pas son oncle. Je n'ai pas la patience d'essayer d'expliquer quoi que ce soit à ces dégénérés. Dites à ces hommes qu'ils ont plusieurs milliers d'années de retard. Environ cinq ou dix mille ans, à mon avis. Et donc tout leur paraîtra étrange car ils ne sont encore que des enfants, des bébés nés difformes, incapables de marcher ou de parler ou de bouger correctement les mains.
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Je n'ai jamais pensé suffisamment à l'enfer, dit-il à Moscoso. A quoi il ressemblerait, si l'air y serait respirable ou brûlant, si le sol serait ferme ou en fusion, si l'on verrait d'autres personnes ou si l'on y serait seul, si le diable nous parlerait, si l'on nous expliquerait quoi que ce soit. Mais je l'imagine bien mieux, maintenant. L'enfer, c'est La Florida, et il faut marcher sans cesse, se noyer dans les marécages, puis mourir de soir dans un désert tandis que les flèches sifflent de toutes parts et que les lapins pourchassent les chevaux, et qui sait ce qui nous attend encore ? Seule La Florida pourra nous le dire.
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— Tu connaîtras la colère divine, lui crie Gallegos. Tu sentiras la puissance de sa furie, et il n’y aura aucune clémence. Et je veux être là pour voir ça.
— C’est déjà arrivé, rétorque Ortiz. Sur le bûcher. Tu penses qu’il peut y avoir pire que ça ? Et pourtant, je suis encore là. Dieu est faible.
— Hérétique, lance Gallegos.
— Hérétique, répètent d’autres hommes.
Ortiz se tait alors. S’ils sont assez nombreux à le traiter d’hérétique, il risque à nouveau le bûcher. Il n’y a peut-être pas de dieu, mais il n’y a pas non plus pénurie de fous.
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— Tant que tu n’as pas trouvé d’or, il n’y en a pas, dit de Soto. Et quand tu en trouves, tu es soudain riche et tu es un homme différent quand tu rentres chez toi. J’en ai déjà fait l’expérience au Pérou et au Nicaragua. Ce n’est pas ma première expédition. Les hommes faibles comme toi affirment toujours que c’est impossible. Les guerriers sont trop nombreux à combattre, ou les montagnes sont trop hautes pour être gravies, ou on n’a pas assez d’eau et de vivres, ou ma maman me manque. Mais quand on trouve de l’or, là, vous voulez tous votre part.
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Tout général qui se respecte rêve d'une bataille aussi parfaite, dit-il à Moscoso. L'ennemi qui lutte pour rester à la surface, qui commence à se fatiguer, à se refroidir. Soit ils restent à la surface de l'eau où ils mourront, soit ils reviennent sur la rive pour se rendre ou mourir. Ce que je préfère, c'est les tuer. C'est bien mieux que ces interminables discussions.
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Vidéo de David Vann
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, David Vann vous présente son ouvrage "La Contrée Obscure" aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2880139/david-vann-la-contree-obscure
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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