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EAN : 9782072542251
480 pages
Gallimard (21/05/2015)
3.74/5   221 notes
Résumé :
Après plusieurs romans situés dans les géographies les plus éloignées dans l'espace et dans le temps (le Congo belge, le Tahiti de Gauguin), Mario Vargas Llosa revient au Pérou et fait de son pays natal le décor du Héros discret.
Il nous dépeint la situation actuelle d'une société dopée par une croissance économique sans précédent mais qui voit également se développer la corruption, la cupidité et le crime.
À Piura, Felícito Yanaqué, patron d'une entre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 221 notes
A Piura, au Pérou, un entrepreneur sorti de la misère à la force du poignet devient un héros national en résistant, malgré les intimidations, à la tentative de racket dont il est l'objet. Au même moment, à Lima, le riche patron d'une compagnie d'assurances invente un stratagème pour échapper aux manoeuvres de ses deux fils, trop pressés de capter l'héritage paternel. Contre toute attente, ces deux histoires sont finir par se télescoper…


Avec une dérision aussi pétillante que mordante, l'auteur, prix Nobel de littérature, s'amuse à nous livrer un divertissement brillamment troussé qui, sous ses dehors moqueurs, n'en livre pas moins le tableau sans concession d'un Pérou contemporain en pleine mutation, où la croissance économique s'assortit d'une flambée du crime et de la corruption. Pour résister à la violence et préserver leur intégrité, les personnages, attaqués sur leur flanc le plus tendre, font devoir faire preuve d'une opiniâtreté et d'une inventivité proprement héroïques, tant la norme péruvienne semble avoir intégré le mensonge et les pratiques mafieuses à tous les échelons.


Habilement construite et superbement écrite, cette farce satirique tendre et désabusée se lit d'un trait, enchantant le lecteur, curieux de découvrir où le mèneront l'enquête policière et la cruelle ironie de l'auteur : tandis que les rebondissements se multiplient, se dessinent les portraits attachants de modestes protagonistes sortis malgré eux de l'ordinaire de leur existence, juste parce qu'ils refusent de renier leurs principes les plus essentiels.

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Argent, corruption et tromperies à la louche, fidélité en amitié, honnêteté incorporées sans relâche, le tout saupoudré d'humour et d'ironie (mais moins que dans Tours et détours de la vilaine fille), d'érotisme (beaucoup moins que dans L'éloge de la marâtre) et bien sûr d'affabulations : tels sont les ingrédients principaux du nouveau roman de Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature en 2010, qui se déroule à nouveau au Pérou, entre Piura et Lima.

Un petit air de déjà-vu peut-être ? Mais cette fois-ci, le roman s'articule autour de trois personnages de pères et analyse, à travers leurs trois histoires enchevêtrées, leurs démêlés rocambolesques avec leurs fils respectifs, tout en brossant un tableau critique de la société actuelle du Pérou, confrontée à des mutations majeures sur fond de corruption et de croissance économique que les héros de ce roman symbolisent sans l'ombre d'un doute.

Felicito Yanaque, quinqua self-made man, patron d'une entreprise de transports, menacé de chantage par la mafia locale, va révéler sa fibre héroïque et, bravant incendie, intimidations et coup-bas, devenir un héros national, rien que cela.
Don Rigoberto, l'esthète cultivé, amateur d'érotisme de précédents romans de Vargas Llosa, aspire ici à une retraite orientée vers les arts, les voyages et sa chère épouse Lucrecia, après une carrière de juriste au sein de la compagnie d'assurance de son ami Ismael Carrera. Ami fidèle, mari attentionné, père à l'écoute, l'auteur lui donne indéniablement le beau rôle ; j'ai d'ailleurs toujours pensé que Don Rigoberto était une sorte d'avatar idéal de l'auteur lui-même.
Puis le fameux Ismael, patron octogénaire à la colossale fortune convoitée par ses cupides fils, décide d'épouser sa gouvernante de trente-huit ans sa cadette et de profiter enfin de la vie en disparaissant quelques temps.

Voilà pour le canevas de l'histoire.
J'ajouterais juste que c'est tour à tour violent, tendre, énigmatique, imprévisible et fort bien écrit, traduit aussi sans doute. Peut-être suis-je un peu trop fan de l'auteur, je l'admets, j'apprécie tout simplement son ton, son style et sa façon d'embarquer son lecteur dans une histoire riche en rebondissements, tout en étant un témoin de son temps, un peu à la façon d'un Gary, autre conteur hors pair à l'imaginaire débridé.
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Un roman péruvien, des drames dans deux familles, l'une vivant à Lima et l'autre dans le nord du pays, à Piura.

Le prix Nobel de littérature a concocté une oeuvre complexe, qui tient à la fois du drame de moeurs, d'intrigue criminelle et de commentaire social. Complexe oui, mais agréable à lire une écriture imagée, parfois teintée d'humour.

L'homme qui vit à Piura est notre héros, né très pauvre, dont le père a travaillé toute sa vie pour lui permettre de s'instruire. Devenu propriétaire d'une entreprise de transport, il est victime d'une tentative d'extorsion. On lui promet des malheurs s'il ne verse pas un montant chaque mois. Mais voilà, notre héros a juré à son père qu'il ne se laisserait jamais faire, il ne peut pas plier devant la menace, même si elle vise sa famille ou pire, sa maîtresse…

La famille liménienne, pour sa part, vivait une vie bien tranquille et le mari aspirait à une retraite bien méritée jusqu'à ce que son patron décide d'épouser sa gouvernante, provoquant l'ire des fils du financier, ses deux fils affectueusement surnommés les « hyènes ».

Un roman très intéressant, on y mange des spécialités péruviennes, on y découvre la société péruvienne avec les difficultés du chômage et de la corruption, avec aussi les préjugés envers les « cholos », ces personnes qui ont une apparence autochtone.

Mais la prose de Vargas Llosa ne concerne pas que le Pérou, ses thèmes sont universels, qu'il s'agisse de la famille — ces fils qui prendront la relève ou dilapideront le fruit des privations et d'un travail acharné —, qu'on réfléchisse au sens de la vie et aux croyances religieuses, qu'il soit question de l'amour avec les conquêtes d'un soir, l'épouse ou l'amante, ou même la vie sexuelle à quatre-vingts ans.

Un texte qui n'est peut-être pas le chef d'oeuvre de cet auteur, mais qui offre un très bon moment de lecture, avec en prime un peu de dépaysement et de réflexions inspirantes.
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Un patron d'une entreprise de transport qui refuse des méthodes mafieuses de racket.
Un père septuagénaire qui épouse sa petite bonne pour emmerder ses truands de fistons.
Des policiers inefficaces et paresseux qui parlent souvent plus qu'ils n'agissent.
Intimidations, chantages, séquestrations, incendies, adultères, incestes, méthodes musclées judiciaires et omniprésence d'une presse avide de ragots et scandales...
Un florilège de bonheur à la Vargas Llosa!

Quand Mario Vargas Llosa retourne à ses racines péruviennes, cela donne un livre moral fait de deux histoires entrecroisées pour évoquer la spoliation financière au sein des familles ou de l'entourage proche. Face à la cupidité, la méchanceté et la bêtise peuvent s'élever des valeurs humanistes essentielles comme le courage, le refus du chantage, l'élégance d'une juste lutte en dépit de fâcheuses conséquences. On a l'impression de lire deux histoires parallèles avant la convergence finale pour illustrer l'intégrité de petites gens, déterminées à résister dans l'honnêteté et le droit chemin, tels des héros ordinaires.

Avec son style maitrisé, construit en légèreté et fantaisie, l'auteur nous entraine dans les pas de personnages haut en couleurs et parfois déjà croisés dans ses précédents romans. L'histoire, entre polar et roman social, est assez noire, plus ironique qu'humoristique.

C'est un bon moment de lecture mais j'en sors un peu déçue, avec l'impression de lire une oeuvre de jeunesse. Ce n'est pas ennuyeux mais juste un peu longuet. Il manque le souffle narratif ou l'impertinence de certains romans précédents. Et j'ai été dérangée ou peu intéressée par la part énigmatique introduite par des personnages irréels (ou spirituels), en décalage avec une chronique sociale au réalisme contemporain.

À vous de voir ... En vous méfiant des lettres anonymes signées de la petite araignée...
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Avec cette huitième lecture de Vargas LLosa, je me demande avec inquiétude s'il me sera donné de nouveau un jour le bonheur de retrouver la féérie de "La tante Julia", ou si ce dernier est unique dans son oeuvre (et seul à même d'ailleurs , avec "La fête au bouc", de justifier son Nobel).
"Le héros discret" s'en approche, mais de loin. On est aussi au Pérou, là aussi des lignes de narration se parallélisent puis s'entrecroisent, et quelques brins de fantaisie s'en viennent ici et là faire valdinguer l'ensemble. Mais que ce soit à Lima dans les pas de l'homme d'affaires aux prises avec ses jumeaux débiles et véreux ou à Piura dans ceux du petit patron d'une entreprise de transports parti de rien en proie à un chantage mafieux, ça ne décolle que rarement, et jamais à la hauteur des feux d'artifice jubilatoires lâchés à chaque page de "La tante Julia".
Reste quelques beaux portraits, celui d'un père miséreux, digne et besogneux qui a sacrifié sa vie pour son fils reconnaissant, et celui de l'ami sans failles qui se construit dans l'art un refuge à la barbarie et l'absurdité du monde. Deux belles images que j'emporte de cette lecture plaisante mais manquant de feu, et c'est déjà pas mal.
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critiques presse (4)
LaPresse
19 août 2015
L'oeuvre littéraire de Mario Vargas Llosa regorge de diversité, d'inventivité et de profondeur. L'écrivain hispano-péruvien nobélisé en 2010 tâte autant de l'essai critique que de la biographie romancée ou du roman tragique ou divertissant, avec toujours le même brio acéré et la plume à la fois précise et foisonnante.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LesEchos
19 août 2015
Dans ce roman aux airs de série télévisée, dans lequel le père se retrouve à partager sa maîtresse avec son fils adoptif à son insu et où les voyantes ont toujours le dernier mot, Mario Vargas Llosa, prix Nobel de littérature, ancien candidat libéral à la présidence de la République péruvienne, met en lumière avec légèreté la violence et la corruption qui minent la société péruvienne. Les troubles de cette société en mutation tournent à la farce et les personnages n’en sont que plus attachants.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
01 juillet 2015
En grand conteur, le Prix Nobel de littérature 2010 dresse un portrait sans fard de la société péruvienne, dans un roman palpitant.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeFigaro
22 mai 2015
Un roman foisonnant et truculent sur le Pérou d'aujourd'hui.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Elle, une femme très grosse et très grande, aux joues comme des jambons, noyée dans une sorte de tunique écrue qui lui arrivait aux chevilles et couverte d'un gros tricot vert caca d'oie. Mais le plus étrange était l'absurde bibi plat à voilette planté sur sa tête, qui lui donnait une air caricatural. L'homme , en revanche, menu, petit, rachitique, semblait empaqueté dans un étroit complet gris perle très cintré et un gilet bleu fantaisie des plus criards. Lui aussi portait un chapeau, enfoncé jusqu'au milieu du front. Ils avaient un air provincial, semblaient égarés et déconcertés dans la foule de l'aéroport, et regardaient tout avec appréhension et méfiance. On eût dit qu'ils s'étaient échappés d'un de ces tableaux expressionnistes pleins de gens extravagants et disproportionnés du Berlin des années vingt, peints par Otto Dix ou George Grosz.
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Son père était peut-être pauvre, mais il était grand par sa droiture d’âme, parce que jamais il n’avait fait de mal à personne, ni manqué aux lois, ni gardé rancune à la femme qui l’avait abandonné en lui laissant un nouveau-né sur les bras. Si c’était vrai ce qu’on racontait du péché, de la méchanceté et de l’autre vie, il devrait maintenant être au ciel. Il n’avait même pas eu le temps de faire le mal, sa vie avait été de travailler comme une bête dans les métiers les plus mal payés. Felícito se rappelait l’avoir vu tomber le soir mort de fatigue. Mais, par exemple, jamais il n’avait laissé personne lui marcher dessus. C’était, d’après lui, ce qui faisait qu’un homme valait quelque chose ou était une lavette. Ça avait été le conseil qu’il lui avait donné avant de mourir dans un lit sans matelas de l’Hôpital ouvrier : « Te laisse jamais marcher dessus, mon fils. »
Dans la vie c’est toujours comme ça. Les bonnes choses elles ont toujours leur mauvais petit côté et les mauvaises leur bon petit côté.
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… cette inquiétude subliminale qui affleurait chez lui quand il volait, ce souvenir qu’il était à dix mille mètres d’altitude — dix kilomètres —, glissant à une vitesse de neuf cents ou mille kilomètres à l’heure, et que, dehors, la température était de moins cinquante ou soixante degrés. Ce n’était pas exactement de la peur qu’il éprouvait en vol, mais quelque chose de plus intense, la certitude que ce serait à tout moment la fin, la désintégration de son corps en un fragment de seconde, et, peut-être, la révélation du grand mystère, savoir ce qu’il y avait au-delà de la mort, si tant est qu’il y eût quelque chose, (p. 475)
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La fonction du journalisme à notre époque, ou, du moins, dans notre société ( à Lima ), n'était pas d'informer, mais de faire disparaître toute distinction entre le mensonge et la vérité, de remplacer la réalité par une fiction où se manifestait la masse abyssale de complexes, de frustrations, de haines et de traumatismes d'un public rongé par le ressentiment et l'envie.
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Il fit les exercices de qi gong. [..]
La posture de l'arbre qui se balance en avant et en arrière, de gauche à droite et en rond, poussé par le vent. Les pieds bien plantés dans le sol et en essayant de faire le vide dans sa tête, il se balançait, cherchant le centre. Chercher le centre. Ne pas oublier le centre. Lever les bras et et les abaisser très lentement, une petite pluie qui tombait du ciel en rafraîchissant son corps et son âme, en apaisant ses nerfs et ses muscles. Maintenir le ciel et la terre à leur place et les empêcher de se toucher, avec les bras.
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Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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