Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 -
La vieille Chéchette, on l'a toujours connue ainsi : vieille, folle et sauvage, à l'image de ces mauvaises herbes qui, échappant à la main de l'homme, résistent au temps et aux intempéries. Au village, on s'est fait à sa présence. Certains lui font la charité quand d'autres s'en moquent. Seule Madeleine Germain perçoit chez cette créature un semblant d'humanité. Et bien lui en prend, car lorsque le petit théâtre prend feu par la faute d'un de ses enfants,
la vieille Chéchette se sacrifie pour sauver le malheureux, pris dans les flammes. Paru en 1884 dans un recueil intitulé Contes et légendes, l'histoire de
la Vieille Chéchette, écrit dans un style désuet, se veut avant tout un conte moralisateur. C'est donc davantage le travail graphique réalisé par l'illustrateur qui retiendra notre attention. En utilisant trois couleurs - le blanc, le noir et le vert, qu'il s'amuse à permuter, -
Stéphane Blanquet génère des ombres et des reliefs, dotant ainsi la vieille femme d'une silhouette « monstrueuse ». La couleur orange de couverture, présente tout au long de l'album sous forme de liseré, fait office d'avertissement. C'est cette même couleur que prendront les flammes qui attaqueront la maison de Madeleine, anéantissant le petit théâtre antique. Sur la dernière double page, les villageois, jusqu'ici représentés de profil, encerclent en lui faisant face le corps calciné de
la vieille Chéchette. Outre une certaine cruauté du conte qui ne les laissera pas indifférents, les adolescents apprécieront les silhouettes des personnages, aux allures de petits lutins dignes d'un roman Fantasy. Élise Hoël