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Commissaire Maigret - Romans et ... tome 90 sur 103
EAN : 9782253133865
196 pages
Le Livre de Poche (17/03/2010)
3.65/5   51 notes
Résumé :
Au lendemain d'un interrogatoire épuisant, Maigret est réveillé par la visite d'un de ses inspecteurs, qui lui annonce la tentative d'assassinat dont a été victime l'inspecteur Lognon, dit le Malgracieux. Maigret apprend que, depuis deux semaines, Lognon passait ses nuits chez une jeune esthéticienne, Marinette Augier. Or, celle-ci a disparu…

Adapté pour la télévision en 1971, par René Lucot, avec Jean Richard (Commissaire Maigret), Dominique Blanchar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Avec "Maigret et le Fantôme", je savais d'instinct qu'il n'y aurait rien de spectral dans l'histoire : ni guéridon qui tourne, ni poltergeist un peu trop farceur et encore moins fantôme remuant ses chaînes . Rien qu'une ressemblance. Celle que, en s'asseyant dans son propre salon, aux côtés de l'inspecteur Lognon, pour jeter un coup d'oeil sur les gens qu'il surveille derrière les rideaux mal tirés du balcon d'en face, trouve une jeune fille à une silhouette des plus remuantes et entièrement vêtue de blanc qui s'agite derrière lesdits rideaux en une sorte de danse frénétique. C'est ce mot " ... fantôme ..." que Lognon, terrassé sur le trottoir par une balle dans le ventre et une autre non loin du poumon, murmure à l'inspecteur du XVIIIème, son collègue Chinquier, arrivé sur les lieux avant l'ambulance. Pour Chinquier, pour tous les autres inspecteurs du XVIIIème, pour Maigret, immédiatement prévenu et pour tous ceux du 36, Quai des Orfèvres, ça n'a pas de sens. Mais la chose qui en a, elle, un sens, la chose qu'on ne peut pas laisser passer, même si l'usage est de sourire du Malgracieux quand celui-ci est en pleine forme (mis à part son rhume chronique), cette chose-là, c'est que quelqu'un, un truand ou un non-truand, peu importe, a expédié deux balles dans le corps de Lognon, deux balles qui l'ont envoyé provisoirement dans le coma, un coma dont on a bon espoir qu'il va sortir mais ...

Et s'il n'en sortait pas ? ...

Derrière l'Inspecteur Malgracieux, désormais bien détaché des choses de ce monde tout au fond de son lit d'hôpital, la police tout entière fait corps. Et pas seulement la parisienne. Où que téléphone Maigret pour suivre une piste ou demander un renseignement, dans le Nord, dans le Sud, la réaction est la même : Lognon est un policier qu'on a tenté de tuer, et en plus un sacré bon policier (maintenant qu'il n'est pas là pour prétendre qu'on se moque de lui en disant ça, on peut le répéter à l'envi : un sacré limier, même), qui n'a que deux boulets à traîner dans sa vie mais, hélas ! ils sont de taille : son épouse, perpétuellement souffrante et affublée du doux prénom de Solange, ... et la Malchance.

Une Malchance qui ressemble au talent de Lognon : une sacrée Malchance !

L'histoire débute sur un ton mi-figue, mi-raisin, par le SAMU qui vient ramasser le corps du pauvre Lognon, puis par la découverte que, depuis quelques semaines, il passait ses nuits chez une jeune fille, Marinette Augier. Au choc de la nouvelle de l'état plutôt grave où l'a laissé son assassin, succède, au XVIIIème comme au 36, celui d'imaginer le Malgracieux au bras d'une jeune et jolie maîtresse. Notez qu'on est prêt à lui pardonner. Non parce qu'on est entre hommes mais parce qu'avec une épouse comme Solange Lognon ... Mme Maigret elle-même, si elle ne se permet aucune absolution officielle, sent la sollicitude l'envahir à l'idée que Lognon avait enfin trouvé quelqu'un pour l'aimer ou, en tous cas, pour s'occuper un peu de lui.

Bien évidemment, il ne s'agit pas du tout de ça. Malgré la disparition de Marinette Augier, Maigret et ses inspecteurs se rendent vite compte que Lognon avait sans doute demandé à la jeune fille l'autorisation de surveiller chaque nuit quelque chose qui ne pouvait avoir lieu que dans la rue ... ou dans la maison d'en face. Quelque chose qui l'avait intrigué avant d'éveiller son instinct, cet instinct phénoménal de limier qui part toujours dans la bonne direction. Alors, bien sûr, tout le monde s'y met. On visite toutes les maisons de la rue, par acquis de conscience. On interroge concierges et locataires. Mais, très bientôt, l'appartement de Norris Jonker, un riche Hollandais collectionneur de tableaux, situé juste en face de chez Marinette, apparaît comme la clef de l'énigme.

Fils de banquier, Jonker a grandi au milieu des tableaux de maître que son père collectionnait déjà. Peu attiré par la finance et ayant les moyens de vivre de ses rentes, il abandonne la gestion de la banque familiale à son aîné, Hans, et commence à mener une vie cosmopolite. Mais ce qu'il préfère à tout au monde, c'est acheter des toiles de maîtres. Il est ainsi arrivé à soixante-quatre ans, sans s'être fait remarquer, sinon peut-être par son mariage avec Mirella, une jeune femme d'origine française et divorcée d'un Anglais, de trente ans sa cadette. Mirella est très belle mais l'affection (et non l'amour, remarque Maigret entre deux bouffées de sa pipe) qu'elle porte à son époux paraît a priori des plus sincères. Seule ombre au tableau - si l'on peut dire : régulièrement, chaque soir, des jeunes femmes, prostituées, hôtesses, comédiennes en devenir, danseuses de revue ... se présentent à la porte des Jonker. le mari ou la femme les fait entrer. Elles ressortent au petit jour et jamais, JAMAIS, on ne voit revenir la même ...

Là, vous en savez assez pour vous sentir tenté, surtout en ces temps de vacances (qui sont toutes proches ou qui vous font signe du mois prochain, allez, courage ! ) de vous intéresser à ce énième opus qui met en scène Maigret et ... Lognon. Un Lognon qu'on ne voit pas mais dont on prend des nouvelles tout le temps. Avant même d'interroger les suspects, tout le monde appelle Bichat et l'infirmière-chef est, paraît-il, sur le point de craquer tant ces messieurs de la Police sont insistants. Si encore ils voulaient interroger leur collègue ! Non, c'est tout bêtement pour prendre d'abord de ses nouvelles ! Comme tout le monde !

Et si je vous dis que, à sa sortie de l'hôpital, Lognon aura sa photo en grand dans les journaux avec les félicitations de ses supérieurs pour avoir découvert ... quoi donc ? Un trafic de tableaux ? Mais Jonker possède de réelles toiles de maître et il n'a pas besoin d'escroquer pour vivre ... Un trafic de drogue ou d'objets et papiers précieux peut-être, sous couvert, justement, de trafic de tableaux ? Mais les objections demeurent les mêmes ... non, en fait, Lognon a découvert une histoire diablement compliquée, tant sur le plan "technique" si l'on peut dire que sur le plan "intime", une histoire dont, en un sens et bien qu'il soit consentant, Jonker est la première victime.

Oui, si je vous dis que, cette fois-ci, Lognon aura toute la gloire - qu'il mérite amplement - pour lui, cela devrait vous inciter encore plus à vous pencher sur ce Maigret prenant et qui dépeint, avec ces mots habiles et simples que Simenon savait si bien utiliser, une solidarité policière dans laquelle il est bon de se plonger à notre triste époque. Ca fait du bien, ça rafraîchit, voyez-vous : ça remet le monde à l'endroit. ;o)

Euh ... Par contre, si vous espérez que Lognon aura droit à son mois de convalescence - je crois même que c'est un peu plus - là, vous faites erreur. Oh ! Il partira bien "se reposer". Mais avec son épouse . Ce qui fait qu'il utilisera sa convalescence personnelle pour soigner son épouvantable et si dolente moitié. Ah ! heureusement qu'il est solide, notre inspecteur Lognon ! Car nul doute que nous le retrouverons prochainement, en train d'éternuer, maussade, devant un Maigret raisonnablement agacé, qui le regardera sortir de son bureau en se demandant comment il peut prendre de tels airs de martyr.

L'univers du commissaire Maigret, c'est tout un monde et il manquerait, à cet univers, quelque chose d'essentiel si, de temps à autre, on n'y croisait pas l'Inspecteur Malgracieux. Qu'en pensez-vous ? ;o)
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Sonnerie dans la nuit. Maigret décroche, nauséeux : l'inspecteur Lognon, alias Malgracieux, vient de se faire tirer dessus dans le 18e arrondissement de Paris. le commissaire apprendra par la suite que l'inspecteur enquêtait depuis deux semaines en solo, passant ses nuits chez une jeune demoiselle, esthéticienne de son état. Serait-ce parce que l'appartement de ladite demoiselle se situe en face de celui du couple Jonker ? Couple qui reçoit à toutes heures des personnes de divers horizons et de tous milieux.
Ce roman de Simenon est une enquête policière classique, dont le développement (pour le lecteur) sera régulier et là encore de manière plutôt classique. Bien sûr il n'est pas question dans ce tome de fantôme au sens strict, ce qui n'enlève rien à une intrigue qui, quoique riche, est parfaitement maîtrisée. le rythme dans ce roman est plutôt rapide, et les évènements s'enchaînent pour notre plus grand plaisir.
Un excellent roman policier.
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Au saut du lit, Maigret est informé par un de ses inspecteurs que l'inspecteur Lognon a été grièvement blessé dans une tentative d'assassinat avenue Junot. Sur les lieux, le commissaire apprend que Logon passait depuis deux semaines ses nuits chez une jeune esthéticienne, Marinette Augier, qui a disparu. Très vite, il va s'intéresser à Norris et Mirella Jonker, un couple dont l'hôtel particulier est situé en face de l'appartement de la jeune femme…

Et si Maigret et le fantôme était l'un des meilleurs Maigret ? C'est un de mes préféré en tout cas.

D'abord parce que la succession précipitée des événements permet à l'intrigue, compliquée à première vue, de se dénouer rapidement. le roman est très court (102 pages) et relate une enquête se déroulant en une seule journée (unité de temps). Si l'on ajoute le fait qu'il n'y a pas d'intrigue secondaire puisque Maigret vient tout juste de boucler une affaire quand les choses débutent (unité d'action) et que, si l'on excepte les rapides passages par la P.J. et le boulevard Richard-Lenoir, c'est dans le 18e arrondissement, que se déroule l'action (unité de lieu), on voit que Simenon, volontairement ou non, a respecté les règles du théâtre classique. Qui plus est, fait assez rare dans la série, l'histoire est développée de bout en bout, depuis l'agression de Lognon jusqu'à l'arrestation des coupables, avec des précisions détaillées sur le verdict des assises pour les protagonistes et des nouvelles de la guérison et de la convalescence du Malgracieux.

Ensuite parce que Maigret et le fantôme est une enquête de procédure classique qui est comme un hommage au travail de la police dont toutes les composantes sont mobilisées : les hommes du commissariat de quartier où travaille Lognon, la Police Judiciaire, la police scientifique et la balistique, les collègues de province (Nice) et même de l'étranger à travers un échange avec le chef-inspecteur Pyke, de Scotland Yard. Tout le monde s'active, d'autant que Maigret ne se retient pas de préciser à chacun que c'est un inspecteur qui a été abattu. Pyke se chargera même de la sentence : « Ici, le coupable serait pendu, homme ou femme. On pend toujours pour les crimes contre la police. »

Maigret, pour sa part, se contentera de sa méthode habituelle, qui n'en est pas une comme chacun sait : observation du milieu – avec une description minutieuse du logement de Marinette et de ses « objets qui parlent » –, visite inévitable à la concierge et interrogatoire des principaux suspects. Il utilisera également Mme Maigret, qui s'est proposée spontanément pour assister Mme Lognon, femme acariâtre et perpétuellement souffrante. Elle lui apportera des précisions sur les relations des Lognon lors d'un déjeuner dans une brasserie proche de la place Constantin-Pecqueur qui la comblera de bonheur et s'intéressera jusqu'au bout à l'enquête, puisque son mari lui téléphonera dès la fin du procès pour lui annoncer le verdict. Ce travail d'équipe en dit long sur la relation entre le commissaire et Mme Maigret : « Il ne l'appelait pas par son prénom, ni elle par le sien. Elle ne lui disait pas chéri et il ne lui disait pas chérie. A quoi bon puisqu'ils se sentaient en quelque sorte une même personne ? »

Maigret et le fantôme donne aussi le rôle principal à Lognon – le « héros » en quelque sorte de l'histoire bien qu'il ne soit que mentionné – dont ce sera la dernière apparition dans la série, après la nouvelle Maigret et l'inspecteur Malgracieux (1946) et cinq romans : Maigret au Picratt's (1951), Maigret, Lognon et les gangsters (1952), Maigret et la jeune morte (1954), Maigret tend un piège (1955), Maigret et le voleur paresseux (1961).

Lognon est un personnage que Simenon a largement détaillé – caractère, aspect physique, habillement, famille, logement… » – à l'inverse des autres collaborateurs de Maigret. Au point que la place Constantin-Pecqueur, où il a son domicile, fait partie des lieux les plus visités par les « Maigretphiles » au même titre que le quai des Orfèvres ou le boulevard Richard-Lenoir.

Enfin, mentionnons les deux extraordinaires chapitres, La visite aux Hollandais et La chambre aux graffiti, dans lesquels Maigret montre tout son talent dans l'interrogatoire de Jonker, un modèle du genre. L'entreprise est délicate, le personnage, vite promu au rang de suspect, étant le riche héritier d'une grande et respectable famille de banquiers hollandais et doté des meilleurs relations et protections, collectionneur de tableaux modernes. Maigret agira par petites touches, d'abord hésitant – « Il lui était rarement arrivé de choisir ses mots, ses phrases, avec autant de soin. Rarement aussi il s'était senti aussi mal à l'aise. » –, soutenant le mépris de classe de son interlocuteur puis l'amenant progressivement à se troubler et à perdre son sang-froid. Il sera plus direct avec Mirella, l'épouse de Jonker, la jeune fille des quartiers populaires de Nice promue grande bourgeoise, à qui il fera comprendre plutôt abruptement qu'il a très bien compris de quel milieu elle vient : « Maigret avait beau être commissaire divisionnaire et chef de la brigade criminelle de la P.J., il appartenait au peuple. ». Peut-être est-ce pour cela qu'il lui adressera finalement « un regard qui ne manquait pas de sympathie. »

Ainsi va Maigret, sans méthode mais avec une intuition incomparable pour pénétrer les personnalités et se mettre à la place des autres.
Plus de détails sur mon blog

Lien : http://maigret-paris.fr/2020..
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Simenon, il y avait longtemps. le Maigret de Patrice Leconte, avec un très bon Depardieu, m'a donné envie de relire ce bon vieux commissaire tellement vu à la télé. J'ai choisi une enquête au hasard, méconnue, écrite en six jours en 1964.
Les premières pages m'ont plongé d'emblée dans un paris automnal, pluvieux, gris et glacé. Les phrases courtes, les mots simples, une écriture minimaliste et un pouvoir d'évocation maximal. Comment ai-je pu négliger ce grand écrivain ?
J'ai particulièrement savouré un déjeuner entre madame et monsieur M au cours d'une affaire. Madame, très étonnée, puis charmée de l'invitation de son mari, s'assied en face de lui dans ce restaurant où ils n'ont plus mangé depuis quinze ans. La buée sur la vitre leur ménage une manière de loggia romantique. Une fois n'est absolument pas coutume, l'épouse collabore à une enquête de son illustre compagnon.
Très inquiète de savoir si elle lui a été utile, Maigret la comble en lui disant que grâce à elle, l'enquête allait prendre un nouveau cours. Madame est ravie. Ce repas inopiné sera un des meilleurs souvenirs de sa vie. Pour moi aussi. Les grands classiques, il n'y a que ça de vrai.





Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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,Ecrit en 1964
Maigret est secoué tôt le matin par la visite d'un de ses inspecteurs, qui lui annonce la tentative d'assassinat dont a été victime l'inspecteur Lognon, dit le Malgracieux. On a tiré sur celui-ci alors qu'il sortait d'un immeuble de l'avenue Junot. Maigret se rend sur les lieux et apprend avec étonnement que l'inspecteur lognon "fréquentait" une jeune femme, Marinette Augier esthéticienne , qui habite l'immeuble en question. Au cours de son enquête, Maigret est avisé des manigances baroques des Jonker, couple dont l'hôtel particulier est situé en face de l'appartement de Marinette Augier. Norris et Mirella Jonker deviennent, pour Maigret, les suspects principaux. Une visite qui lance le commissaire sur une piste intéressante, qui va le conduire dans le monde de la peinture et des faussaires.
La succession précipitée des événements permet à l'intrigue, compliquée à première vue, de se dénouer rapidement.
Comme toujours le duo Simenon et Maigret fonctionne a' merveille un roman de littérature classique policière très plaisant a' parcourir
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Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
Il était un peu plus de une heure, cette nuit-là, quand la lumière s'éteignit dans le bureau de Maigret. Le commissaire, les yeux gros de fatigue, poussa la porte du bureau des inspecteurs, où le jeune Lapointe et Bonfils restaient de garde.
- Bonne nuit, les enfants, grommela-t-il.
Dans le vaste couloir, les femmes de ménage balayaient et il leur adressa un petit signe de la main. Comme toujours à cette heure-là, il y avait un courant d'air et l'escalier qu'il descendait en compagnie de Janvier était humide et glacé.
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[...] ... Il se passa à cet instant-là quelque chose que Maigret aurait été incapable de définir, un changement de ton, ou plutôt une sorte de décalage qui donnait soudain plus de poids aux mots, aux gestes, aux attitudes. Cela tenait-il à la présence de la jeune femme, toujours drapée dans son étrange costume, ou à l'atmosphère de la pièce ?

Dans une immense cheminée de pierre blanche, des bûches flambaient en crépitant et les flammes semblaient jouer les farfadets.

Le commissaire comprenait à présent pourquoi les rideaux de l'atelier qu'on voyait de la fenêtre de Marinette Augier étaient presque constamment tirés. Cet atelier n'était pas simplement vitré d'un côté, mais de deux, ce qui permettait de choisir la lumière désirée.

Ces rideaux étaient faits d'un jute noir, épais, devenu gris au lavage, qui avaient rétréci, de sorte qu'ils ne joignaient plus.

D'un côté, on découvrait les toits jusqu'à Saint-Ouen ; de l'autre, avec en premier plan les ailes du Moulin de la Galette, Paris presque entier, le tracé de ses boulevards, la trouée plus large des Champs-Elysées, les méandres de la Seine et la coupole dorée des Invalides.

Ce n'était pas ce panorama qui fascinait Maigret, dont les sens étaient en éveil. Il est difficile, plongé subitement dans un milieu inconnu, de le saisir dans sa totalité, et pourtant c'était un peu ce qui lui arrivait.

Tout le frappait à la fois, les deux murs nus, par exemple, d'un blanc cru, avec les flammes vivantes de la cheminée au milieu d'un des deux.

Mme Jonker était occupée à peindre au moment où les deux hommes étaient entrés. N'aurait-il pas dû y avoir, logiquement, des toiles sur ces murs ? Et aussi, comme dans tous les ateliers d'artistes, d'autres toiles rangées les unes contre les autres ? Or, le plancher, en bois verni, était aussi nu que les murs. ... [...]
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» L’immeuble comporte-t-il un système de sécurité ?
— Non. Les vrais professionnels, comme vous dites, se moquent des systèmes les plus perfectionnés, cela a été encore prouvé récemment dans votre propre pays. Je préfère une bonne assurance…
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— Il ne faut pas lui en vouloir. Quand il n’a pas son nombre d’heures de sommeil, il devient impossible.
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[...] ... - "Bonjour, messieurs ... Qui d'entre vous est au courant ? ..."

Il les connaissait aussi, sinon par leur nom, tout au moins de vue, et tous les trois s'étaient levés.

- "Chacun de nous et personne ...

- Quelqu'un est allé avertir Mme Lognon ?

- Durantel s'en est chargé ..."

Le plancher portait des traces de semelles mouillées et l'air sentait le tabac refroidi.

- "Lognon était sur une affaire ?"

Ils se regardaient, hésitants. Enfin, l'un d'eux, un petit gros, commença :

- "C'est justement ce que nous nous sommes demandé ... Vous connaissez Lognon, monsieur le divisionnaire ... Il lui arrivait, quand il se croyait sur une piste, de prendre des airs mystérieux ... Ce n'était pas rare qu'il travaille sur une affaire pendant des semaines sans nous en parler ..."

Parce que le pauvre Lognon avait l'habitude qu'un autre soit félicité à sa place !

- "Depuis au moins quinze jours, il se montrait secret, avec, parfois, quand il rentrait au bureau, la mine de quelqu'un qui prépare une importante surprise ...

- Il n'a fait aucune allusion ?

- Non. Seulement, il choisissait presque toujours le service de nuit ...

- On sait dans quel secteur il travaillait ?

- Les patrouilles l'ont aperçu plusieurs fois, avenue Junot, non loin de l'endroit où il a été attaqué ... Mais pas les derniers temps ... Il quittait le bureau vers neuf heures du soir pour y revenir à trois ou quatre heures du matin ... Il lui est arrivé de ne pas réapparaître de la nuit ... (...) ... [...]
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Vidéo de Georges Simenon
"L'Homme de Londres", Georges Simenon, aux éditions le libre de poche
Mila Boursier, libraire à La Grande Ourse à Dieppe, nous parle du roman "L'homme de Londres" de Georges Simenon. Dans ce polar, l'auteur ne nous parle pas de Maigret, mais d'un homme qui prend une mauvaise décision un soir à Dieppe. de fil en aiguille, le lecteur parcourt les rues de la ville dans une haletante chasse à l'homme.
Un entretien mené à Dieppe, à la librairie La Grande Ourse.
Vidéo réalisée par Paris Normandie.
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