Le hasard fait parfois bien les choses. Il y a 80 ans, jour pour jour, le 2 février 1943, le tout récent maréchal Paulus (le plus haut grade de la Wehrmacht, offert par
Hitler dans l'espoir que Paulus se suicide plutôt que de se rendre) capitule à
Stalingrad. Mais Paulus est chrétien et l'idée du suicide lui apparaît comme contraire à ses valeurs. L'armée rouge et son chef
Staline accompagné des généraux Tchouïkov, Joukov et autres très hauts gradés russes ayant permis l'impensable, il y a quelques mois encore, non seulement résister avec courage et abnégation, mais surtout détruire les meilleurs troupes du Reich à l'Est. A l'hiver 1941, l'armée rouge avait contre attaquée alors que les Allemandes étaient à 20 km de Moscou. Ce fût un désastre pour l'armée allemande qui réussit néanmoins à se réorganiser et finalement résister à cette offensive. Les lignes avaient reculés mais l'essentiel était sauf. le prix payé fût exorbitant : 225 000 morts, 789 000 blessés et 52 000 disparus. Au printemps 1942, ceux sont deux armées exsangues qui s'affrontent. La Wehrmacht : 3,2 millions d'hommes, 2 800 chars contre 4,8 millions de soldats russes et près de 16 000 blindés.
Hitler décide de reprendre l'offensive à l'été 1942 où tout l'effort de la Wehrmacht sera porté sur le front sud avec pour objectif d'atteindre les ressources minières du Donbass et des pétroles du Caucase.
Hitler, au gré de ses lubies change régulièrement de stratégie pour atteindre d'hypothétiques objectifs. Sa sous-estimation du potentiel militaire russe, son racisme viscérale lui font porter des jugements hâtifs sur le courage et la qualité du soldat russe. Pour lui, ces « sous-hommes » ne valent rien militairement. Une méprise qui conduira à bien des désastres. La VIème armée est affaiblie par des bouleversements avec des unités devant rejoindre d'autres fronts, des difficultés de ravitaillement, le manque d'essence, la fatigue extrême des fantassins (l'armée allemande étant essentiellement hippomobile, la majorité de l'infanterie avance à pieds sur des distances considérables avec des températures frôlant, à l'été 1942, les 50°. Côté soviétique, le principal commissaire politique du front à
Stalingrad, n'est autre que
Nikita Khrouchtchev, le général Ieremenko est nommé le 13 août, commandant en chef du front de
Stalingrad. le 23 août 1942, La VIème armée atteint les faubourgs de la ville. 600 avions allemands vont bombarder
Stalingrad pendant plusieurs jours, tuant plus de 40 000 civil(e)s. La bataille la plus décisive de la Seconde Guerre Mondiale débute alors. Elle va voir se confronter deux gigantesques armées fanatisés et poussés jusque dans leurs derniers retranchements, le tout avec une violence et une cruauté inégalée. Ce qui n'était qu'un point sur une carte, une ville pas vraiment stratégique va cristalliser l'oppositions viscérales et destructrices de deux régimes totalitaires. En moins de 200 pages et de façon très claire,
François Kersaudy réussit une synthèse de qualité avec beaucoup d'images et de cartes, des articles biographiques et les grandes lignes des combats. C'est une nouvelle éditions de l'ouvrage de l'historien
François Kersaudy. On retrouve dans ce livre «
Stalingrad, le tournant de la guerre » tous les éléments déjà connus. Mais il agit comme une remise en mémoire des faits, des dates et des armées en présence. L'obstination d'
Hitler et la résistance fanatique des soldats russes vont inscrire cette bataille dans les fonds baptismaux de l'histoire. C'est à découvrir. Paru chez Perrin le 26 janvier 2023.
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