Après
Viou et étant un peu déçue de ma relecture de ce roman lu il y a des années et que j'avais beaucoup aimé, je ne voulais pas rester sur cette impression, donc j'ai repris ce roman que j'avais aussi lu et j'ai pensé que le sujet était très original : co-locataires, femmes, livres etc… Et je ne le regrette pas.
L'auteur dépeint dans son récit l'étrange co-habitation entre deux femmes : Marguerite Cossoyeur 55 ans, célibataire, propriétaire d'un bel et grand appartement dans un riche quartier de Paris mais qui est obligée de prendre une colocataire il y a plus de 15 ans car la fortune familiale n'est plus ce qu'elle était. La co-locataire, Germaine Taff, comptable et divorcée est devenue une amie, ne payant plus de loyer au fil du temps mais partageant les frais de fonctionnement.
C'est elle qui impose sa marque : elle donne son avis sur tout, dit ce qu'il faut faire, pas faire, allant jusqu'à brimer la douce Marguerite qui passe ses journées à la
Bibliothèque Nationale afin d'écrire la biographie d'un général-poète russe (rien à faire dans les romans de cet auteur il y a toujours une référence russe). Autoritaire, Germaine, est, elle aussi une sorte de générale : tout passe par elle et elle donne son avis sur tout, même sur le choix de la future locataire, Marguerite n'osant pas la contredire :
Je n'aime pas les vieux, dit Germaine. Un point c'est tout. Ils sont impotents, rabâcheurs, ils ont des maladies. Un jour ou l'autre, nous devrions la soigner, ta Valentine Ivanovna, nous transformer en infirmières. Pour une bonne femme qui ne nous est rien. D'ailleurs, même si elle se portait comme un charme, je ne voudrais pas avoir cette personne à mes côtés. Les rides des autres, ça me donne le cafard ! (p33)
Autant Marguerite est timide, douce, dévouée et attentive au monde qui l'entoure, n'aspire qu'à une vie calme au milieu de ses recherches historiques, autant Germaine est une boule de nerfs en colère, égoïste, caractérielle et agressive.
Il n'y a pas de confrontation car Marguerite, bien que propriétaire de l'appartement, cède, plie jusqu'au jour où Paul se présente pour louer la chambre inoccupée et sera le déclencheur chez Marguerite d'une révolte, douce mais inhabituelle chez cette femme. Elle lui pardonne tout, elle accepte toutes ses excencitrés car il amène de la vie, un petit grain de folie dans l'existence si bien rodée et installée par Germaine.
J'ai trouvé que l'auteur avait parfaitement rendu l'ambiance de cet appartement un peu défraîchi mais plein de charmes et de souvenirs, les caractères sont parfaitement décrits, on s'imagine même leurs physiques. Il y a des scènes très émouvantes, d'autres révoltantes par le comportement de Germaine. C'est une étude psychologique d'un duo peu ordinaire.
Un roman qui se lit vite, une écriture fluide, rapide et moderne. Quelle belle étude de personnages : il pourrait tout à fait être écrit de nos jours, le contraste entre les différentes personnalités, les échanges et les pensées sont très bien restitués.
Un jeune homme au milieu de ce couple de femmes si mal assorties mais qui ont besoin l'une de l'autre pour des raisons différentes, un jeune homme qui n'est peut être pas aussi lisse qu'il y paraît, qui va être le petit grain de sable qui va dérégler la machine si bien huilée de Germaine…..
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