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EAN : 9782266306119
208 pages
Pocket (02/04/2020)
4.01/5   175 notes
Résumé :
Corentine ou l'histoire d'une revanche sur un avenir de malheur et de servitude. En 1890, une petite fille naît dans une famille de paysans bretons au coeur de ces montagnes noires où la misère pousse des milliers de gens à émigrer. Ses parents vont la placer, alors qu'elle n'a que sept ans, chez un riche propriétaire où, disait-elle, elle put enfin manger à sa faim. À douze ans, alors qu'elle ne parle quasiment pas le français, elle part comme domestique à Paris. E... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (44) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis toujours un peu dubitatif lorsqu'un " personnage connu " présente un roman et , je vous l'avoue , je suis rarement " bon client " . Alors là , pourquoi ? Ben d'abord , c'est Roselyne , une femme dont je ne partage pas les convictions mais qui a tout de même aussi des côtés fort sympathiques . Bref , une femme qui mérite le respect , qui sait s'exprimer , qui a des convictions mais laisse parler les autres ...Rare dans un paysage politique où l'arrogance détestable et le débit " mitraillette " sont trop souvent de sortie . Bref , Roselyne , je l'aime bien car , si ses propos peuvent m'agacer , je ne me sens pas rabaissé....J'arrête . Ensuite , elle rend hommage à sa grand - mère et ça, pour moi , c'est un geste de grande classe .Oui , parler ainsi d'une telle vie , c'est reconnaître ses origines , ne pas les renier , les accepter avec délectation, dire que si Roselyne est Roselyne , c'est sans doute parce que Corentine a existé. Ah , oui , mon manque d'objectivité , c'est peut être aussi parce que , mon épouse et moi , pour des raisons bien différentes, avons été élevés par une grand - mère. Alors , oui , le geste de Roselyne , cet hommage , cette reconnaissance , c'est la classe. Ensuite , il y a la couverture ...Belle , très belle , Corentine . Altière. le regard franc et déterminé. Forcément, quand on connaît sa vie , il lui a bien fallu être déterminée !! Enfin , dernière remarque : il est vraiment bien son livre , pudique , ne révélant que ce qui peut être dit ,humain , plein de poésie, empreint d'un respect et d'une admiration sans bornes d'une petite fille " chanceuse " vis à vis d une grand - mère aimante et aimée , poursuivie , elle , par " une drôle de chance" . C'est un petit livre plein de sentiments , d'émotions, de tolérance, de reconnaissance où les mots sont porteurs de sens.La description d'un monde , d'une époque pas si lointaine... . Oui, Roselyne , je l'aime bien car elle montre là un coeur énorme. Certaines de ses collègues devraient prendre " de la graine " ...Vous voulez des noms ? Mais non , vous les connaissez aussi bien que moi , hein ? Je ne voudrais pas aller au devant des ennuis après avoir vécu un aussi bon et beau moment de lecture .Merci , madame Bachelot ....
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- Korantin, arestit 'ta  a ober soñjoù ! Ha c'hwi 'gred e vo graet al labour dre c'hras Sant-Herve ?  Ma Doue,  met piv 'neus bountet  ur verc'h sort-se ganin! C'hoari a ra he friñsez...
 
Pauvre Corentine, à quatre ans, elle se fait sévèrement rabrouer par sa mère, qui lui reproche ses rêveries et son manque d'enthousiasme au "labour" ! C'est pas par l'entremise de saint Hervé qu'il va se faire, ce travail! Mais qui lui a dieu fichu une fille pareille? C'est qu'elle se prend pour une princesse!

Vous trouvez que je suis douée en bas breton, que je jongle divinement avec le dialecte si spécifique  des Montagnes Noires?

Tous les dialogues de la partie "bretonne"de Corentine, biographie de la grand'mère maternelle de Roselyne Bachelot,  sont en breton sous-titré, je n'ai aucun mérite!

Corentine , à  sept ans, est vendue par un père  misérable et une mère harrassée, dure et  surchargée d'enfants, à une famille de maquignons qui , sans la dorloter, la nourrit à sa faim  ..moyennant un travail épuisant et incessant.

Ce n'est pas Les cendres d'Angela de Frank Mc Court   nous sommes en Bretagne, pas en Irlande, mais c'est la même misère, la même famine, le même mépris pour les "droits" de l'enfant!

Cédée une nouvelle fois, à douze ans, à une épouvantable harpie parisienne qui la traite comme un chien, Corentine apprend vite le métier de bonne, s'y montre parfaite et finit par se faire embaucher dans une grande maison aristocratique. Elle monte en grade.

 Ce n'est pas non plus le  Journal d'une femme de chambre: l'héroïne est une enfant, puis une jeune fille, toute naïve.  Corentine est bien loin de la madrée Celestine d'Octave Mirbeau..

Ce n'est pas non plus un joyau littéraire sur la durete d'une enfance paysanne,  comme Marie-Claire de Marguerite Audoux,
Le sang noir de Guilloux ou Lambeaux de Charles Juillet : Roselyne Bachelot sait écrire mais n'a pas ce qu'on appelle "une écriture".

Corentine, c' est l'hommage d'une petite-fille de la bonne bourgeoisie devenue ministre puis "créature médiatique " à sa grand-mère bretonne, paysanne et pauvre, qui a eu "de la chance",  comme on ne cesse de le lui dire .

 C'est qu'elle en a eu de la chance, Corentine ! 

Chance d'être vendue à  7ans, bonniche à 12, et veuve , à  vingt quatre, d'un jeune bourgeois follement aimé, tué à la bataille de la Marne , ouvrière par nécessité, quinze jours après la naissance de son enfant sans père.

Mais de la chance  quand même : celle d'échapper à la faim, à l'illettrisme,  à l'humiliation,  à  la sujétion.

Celle d'accéder, après tant de "chanceuses"  vicissitudes,  au statut  d'épouse admirée , de patronne d'atelier, de mère vigilante.

Bref à celui, envié,  de femme libre , autonome et respectée à une époque où la chose était plus que rare.

Une lecture instructive et attachante.

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Je n'ai pas l'habitude ni ne me soucie d'ordinaire des écrits des politiques mais là franchement je ferai exception.
Un petit livre vu et acheté, au hasard de mes pérégrinations à la librairie.
Voici une histoire vraie, sorte de récit - roman de la vie de la grand- mère de Roselyne Bachelot: Corentine.
Mais quelle femme! Un destin étonnant !

Née dans les Montagnes noires à Gourin en 1890, issue d'une famille nombreuse pauvre, trimant aux champs , vendue par ses parents à un marchand de chevaux de Rouadouallec à sept ans, hantée par la faim, placée à douze chez des bourgeois de Paris, cette petite paysanne illettrée , intelligente et travailleuse jamais effrayée ni usée par un quotidien humiliant , à la merci de la prédation sexuelle des patrons, exploitée, privée de liberté, taillable et corvéable à merci, soumise (apparemment )à l'avarice crasse, de ces bourgeois méprisants , de chambre de bonne minuscule en usine d'armement où elle découvrira la solidarité ouvrière , contrairement aux coups bas , haines et jalousies incessants de la domesticité en maison bourgeoise —— cette maîtresse femme, déterminée , volontaire droite dans ses sabots, insoumise , combattante ——-tracera son chemin avec ambition, ne fera jamais son miel des compliments ni boniments qui se tramaient ainsi que les intrigues amoureuses ni chez les maîtres ,les de la Rousselaye ni chez les domestiques.....
Elle ne baissera Jamais les bras , observera , son handicap: savoir lire et écrire, son premier mari: Jules le Bris , mort pour la France le 26 septembre 1914 à 26 ans, l'y aidera.
L'auteure évoque les conditions de vie à la ferme à cette époque en Basse Bretagne: société complètement figée dans des traditions compassées : les parents «  louaient » ou «  revendaient » leurs enfants, saleté , promiscuité , excréments des porcs qui partageaient la salle commune, soupes maigres , sensation de faim permanente , bouillies d'avoine ou de pommes de terre, enfants confrontés très tôt aux indispensables travaux de subsistance qui faisaient tourner la ferme, toute puissance du père, servitude de la mère!

Peur de voir s'abattre l'épouvantable famine qui sévissait en 1845/, racontée par le grand-père maternel de Corentine.

L'auteure raconte Corentine Sinou ——- cette femme exceptionnelle ——avec pudeur , justesse et émotion, beaucoup d'humanité, empreinte d'une chaude admiration toute naturelle pour cette grand- mère décédée en 1969, aimante et aimée, malicieuse ...aidée malgré tout par un parcours mêlé de chance et de combat...
Un portrait bien écrit , hommage remarquable , poignant ——-dans le contexte historique ——extraordinairement bien mis en valeur.
Cela m'a fait penser à «  Mémé » dePhilippe Torreton mais un ton au-dessus .
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Je connaissais Roselyne Bachelot en tant que femme politique, que l'on a beaucoup entendue à l'occasion de la crise du Coronavirus et dont on a pu, a posteriori, apprécier sa gestion de la prévention des épidémies quand elle était ministre de la Santé, je la découvre aujourd'hui en tant qu'écrivain et je dois dire que je salue son talent!
Un petit livre de 200 pages, mais quelle densité!

Mme Bachelot nous raconte la vie de sa grand-mère maternelle Corentine, née en 1890 à Gourin, et c'est toute une époque qui se déroule sous nos yeux, l'époque où la vie était très dure en Bretagne (il s'agit ici de la région des Montagnes Noires) et où beaucoup de jeunes femmes ont dû quitter leur région pour tenter leur chance à Paris.

Corentine est littéralement "vendue" à un marchand de chevaux à l'âge de 7 ans. Les conditions de travail sont pénibles et elle envoie régulièrement une partie importante de son maigre salaire à sa famille restée au pays.
Ensuite c'est l'aventure à Paris: un emploi dans une famille bourgeoise avec des conditions de travail terribles: des journées de travail interminables en tant que servante... même pas d'espace à soi: Corentine dort dans un réduit donnant sur la cuisine...

Plus tard elle sera employée dans une famille aristocratique et les conditions s'amélioreront un peu...
Après un mariage avec un fils de famille suivi d'un rapide veuvage, son mari étant tué lors de la première guerre, nous retrouvons Corentine tentant sa chance à Nantes dans une usine de fabrication d'obus...

« Ce livre, je le portais en moi depuis longtemps. Il y a une filiation entre l'histoire de ma grand-mère, la militance de ma mère et mon engagement politique contre l'asservissement des femmes. » dira Roselyne Bachelot lorsqu'elle présentera son livre.

C'est aussi un livre sur une région, le centre Bretagne, qui aura eu du mal à trouver sa place dans la République.

Mme Bachelot, par souci d'authenticité, introduit de nombreux dialogues en breton pour la période de l'enfance de Corentine qui devra apprendre le français "sur le tas" dans ses différents emplois.

À cet effet elle a utilisé les services d'un interprète, David Ar Rouz, qui a veillé à ce que les dialogues soient bien écrits dans la langue utilisée dans les Montagnes Noires à cette époque.

Un très beau livre, émouvant et qui a valeur aussi de témoignage historique.



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Elle est surprenante Roselyne Bachelot.
Elle peut être aussi agaçante que sympathique et amusante.
Ce livre est une bonne surprise.
Bien écrit, intéressant.
La vie de sa grand-mère n'est pas un long fleuve tranquille.
de la vie de ses débuts à nos jours, il semble qu'il y ait plusieurs siècles tant les conditions de vie ont changé.
C'est drôle les ressentis. Autant je n'avais pas été très sensible au « Mémé » de Philippe Torreton, .autant j'ai apprécié cette Corentine au parcours difficile
Roselyne Bachelot a su lui rendre un magnifique hommage
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
En quelques minutes, Corentine découvrait un fait qui jamais ne cesserait de l'étonner. Alors que, dans la domesticité d'une maison bourgeoise, les haines, les jalousies et les coups bas étaient incessants, elle allait découvrir dans cet atelier qui d'ores et déjà lui semblait pourtant une préfiguration de l'enfer, des amitiés et une solidarité rares.
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«  Aussi loin que la porteront , plus tard, ses souvenirs d’enfance , une sensation, une seule, reviendra hanter Corentine : avoir eu faim.

Une faim tenace , persistante, douloureuse qui, la plupart du temps, l’avait empêchée de penser à autre chose qu’à l’attente du repas à venir »
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«  La difficulté majeure restait d’échapper à la prédation sexuelle qui sévissait de manière endémique à l’hôtel de Vendres , comme dans la majorité des maisons bourgeoises ou aristocratiques de ce début de XX° siècle.
La vertu affichée des maîtresses de maison couvrait l’état de quasi - prostitution du prolétariat domestique .
Les agressions et les viols étaient souvent le fait des maîtres, mais aussi de leurs hôtes et très souvent des autres membres du personnel ».
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L'enfant poussa un cri sauvage, puis e mit à hurler. Pas à pleurer, à gémir ou à sanglier. Non, à hurler. Le hurlement profond d'un animal qu'on met à mort. Un hurlement de désespoir absolu, brut, qui ne demandait rien, ni grâce, ni délai. Ceux qu'elle aimait l'avaient trahie et abandonnée, poussés par la misère et la lâcheté.
Aussi brutalement que le hurlement avait jailli de sa poitrine, il s'arrêta. La fillette ne se retourna pas vers sa mère, repoussa sa main qui voulait la bénir, prit ses hardes des mains du marchand de chevaux pour lui signifier qu'elle était capable de mener sa vie par elle-même et alla, digne, s'asseoir sur le banc de la carriole. L'homme monta prestement, fit claquer son fouet et tous deux partirent sans un regard pour la masure.
A sept ans, Corentine était devenue adulte.
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Quant à Madame, c'est avec la gouvernante des enfants, assistée de deux nurses, qu'elle entretenait une relation épisodique lui donnant l'illusion d'être une mère parfaitement attentionnée.
L'exercice de sa fonction maternelle était en vérité des plus restreints: les enfants venaient l'embrasser avant de se coucher et avaient parfois l'autorisation de prendre le goûter dans un petit salon, privilège qui devait se justifier par une conduite exemplaire.
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Roselyne Bachelot - On n'est pas couché 25 avril 2015 #ONPC
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