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EAN : 9782714474070
336 pages
Belfond (02/03/2017)
3.97/5   43 notes
Résumé :
La route 117 coupe le désert de l'Utah.
Le long de cette route, il n'y a rien. Ou si peu. De la poussière à perte de vue, un resto fermé depuis des lustres, quelques maisons témoins d'un vague projet immobilier suspendu pour l'éternité. Et là, dans cette immense solitude, des âmes perdues qui ont fui le monde : les frères Lacey, criminels prêts à tout pour sauver leur peau ; Walt, vieux solitaire dévoré par les remords, qui ne veut plus voir personne et se cl... >Voir plus
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Un décor 100 % américain... une route très peu fréquentée, des soleils rougeoyants sur le désert de l'Utah, un "diner" complétement fermé qui a servi de décor à quelques films de série B.
Un camionneur, un anti-héros un peu désabusé livre des colis sur la route 117 à des personnages assez avares de mots alors qu'ils ont un passé particulier.
Il ne cherche pas à les faire parler et ce qu'il sait, il le garde pour lui... ce n'est pas de l'indifférence, au contraire, Ben est du genre humain... vraiment humain.
Une Atmosphère, des Personnages et une énigmatique nouvelle arrivée qui va soulever quelques tourbillons de sable dans ce coin de désert... bagarre, amour et violoncelle, tension dramatique.
La belle a-t-elle un secret ? Pourquoi se terrer dans ce coin perdu et désertique ?

Une atmosphère (je ne me répète pas... j'insiste) sur une bonne partie du livre et, insidieusement, on est emporté par l'histoire policière comme dans ces inondations éclairs créées par les pluies violentes que peut connaître cette zone.
Je retrouve dans cette lecture quelque chose de "Nous rêvions juste de liberté" de Loevenbruck... la route, le charisme du héros, la narration à la première personne du singulier, les touches d'humour, l'atmosphère (encore !).
Une belle référence, n'est-ce pas ? Si ça vous tente, n'oubliez pas vos lunettes de soleil, il y a beaucoup de lumière dans le désert.

Un très très bon premier roman pour James Anderson... un auteur à suivre.

Je me suis régalée et j'en remercie sincèrement Babelio et les éditions Belfond.
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Le long de la (fictive) route 117 qui s'enfonce dans le désert de l'Utah pour s'y terminer en cul-de-sac, quelques habitants s'entêtent à vivre loin du confort de l'eau courante, de l'électricité, du courrier, du téléphone, sans parler d'internet. Une seule personne les relie à la « civilisation » : Ben Jones, 38 ans. Camionneur indépendant, il passe ses journées à livrer des marchandises en tous genres sur cette route isolée, à des clients plus singuliers les uns que les autres. Il y a Walt, l'octogénaire propriétaire du restoroute « Well-known Desert Diner », qui n'a plus servi le moindre steak depuis 40 ans, au point d'être connu dans la région sous le sobriquet « Never Open-Desert Diner », et les frères Duncan et Fergus Lacey, qui vivent dans un vieux wagon réaménagé. Il y a aussi John le Prêcheur, qui parcourt la route en portant une croix aussi grande que lui, Ginny, l'adolescente de 17 ans, enceinte et paumée, et depuis peu, dans une maison abandonnée et invisible depuis la route, il y a Claire, une jeune femme superbe, jouant sur un violoncelle sans cordes. Tous portent un lourd secret, ont vécu un drame terrible, fuient leur passé ou au contraire sont incapables de s'en détacher ; la plupart sont aux prises avec des questions de filiation et d'identité. Parmi ces égarés de la vie, Ben ne s'en sort guère mieux : abandonné à sa naissance, c'est un solitaire, sans amis, sans fortune et bientôt sans emploi vu l'état de ses finances et l'avis de saisie de son camion.
Inévitablement, Ben tombe amoureux de Claire, qui se cache de son mari, et dont le violoncelle est coeur d'une sombre affaire de vengeance.

Alors oui, on tarde un peu à comprendre dans quelle direction va cette histoire, mais en attendant on se laisse emmener à bord du camion de Ben, on l'accompagne dans son boulot (faux gagne-pain mais vraie vocation), à la découverte de personnages taciturnes, durs à cuire mais qui, sous leur épaisse carapace, ne sont pas dénués de bienveillance et de générosité. Mais c'est surtout le désert qu'on découvre, personnage principal du roman, à la fois soleil, chaleur et poussière accablants pendant la mise en place de l'intrigue, et orages violents et crues aussi soudaines que meurtrières lorsque l'histoire s'emballe et que le dénouement approche. Un désert impitoyable, et pourtant « ...le Prêcheur m'avait dit que la plupart des gens associent le désert avec ce qui y manque : l'eau et les gens. « Ils ne pensent jamais à la seule chose dont le désert regorge : la lumière. Il y a tant de lumière ici » ».
Et en effet, ce roman est à la fois sombre et lumineux, mélancolique et teinté d'auto-dérision. Il est, en plus, servi par une belle écriture fluide, sobre, parfois poétique, et un sens certain de l'humour et du dialogue. Un premier roman captivant, qui pour moi vaut plus pour son atmosphère que pour son intrigue (un peu abracadabrante), et dont les personnages attachants vous hantent bien après la dernière page.
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Vous voyez cette lumière, ces crêtes et ces affleurements ?
Vous sentez cet air chaud saturé de poussière ?
Vous devinez cet horizon lointain, cette immensité nue déchirée par un trait de bitume brûlant ?

Nous sommes dans l'Utah, en plein cœur du désert.
Le trait de bitume c'est la route 117 et le bruit qui, de temps en temps, perfore le silence, c'est le camion de Ben Jones, chauffeur-livreur de son état. Une vocation, un sacerdoce, des milliers de kilomètres au compteur et des rencontres souvent insolites le long du parcours. Quelques ermites perdus dans des ranchs isolés, les frères Lacey reclus dans leurs wagons abandonnés, John le prêcheur et sa grande croix à roulettes, et bien sûr le vieux Walt et son "dinner" perpétuellement fermé (sauf quand il est ouvert...) : Ben les connaît tous, Ben les ravitaille tous, Ben est apprécié de tous.
Perché là-haut dans sa cabine, seul derrière son volant, il croit connaître la 117 sur le bout des doigts. Pourtant un beau jour, après un arrêt inopiné en bord de route, Ben découvre une construction inachevée, quelques maisons-témoins d'un vague projet immobilier définitivement interrompu.
L'étrange lotissement semble inhabité ... mais bon, à vous je peux bien le dire : en fait la jolie Claire vit là, en toute discrétion, et elle ne tient à pas ce que ça se sache, alors je vous fais confiance hein, ça reste entre nous ?

C'est l'histoire de cette rencontre improbable - le camionneur bourru et la belle inconnue - que nous raconte James Anderson dans ce premier roman étonnant où évoluent des personnages aussi atypiques qu'attachants. L'écriture est simple mais percutante et Ben est parfait dans son rôle du brave type revenu de tout.
En premier lieu, la réussite du récit tient principalement dans le décor grandiose choisi par l'auteur, cette terre d'une beauté sauvage où les hommes ont "la liberté de l'espace dans le regard", et dans l'atmosphère si particulière, rocailleuse et envoûtante, qu'il dégage. Certains passages n'auraient pas déplu, je pense, au regretté Edward Abbey, un autre amoureux du désert.
Pour être tout à fait honnête, si le roman partait sur d'excellentes bases (noires et mystérieuses comme j'aime !) il s'est quelque peu enlisé, je trouve, dans le dernier tiers, en virant au roman à suspens un peu plus convenu. Sombre affaire de vol, de vengeance et de trahison, mais pas de quoi gâcher pour autant le très bon souvenir de je garderai de cette lecture ! Je guetterai bien sûr avec curiosité les prochaines parutions de James Anderson, en espérant y retrouver la même originalité, le même élan poétique, le même sens de l'humour et des dialogues, et la même habileté à dépoussiérer le mythe américain de la route et des grands espaces.

Merci à la généreuse babelionaute (qui se reconnaîtra !) pour le prêt de ce livre qui fut une belle découverte.
Merci enfin à Ben et à M. Anderson pour cette agréable ballade à travers l'Utah et ses sompteux paysages faits d'ombres et de lumières, de rocs et de mirages. "Ce n'était ni le paradis ni l'enfer, juste une ligne droite au beau milieu des deux. La 117, tout simplement."
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Livre que j'ai reçu dans le cadre de la Masse Crtique - Mauvais Genres. Et bien pour un mauvais genre, j'ai agréablement été surpris et j'ai surtout apprécié cette lecture sous une route qui n'en finit pas et d'un soleil brûlant provoquant une chape de plomb sur bien des mystères.

Il y a tout d'abord le décors du livre qui m'a beaucoup plu : une route imaginaire en plein Utah et, qui plus est, une route qui ne fait que traverser une état désertique couvert de sable, de roches et de gros cailloux. Quelques immeubles abandonnés ou presque et des routes secondaires perdues dans la poussière. Cela donne presque envie de prendre un van et d'aller rouler sur une route d'Amérique du nord.

Les personnages sont hauts-en-couleur entre le protagoniste principal qui est l'archétype de l'anti-héros, et des autres personnages principaux carrément dans la même veine. Les personnages secondaires ont, eux aussi, leurs problèmes, leurs troubles et leurs secrets ce qui ajoute à l'histoire, un soupçons de suspicion. On sait qu'il va se passer quelque chose, mais on ne sait ni quoi ni quand. L'auteur arrive à gérer cela avec brio. Les personnages se croisent, se décroissent, chercher à cacher leurs problèmes, traînant leurs casseroles, leurs misères, et allant se réfugier en plein milieu de nul part. Ils n'ont que pour compagnie qu'un chauffeur-livreur qui sert de relais à la solitude.

L'histoire oscille entre thriller road-trip et romance sans eau de rose. C'est rock-and-roll, c'est pas hard discount, cela donne même envie d'expérimenter. J'ai eu dans cette lecture une agréable impression de la scène de Thelma et Louise dans le désert. Desert Home sera surement mon coup de coeur de l'année 2017. Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette très belle découverte littéraire.



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On a beau avoir déjà lu des dizaines de romans américains, ce qui frappe dès les premières pages de Desert Home de James Anderson, c'est le sentiment de dépaysement total, l'impression d'être transporté non pas aux Etats-Unis mais à l'autre bout du monde, voire sur une autre planète. le désert de l'Utah, avec ses roches, ses montagnes et sa poussière à perte de vue, son soleil implacable qui, selon les moments de la journée, peut embraser le décor d'une lumière rose, orange ou rouge et sa lune qui la nuit projette des ombres fantomatiques. Sur la route 117 qui le traverse, le semi-remorque de Ben Jones est certainement le seul lien entre les quelques habitants échoués ici et le reste de la civilisation : dans le désert, il n'y a ni réseau pour téléphone portable ni couverture satellite pour GPS.

Au bord de la 117, le Well-Known Desert Diner pourrait faire figure de mirage à n'importe quel étranger. On pourrait croire qu'il va ouvrir d'une minute à l'autre, tellement Walt, son propriétaire octogénaire, le maintient dans le même état impeccable que sa collection de motos et de pièces détachées. Peut-être n'y a t-il plus que Ben pour se souvenir que, s'il a été le décor d'innombrables films de série B dans les années 60 et 70, le diner n'a plus ouvert ses portes depuis plus de 30 ans.

Que ce soit avec le vieux Walt, avec John qui porte pour se repentir une croix aussi grande que lui le long de la 117 du printemps à l'automne, ou avec les frères Lacey qui ont emménagé dans une enfilade de wagons perdus au milieu du désert, Ben Jones n'échange que quelques mots lors de ses livraisons. Un simple regard, un mouvement de la tête ou une cigarette imaginaire qu'on partage entre anciens fumeurs, sont ce qui se rapproche le plus de la conversation chez ces gens-là, et pourtant un lien s'est tissé au fil des années.

Peu importe que certains soient en fuite ou se cachent au milieu du désert, Ben ne juge personne. Il prend les gens tels qu'ils sont et la vie comme elle vient, même si elle est tout sauf facile dans ce coin de l'Utah. À presque 40 ans, lui qui a accumulé dettes et factures impayées au point de ne pas être sûr de pouvoir continuer son activité de livreur indépendant un mois de plus a appris à se contenter du peu qu'il a, et surtout du moment présent.

Un jour pourtant, au détour d'un chemin, il découvre les restes d'un projet immobilier avorté : en plein désert, un agencement de rues recouvertes de poussière et une petite maison-témoin. À l'intérieur, une jeune femme qui joue d'un violoncelle sans cordes. Qui est-elle ? Que fait-elle ici, seule ?

Desert Home aurait parfaitement pu être publié par Gallmeister. le décor majestueux et omniprésent du désert de l'Utah, très peu exploité dans la littérature américaine, y infuse une atmosphère envoûtante, presque onirique par moments. Pourtant, pas de nature writing ici. James Anderson se concentre sur ses personnages, cabossés, exclus du rêve américain, tous singuliers mais terriblement touchants.

La beauté dans la simplicité, ou la beauté de la simplicité. Tel semble être le credo de James Anderson. La magie d'une rencontre, la naissance d'un amour, la force de l'amitié, toutes ces pépites de l'existence brillent au sein de ce roman noir mais lumineux de bout en bout.

Porté par une écriture claire et limpide comme de l'eau de roche mais gorgée de vrais moments de poésie, Desert Home est un roman tout en nuances, d'une grande subtilité, éblouissant d'empathie et d'humanité. À l'image de Ben, ce chauffeur-livreur aussi étonnant qu'attachant, qu'on a hâte de retrouver dans La Route 117, le deuxième roman de James Anderson.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
J'approvisionnais des ranchs isolés au bétail famélique et parfois même des ermites enfermés dans leurs caravanes en aluminium semblables à des mirages et dont la tôle se reflétait sur l'horizon brun. Qu'ils aient été éleveurs ou misanthropes brûlés par le soleil, tous avaient choisi de se terrer dans ce désert de sable poussiéreux, et vivaient au bout de longues routes anonymes et cabossées.
Ces gens-là étaient de drôles de types. Je les connaissais tous personnellement, même si, au total, la somme des mots que nous échangions ne dépassait sûrement pas les quelques phrases que l'on griffonne sur une carte postale. Des vies entières étaient évoquées en trois ou quatre mots, les sourcils froncés, le tout ponctué par un crachat. Entre "Bonjour" et "Au revoir" se glissait une épaisse tranche de silence qui racontait une histoire impossible à oublier quand bien même vous en auriez eu envie. Les conversations, en ces lieux désertiques, étaient aussi rationnées que l'eau ; chacune de leurs gouttes était chérie pour la vie qu'elle représentait.
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La curiosité n'était pas mon pire défaut. Elle était tel un molosse assoupi dans un jardin. En général, je préférais ne pas sauter par-dessus la grille. Quelques vieilles cicatrices sur mon dos me rappelaient les rares fois où je n'avais pas respecté cette règle. Et ce n'était pas parce que le molosse était invisible qu'il ne rôdait pas dans le coin. Bien sûr, je jetais parfois un coup d’œil à travers le grillage. Mais ce que je voyais et ce que je pensais, je le gardais pour moi.
Ce lundi matin de la fin mai, je m'étais dangereusement approché du grillage. Walt Butterfield, le propriétaire du restaurant, était un antitrinitaire des terrains vagues : il formait une congrégation à lui seul et assurait le rôle du chien de garde. Son terrain, c'était le Well-Known Desert Diner, et il n'aboyait ou ne grognait qu'après vous avoir sauté à la gorge. Je les aimais bien, lui et son terrain vague.
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Les gens riches savent toujours qui appeler afin de résoudre un problème, chose que le citoyen lambda ne peut pas faire. Et peu importait que cela soit pour une bonne ou une mauvaise cause. Le seul truc que pouvait faire un pauvre était de s'en remettre à Jésus-Christ. Et si ce dernier ne répondait pas, il y avait toujours ces bons vieux Smith & Wesson.
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- Si je peux me permettre, Ben, je pense que tu passes trop de temps tout seul.
- Tu peux te permettre, ai-je répondu. Tu penses que passer plus de temps avec des gens y changerait quelque chose?
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… le Prêcheur m’avait dit que la plupart des gens associent le désert avec ce qui y manque : l’eau et les gens. « Ils ne pensent jamais à la seule chose dont le désert regorge : la lumière. Il y a tant de lumière ici. »
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Cercle Polar : de Cape Cod au Tennessee via le désert de l'Utah, la crème du roman noir américain .Quels sont les bons polars américains du moment ? En voici trois, très différents, trois romans d'écrivains véritables, princes des atmosphères à la limite de l'étrange, capables de faire vibrer les paysages autant que de faire vivre leurs personnages. Même si nous avons des réserves sur l'un d'entre eux, ils méritent tous votre attention. N'hésitez pas, après lecture, à partager vos impressions. "Petite soeur la mort" de William Gay (Seuil, coll. "Cadre noir") "Un moindre mal" de Joe Flanagan (Gallmeister, coll. "Noire") "Desert Home" de James Anderson (Belfond)
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