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EAN : 9782253127253
186 pages
Le Livre de Poche (22/07/2009)
3.51/5   46 notes
Résumé :
L'existence de Walter Higgins ne se distingue en rien de celle de ses voisins. Il vit dans une maison typique de l'élégant quartier de Maple Street. Une satisfaction manque cependant au bonheur de Higgins : son admission au Country Club dont les membres, notables de la cité, semblent s'ingénier à lui interdire l'entrée. Cette année encore, une boule noire a sanctionné le vote.
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Le roman a été écrit en 1955 mais il n'a pas pris une ride!
La récente adaptation télévisée sur FR3 que l'on a pu voir ces jours-ci, dans laquelle Didier Campan; Antoine Duléry et Virginie Lemoine sont excellents, m'a bien plu et m'a donné envie de lire ce roman de Simenon.
Il est intéressant d'ailleurs de voir que Simenon n'a pas écrit que des policiers même si l'on associe toujours le commissaire Maigret à son nom.
Ici l'histoire se passe dans les années cinquante, dans le Connecticut.
Le héros, Walter Higgins, représente très bien le rêve américain: il a démarré au bas de l'échelle dans la chaîne de supermarchés Fairfax et, à la force du poignet, il s'est hissé au poste de directeur de succursale.
Il habite une belle maison dans un quartier élégant, il a une femme agréable et de nombreux enfants. Tout irait bien si...
Pour être totalement heureux, il lui faudrait être admis au Country Club dont les membres, de bons notables de la ville, s'ingénient à lui interdire l'entrée.
Une seule boule noire suffit pour exclure un membre; c'est ce qui arrive à notre héros.
Il lui faudrait attendre un autre tour, puis peut-être encore un autre, ceci pouvant durer plusieurs années. Il se décourage malgré le ton rassurant de son ami pharmacien.
Un événement va l'arracher à son ressentiment.
La mort de sa mère, vieille dame esseulée, kleptomane et alcoolique, va rouvrir ses blessures.
Il va sur place voir une dernière fois sa mère et tout son passé d'enfant abandonné et livré à lui-même va remonter à la surface.
C'est un très beau roman qui manie parfaitement le thème de l'exclusion sociale et la nécessaire conformation aux codes sociaux.
L'analyse psychologique est très fine et on ne peut qu'éprouver beaucoup d'empathie pour ce héros qui s'insurge contre ces "bons bourgeois" qui veulent rester dans leur monde...
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N°869– Février 2015

LA BOULE NOIREGeorges Simenon – le livre de Poche.

Nous sommes dans une petite ville des États-Unis dans les années 50. Walter Higgins y mène une vie paisible de père de famille nombreuse et de directeur de supermarché. Il s'implique même à titre bénévole dans divers activités au profit de la collectivité. Bref, c'est quelqu'un dont on peut dire qu'il a réussi socialement et qu'il est heureux dans cette vie autant qu'on peut l'être et que c'est un type bien. A un détail près cependant, il s'est mis dans la tête d'être membre de Country Club, une association locale de notables qui rejette systématiquement sa candidature sans raison apparente et le fait à travers un vote anonyme qui se manifeste par la présence d'une seule boule noire déposée dans l'urne le soir du scrutin. Il n'a pourtant rien de commun avec ce club mais son appartenance consacrerait sa réussite. Ce refus, manifesté pour la deuxième année bouleverse Higgins. C'est peut-être pour lui plus qu'une question de principe puisque même au pays du rêve américain où la réussite personnelle est célébrée comme une vertu, il lui semble que ce qu'on lui reproche ce sont ses origines pauvres, son père absent sa mère alcoolique, destructrice et délinquante. Pour en être arrivé là, il a dû gravir tous les échelons d'une société qui le lui avait pas fait de cadeaux puisqu'il était parti de rien. Si on lui a confié la direction du magasin, c'est qu'il avait fait ses preuves, débutant comme livreur. En lisant cela le lecteur songe immanquablement à un paranoïaque qui rejoue la grande scène du complot. C'est pour lui tellement révoltant qu'il veut tuer les membres de ce club qui lui refusent l'entrée. Pire peut-être, il découvre qu'au sein de ses activités bénévoles où il s'impliquait pourtant beaucoup, son avis importe peu et on le tient pour rien. Il démissionne donc même si cela peut avoir des conséquences sur son chiffre d'affaires et sur sa situation. Pourtant cette histoire d'appartenance à ce club n'a vraiment aucune importance mais il le vit comme quelque chose d'injuste. le déroulé des événements le fait pour autant revenir à une réalité plus terre à terre, le fait grandir, lui fait prendre conscience des choses et les relativiser.
J'observe quand même que Higgins a bénéficié du soutien sans faille de sa famille et de ses employés, ce qui se révèle à la fois rassurant et salvateur dans une situation qui aurait pu devenir criminelle. Pourtant quand on a le sentiment d'être exclus d'un groupe et en ressent une certaine solitude.
Cette histoire de boule noire a probablement une dimension maçonnique, le terme blackbouler vient de là. Mais au-delà de cette remarque qui ne trouve pas ici sa véritable résonance, ce roman, écrit dans les années 60 prend une dimension très actuelle. Il nous est tous arrivé, dans notre vie familiale ou professionnelle d'être l'objet d'injustices qu'aucune raison ne motivait. Elles nous étaient infligés discrétionnairement soit par quelqu'un qui ne nous aimait pas ou ne nous aimait plus, soit par simple jalousie. En tout cas, la personne qui faisait ainsi acte de malveillance avait une volonté farouche de nous faire du mal, de nous détruire, d'autant plus forte qu'elle ne reposait sur rien d'autre que sur cette faculté de profiter d'une situation de supériorité supposée et parfois temporaire, basée sur la fortune, la position sociale ou hiérarchique. le pire sans doute était la lâcheté puisque cette situation délétère était couverte par l'anonymat, l'hypocrisie, la mauvaise foi...

Simenon, ce n'est pas seulement les romans policiers où le commissaire Maigret exerce avec talent son pouvoir de persuasion, de déduction et démasque à chaque fois le coupable. J'ai dit dans cette chronique combien j'aimais cette ambiance un peu glauque tissée dans cette série. C'est aussi un écrivain de romans psychologiques et je suis entré, pour des raisons personnelles sans doute, dans ce processus qui m'a parlé d'autant plus que le style est fluide, agréable à lire.

Ce roman a été adapté pour le télévision dans un film de Denis Malleval (2014) diffusé sur France 3 le mercredi 17 février 2015. le comédien Bernard Campan, qu'on connaissait dans un tout autre registre, donne ici toute sa mesure dans cette dramatique.
©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Beaucoup de critiques ont réduit cet ouvrage au spectacle d'un homme aspirant à se fondre dans la masse puis à vouloir parachever son existence par l'admission dans un club select lui permettant de se noyer dans une élite. Sans succès. Appréciant beaucoup Georges Simenon, devant la platitude évoquée par certains, j'ai voulu apprécier cet ouvrage par moi-même. Bien m'en a pris car j'ai découvert un ouvrage qui allait au-delà de cette approche. J'y ai découvert le portrait d'un homme tentant désespérément d'exister, d'accéder à un statut d'individu possédant ses propres richesses mais la la réalité d'être lui était refusée depuis l'enfance. le portrait d'un homme déchiré conscient d'un potentiel et qui, devant l'échec de son aspiration élitiste, porte pour la première fois un regard sur lui-même afin de comprendre. de se comprendre. de prendre conscience du fait que le bonheur ne passe peut-être pas par le regard bienveillant et admiratif de la société. Qu'il est parfois à sa porte pour peu que l'accepte d'en regarder la réalité. Même si cette naissance à soi-même impose de la douleur. Ce n'est pas un grand roman qui marquera la littérature mais j'ai apprécié le style de l'auteur pour décrire un chemin de Croix qui pour moi débouche sur l'Espoir.
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Walter Higgins mène une existence paisible dans une petite ville de l'Amérique des années 50. Entre sa famille nombreuse, son travail de gérant du Supermarket et ses multiples activités au sein de la communauté, il a tout pour être heureux. Sauf que Walter désire plus que tout être membre du Country Club. Rejeté à cause d'une seule voix négative, la vie de Walter est bouleversée.

Ce court roman débute comme un polar : après son éviction, Walter semble prêt à tout pour se venger allant même jusqu'à penser tuer tous les membres du comité. Puis, petit à petit, l'histoire lorgne vers le drame social car on se rend compte que toute la vie de Walter ne tend que vers un but : gravir les échelons afin d'oublier son enfance pauvre, son père absent et sa mère alcoolique et délinquante.
Les ficelles psychologiques sont un peu grosses mais l'histoire est surprenante et le récit se lit avec un réel plaisir.
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Quand l'écoute d'une baladodiffusion sur France Culture me rappelle une très ancienne lecture :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/la-boule-noire-d-apres-georges-simenon-9615821

La Boule noire de Georges Simenon, écrit en 1955, au cours de ce que les critiques littéraires appellent sa période américaine.

L'histoire de Walter Higgins, un self made man, qui vit avec sa famille dans l'élégant quartier de Maple Street et qui rêve d'être admis au Country Club, le cercle très fermé où se retrouvent tous les notables éminents de la cité.
Hélas, à chacune de ses tentatives, lors du vote des membres, une boule noire sanctionne sa candidature.
Ce rejet cristallise alors toute son amertume et ses désillusions. Malgré son travail acharné, ses débuts tout en bas de l'échelle sociale, sa promotion au rang de directeur d'une succursale d'une importante chaine de supermarché, malgré son implication dans la vie communale, malgré sa réussite sociale et familiale, cette boule noire lui montre les limites du rêve américain.
Ce désaveu le déstabilise au moment où il perd sa mère, alcoolique et kleptomane, dans des conditions tragiques. Revenant, sur les lieux de son enfance, il éprouve alors un sentiment d'échecs et de solitude exacerbé.

Un excellent roman, des portraits psychologiques très fouillés.

Lien : https://www.facebook.com/pir..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Bill Carney était venu un soir lui apporter la mauvaise nouvelle : un des membres, on ne savait qui, un grincheux, sûrement, un jaloux avait déposé une boule noire dans le sac du scrutin. Il ne fallait que des boules blanches, une seule noire suffisait à écarter le candidat qui conservait le droit de se représenter l'année suivante.
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- C'est toi Walter ?
La voix de Carney était pâteuse comme celle d'un homme qui a beaucoup bu et on entendait d'autres voix en arrière-fond.
- C'est moi, oui. Alors ?
- Alors, vieux, je suis désolé et je me demande si je ne vais pas leur flanquer ma démission. Figure-toi qu'il y a encore un cochon qui...
Higgins se bougea pas. Il resta là, parfaitement immobile, le récepteur à la main à attendre la suite. Quelqu'un, là-bas, avait dû s'approcher de Carney et essayait de lui prendre le récepteur des mains. On devinait comme un brouhaha qui cessa quand la communication fut coupée.
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Higgins avait vécu dans un brouillard qui estompait les contours des objets et noyés les couleurs. Le brouillard s’était dissipé, faisant place, non au soleil, mais à une lumière dure comme il en règne certains soirs, mettant en relief les moindres détails.
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Or, voilà qu'à quarante-cinq ans, Nora était à nouveau enceinte, cette fois, elle en était visiblement gênée, non seulement devant les voisins mais vis-à-vis des aînés, comme si elle avait commis un acte honteux ou indécent.
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Il n'avait plus l'impression de faire partie d’un tout, comme auparavant. Il était seul. Ce n'était pas lui qui l'avait voulu, mais les autres, et force était d'accepter leur verdict. Même à la maison, il regardait vivre les siens avec un détachement qui les lui montrait sous un jour nouveau, comme s'il avait pris soudain du recul.
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Quel grand écrivain est l'auteur de près de 200 romans, l'inventeur de 8 000 personnages, et surtout, par quel livre pénétrer dans ce palais colossal ?
« La neige était sale », de Georges Simenon, c'est à lire au Livre de poche.
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