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Vincent Raynaud (Traducteur)
EAN : 9782070773091
256 pages
Gallimard (19/01/2006)
3.18/5   39 notes
Résumé :
On dit qu'il ne chante plus que dans quelques cabarets malfamés du port. On dit aussi qu'il est très malade mais qu'il chante parfois dans un vieux bar du centre-ville. Certains affirment qu'ils l'ont entendu chanter dans un square de Palerme, l'ancien quartier italien, et d'autres vont jusqu'à dire qu'il se produit inopinément sur les marchés populaires des faubourgs. Bruno Cadogan regarde perplexe la carte de Buenos Aires et essaie de déceler la logique qui comman... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle merveilleuse histoire que "Le chanteur de tango".
Un doctorant quitte New York pour Buenos Aires à la recherche d'une voix, à la recherche de ce célèbre chanteur de tango: Julio Martel.
Infirme à la voix exceptionnelle, Martel ne chante-t-il que réellement pour le plaisir ? Chante-t-il pour nous remettre en mémoire ces vieux airs de tango ? Chante-t-il pour que jamais nous n'oublions l'histoire ? Ce qui est certain, c'est l'envoutement, l'enchantement, que provoquent cette voix. Nous en sommes possédés.
C'est l'occasion pour l'auteur, avec son narrateur, de nous promener dans une Buenos Aires insolite, peuplée de personnages tous plus atypiques les uns que les autres, et que nous croisons au fil des promenades de Bruno, le personnage principal.
Mais c'est aussi prétexte à nous présenter l'histoire d'un pays ou à tout le moins, des tranches de celle-ci.
Martel chante dans des lieux décidés sur quelle base, pour quelle raison ce lieu ? Mais toujours il chante pour faire vivre la mémoire. C'est le ton que Tomas Eloy Martinez impose qui m'a séduite. Nostalgie, fatalisme, un ton lourd de sens, riche et ambigüe parfois, un ton entre la vérité et la légende.
Et le véritable héros de ce récit n'est-il pas Buenos Aires et son passé, l'Argentine et son histoire? Un hymne à la mémoire guidé par la langueur et la férocité du tango.
Définitivement à lire.
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Lecture du mois de juin sur Babelio. Vous l'avez lu ? Vous voulez le lire ? Venez en parler sur le forum ! (http://www.babelio.com/forum/viewtopic.php?t=2887)

Roman de Tomas Eloy Martinez.

Bruno Cadogan, jeune universitaire américain, écrit une thèse sur les origines du tango. Il apprend par hasard qu'un chanteur argentin connaît des textes purs et rares de cette danse affolante. Pour Julio Martel, le tango est né dans les maisons closes et ses chants sont plus brutaux et ambigus que ceux dont raffolent les touristes. Bruno se rend à Buenos Aires pour rencontrer Julio Martel et l'entendre chanter. On dit qu'il est meilleur que Carlos Gardel, pourtant légendaire. La voix de Julio Martel n'est nulle part ailleurs qu'en Julio Martel : « il n'a pas enregistré un seul couplet. Il ne veut pas d'intermédiaire entre sa voix et le public. » (p. 18)

Mais l'homme est malade et, pour un tango de trop, sa mort imminente fera disparaître un savoir précieux et jamais consigné. Julio Martel est insaisissable et Bruno s'épuise à le poursuivre dans la labyrinthique Buenos Aires. « Durant ces jours de folie, j'ai acheté des plans de Buenos Aires et j'y ai tracé des lignes de couleur qui reliaient les lieux où Martel avait chanté, dans l'espoir de trouver une forme qui trahisse ses intentions, quelque chose comme le losange qui permet à Borges de résoudre l'énigme de la mort et la boussole. » (p. 251) C'est Alcira, compagne et soutien de Julio Martel, qui livre les premiers éléments sur le chanteur. Elle raconte son homme et sa passion pour le tango. « Martel essayait de récupérer le passé tel qu'il avait été, sans la transformation de la mémoire. » (p. 129) Remonter aux sources du tango, c'est faire revivre l'histoire, s'abreuver à la beauté pure et à la mémoire inviolée. C'est aussi entendre gronder un pays en révolte qui demande justice.

Dans la ville inconnue et mythique qui regorge de légendes, Bruno est perdu. Il se heurte à chaque coin de rue à l'ombre de Borges, de ses labyrinthes et de son Aleph, au point de trahir pour en découvrir le secret. L'Argentine est un pays d'excès et de violence où la vie n'est possible que dans les romans. « Son unique beauté est celle que lui attribue l'imagination humaine. » (p. 178) Buenos Aires et l'Argentine ne sont pas des lieux qui se donnent, ni des lieux sereins. Tout est mouvement et transformation : « il n'existe pas de cartes fiables de Buenos Aires, car les rues changent de nom d'une semaine à l'autre. Ce qu'une carte affirme, une autre le nie. » (p. 126) Buenos Aires est révolution : le narrateur vit l'insurrection populaire de 2001 pendant laquelle cinq présidents sont déboutés en dix jours. C'est certain, on ne se repose pas ici, on ne vient pas en villégiature. Bruno devra se perdre pour atteindre son but, quitte à le manquer d'un cheveu et vivre avec le sentiment que le plus important reste impalpable.

Le tango, danse et chant, est plus qu'un prétexte au roman. C'est une entité sensible et nerveuse à l'image des superbes Argentines qui semblent plus femmes que leurs soeurs d'ailleurs. le tango s'incarne et investit les corps, mais ici, avant toute chose, il est chant et musicalité, harmonie dans la rugosité. « Dans le tango, la beauté de la voix compte autant que la manière de chanter, l'espace entre les syllabes, l'intention qui enveloppe chaque phrase. Tu as sûrement remarqué qu'un chanteur de tango est avant tout un acteur. Pas n'importe quel acteur, mais quelqu'un chez qui l'auditeur reconnaît ses propres sentiments. L'herbe qui croît sur ce champ de musique et de mots est l'herbe sauvage, agreste, invincible de Buenos Aires, le parfum de la luzerne et du chiendent. » (p. 213)

Ce roman est troublant à plusieurs égards. Impossible de rester de marbre devant les vibrations du tango. Irrésistiblement, on veut rouler des épaules et s'accrocher à un partenaire ferme et exigeant. Troublé, on l'est également par le récit des évènements politiques qui secouent le pays. Ils se fondent dans l'histoire, participent de la quête éperdue du narrateur, entravent ses recherches et précipitent ses désirs. Alors que l'Histoire se tend, dans un climat prêt à se rompre, l'intensité dramatique explose et l'on se retrouve, comme Bruno, haletant à un carrefour, dépité d'avoir manqué le dernier récital du maître.

Certains épisodes sont racontés par des narrateurs différents et entraînent loin de la quête initiale. Des personnages plus légendaires que vraisemblables traversent le récit, mais Buenos Aires est de ces villes qui abritent des monstres fabuleux. Je me suis abandonnée au texte, à la musicalité des mots et l'atmosphère de poudre et de sueur qui plane sur le livre. Il fait chaud dans les pages de Tomas Eloy Martinez. Que ceux qui ont froid aux yeux passent leur chemin…
Lien : http://www.desgalipettesentr..
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Bruno Cadogan, jeune universitaire américain, se rend à Buenos Aires, sur les traces de Julio Martel, un chanteur de tango dont on dit qu'il est meilleur que Carlos Gardel. Mais l'homme est malade et ne se produit plus guère que selon son envie et dans les endroits les plus insolites de la ville. Bruno Cadogan doit mener ses recherches dans une ville immense, dans un labyrinthe de rues où il est facile de se perdre, dans un pays où souffle le vent de l'insurrection. le chanteur reste insaisissable et il n'est pas certain que l'étudiant fasse partie des élus qui ont eu le bonheur d'entendre cette voix unique qui n'a jamais été enregistrée...

Avec ce chanteur de tango, je m'attendais à de la chaleur, de la passion, des frissons...pour finalement me retrouver à errer dans Buenos Aires, ville tentaculaire et désincarnée, à la suite d'un jeune américain poursuivant deux mirages: Julio Martel, d'une part, et l'aleph de Borges, d'autre part. Et même si je comprends la comparaison, la métaphore, j'ai trouvé tout cela trop "intello" à mon goût. Je me suis perdue dans ce livre que j'ai finalement trouvé très hermétique. Peut-être aurait-il fallu lire Borges précédemment?
Bruno Cadogan, héros et narrateur de l'histoire est, quant à lui, assez terne et peu attachant. Sans doute parce que le véritable personnage de l'histoire est Buenos Aires, belle, effrayante, flamboyante, rebelle, misérable....comme un tango! Pourtant, la ville ne suffit à sauver un roman, au final, assez ennuyeux. Dommage.
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J'ai fini ma promenade dans Buenos Aires au côté de Bruno Cadogan, le narrateur du chanteur de tango, depuis quelques jours déjà, et pourtant je continue à déambuler dans cette ville fantastique et fantasmée.

Bruno Cadogan, jeune étudiant américain, se retrouve à Buenos Aires, afin de terminer sa thèse sur la genèse du tango.
A son arrivé, il entend parler d'un chanteur qui n'aurait dans son répertoire que les tangos les plus anciens, et dont l'interprétation serait sublime: Julio Gardel. Mais il n'existe aucun enregistrement de ce chanteur et il semble aussi insaisissable que l'aleph de Borges.
Bruno commence alors à le rechercher dans la ville labyrinthique, et cette quête va le mener vers des lieux chargés d'une histoire pleine de violence et de poésie.

J'ai facilement emboîté le pas à Bruno Cadogan, et j'ai aimé le suivre dans les rues de Buenos Aires. Il se perd souvent et ne trouve rien de ce qu'il cherche.
On court sur les traces de Julio Martel, et on trouve des morts tragiques; on recherche l'aleph fabuleux de Borges et on trouve des bâtiments magnifiques mais en ruines.
Cependant ses errances dressent une carte fantastique de la ville: on a envie de se perdre avec lui dans ses rues et retrouver l'histoire d'un pays éprouvé à de nombreuses reprise au travers de la découverte de sa population.

Tomas Eloy Martinez a, avec ce roman, renforcé l'image (rêvée) que je pouvais avoir de Buenos Aires: ville magnifique et blessée, retentissant de l'écho des exécutions sommaires et des chants douloureux des chanteurs de tango.
Bruno Cadogan ne va jamais entendre les tangos de Julio Martel, mais est-ce si important? Il repart de Buenos Aires, et on repart avec lui, avec un peu de cette ville enchantée.

Il me reste une nostalgie de Buenos Aires, que je n'ai jamais visitée, qui s'explique sans doute par le plaisir que j'ai éprouvé à la lecture de ce livre.
J'en ai aimé le rythme un peu erratique et la narration à tiroirs.
C'est vrai cependant que le personnage du narrateur ne m'est jamais devenu sympathique: il est même assez navrant par moment.
L'héroïne véritable du roman est Buenos Aires, misérable et flamboyante.

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La nature du roman d'Amérique Latine est souvent complexe. le chanteur de tango de Tomas Eloy Martinez n'échappe pas à cette règle. Sur les traces d'un chanteur de tango légendaire, et tout ça me fait inexorablement penser aux bluesmen tout aussi légendaires, Bruno, un jeune Américain sillonne Buenos Aires, 2001. L'idée du Chanteur de tango m'avait séduit. La quête, l'immersion dans la ville, le vrai, le faux mêlés, les longues dérives dans la ville, et surtout les égarements, les perditions. Il semble que la grande métropole argentine soit idéale pour y perdre le Nord. J'étais donc partant mais manifestement il manquait un tampon sur mon passeport à la page hémisphère sud. Il faut, pour goûter à 100% la cuisine littéraire de là-bas, des diplômes de lecteur que je ne possède pas. Moi, je connais surtout, dans ce coin là, Francisco Coloane ou Luis Sepulveda. Pas vraiment le registre à la Borges. Voilà, le nom est lâché, de l'immense aveugle argentin mort à Genève. En référence quasi constante à la célèbre nouvelle L'Aleph, les pérégrinations de Bruno dans l'espace et le temps au coeur des quartiers de Santísima Trinidad y Puerto de Nuestra Señora del Buen Ayre (ouf), m'ont parfois semblé ardues. Dame, je ne me promène pas sur Constitucion tous les jours, moi.

Julian Martel, le mythique chanteur que poursuit Bruno, un peu le Graal, un peu Moby Dick, se révèle loin d'être un bellâtre. Et les autres rencontres que fait Bruno sont tout aussi étonnantes. Sauf qu'assez rapidement je ne me suis plus trop étonné de l'ultra-baroquisme de cette plongée citadine. Que d'ombres, le péronisme, les militaires, la méga-crise économique. Et je me suis faufilé subrepticement, car à Buenos Aires comme ailleurs il faut se méfier des apparences, vers l'aéroport pour ma vieille Europe. J'avais pris la précaution, cependant, de finir ce roman qui chaloupe comme un tango et balance parfois comme au bout d'une corde. Pour ce bouquin de Tomas Eloy Martinez, comme à mon avis pour les plus grands du continent (Borges, Garcia Marquez, Vargas Llosa, Bioy Casares, etc...) il faut être d'une autre étoffe que moi, un poco léger pour la grande aventure des lettres d'Amérique du Sud. Et puis je vous l'avoue, le tango, je le danse moyen moyen. Je sais que d'autres seront envoûtés.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Buenos Aires est ainsi pensa alors Grete, et elle nous l'a répété plus tard: un faisceau de villes réunies en une seule ville, de petites villes anorexiques à l'intérieur de cette unique majesté obèse qui s'autorise des avenues madrilènes et des cafés catalans, à côté de volières napolitaines, de temples doriques et d'hôtels particuliers Rive Droite et derrière tout ça - avait insisté le taxi- il y a malgré tout le marché au bétail, le mugissement des troupeaux avant le sacrifice et l'odeur de la bouse, c'est-à-dire les relents de la plaine, et aussi une mélancolie qui ne vient pas d'ailleurs mais d'ici, de la sensation de fin du monde qu'on a quand on regarde les cartes et qu'on constate combien Buenos Aires est seule, à l'écart de tout.
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Borges avait dit, citant l'évêque Berkeley, que si personne ne percevait une chose, ce quelque chose n'avait pas de raison d'exister, esse est percipi. L'espace d'un instant, j'ai senti que cette phrase pouvait caractériser la ville entière.
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Aujourd'hui, les habitants de Buenos Aires continuaient à lire avec la même avidité qu'à cette époque. Mais leurs habitudes avaient changé. Ils n'achetaient plus de livres. Ils en commençaient un au hasard dans une librairie et le poursuivaient dans une autre, de dix pages en dix pages ou de chapitre en chapitre, jusqu'à la fin. Ils devaient y passer des jours, voire des semaines.
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En bas, la librairie était pleine de monde, comme presque toutes les librairies que nous avions vues. Trente ans auparavant, Julio Cortázar et Gabriel García Márquez s'étaient étonnés que les ménagères achètent Marelle ou Cent ans de solitude comme si c'étaient des nouilles ou des pieds de laitues, et emportent les livres dans leurs sacs à provisions. Aujourd'hui, les habitants de Buenos Aires continuaient à lire avec la même avidité qu'à cette époque. Mais leurs habitudes avaient changé. Ils n'achetaient plus de livres. Ils en commençaient un au hasard dans une librairie et le poursuivaient dans une autre, de dix pages en dix pages ou de chapitre en chapitre, jusqu'à la fin. Ils devaient y passer des jours, voire des semaines.
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« Durant ces jours de folie, j’ai acheté des plans de Buenos Aires et j’y ai tracé des lignes de couleur qui reliaient les lieux où Martel avait chanté, dans l’espoir de trouver une forme qui trahisse ses intentions, quelque chose comme le losange qui permet à Borges de résoudre l’énigme de La mort et la boussole. » (p. 251)
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Video de Tomas Eloy Martinez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tomas Eloy Martinez
Hommage à Tomás Eloy Martínez sur le site de La Fundación Nuevo Periodismo Iberoamericano "El periodismo no es un acto de narcisismo , es un acto de servicio, servicio a la comunidad, servicio a los demás , servicio a la verdad." http://www.fnpi.org/homenaje-a-tomas-eloy-martinez/
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