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Dupuis (31/12/1902)
5/5   2 notes
Résumé :
Courte nouvelle de 30 pages, terminée en 1903.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Après le bal est une nouvelle marquante écrite en 1903 et publiée à titre posthume en 1911 seulement. L'histoire est basée sur un fait réel arrivé au frère de Léon Tolstoï, Sergueï.
Au cours d'un débat entre amis sur le bien et le mal, le narrateur, Ivan Vassilievitch affirme que le milieu ne façonne pas le sens moral, que l'on peut l'acquérir par soi-même mais que tout tient au hasard. Et de raconter à ses amis admiratifs une histoire d'amour qui lui est arrivée quand il était étudiant, à l'époque de Nicolas 1er. Il était alors un jeune homme insouciant qui adorait les bals. Il dansait le plus souvent possible avec la belle Varenka. Il ne lui parlait pas, il ne voyait que sa robe blanche à ceinture rose et ses yeux si doux. Ce soir-là il dansa encore et encore sous les yeux conciliants du père de la jeune fille, un colonel charmant, grand, élancé, élégant. Ivan était tout attendri par ses belles bottes souples et son sourire doux, semblable à celui de sa fille. de retour chez lui, Ivan ne put trouver le sommeil. Il décida de se rendre chez sa belle. En arrivant sur le champ militaire près de leur maison, il aperçut au milieu de la brume quelque chose de noir et entendit une musique...
Je ne vous en dirai pas plus. La nouvelle est marquante, menée de main de maître. Je remercie grandement PatriceG de me l'avoir fait découvrir et je vous renvoie à ses commentaires éclairés pour en savoir plus ( après la lecture).
Je l'ai lue sur Wikisource (13 pages), elle est aussi disponible en audio sur le site Litteratureaudio.com ( 32mn) et figure dans le recueil Les Insurgés ( Folio).
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L'incipit culte

Les lecteurs qui découvrent Anna Karénine sont toujours émerveillés par l'entame de cette oeuvre magistrale du plus grand écrivain de la terre russe, comme disait Tourgueniev ; il arrive qu'ils la connaissent déjà à cause de la renommée du roman et sont heureux de la retrouver là ; on qualifierait cela aujourd'hui d'incipit culte : "les familles heureuses se ressemblent toutes .." Régulièrement cet aphorisme de haute volée ressort dans les commentaires nouveaux et beaux des lecteurs ..

tolstoï qui avait à la fois un égo surdimensionné et une humilité désarmante nous renseigne que c'est Pouchkine qui lui avait donné cette idée de démarrer une oeuvre directement dans le vif du sujet ("Il y a là un fragment commençant par : " les invités se rassemblaient à la campagne..". Spontanément, sans m'y attendre, sans savoir pourquoi et où ça me mènerait, j'ai imaginé des personnages et des évènements, j'ai continué..". Cela avait de la gueule. Mais comme tolstoï ne fait pas les choses à moitié, il a mis le son multiplié par dix à l'écoute de son cher aîné ..

Ca fait un bail que je connais cette histoire ..

Ici, pour se convaincre que tolstoï n'est pas du genre à emprunter à d'autres, il a une manière bien à lui, originale made in Russia d'attaquer toutes ses fictions. Il est toujours parti d'idées pour construire ses romans nouvelles et contes. Quoi de plus normal, sauf que les idées évanescentes, les meilleures souvent qui finissent pour toujours par nous échapper, lui il les notait dans un petit carnet au cours de ses balades dans la nature grandiose, euphorisante de Iasnaïa Polaina par exemple. Et son imagination faisait le reste à la maison, d'un jet, et ensuite avec beaucoup de brouillons, de ratures comme on sait, il donnait une forme définitive à ce qu'il voulait voir ou atteindre, dans le plus grand des silences, et de sudiosité, sans jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tuée, sauf à un éditeur peut-être où il déclinait juste le titre. Et il passait ensuite à autre chose. Rien de transcendant, pourrait-on dire, sauf qu'il donne quand même l'impression que les bonnes soupes sont faites dans les bonnes marmites.

Ici rien n'échappe à la règle dans cette petite nouvelle de 30 pages sauf qu'elle concentre sur elle pas mal de choses et de remarques..

j'ai appris il y a peu de la part d'une amie russe, professeur de collège que cette nouvelle est née à Kazan, du temps où tolstoï y faisait ses études. Il avait donc pris des notes de ce détachement de soldats en train de pratiquer entre deux rangées ce qu'on appelle la bastonnade, commandé par un officier dont il remarqua la prestance et surtout le contraste qu'il y avait entre le charme de cet officier et le drame qui se jouait sous ses yeux. Et c'est parti mon kiki ! L'affaire était dans le sac ! Il nous ressort un bal où il tomba amoureux d'une fort belle jeune fille, ce qu'il a vécu aussi à kazan, mais je ne vais pas dévoiler l'intrigue ..

C'est curieux comme cette pépite a fait couler beaucoup d'encre en proportion de ce qu'elle est en taille. Elle n'a pas échappé à de grands auteurs comme Troyat, Fernandez, Rolland.. Parce que je crois qu'elle réunit tout, un vrai sujet, une romance, une intrigue, un dénouement pour le moins surprenant, mais pas tant que ça quand on sait à quelle époque son auteur l'a finalisée, c'est-à-dire dans les années où il écrivait des choses plus religieuses, didactiques, où il était absolument monté contre le régime impérial à travers des oukases de tsar II.. Il y a même des auteurs qui se sont plantés en considérant par méprise qu'il s'agissait là d'une autre nouvelle de jeunesse : "Ainsi meurt l'amour" où il est question de déniaisement !

Je crois même que cette nouvelle aurait mérité quelques pages supplémentaires tant elle vaut le détour. Mais ainsi vont les choses ! Je ne résiste pas à l'envie de livrer un extrait de la rencontre avec la belle jeune fille devant laquelle le narrateur se comporte comme un amoureux transi , on a même du mal à imaginer que ce ne fût pas tolstoï en personne dans sa toute jeunesse : "C'était Varinka B.., Devant son air majestueux, on eût pu la croire inaccessible ; mais son sourire toujours gai et cordial, ainsi qu'une lueur de douceur juvénile dans ses yeux, attiraient irrésistiblement.(..) Bien que j'aime le champagne, je n'en buvais pas ce soir là, car j'étais ivre d'amour.. Quand une figure se terminait par une valse, je dansais longuement avec elle, et tout essoufflée, elle murmurait : encore; Et je ne sentais plus mon corps... J'étais non seulement gai et content, mais j'étais heureux, j'étais bon, je n'étais plus moi-même, mais un être supra-terrestre, uniquement capable de bien.."

Mais mon propos, j'y reviens était de montrer l'incipit particulier au maître. Quelle classe littéraire ! le narrateur fanfaronne avec des amis et un de ceux-là le prend au mot, et il raconte son aventure : " Donc, selon vous, l'homme serait incapable de discerner le bien du mal. Vous allez même jusqu'à prétendre que l'être dépend du milieu où il vit, milieu qui finit par l'absorber totalement. Or, moi je pense qu'ici-bas tout n'est qu'effet du hasard et, pour vous le prouver, laissez-moi vous conter une aventure de ma vie.
Telles furent les paroles que prononça Ivan Vassilievitch, dans une conversation entre amis. Cette conclusion était amenée par nos affirmations sur l'impossibilité de changer l'individu sans transformer le milieu dans lequel il vit.
en réalité, nul de nous n'avait dit que l'homme ne pouvait distinguer le bien du mal, mais c'était une habitude chez Ivan Vassilievitch de répondre aux pensées que lui suggérait la conversation.."

Je ne me lasse pas de relire cette histoire dont j'ai le sentiment que c'est le monde de tolstoï en raccourci ! Et je finis par me demander si l'auteur qui a finalisé son texte en 1903 , il avait alors 75 ans, avait tant que ça vieilli, et si on ne retrouve pas le tolstoï de ses jeunes années regardant le monde avec insolence, défiance et grandeur, ne sachant pas trop quelle forme prendrait encore sa vie future, pourtant servi par un don de la plume incomparable.. vie future qui prendra un accent final de radicalité qui surprend à tort même un auteur bienveillant comme Fernandez, notre Goncourt 1982 qui dit ceci "nouvelle de vieillesse, très belle mais suspecte si on la juge d'un point de vue politique. (..) Apologie indirecte de l'effacement volontaire, de la résignation : rien de plus irritant pour les partisans de l'opposition active. Un jeune révolutionnaire eût tué l'officier" ? Bon, il me semble avoir déjà répondu à cette question ..
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