Je n'ai pas l'habitude ni ne me soucie d'ordinaire des écrits des politiques mais là franchement je ferai exception.
Un petit livre vu et acheté, au hasard de mes pérégrinations à la librairie.
Voici une histoire vraie, sorte de récit - roman de la vie de la grand- mère de
Roselyne Bachelot:
Corentine.
Mais quelle femme! Un destin étonnant !
Née dans les Montagnes noires à Gourin en 1890, issue d'une famille nombreuse pauvre, trimant aux champs , vendue par ses parents à un marchand de chevaux de Rouadouallec à sept ans, hantée par la faim, placée à douze chez des bourgeois de Paris, cette petite paysanne illettrée , intelligente et travailleuse jamais effrayée ni usée par un quotidien humiliant , à la merci de la prédation sexuelle des patrons, exploitée, privée de liberté, taillable et corvéable à merci, soumise (apparemment )à l'avarice crasse, de ces bourgeois méprisants , de chambre de bonne minuscule en usine d'armement où elle découvrira la solidarité ouvrière , contrairement aux coups bas , haines et jalousies incessants de la domesticité en maison bourgeoise —— cette maîtresse femme, déterminée , volontaire droite dans ses sabots, insoumise , combattante ——-tracera son chemin avec ambition, ne fera jamais son miel des compliments ni boniments qui se tramaient ainsi que les intrigues amoureuses ni chez les maîtres ,les de la Rousselaye ni chez les domestiques.....
Elle ne baissera Jamais les bras , observera , son handicap: savoir lire et écrire, son premier mari: Jules le Bris , mort pour la France le 26 septembre 1914 à 26 ans, l'y aidera.
L'auteure évoque les conditions de vie à la ferme à cette époque en Basse Bretagne: société complètement figée dans des traditions compassées : les parents « louaient » ou « revendaient » leurs enfants, saleté , promiscuité , excréments des porcs qui partageaient la salle commune, soupes maigres , sensation de faim permanente , bouillies d'avoine ou de pommes de terre, enfants confrontés très tôt aux indispensables travaux de subsistance qui faisaient tourner la ferme, toute puissance du père, servitude de la mère!
Peur de voir s'abattre l'épouvantable famine qui sévissait en 1845/, racontée par le grand-père maternel de
Corentine.
L'auteure raconte
Corentine Sinou ——- cette femme exceptionnelle ——avec pudeur , justesse et émotion, beaucoup d'humanité, empreinte d'une chaude admiration toute naturelle pour cette grand- mère décédée en 1969, aimante et aimée, malicieuse ...aidée malgré tout par un parcours mêlé de chance et de combat...
Un portrait bien écrit , hommage remarquable , poignant ——-dans le contexte historique ——extraordinairement bien mis en valeur.
Cela m'a fait penser à « Mémé » de
Philippe Torreton mais un ton au-dessus .