Extraordinaire Vila-Matas ! Au sens premier du terme. Il sort vraiment de l'ordinaire, cet auteur extra-terrestre, qui remet toutes vos notions du roman en question.
Alors pour les amateurs du style et de l'auteur, ils auront vite reconnu, les références à Dublinesca, au Docteur Pasavento, au Mal de Montano et, en fait, à toute son oeuvre. On y parle que de livres et du mal d'être écrivain et de celui d'écrire.
Il y a toutes les références livresques aux auteurs que Vila-Matas chérit et, comme se demande le protagoniste de l'histoire, si l'auteur barcelonais bien connu qu'il essaie de plagier, a choisi comme personnage central de son premier roman fictif un ventriloque au nom de Walter, serait-ce l'auteur Robert Walser qui est ainsi visé ?
Mais ventriloque, assurément il l'est notre Vila-Matas, ne fût-ce que parce qu'il produit d'innombrables voix. J'en veux pour preuve Anne Serre qui l'imite dans son Voyage avec Vila-Matas, mais surtout cette incompressible envie d'écrire qui prend tout lecteur de Vila-Matas à l'issue d'un de ses livres, si j'ai bien lu l'avis d'autres babélionautes. Et ici, je me demande combien résisteront à l'envie d'écrire un journal posthume volontairement inachevé, comme nous y invite cet auteur décidément hors du commun.
PS 4,5 étoiles (excusez du peu), car non, je préfère Dublinesca et encore plus Docteur Pasavento, qui pour moi, reste son chef d'oeuvre.
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Drôle ! Brillant !
Max vient de perdre son travail suite à la faillite de sa société, il vit à Barcelone dans le quartier du Coyote, avec pour voisin un célèbre écrivain nommé Sánchez, qui l'ignore.
Il décide de se lancer dans l'écriture, sans idée, sans plan…..
Un jour il l'entend parler à Ana, sa libraire, de son premier roman sur un ventriloque, contenant des passages incompréhensibles (il met d'ailleurs ça sur le compte de l'alcool), lourds, pesants, frisant la bêtise, pleins d'erreurs, d'incongruités..Walter et son contretemps !
Sánchez ne se souvient plus vraiment de ce roman mais ne comprend toujours pas comment il a pu si facilement le faire éditer ! Qu'il a d'ailleurs justifié à l'époque qu'il avait volontairement voulu certains passages confus afin de répondre aux exigences de l'intrigue !
Il termine la conversation en se demandant s'il c'est vraiment lui qui l'a écrit ?
Suite à cette conversation, Max décide de s'emparer du roman et de le réécrire en corrigeant les absurdités ! le roman de Sánchez devient Max et son contretemps !!!!!
Roman entre fiction et réalité, très drôle sur le processus d'écriture, rempli de références littéraires, j'ai bcp aimé l'écriture, le rythme, les réflexions sur l'écriture et le brin de folie…..
L'auteur nous embarque complètement dans son histoire !!!!!!
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Si Mac fait du Sanchez, Vila-Matas, lui, fait et refait du Vila-Matas, reprenant ses thèmes, les modifiant, les réinterprétant, tissant de livre en livre une œuvre toujours plus insolite et prenante.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Un entrepreneur en faillite décide de réécrire le roman d'un rival. S'y mêle une interrogation mélancolique sur le processus de création littéraire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Parfois, j'imagine que je m'en vais.
Je me transforme alors en homme en voyage se dirigeant vers quelque chose qui ressemble au bout du monde, un type qui porte une veste élégante et soignée, dont les poches cependant sont de plus en plus effilochées, peut-être parce que s'y cache son identité de vagabond.
Pour s'engager en littérature, il faut d'abord s'engager dans la vie.
En réalité, je veux le dire sans perdre davantage de temps, écrire, c'est cesser d'être écrivain.
Parfois, même si on doit s'absenter pour y parvenir, on se bat pour quelque chose d'aussi essentiel et, en même temps, d'aussi simple que ceci, on fait des efforts pour qu'au moins, on daigne nous confirmer notre existence.
Si on vit encore avec une certaine joie, c'est parce qu'on sait qu'aussi tard soit-il, on n'a pas encore perdu la possibilité de tout abandonner et de s'en aller.
En dialogue avec Tiphaine Samoyault
Interprète : Manuela Corigliano
Un narrateur en panne d'inspiration se remémore ses années de bohème à Paris. La dèche, la mansarde, les petits trafics d'herbe : l'attirail classique de l'écrivain romantique qui aspire à la gloire d'Hemingway. Paris est une fête, c'est bien connu… En proie au doute, il commence à observer des signaux qui le ramènent invariablement à l'essence de l'écriture. Depuis la mystérieuse chambre 205, du modeste hôtel de passe Cervantes à Montevideo, mise en scène par Julio Cortázar, les symboles se succèdent, reliant Paris à Cascais, Montevideo à Reykjavik et Saint-Gall à Bogota, qui tous témoignent de l'impossibilité de l'écriture à raconter la vie. En revanche, on peut entrer dans l'espace de fiction pour transformer la vie en littérature. de digression en digression, on est happé dans un vertigineux vortex, ébloui par l'intelligence du propos, la générosité de l'auteur envers ses pairs, la finesse de son humour et une autodérision à toute épreuve.
Immense écrivain, Enrique Vila-Matas est traduit dans une quarantaine de langues et s'est vu attribuer les plus prestigieux prix à travers le monde.
À lire – Enrique Vila-Matas, Montevideo, trad. de l'espagnol par André Gabastou, Actes Sud, 2023.
Son : Jean-François Domingues
Lumière : Patrick Clitus
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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