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EAN : 9782350875569
208 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (03/10/2019)
4.5/5   9 notes
Résumé :
« À la croisée des chemins, il avait reçu la lumière et la lumière l’aveuglait. »
Au cours d’une réception donnée en son honneur, le professeur Lazare s’isole, entre nostalgie et dérision. Abordé par un jeune journaliste, l’éminent généticien se surprend à lui proposer de prendre un verre dans une taverne des environs. Au fil des échanges, et alors que quelques clients de passage se joignent à la conversation, Lazare remonte le cours du temps. Il est urgent, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Que de surprises en parcourant ce roman, que l'auteur m'a gentiment conviée à découvrir!

D'abord celle de me retrouver dans une ville que je connais bien, pour y avoir vécu depuis presque toujours. Et de plus dans l'hôpital où j'ai travaillé plus de trente ans! Bien sûr le voyage dans ce paysage familier s'arrête là, car les personnages eux sont fictifs et sans aucun lien avec les gens de la vraie vie que j'y ai côtoyés.

L'histoire commence dans le jardin de Luxembourg, où l'énigmatique Pr Lazare vient assister plus que participer à la cérémonie destinée à l'honorer pour les services rendus à la science au cours de sa carrière de généticien. L'homme semble lesté d'un passé douloureux qui occulte la bienveillance de bon aloi inhérente à ce type de festivités. Et puis un autre personnage vient renforcer le sentiment de loup dans le placard : c'est un jeune homme qui se dit mandaté par le Lancet, revue de publication internationale incontournable pour tout chercheur. La soirée se poursuit dans un pub et c'est là que Lazare se raconte. Ses recherches, les découvertes dont la portée le dépasse, puisqu'elles impliquent le destin de ses proches et particulièrement d'une jeune femme aux yeux mauves.


La construction est intéressante, préservant habilement le secret livré peu à peu au cours de cette longue nuit de confidences, pour une révélation finale inattendue.

L'écriture est très recherchée, presque lyrique, mais les dialogues rééquilibrent l'impression de lourdeur qui aurait pu se dégager du récit.

L'aspect scientifique dénote d'une documentation sérieuse, avec juste ce qu'il faut de fantaisie pour que l'on identifie bien les travaux de recherche du professeur comme de la fiction , comme l'atteste la postface d'une généticienne genévoise. La vie n'a pas encore livré tous ses secrets, y compris ceux qui concernent sa fin.


J'ai passé un agréable moment de lecture que je dois à la générosité de Gérald Tenenbaum, et je l'en remercie sincèrement
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Reflets des jours mauves... Tout d'abord le titre, il a son importance, comme dans toute l'oeuvre de Gérald Tenenbaum, car il contient en quelques mots l'essence même du récit qu'il nomme. D'abord invitation à la lecture, il frappe ensuite le lecteur par sa justesse et sa précision comme s'il pouvait à lui seul résumer le roman qu'il vient de refermer.

Reflets des jours mauves, le mauve, cette couleur intrigante, si complexe de par les sentiments qu'elle éveille, la douceur, la nostalgie, le regret aussi, elle fut portée un temps lors du demi deuil, elle est aussi la couleur de l'améthyste, cette pierre chargée de sens, quasi mystique, et celle de la Mauve, cette fleur discrète que l'on pensait autrefois pouvoir guérir toutes les maladies.

Le passé et les jours ne cessent de se refléter dans ce roman qui met en perspective et comme en miroir le temps passé ( perdu ?) et le temps présent, comme pour reprendre l'ordre des jours, les mettre dans l'ordre tels qu'ils sont apparus pour comprendre et se faire comprendre.

Le professeur Lazare, un éminent généticien au seuil de la retraite se morfond lors d'une réception donnée en son honneur. Tout cela à des relents de fin de carrière et d'hypocrisie mal dissimulée, il se met volontairement à l'écart quand un jeune homme, journaliste au Lancet lui propose de l'interviewer. Dans le patio du restaurant situé en plein coeur du Jardin du Luxembourg, un corbeau vient se percher sur un genévrier, au tronc blessé « à n'en pas douter les stigmates d'une rivière de larmes » et dont les branches latérales « tendent les bras en signe de détresse, ou d'impuissance, enfin c'est la même chose, c'est évidemment la même chose. » confie Lazare à Ethan le jeune journaliste qu'il vient à peine de rencontrer. Ce corbeau...

« - Eh bien, si la grande famille Corvus Corax m'envoie un émissaire, éructe Lazare, nous sommes décidément...

 - Au pays du nevermore, complète son jeune interlocuteur à voix sourde." 

Peut-être est-ce à cet instant précis que l'un et l'autre ont su, deviné que cette soirée ne pouvait pas se terminer là. Et de fait, ils attendent pour partir l'envol du corbeau, non sans avoir disserté l'un et l'autre sur ses facultés divinatoires, et son iris « sombre comme l'implacable avenir, noir comme la nuit qui nous attend, la nuit noire dont nous savons qu'elle nous attend. ». du genévrier que la nuit commence à recouvrir on ne distingue plus guère alors que la cicatrice blanchie à la chaux, la blessure éternelle.

C'est donc tout naturellement qu'ils s'installent tous deux au Contre-Oblique, un pub irlandais où Lazare a ses habitudes et c'est tout naturellement qu'il décide de dévoiler à ce jeune homme ainsi qu'à quatre autres clients comme eux échoués en ce lieu, le secret de sa vie entière...

« Il a jusqu'ici marché dans sa vie comme un somnambule. Il est temps d'ouvrir les yeux. Ce soir, c'est devenu une évidence : sur le chemin qu'il reste, il ne pourra avancer qu'en brûlant ses vaisseaux. Explorateur du génome et inventeur de thérapeutiques d'avant-garde, il a caché pendant trente ans sa plus grande découverte. (...) Cette découverte, depuis toutes ces années, il la porte comme une blessure muette. Les blessures muettes ne cicatrisent jamais, elles saignent en silence et, goutte à goutte, remplissent tout l'espace intérieur. ».

Lazare obtient son premier stage d'internat au CHU de Rennes, Il a toujours été attiré par les côtes bretonnes, il s'y sent comme chez lui. « le sel dégraisse l'air, il l'épure, lui apporte ce grain de précarité indispensable à l'homme pour éroder ses certitudes. Comment ? En laissant flotter en permanence dans l'atmosphère cette irradiante exhalaison de saumure qui nous rappelle nos dérisoires dimensions. » Et puis il y a ce vertige que l'on éprouve alors face à la mer. « le vertige ne s'exprime pas seulement face au vide, il naît à la surface des flots, il émerge de la confrontation entre l'abîme d'en haut et celui d'en bas, celui qui saurait nous dissoudre et celui qui pourrait nous engloutir. »

Le vertige, « A une lettre près, le passé surgit, le vestige. ».

Quel meilleur endroit pour un jeune généticien dont la quête est bien celle des vestiges, « ces traces de don » d'une génération à l'autre.

C'est dans le cadre de ses recherches que Lazare rencontre Rachel, elle fait partie de la petite équipe de volontaires soigneusement triés sur le volet pour participer à l'expérimentation qui devait bouleverser la recherche génétique et plus sûrement encore la vie de Lazare. Rachel est photographe, elle est le dernier maillon de sa famille, tous ont disparu, « évaporés » ou « dissous » et elle n'a de cesse, non pas de les retrouver, elle vit avec leurs fantômes au quotidien, mais de leur donner « un havre plus qu'un cimetière, un lieu certes de paix et de sérénité, mais un lieu d'accueil avec des couleurs et des contrastes, des teintes qui se répondraient, se conjugueraient pour engendrer d'autres nuances, inédites, inouïes, merveilleuses, des lumières d'un autre monde. ». de là vient  la passion de Rachel pour la photographie, cet art qui lutte contre le temps qui passe saisissant l'instant présent dans un souffle, « le bruit de l'obturateur était pour elle celui du couperet propre à trancher l'insoutenable ordre des heures et des jours. le temps lui avait dérobé l'essentiel, c'est à dire une famille, ce à quoi chacun a droit. le temps l'avait escroquée. Or le temps perdu ne se rattrape pas, sauf s'il s'arrête. ».

« Pourquoi certains visages vous parlent-ils ? », il y a des rencontres, fruits du hasard que rien n'explique si ce n'est leur mystérieuse résonance, et mystérieuse est la couleur des yeux améthyste de Rachel, « ces iris d'un violet obscur et lumineux dont la profondeur efface celle de l'océan et la transparence subjugue celle du ciel. »
Les dés sont jetés, dès lors les jours et les heures de Lazare seront teintés de mauve, inexorablement. Et bien sûr, tout ne se passera pas comme prévu, ou plutôt comme tout aurait dû se passer, dans une ambiance ouatée de chercheur quasiment extraite du temps qui passe. Si Lazare est sur le point de faire une découverte inestimable dans le domaine qui est le sien, la génétique, il découvre en même temps, paradoxe insupportable que cette nouvelle connaissance ne lui permet en rien de changer l'ordre des jours et la fin prématurément annoncée de celle qui fut la première et la seule à faire vibrer son âme.

C'est un long combat entre lui-même et ses certitudes de chercheur (même si mâtinées d'un doute nécessaire) qui s'instaure, le hasard peut-il déjouer le sort, mais qu'est-ce que  ce hasard que nous tentons néanmoins d'apprivoiser à travers les signes, interrogeant les sages, les corbeaux ?

« Oui, ce serait pure folie n'est-ce pas, de rechercher une photographie de son propre avenir sur le grain d'une page blanche... » .

Et si ?

Reflets des jours mauves bouscule, émeut et touche profondément, tant il questionne nos propres « croyances » ou relatives certitudes.

J'aime la lumière dorée vers laquelle instinctivement Rachel tend son visage et son avenir, ce rayon de soleil printanier qui pour quelques instants réchauffe le coeur de Lazare dans la tourmente, « il s'est alors pris à penser que ce qui nous tient en vie est la manifestation d'une loi constitutive de l'univers, partant plus puissante que celle qui nous fait mourir. »

Le parti pris de l'espérance, car tout ne peut s'arrêter là, pour ceux qui nous ont précédés comme pour ceux qui nous suivent.

L'Ordre des jours, L'Affinité des traces, Les Harmoniques, se reflètent et résonnent dans ces jours mauves, comme une lecture poursuivie et jamais interrompue. de livre en livre, l'oeuvre de Gérald Tenenbaum se déploie, complexe et profondément humaine, musicale et poétique, généreuse, toute tournée vers l'altérité et la vie, à l'image de Rachel, cette jeune femme au regard mauve.
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Quelle est la probabilité qu'un roman alliant les sciences, la génétique et l'amour soit une belle réussite...? Je laisse la réponse à son auteur brillant mathématicien Gérald Tenenbaum... Mais l'amoureuse des livres que je suis vous dira que reflets des jours mauves est une jolie performance ❤️❤️ Un roman qui nous touche, nous émeut.
Un roman qui montre que l'auteur sait manier aussi bien les nombres que les mots. Il sait jouer, fractionner, dédoubler, relativiser pour nous offrir une très belle écriture. Une plume ponctuée de poésie et de musique. Un récit instructif, parfois didactique et toujours riche. Un texte au goût raffiné, parsemé d'anaphores, de métaphores stylées au reflet de l'humanité. Raisonnance des symboles et consonance rimant avec puissance. Une histoire au souffle romanesque..
Un miroir à double face, entre passé, présent, l'un flirtant avec l'autre, au risque de le déstabiliser.

Une réflexion, une remise en question de nos certitudes et nos croyances
Le professeur Lazare est un éminent généticien. Lors d'une réception en son honneur, lassé de ses mondanités, il s'isole quand il se fait aborder par un journaliste Ethan, à qui, vu leurs affinités il propose de boire un verre dans un bar. Là, Lazare se livre et délivre un secret qui entoure ses recherches. Une sorte de récit introspectif, rétrospectif entrecoupé d'interludes. Il raconte comment ses recherches sur la transmission du patrimoine génétique ont été bouleversées par sa rencontre amoureuse avec Rachel, jeune photographe dont les clichés semblent dire "O temps suspend ton vol". Il évoque ses doutes, ses regrets qui le taraudent... A quoi bon tout ça, si cela conduit à trahir l'être cher et être condamné dès lors à la solitude. La réflexion amoureuse est traitée avec beauté, subtilité et pudeur...L'auteur harmonise les silences dans un théorème où initiation scientifique passionnante, amour et génétique essayent de trouver leurs places.
Fiction d'un roman, réalisme de la science pour une belle alchimie...
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Le professeur Lazare, le regard désenchanté, est assis à l'écart de cette cérémonie en son honneur. Chef de service à La Pitié, salué pour ses recherches sur la thérapie génique, le vieil homme fragile éprouve fatigue et regrets.
« Explorateur du génome et inventeur de thérapeutiques d'avant-garde, il a caché pendant trente ans sa plus grande découverte.»
Ethan Desnoyers s'avance vers lui. le professeur reconnaît en lui l'inconnu idéal pour se libérer du poids de ses secrets. le jeune homme dit vouloir écrire une biographie en rapport avec « les vieilles croyances, les légendes, les superstitions, voire la Kabbale… » Il n'en fallait pas davantage pour plonger le vieil homme dans son passé. Tous deux, à la nuit tombée, se rendent au café le Contre-Oblique. Là, dans une salle de billard au sous-sol, bientôt rejoints par trois photographes et un couple de clients, le professeur se raconte.
Fin des années 80, au CHU de Rennes, le professeur Lazare souhaite orienter ses recherches sur le décodage génétique en vue de prévenir certaines maladies. Il recrute vingt-trois individus dont Rachel Epstein, une jeune femme aux iris mauves dont la famille fut décimée pendant le génocide juif. Pour Rachel, faire partie des cobayes est un moyen de retrouver sa famille dans ses gènes. Tout comme le fait Elena Guzman, une scientifique argentine qui travaille avec les grands-mères de la place de Mai.
Rachel, cette personne surnuméraire dans les tests, va bouleverser la vie et les recherches du jeune professeur.
« Certains êtres vous amènent spontanément à sortir du chemin que vous empruntez depuis toujours et dont vous n'avez jamais pensé dévier, ne serait-ce qu'une seule seconde. Oui, dès le premier instant, avant même d'échanger la moindre parole, Rachel l'a entraîné au-delà de ses limites.»
Dans ce très beau texte au langage soutenu, il est question des origines, du destin, de l'hérédité et des souffrances liées à certaines existences. C'est aussi l'histoire d'une passion amoureuse et d'une recherche scientifique crédibilisée par la postface éclairante d'Ariane Giacobino, médecin généticienne.
Les personnages ont une réelle aura. Bien entendu, le professeur Lazare, touchant dans sa fragilité et ses regrets, émeut par sa quête inlassable de l'être aimé.
Rachel, avide de lumière et de vérité, a la force et l'empathie de celle qui connaît la douleur de ses origines.
Consolée, une amie rwandaise et Elena sont porteurs des destins tragiques et prônent la vérité pour le respect de chacun. Quant à l'assemblée, bienveillante et attentive, réunie en cette nuit de confession autour du professeur, elle témoigne de notre émotion partagée.
Ethan, silencieux, derrière ses lunettes aux verres fumés entrevoit ce qui se cache derrière la génétique.
« Croire que l'on peut commander le hasard est probablement pire que croire au hasard.»
Avec ce joli titre, je découvre un auteur de grand talent, au style soutenu et travaillé. La fragilité des personnages et le milieu scientifique donnent une dimension particulière à cette histoire de passion amoureuse. le regard sur le monde et sur le destin tragique lié aux origines apportent une réflexion supplémentaire à ce roman tout en nuances.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Le professeur Lazare vient d'être félicité par ses pairs, par le président de l'université Paris-Diderot, par le maire d'arrondissement, à l'occasion d'une cérémonie en son honneur. Chef de service à la Pitié-Salpêtrière, chercheur renommé dans le domaine de la génétique, auteur d'avancées majeures dans la cartographie du génome, il goûte peu les compliments. Alors qu'il a réussi à s'isoler dans un coin de la salle, prétextant la fatigue et l'excès d'émotion, il est abordé par un jeune homme, Éthan, qui prétend être envoyé par un journal, le Lancet. Lazare tente de le déstabiliser en faisant dériver la conversation vers l'originalité d'un arbre visible de la baie vitrée près de laquelle il est installé, puis vers l'observation d'un corbeau perché sur une de ses branches. Cela ne perturbe pas le jeune journaliste, qui ne cherche pas à orienter le dialogue pour en tirer un bon papier, mais qui laisse Lazare mener l'échange vers où il le souhaite. Plus tard, réfugiés au sous-sol d'un bar de nuit, ils acceptent dans leur tête à tête les quelques clients de l'endroit, tous attentifs aux confidences de Lazare, qui a décidé cette nuit-là de raconter un épisode où ses vies professionnelle et privée se sont entremêlées et où le choix qu'il a privilégié lui a fait perdre la femme qu'il aimait.

C'est un livre court, moins de 200 pages, et pourtant, quelle richesse ! Il me semble que l'on peut le lire et le relire plusieurs fois, en s'attachant à chaque fois à un thème particulier et que l'on perçoit l'histoire d'une façon différente. J'ai été très intéressée par le côté scientifique du roman, les avancées de la génétique, la possibilité de lire dans les gênes le parcours probable d'un individu, de connaitre ses faiblesses, de savoir prédire le terme de son existence. Placé devant un savoir qui devient terrifiant lorsqu'il concerne un être aimé, Lazare a choisi de se taire. On comprend parfaitement son dilemme. À l'aube de la retraite, il en mesure les conséquences et alors qu'il est couvert d'honneurs, il éprouve le besoin de ternir son image et de dévoiler sa lâcheté passée.

Le thème de la vie et de la mort est au coeur de ce roman, pilier des recherches de Lazare et des interrogations de Rachel. Il est aussi central dans la vie de certains personnages secondaires, une chercheuse qui en Argentine est aux côtés des Grands-mères de la place de Mai ; l'autre, une amie de Rachel, est une rescapée des massacres rwandais.

La présentation des recherches et des découvertes de Lazare est passionnante, j'ai aimé découvrir la façon dont il progresse dans ses hypothèses, les relations avec les autres chercheurs, les stratégies qu'il faut mettre en place pour obtenir des crédits et des autorisations

Le personnage de Rachel est très émouvant et reste énigmatique. La jeune photographe lumineuse au regard améthyste est seule au monde, elle cherche dans son intégration au programme de recherche de Lazare un moyen de découvrir ses origines et de savoir qui est son père.

J'ai apprécié que l'auteur laisse une partie de l'histoire dans l'ombre. Grâce à quelques indices glissés furtivement au cours de la narration, le lecteur comble lui-même les ellipses et comprend qui est Ethan, ce qu'a pu être sa vie et ce que représente sa rencontre avec le vieux professeur. Qu'en attend-il vraiment ? Libre à chacun de laisser son imagination lui souffler la suite des évènements.

J'ai bien aimé aussi parcourir la ville de Rennes où j'ai terminé mes études il y a quarante ans, redécouvrir au fil des pages les noms des rues et des quartiers que je connaissais, à une époque où il n'y avait pas encore de métro et que la gare n'avait pas été refaite.

Un très beau roman à découvrir sans hésitation et à faire connaître.
Lien : https://ruedesiam.blogspot.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lazare travaillait et souffrait dans la durée. Comme une litanie, lui virevoltait en tête ce passage du livre de Job, cité à foison par son oncle Gilbert : "Qu'il soit éprouvé jusqu'au bout". Dans le texte fondateur, le bout, autrement dit la limite humaine du supportable, possède un sens précis, il suffit de mener la lecture à son terme. Mais où se situait la limite dans sa situation ? Quelle était la nature de la condamnation, et jusqu'où était-il censé mener ce combat éperdu et muet".
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Le chant donne aux paroles le pouvoir d'élever l'homme. L'oncle chantait et passait le reste de son temps à déchiffrer - c'est le mot, les nombres et les lettres sont comme l'endroit et l'envers d'un même paysage -, à déchiffrer, donc, de volumineux ouvrages, poussiéreux ou non, dans diverses langues sybilines.
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Le bruit de l’obturateur était pour elle celui du couperet propre à trancher l’insoutenable ordre des heures et des jours. Le temps lui avait dérobé l’essentiel, c’est à dire une famille, ce à quoi chacun a droit. Le temps l’avait escroquée. Or le temps perdu ne se rattrape pas, sauf s’il s’arrête.
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Oui, c’est bien un auditoire d’inconnus dont il a besoin pour se libérer. Et qu’ils soient plusieurs est essentiel – la décence commande de diluer la confidence. Se confier à une personne seule implique ou crée une grande intimité. En livrant ses secrets, on charge d’âme. Se confier à plusieurs, particulièrement si il s’agit de rencontres éphémères,  c’est jeter une bouteille à la mer sans insérer son nom ou son adresse, c’est rester pudique. Et Lazard a l’impudeur en horreur.
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