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Noël Arnaud (Éditeur scientifique)
EAN : 9782705803247
125 pages
Pierre Horay (24/03/2002)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Qu’est-ce que la "verve" ? Pour la définir, les dictionnaires, comme le Grand Littré et le Petit Larousse, ont recours à une métaphore: "chaleur d'imagination", disent-ils... Bonheur d'expression qui surprend le lecteur, arrêté soudain par un "mot", une réflexion, une répartie, dont la justesse et la cocasserie inattendue le laissent ravi devant la page ouverte. Depuis que la langue existe, la verve n'appartient qu'à ceux qui sont pris par la rage des mots et du ver... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'esprit anti-conformiste de Boris Vian plane toujours sur ce labyrinthe de planches et de verre: des piles de 78 tours de jazz New Orleans côtoient des éditions illustrées de Baudelaire, un crâne humain fait face à deux de ses rares toiles futuristes et son canapé, encore vaillant, semble l'attendre pour une ultime rêverie. "La cité Véron fut sa seule véritable maison: il y a écrit “L'arrache-coeur”, composé ses plus célèbres chansons et mené sa vie d'homme", résume Nicole Bertolt, bras droit d'Ursula sa veuve. L'appartement lui-même constitue l'une des plus étonnantes créations de Boris Vian. En 1953, lui et Ursula tombent sous le charme de ces anciennes loges du Moulin-Rouge, jadis dévolues, dit-on, à Mistinguett. Une trentaine de mètres carrés, dont une partie est occupée par une cartomancienne, tout au bout d'une petite ruelle qui jouxte le célèbre cabaret. En bon ingénieur, l'auteur de “L'écume des jours” va tout bâtir de ses mains. Ce quartier n'est pas loin de la fameuse Goutte d'or où plein de races se côtoient chaque jour.
Son minuscule atelier est toujours intact, lointain jumeau de celui de l'oncle bricoleur de la java des bombes atomiques: murs de râpes, tiroirs débordant de vis, établi usé par le marteau, morceaux de ferraille pendus. Pendant des mois, il dessine, scie, cloue, pose bibliothèques, tiroirs, parquet, un escalier vers la chambrette où un double lit superposé permettant à Ursula, danseuse, de se glisser dans le lit du haut, au milieu de la nuit, sans le réveiller.
"Comme il était très grand et se cognait partout, il était particulièrement attentif à l'organisation de l'espace", explique Nicole Bertolt. On peut d'ailleurs encore voir la chaise sur laquelle il écrivait, spécialement conçue pour y glisser ses longues jambes. Mais le bricoleur sait aussi se faire surréaliste: lorsqu'il s'aperçoit que la nouvelle baignoire est trop longue, il abat une cloison et prend son bain la tête dans la chambre et les pieds dans la salle de bains. La télévision, elle, a l'écran résolument dirigé vers le mur. Cité Véron, Boris Vian fut un bricoleur heureux mais un romancier amer. Les échecs de “L'écume des jours” et de “L'automne à Pékin” l'avaient profondément atteint. "Je suis venu déjeuner ici en 1954 et j'ai eu le sentiment qu'il entamait une nouvelle période de sa vie", confirme Monsieur D'Hée, l'un des plus célèbres danseurs de be-bop du Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, dont la silhouette féline hante toujours la cité Véron. "Hot D'Hée" fait partie de cette poignée d'amis qui exhumera les manuscrits inédits, entamera un long travail de réédition, avant de créer la Fondation Boris-Vian, dans les murs mêmes de l'appartement, permettant, longtemps après la mort du romancier, à des gens aussi divers que Serge Gainsbourg ou Lionel et Sylvianne Jospin de venir s'imprégner de la magie particulière des lieux. Sur un mur, on aperçoit encore l'étrange guitare de Boris, une lyre italienne du XIXe siècle. Comment ne pas être ému en songeant que, sur ces cordes, il composa le poignant Déserteur ("Monsieur le Président, je vous fais une lettre...")?
Son autre instrument fétiche, un cor en laiton spiralé, avec lequel il aimait "réveiller" ses amis, repose toujours sur une étagère. Inlassablement, entre deux articles pour Jazz Hot et une traduction de Strindberg, Boris rode ses chansons, écrit un opéra, improvise au piano, lit tout ce qui lui passe entre les mains. Sur les rayons de sa bibliothèque, on effleure avec émotion des romans de Marcel Aymé dédicacés et un dictionnaire d'argot, des revues d'aviation et des manuels de graphologie et de vieux livres de cuisine. le 6 bis cité Véron devient vite un rendez-vous du monde de la musique et des lettres: on y croise Raymond Queneau et Georges Delerue, Miles Davis et Max Ernst, Henri Salvador et Yves Gibeau...
Le soir, apéritifs aidant, les amis débordent joyeusement sur l'immense terrasse qui vient buter sur l'arrière des ailes du Moulin-Rouge. le terrain de jeu préféré de Patrick Vian et de Minette Prévert. Car l'auteur de “Paroles” est le voisin direct des Vian. Une profonde amitié va lier le poète et le trompettiste, renforcée par les célébrations potaches du Collège de Pataphysique. le 11 juin 1959, cité Véron, Henri Salvador est promu "satrape", l'un des nombreux titres honorifiques du facétieux collège.
L'immense terrasse est même rebaptisée "terrasse des Trois-Satrapes", en l'honneur de Boris Vian, Jacques Prévert et Ergé, le chien de ce dernier. Ionesco, Queneau et Siné assistent à l'événement. On boit, on rit, on est heureux comme des "collégiens". Douze jours plus tard, l'auteur de L'écume des jours claque la porte du 6 bis, cité Véron, pour la dernière fois. Redécouvrir les livres de Boris Vian est un voyage fabuleux.
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Un beau recueil de citations, toutes plus pertinentes les unes que les autres.
Elles sont regroupées par thèmes, et sont toutes annotées, ce qui permet de retrouver facilement d'où elles proviennent. Il s'agit d'un très bon livre qui divertit autant qu'il amène à réfléchir.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Si je croyais en Dieu
Je serais heureux
De rêver au jour où je verrais dans le ciel
Un ange en robe blanche
Par un clair dimanche
Descendant vers moi dans un chariot doré
Dans un bruit d'ailes et de soie
Loin de toute la terre
Très haut, je verrais se lever devant moi
L'aube d'un jour sans fin
La brûlante lumière
Le bonheur éternel
Si je croyais en Dieu

Mais j ai vu trop de haine
Tant et tant de peine
Et je saisis mon frère, qu'il te faudra marcher seul
En essayant toujours
De sauver l'amour
Qui te lie aux hommes de la Terre oubliée
Car tout au bout du chemin
Une faux à la main
La mort, en riant, nous attend pas pressée
Aussi mon ange à moi
Je le cherche en ce monde
Pour gagner enfin ma part de joie
Dans ses bras
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C'est bien plus difficile de parler quand on n'est pas habillé.Essaie donc d'être sérieux sans pantalon;
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Je ne sais pas ce qui est beau mais je sais ce que j'aime et je trouve ça amplement suffisant.
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Etre satisfait ou gâteux, c'est bien pareil. Quand on n'a envie de rien, autant être gâteux;
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La chute d'Adam et Eve: un erreur de Genèse...
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Videos de Boris Vian (100) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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