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Antoine Gentien (Traducteur)Patrick Reumaux (Éditeur scientifique)Jacques Meunier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782752900340
288 pages
Phébus (05/11/2004)
4.16/5   92 notes
Résumé :

Une ville des Flandres dans l'entre-deux guerres. Un gamin fugue pour rejoindre une compagnie de Tsiganes qui passaient par là : une famille de Rom Lovara, ces dresseurs de chevaux qui sont considérés comme l'aristocratie des Fils du Vent. Les parents du petit fugueur le font rechercher, longtemps en vain ; quand ils le retrouvent, il leur explique qu'il ne veut plus aller à l'école, qu'il veut suivre ses amis les Rom sur la route... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime beaucoup lire sur les Gens du voyage. Mais il est difficile de trouver des livres qui traitent de cette communauté à la fois de manière réaliste et bienveillante. On tombe vite dans les clichés, que ceux-ci soient à charge ou qu'ils véhiculent au contraire une image un brin romanesque des Rom (comme dans le Camp des autres de Thomas Vinau).

L'atout majeur de Tsiganes est qu'il s'agit du témoignage d'un homme qui a vécu pendant de nombreuses années dans une communauté tsigane tout en gardant un contact étroit avec sa famille belge. Il est très surprenant d'ailleurs, d'apprendre comment sa route a croisé celle des Rom Lovara.

Jan Yoors livre un récit honnête de ses tribulations en compagnie de cette communauté. Sa bienveillance et sa tendresse à leur égard n'édulcore pas pour autant tout ce qui pourrait soulever des interrogations de notre part.

L'on apprend donc beaucoup sur leur vie quotidienne, leur relation avec les gadje que nous sommes, leurs moeurs, leurs rites, leur langue, leurs distractions, leur vision du monde, de la femme, du couple, de la mort...

Je n'ai cessé de penser pendant ma lecture que, si une catastrophe de grande envergure devait survenir, ce sont sans nul doute les Gens du Voyage qui s'en sortiraient le mieux. Ils ont la pratique de la nature, de la recherche quotidienne de nourriture et d'eau. L'habitude de devoir se déplacer et s'adapter à chacune des terres qui les accueille.

Et même si la communauté des Gens du voyage a probablement évolué depuis 1950, l'âme tsigane coule toujours dans le sang chaud des voyageurs d'aujourd'hui. Je le constate régulièrement auprès de Gens du voyage pourtant sédentarisés depuis plusieurs générations.

Une très belle oeuvre que celle-ci. Je m'en vais de ce pas essayer de lui trouver une place dans mon île déserte !
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Voici un témoignage plus qu'inattendu, puisqu'au départ, Jan Yoors est tout sauf un tsigane : il est un jeune gadjo qui rencontre, un soir, à proximité de chez lui, des femmes, des hommes, des enfants, installés dans un campement. Il sera fasciné par eux, par cette soirée qu'il passera avec certains enfants du camp, au point de les suivre, sans en parler à personne, ni à sa famille, ni à la famille de Putzina, son nouvel ami qui le cache le jour du départ sous des édredons. Six mois de route suivront avant que le jeune Jan ne rentre chez lui, accepté non seulement par Putzina, mais aussi par Pulika, le père du garçon, et le reste de sa famille. Il repartira peu de temps plus tard avec sa famille d'adoption, sillonnant les routes, jusqu'aux jours fatidiques de la Seconde Guerre Mondiale qui signeront des moments difficiles pour les Tsiganes, entre déportation/extermination, interdiction de déplacement, ce qui les poussera souvent à rejoindre la Résistance.

Et ce témoignage, bien qu'il soit de la plume d'un gadjo, est édifiant quant à une vraie connaissance et découverte du monde Tsigane : en effet, le jeune Yan a partagé beaucoup avec sa deuxième famille, pendant de nombreuses années, et il raconte de fait de nombreux évènements qui émaillent son quotidien, de la rencontre sur la route entre membres de la même famille ou communauté, à la difficulté à se faire accepter dans certains villages, en passant par l'organisation des mariages, des funérailles… Il raconte tout cela sans fard, sans, d'un côté, idéaliser l'attrait romanesque que pourrait sous-entendre une vie de bohème pour un jeune homme épris d'aventure comme lui, et sans, de l'autre, faire preuve d'un moindre jugement négatif qui en ajouterait une couche quant aux nombreux stéréotypes racistes dont sont déjà victimes les Tsiganes.

Le regard du jeune belge est, en effet, vraiment impartial, plein d'un relativisme salutaire, comme l'on aimerait le voir plus souvent. Je l'ai, en cela, trouvé particulièrement passionnant, et plutôt bien écrit pour un témoignage qui plus est. C'est donc une lecture que je n'oublierai pas de sitôt.
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Un destin, ça ne se commande pas. Jan Yoors en est la preuve. Qu'est-ce qui a pousser ce gosse à aller à la rencontre de ces tsiganes qui ont fait halte dans son village ? La curiosité, sans doute. La vie dehors, en plein air, autour du feu, près de l'eau et des chevaux.

Les rencontrer, c'est une chose. Mais à une douzaine d'années, s'en aller sur les routes, avec eux, c'est exceptionnel ! Ce vent de liberté qui les emporte, subjugue totalement ce gosse. Fasciné par ce peuple méconnu et surtout malaimé, il va apprendre à vivre comme eux, dans l'instant présent, dans la cohésion familiale et communautaire. Il va découvrir, non seulement une nouvelle façon de vivre, mais des codes, des relations complètement différentes, où les gadje ne sont pas tolérés. A part de rares exceptions, dont Jan Yoors fera partie.

Les Roms sont depuis la nuit des temps et dans tous les pays toujours vus comme des "voleurs de poules" ; certes, "le vol est chose admise chez les Rom, à condition qu'il se limite à des objets de première nécessité. Ce qui est condamnable, c'est le désir de posséder, lequel rend esclave d'appétits que nous n'avons pas besoin de satisfaire."

Les traditions orales perdurent le temps qu'un vivant puisse encore s'en souvenir et les transmettre le soir, autour d'un feu. La mémoire des disparus également...

"Le manque de courage devant la mort est un manque de courage devant la vie..."

Et elle fut bien remplie cette vie, que Jan Yoors nous donne à découvrir !

Qu'en est-il aujourd'hui, de cette liberté, de cette vie sur les chemins et de ce temps présent, le seul digne d'être vécu ?
Lien : http://page39.eklablog.com/t..
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Voici un curieux récit, celui d'une jeunesse nomade auprès des Rom Lovara. Un garçonnet de douze ans, Jan Yoors, passe une nuit dans un campement de Gitans puis, n'osant rentrer chez lui après son escapade, décide de suivre le clan où il s'est invité. Nous sommes dans l'entre-deux-guerres, dans les Flandres, et la première fugue de l'enfant va durer six mois, jusqu'à ce que la police arrête ce jeune sans papiers. Suivront bien d'autres départs, avec l'autorisation familiale cette fois, et Jan Yoors deviendra peu à peu l'un des membres de la tribu Lovara.
Ce récit m'a surprise à plus d'un titre. Tout d'abord, je m'attendais à une présentation ethnographique des Tsiganes, ce qu'il n'est en aucun cas. Jan Yoors ne parle pas des Rom, il raconte sa vie parmi les Rom, ce qui fait une grande différence. Il ne rédige pas une somme sur les us et coutumes des Tsiganes, il parle de son errance partagée avec ce peuple. Deuxième surprise, ce qui se vit ne s'explique pas pour autant. Si nous attendons de ce livre une description détaillée des moeurs tsiganes, nous resterons sur notre faim. Jan Yoors nous emmène avec lui sur les routes, mais sans pour autant s'étonner du monde qu'il découvre et nous expliquer son fonctionnement. Sans cesse, je me suis posée des questions sur les femmes du clan : Comment vivent-elles ? Comment s'organisent les rapports entre les deux sexes ? Quel est le rôle de la mère ? Comment décide-t-on des unions ? Comment les époux vivent-ils dans le clan familial ? Or, s'il y a une grande absence dans ce livre, c'est bien celle des femmes. Au-delà de leur accoutrement bariolé, de leurs nuées d'enfants, de leurs talents de diseuses de bonne aventure, on voudrait comprendre de quoi est faite leur existence. Ce silence de Jan Yoors tient-il au fait qu'il ait été intégré non pas au monde des hommes Rom puisqu'il est célibataire, mais au groupe des jeunes gens ? Ou la vision des Rom Lovara est-elle celle d'une société patriarcale peu encline à considérer l'univers féminin ? À la suite de la réunion d'une grande assemblée, Jan Yoors doit être marié à une jeune fille d'un clan ami, mais la rupture des fiançailles nous est présentée de manière ambiguë : Jan éprouve-t-il une peur à lier définitivement sa vie à celle du peuple tsigane, veut-il faire marche arrière tant qu'il en est encore temps ? Ou est-il amoureux de celle qui pourrait être considérée comme sa soeur dans la kumpania, Keja ? La pudeur ou un tabou implicite laisse planer le doute.
Jan Yoors essaie de nous faire ressentir toute l'originalité d'un mode de vie différent du nôtre, la complexité d'un monde que nous abordons avec notre code culturel alors qu'il s'en affranchit totalement. Il laisse entrevoir les multiples écrans de fumée que les Tsiganes ont placés entre eux et les gadje de manière à garantir leur survie dans un environnement qui leur est hostile. Cependant l'errance des Rom est-elle compatible avec des sociétés qui sont de plus en plus technocratiques, surveillées et contrôlées ? Jan Yoors ne peut répondre à cette question, mais il nous montre que l'exigence de liberté est un gage même de l'humanité. Les nazis, en s'attaquant à la diversité culturelle et raciale, ont mis en péril la société humaine toute entière et les Tsiganes, en leur résistant, les ont combattu non pas au nom d'un idéal, mais parce que la liberté est le ressort même de leur existence.
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.......
C'est un témoignage étonnant d'un jeune belge qui a choisi de vivre avec les Roms avant la seconde guerre mondiale. Ses parents l'ont laissé faire alors qu'il n'était qu'un enfant et il a ainsi grandi au milieu d'une famille Rom. L'explication des relations entre les Roms et les Gadge vu du côté Rom, m'a particulièrement éclairée. de même on comprend mieux pourquoi ils ont la réputation d'être des voleurs de poules et leur rapport à l'argent et aux biens, très différent du notre. le plaisir du voyage, de retrouver les autres membres de la famille, les interdits, les règles de vie , les lois qui sont les leurs et qu'ils ne peuvent enfreindre, tous ses points sont décrits et petit à petit on comprend un peu mieux ce peuple qui n'est pas sans foi sans loi mais a ses lois, ses coutumes et sa foi.

J'ai adoré cette lecture, c'est une vraie ouverture sur le monde, j'en sors plus intelligente, enfin j'espère, et ça se lit sans difficulté. Bien sûr le témoignage date un peu mais néanmoins une bonne partie reste valable à mon avis, ne serait ce que parce qu'il nous ouvre les yeux sur une autre façon de vivre .
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je fus pris d'un soudain accès de tristesse. Je regrettais la vie trépidante que je menais chez les Lovara. Les bois, la nature, les odeurs, les couleurs, les goûts, les paysages et les bruits qui rendent la vie lyriquement douce. La ronde des saisons et même - oui - les paysans que j'avais tant méprisés : les culs-terreux dont les capacités se limitaient au lent, lourd et archaïque travail de la terre, qui vivaient et dormaient et copulaient et mouraient dans de sombres trous puants près de leur bétail et de la terre. Je regrettais les cours de ferme avec leurs énormes tas de fumier, où les oies et les porcelets jouaient dans les sombres mares de purin qui suintait autour. Ils m'apparaissent à présent sous un autre jour, ces paysans : je voyais leur patience, leur ténacité, leurs liens à la terre, leurs amours et leurs joies simples, leur peur du surnaturel et leurs émotions inexprimées.
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Il serait bon de sentir de nouveau le vent souffler, donnant des forces et une pureté nouvelles. Bon de voir défiler les paysages, les arbres, les montagnes, les champs et les pâtures, de rencontrer des groupes de parents ou d'amis à la croisée des chemins ou dans les campements. Les Rom se réjouiraient de leur rencontre, puis se sépareraient de nouveau avant d'avoir épuisé les ressources de l'amitié, avant d'avoir satisfait leur curiosité, aussi pleins de joie et d'exubérance que le premier jour de leur rencontre, sachant en partant qu'ils se retrouveraient un jour car en Romani on dit que "si les montagnes sont immobiles, les hommes bougent".
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J'évoquerai d'abord la couleur de mon âme : l'immensité du ciel omniprésent, l'éternité de l'instant où la nuit n'était que la continuation du jour, la boue, l'eau bue saumâtre, l'inconfort... Le défi des incessants départs, les tourbillons de poussière, les arbres rares, les vents plaintifs, le ciel nocturne rassurant... Le piaffement des chevaux, le cercle des roulottes, les feux de camp, les jeux des enfants, l'aboiement des chiens... Les raids de la police montée, la dignité des Rom, leur magnétisme animal, le lac où, au soleil, jouaient les carpes, la venue du crépuscule...
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Les Lovara ne voyagent pas uniquement pour trouver des épouses à leurs fils. Ils quittent un pays parce qu'ils en ont épuisé les ressources, parce qu'une guerre, une révolution ou une épidémie menacent, ou simplement parce qu'ils ont envie de changer d'horizon. Ils n'attendent rien d'un monde auquel ils n'appartiennent pas et fuient sans cesse une nuit des longs couteaux qui revient toujours. Ils ont trois moyens de se défendre : leur mépris des convenances, leur apparente pauvreté et leur mobilité.
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Un peu partout les Tsiganes ont des parents qui sont restés sur place ou sont partis on ne sait où de par le monde. Ils les retrouveront un jour, à un croisement de routes. Pourquoi parler de ces gens-là, comme de Turcs, de Bulgares, de Grecs, d'Espagnols ou de Français ? Ce sont des Rom. Les gadje n'ont pas à savoir qui ils sont, d'où ils viennent et où ils vont. Cela, les Gitans eux-mêmes ne le savent pas.
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