AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782862764825
368 pages
Jeanne Laffitte (01/10/2010)
3.54/5   51 notes
Résumé :

La Cannebière, dans toute sa longueur, du port au cours Belzunce, était emplie d'une cohue immense qui augmentait à chaque minute. De chaque rue, descendaient des flots de peuple. Par instants, des souffles de colère couraient dans la foule, et alors des cris s'élevaient, s'étendaient par larges ondes, pareils aux grondements profonds de la mer. Toutes les fenêtres se garnissaient de spectateurs; des gamins étaient ... >Voir plus
Que lire après Les mystères de MarseilleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 51 notes
5
4 avis
4
7 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis
On ne plaisante pas avec l'honneur des filles de bonne famille au 19ème siècle!
Qui s'y frotte risque la prison et le couvent...

Philippe Cayol, jeune libertin désargenté, républicain de surcroit, enlève la naïve Blanche de Cazalis, nièce du tout puissant député de la ville. Enorme scandale à Marseille, largement instrumentalisé par le vieux politicard qui pense plus à sa réputation qu'à l'honneur de la jeune fille, perdue pour la bonne société.

Je suis une inconditionnelle d'Emile Zola depuis mes jeunes années, passionnée par ses histoires d'hommes et de femmes ancrés dans leur époque. Avec la maturité, l'intérêt culturel et historique du 19ème siècle m'a fait relire une nouvelle fois l'intégrale des Rougon-Macquart, avec l'oeil plus averti des enjeux de politique et de société. Je ne m'en lasse pas.

Je découvre ce roman de jeunesse en même temps que mon premier livre audio.
Choc des époques... Et je suis convaincue que mon plaisir aurait été moindre avec le livre en main.
Amours, haines, compassion, vengeance, justice,...intrigues multiples, c'est du Zola pur jus, peut être un peu trop chargé.
J'ai véritablement changé de siècle, avec grand plaisir et surtout grand amusement, retrouvant le style narratif un peu désuet et grandiloquent. Une dramaturgie passionnée beaucoup plus présente et crédible grâce au ton de la lectrice et à l'accent provençal.

Événements historiques, contexte politique, différence de classes sociales, pouvoir de l'argent, de l'église, toute la matière des livres de Zola est déjà en place dans ce travail de commande paru en feuilleton dans les journaux avant son édition en 1867.

(Lu en audio)
Commenter  J’apprécie          253
Je n'avais à vrai dire jamais entendu parler de cet ouvrage dans l'oeuvre du grand Zola. Et pour cause, Zola, dans la préface de sa dernière édition de 1884, le déprécie à nos yeux, autant qu'il le fît à lui-même une fois la célébrité venue. Au point de le faire bouder par les maisons d'édition préférant exploiter le succès de ses ouvrages postérieurs. Au premier rang desquels Thérèse Raquin qu'il écrivit en parallèle de celui-ci.

Tout ceci nous est expliqué dans les trois préfaces à l'ouvrage que comporte cette édition d'Archi Poche dont il faut saluer l'idée de remettre cet ouvrage sur l'étal des libraires : celle de Roger Martin qui intègre l'ouvrage dans le contexte de l'oeuvre de Zola, puis deux de l'auteur lui-même. La première à la sortie de l'ouvrage en 1867. Il y évoque la genèse de l'ouvrage, son travail de recherche. La seconde en 1884 donc, dans laquelle il se montre très critique avec ce qui est devenu à ses yeux un exercice de jeunesse pour le moins perfectible. Il ne cache pas avoir produit un ouvrage alimentaire. A 27 ans Zola vivotait et tirait le diable par la queue. Aussi n'a-t-il pas hésité lorsqu'on lui a demandé d'écrire un feuilleton à paraître dans le Messager de Provence, un journal d'Aix-en-Provence, ce qui deviendra quelques mois plus tard la première édition des Mystères de Marseille.

« Les Mystères de Marseille rentrent pour moi dans cette besogne courante, à laquelle je me trouvais condamné. Pourquoi en rougirais-je ? Ils m'ont donné du pain à un moment les plus désespéré de mon existence. Malgré leur médiocrité irréparable, je leur en ai gardé une gratitude. »

Mais quand Zola fait du médiocre, selon lui bien sûr, cela reste consommable aux yeux du quidam moyen, au rang desquels je me place, me frottant de temps à autre aux grands du monde littéraire. La belle langue est déjà là au bout de la plume. Rendue désuète de nos jours par le seul fait du martyre que nous lui faisons subir au quotidien. Et Zola, en digne représentant du courant naturaliste, donne avec Les mystères De Marseille un avant-goût du talent à venir, de la dimension sociale de son oeuvre bien ancrée dans son époque. Les personnages sont là, dans leur rusticité le plus souvent, ballotés par les péripéties de l'histoire, la grande, prêts à faire cette histoire s'il le faut aussi pour émerger de leur maigre condition. Jusqu'à faire tomber les cloisons qui les contiennent dans des classes sociales à l'avenir fermé.

C'est ce que montre déjà cet ouvrage avec les émeutes De Marseille qui ont prolongé en province la révolution parisienne de 1848, avec la destitution de Louis-Philippe à la clé. Et quand cette Province c'est Marseille, il y a quelque chose en plus dans ces événements. Quelque chose que Zola connaît pour avoir séjourné tout près, à Aix-en-Provence. Il y a la ferveur du sang chaud des Provençaux que cet observateur de la vie des hommes a su transcrire avec le talent qui fit son succès. C'est déjà une belle fresque de la société de son temps, même si ce maître du réalisme osant déjà quelques pointes d'idéalisme populaire affirme avoir mis quatre fois moins de temps pour écrire une page des Mystères de Marseille qu'une de Thérèse Raquin.

Votre roman que vous taxez de médiocrité m'a bien plu monsieur Zola. Pour avoir vécu à Marseille j'ai pu y situer les décors de l'intrigue. J'y ai appris les noms de rue aujourd'hui rebaptisées, avec moins de bonheur. Je me suis plu dans cette romance aux noms chantant sur fonds de concert de cigales. Je me suis plu à lire ce talent qui germe en ces pages et dont le rapport vous a permis d'éclater à la face du monde avec le reste de votre oeuvre.

Commenter  J’apprécie          170
En 1867, le directeur du " Messager de Provence" a demandé à Emile Zola d'écrire un feuilleton qui traiterait des affaires notées dans les greffes des tribunaux d'Aix/Marseille, pour une parution 2 fois par semaine ! Zola qui avait commencé à écrire " Thérèse Raquin" sera payé 2 sous à la ligne !
Des faits divers qui concernent la zone de lecture du journal et, qui racontent les faits divers de personnages réels parfois tels quels, parfois reconstitués avec des noms inventés ( bien sur ).bref : un roman populaire !
Une occasion pour moi qui ai fait mes études à Aix ( comme Zola ) de retrouver des lieux familiers de Marseille et des environs....
Sur un fond d'une histoire d'amour impossible, nous sont relatées les passions, les haines, les intrigues des notables qui ont acquis leur fortune par des escroqueries, des usurpations d'identité et des faux ! La nature humaine et ses vices qui ne sont pas particuliers à Marseille, avec des êtres humains gentils, généreux et des fripouilles !
Et, comme il s'agit d'intéresser le lecteur et, chaque semaine lui apporter l'occasion de se reconnaitre ou de reconnaitre un voisin ou un proche : Zola a fait avec ce journal son apprentissage avant sa superbe fresque sur les " Rougon-Macquart ".
Pour pimenter ces feuillets, il a raconté l'histoire de l'amour impossible et tragique d'une jeune fille Blanche ( 16 ans ) avec un homme séduisant Philippe. Elle est la nièce du député de Cazalis qui gère sa fortune en sa qualité de tuteur. Les amoureux vont s'enfuir et se marier, et, l'oncle trainera Philippe devant les tribunaux ! Mais c'est sans compter avec son frère Marius qui va tout faire avec Fine : une bouquetiére généreuse pour trouver quelques billets et, tenter de le faire évader de prison : c'est d'ailleurs dans cette quête d'argent qu'il va découvrir les notables avares et malhonnêtes. Blanche est enceinte et accouche d'un petit Joseph qu'elle confie à Fine car elle va entrer dans les ordres ! Son " aimé "a fui à Gènes, mais il reviendra pour voir son fils.
Zola évoque la révolution de 1848 à Marseille qui va être l'occasion d'attiser la haine des bourgeois contre les insurgés, et être suivie d'une grande épidémie de choléra !
Finalement après 9 mois de" feuilletonnage", Zola fait mourir Philippe et de Cazalis mais réserve une fin heureuse à Joseph !
Même s'il s'agit d'un oeuvre de jeunesse pour Zola : il y a trop de clichés à mon gout dans ce roman !
L.C thématique d'août 2021 : un nom de ville dans le titre
Commenter  J’apprécie          170
Un livre du jeune Zola ….
Où l'on voit un jeune bourgeois s'éprendre d'une jeune fille de la noblesse. Où l'on accompagne les amants dans leur fuite pour échapper à la colère certaine de l'oncle tuteur de la jeune fille. Où l'on se méprend à croire qu'on va les suivre dans leur pérégrinations et leur difficultés. Où le jeune homme est emprisonné et renié par son amie. Où le frère du séducteur s'allie à une bouquetière pour sauver son le prisonnier. Où l'on se rend compte que les escrocs et les malfaisants ne sont pas toujours punis. Où l'on se réjouit que les coeurs purs sachent se reconnaître. Où l'on voit aussi comment se gagne et se perd l'argent au jeu, comment en sauvant une pure jeune fille des griffes d'un prêtre on reçoit la reconnaissance éternelle du frère. Où l'on voit que les mérites et la providence viennent à bout des difficultés que les efforts n'ont su écarter. Où l'on constate qu'une jeune fille ne peut qu'expier sa faute, tandis que son amant peut encore être heureux. Où l'on observe que les émeutes favorisent les mauvaises actions. Où triomphent les gentils et meurent les méchants, ainsi que quelques gentils.

Où l'on admire le talent de Mr Zola à peindre des portraits.


Lu dans le cadre du Challenge ABC 2014-2015.
Commenter  J’apprécie          130
C'est la lecture assidue des polars de Jean Contrucci, les « Nouveaux mystères de Marseille » qui m'a conduit tout naturellement à rechercher cette production de jeunesse d'Emile Zola, parue en feuilleton dans le Messager de Provence en 1867. En fait, l'idée du propriétaire de cette petite feuille de province, Léopold Arnaud, pour lancer les ventes de son journal et comme en 1842 - 1843 « Les Mystères de Paris » d'Eugène Süe, modèle du genre, était de fournir à Zola des éléments historiques, recopiés dans les greffes des tribunaux de Marseille et d'Aix, relatifs aux grandes affaires criminelles des dernières années.

A l'époque, Zola n'est pas encore lancé. Ce feuilleton, qu'il qualifie lui – même d'alimentaire, il l'écrit au jour le jour, en marge de son premier grand roman à succès, Thérèse Raquin. Mais on sent poindre le grand écrivain dans ses descriptions éblouissantes d'un décor et d'un paysage aixois et marseillais qu'il connaît bien, dans la psychologie des personnages, très stéréotypée comme le veut le genre, mais si attachante. Bien entendu, il faut apprécier les romans du XIXème siècle et leur style particulier. Les Mystères de Marseille ne sont pas encore au niveau d'un Germinal ou du Bonheur des dames, mais le style et le mouvement sont là. La méthode aussi : Zola écrit trois à cinq pages par jour, ce qui correspond à un roman de deux tomes par an, ce qui sera son rythme hallucinant tout au long de sa vie. Il a donc à sa disposition une documentation riche, mais aussi sa propre expérience de la vie de bohème, de la ruine de sa mère après la liquidation de la compagnie fondée par son père, l'ingénieur italien Zola qui a conçu le chantier du canal d'amenée d'eau à Aix en Provence.

Le roman raconte les amours contrariées de Philippe Cayol, pauvre, sans titre, sans morale, républicain, et de la jeune Blanche de Cazalis, nièce et pupille de M. de Cazalis, millionnaire, député, tout puissant dans Marseille et fieffé coquin. le frère de Philippe, Marius, se dévoue pour protéger de la colère de M. de Cazalis les deux amants, et l'enfant auquel Blanche a donné le jour avant d'entrer au couvent.

Véritable roman-feuilleton, Les mystères de Marseille contient toutes les caractéristiques du genre : amours impossibles, complots, drames et rebondissements à n'en plus finir. Des personnages hauts en couleur sont présentés, qu'ils soient banquiers ou notaires véreux, usuriers, grisettes, joueurs ou prêtres mondains dévoyés. le tout s'articulant autour d'une lutte de classe entre républicains et aristocrates sur fond de révolution de 1848. le côté social de l'écrivain engagé qu'est Zola ressort déjà dans ce texte. L'affrontement entre classes verra son apogée lors d'une sanglante émeute ouvrière qui n'est pas sans rappeler celle qui sera décrite plus tard dans Germinal.

Pour ma part, j'ai adoré la scène du tripot où le gentil héros gagne incompréhensiblement une première nuit, pour tout perdre le lendemain. La morale est sauve. Et bien entendu les scènes d'émeutes où l'on entend siffler les balles et défoncer les portes des maisons à coups de crosse. Un roman de jeunesse qui m'incite à rouvrir la série des Rougon-Macquart dont j'avais, voici plus de trente ans, acheté la série complète illustrée par TIM.
Lien : http://www.bigmammy.fr
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de la préface.

Le directeur d’une petite feuille marseillaise : le Messager de Provence, était venu me proposer une affaire, une idée à lui, sur laquelle il comptait pour lancer son journal. Il s’agissait d’écrire, sous ce titre : les Mystères de Marseille, un roman dont il devait fournir les éléments historiques, en fouillant lui-même les greffes des tribunaux de Marseille et d’Aix, afin d’y copier les pièces des grandes affaires locales, qui avaient passionné ces villes depuis cinquante ans.
Commenter  J’apprécie          60
Si toutes les villes de province sont animées du même esprit que Marseille, notre République durera au plus deux ou trois ans, et nous ne tarderons pas à avoir ensuite un dictateur. Interrogez les faits, ils vous répondront.
Commenter  J’apprécie          90
- Ce Bérard est un coquin, dit-il avec force. Il sera vigoureusement traqué. On doit débarrasser la société de ces hommes habiles qui s'enrichissent de la ruine des autres. Le bagne les attend.
[...]
- Vous dites que le bagne attend Bérard, continua le commis. Le bagne n'attend que les gens maladroits. Depuis dix ans qui mûrit et caresse sa faillite, notre homme a pris ses précautions ; c'est toute une œuvre d'art qu'une pareille infamie. Ses comptes sont en règle, et il a mis la loi de son côté. Il sait à l'avance les risques légers qu'il court. [...]
- Mais, s'écria Marius, ne pourrait-on aller crier le crime de cet homme en pleine place publique, prouver son crime et le faire condamner ?
- Eh ! non, on ne pourrait pas faire cela. Les preuves manquent, vous dis-je. Puis Bérard n'a pas perdu son temps, il a tout prévu, il s'est fait, à Marseille, des amis puissants, devinant qu'il aurait sans doute un jour besoin de leur influence. Maintenant, dans cette ville de coteries, c'est une sorte de personnage inviolable : si l'on touchait à un seul de ses cheveux, tous ses amis crieraient de douleur et de colère. On pourra au plus l'emprisonner un peu, pour la forme. Quand il sortira de prison, il retrouvera son petit million, il étalera son luxe, il se refera aisément une estime neuve. [...] C'est ainsi que la farce se joue.
Commenter  J’apprécie          00
Il se dandina, triomphant d'avoir pu se trouver une opinion. Au fond, il estimait la République qui lui avait donné des épaulettes; mais on lui avait dit que les républicains, s'ils l'emportaient, lui voleraient son argent, et il détestait les républicains. Ces deux sentiments contradictoires s'arrangeaient en lui tant bien que mal. D'ailleurs, il ne s'interrogeait jamais sur ses convictions.
Commenter  J’apprécie          20
Le lendemain matin, Philippe, accoudé sur le pont du petit navire qui le conduisait à Gênes, regarda longuement la côte de Saint-Henri. Là-bas, au-dessus des flots bleus, il apercevait une tache grise, la maison où la pauvre Blanche pleurait toutes les larmes de son cœur.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Émile Zola (122) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Zola
Début écrivain
autres livres classés : marseilleVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (156) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages des Rougon Macquart

Dans l'assommoir, quelle est l'infirmité qui touche Gervaise dès la naissance

Elle est alcoolique
Elle boîte
Elle est myope
Elle est dépensière

7 questions
592 lecteurs ont répondu
Thème : Émile ZolaCréer un quiz sur ce livre

{* *}