AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques sur le theme : famille (78)
Classer par :   Date   Les plus appréciées

La pluie, avant qu'elle tombe

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Rosamond a orchestré sa mort en laissant à l'attention d'une jeune aveugle, Imogen, vingt photographies, qu'elle a commentées à haute voix en s'enregistrant sur cassettes. À partir de la description de ces images, la narration s'articule en vingt chapitres chronologiques. A travers le regard de Rosamond, le lecteur suit une famille sur trois générations ; dans l'Angleterre des années 40 jusqu'à nos jours. Enfant, Rosamond était profondément attachée à sa cousine Beatrix, alors adolescente, et l'a considérée jusqu'à l'âge adulte avec une adoration sans bornes. Lorsque Béatrix tombe amoureuse d'une femme et lui laisse en garde la fille qu'elle a eue d'un premier mariage, Rosamond s'attache à Théa, et lui voue un amour maternel. Au sein du couple homosexuel de Rosamond et Rebecca, qui suscite la réprobation, Théa sera choyée... Un bonheur fugitif qui s'effacera rapidement, un espoir à jamais perdu. Beatrix ne fait que reproduire le désamour de sa propre mère, et Théa fera de même avec sa fille, Imogen. À la fin du livre, le lecteur apprend la cause de la cécité de cette dernière. La boucle est bouclée. La problématique centrale du roman - peut-on échapper à la reproduction du schéma familial ? - intéressera les jeunes adultes, tout comme la question sous-jacente : l'amour peut-il aveugler à ce point les femmes qu'elles en oublient d'être mères ? le récit familial, porté par les photos, constitue un procédé habile. Il joue sur le plaisir « enfantin » éprouvé en feuilletant un album à reconstituer les histoires de sa généalogie. le livre, qui explore l'âme féminine, touchera plus directement les adolescentes. Si le ton de l'ouvrage reste pessimiste, la trame romanesque en porte la lecture. Cécile Robin-Lapeyre
Commenter  J’apprécie          70
Mon année, Tome 1 : Printemps

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - Mon année est la chronique sensible des quatre saisons d'une jeune trisomique, Capucine, et des efforts de sa famille pour l'entourer et la stimuler. Printemps, le premier tome, met en scène la petite fille de 8 ans, la veille de son anniversaire. Tout pourrait être relativement banal si ce n'est que l'enfant accumule du retard, ne pouvant désormais plus suivre une scolarité normale et que la famille semble être sur le point de se désagréger. le père de Capucine accuse difficilement le coup, d'autant plus qu'il est accaparé par son métier de restaurateur.
Le couple, la famille, le handicap sont ici traités avec justesse. La narration en voix-off se met par moments à la place de Capucine, qui s'exprime à travers des dessins et nous livre ses pensées intimes ; et le lecteur voit le monde à travers son regard et sa logique. Hypersensible, elle ressent les émotions à fleur de peau, devinant la crise qui se joue entre ses parents. Jean-David Morvan s'est documenté et il propose un portrait sans pathos et sans jugement sur le handicap tout en abordant d'autres thématiques qui lui sont directement liées : quelle place pour la vie de couple avec un enfant handicapé ? Quelle place pour la vie professionnelle ? Enfin, le dessin de Taniguchi est particulièrement adapté à cet album « franco-belge ». La colorisation à l'aquarelle et les teintes pastel confèrent toute la douceur nécessaire à l'univers de Capucine. le lecteur retrouvera également le plaisir « contemplatif » avec des cases tout en longueur qui ouvrent le regard sur la mer, la ville, comme autant de tableaux. Un sujet sensible et un dessin subtil pour une série prometteuse qui invite à la réflexion. Anne Clerc
Commenter  J’apprécie          50
Ce que je sais de Vera Candida

Lecture Jeune, n°132 - décembre 2009 - « Rose Bustamente, la grand-mère maternelle de Vera Candida, avant de devenir la meilleure pêcheuse de poissons volants de ce bout de mer, avait été la plus jolie pute de Vatapuna ». Dans une Amérique du sud imaginaire, baroque, colorée et moite, trois générations de femmes affrontent leur destin : la violence des hommes, la maternité non choisie... Vera Candida, petite fille de Rose, choisit de rompre avec ce qui ressemble à de la fatalité : à 15 ans, enceinte, elle quitte l'île de Vatapuna. Loin des démons du passé, elle tente de prendre son destin en main, élève sa fille Monica Rose, et rencontre Itxaga qui tombe fou amoureux d'elle. Forcément, elle retournera à Vatapuna... Fable initiatique, saga familiale, le souffle romanesque de Ce que je sais de Vera Candida emporte... La langue de Véronique Ovaldé est sonore et joliment ornée ; elle construit un univers teinté de fantaisie et de merveilleux qui réjouit dans l'avalanche de textes « réalistes ». L'auteur nous offre ici des personnages hauts en couleurs, inoubliables ; des femmes fortes, en lutte et si vulnérables (l'ouvrage ne devait-il pas s'intituler Vies amazones ?). Les jeunes lecteurs ne s'y sont pas trompés en attribuant à Ce que je sais de Vera candida le 18e prix Renaudot des lycéens. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          30
Chasseur d'orages

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Depuis le décès de son grand-père, Herb vit chez son père et sa belle-mère dans le quartier chic de Vancouver. Il ne se sent pas à sa place et décide de s'enfuir. Il a pour projet de se rendre aux Lightning fields, un endroit insolite où ont été plantés des centaines de piquets pour attirer la foudre, au fin fond du désert américain. Il était prévu qu'Herb fasse le voyage avec John, son grand-père, Pour lui rendre hommage, le garçon souhaite aller y disperser ses cendres. La nuit où il met les voiles, c'est la fête à Vancouver et, dans la foule, il rencontre trois étudiants aux Beaux-Arts : Moon, Mina et Blondie. Ces trois-là vont se joindre à lui pour un « road-movie » à la découverte de leurs sentiments et de leur identité. Par la voix du jeune narrateur, ce court roman évoque sur un ton très juste la difficulté des relations entre parents et adolescents (notamment dans les familles recomposées), l'attachement, les souvenirs, les rencontres (et même la naissance de l'amour), sur fond de voyage dans les grands espaces américains. L'énergie et la simplicité de ces quatre jeunes font passer un bon moment. Perrine Concialdi
Commenter  J’apprécie          20
Un soir, j'ai divorcé de mes parents

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Comment survivre au divorce de ses parents ? C'est l'épreuve que traverse le narrateur, jeune adolescent. Il assiste, impuissant aux affrontements et aux déchirements de ceux qu'il aime. Alors que son père et sa mère se reconstruisent, chacun de leur côté, il décide de s'en éloigner pour ne pas sombrer dans le désespoir. En secret, chaque week-end, il s'installe dans une minuscule chambre de bonne appartenant à son grand-père. Confronté à la solitude et à l'inconfort, il surmonte ses épreuves en dialoguant avec lui-même et acquiert ainsi une maturité intellectuelle et affective. En assumant sa solitude, « il apprend à être ». Il se donne des règles de vie, fréquente les musées et les bibliothèques et fait des rencontres qui l'ouvrent aux autres. En « divorçant de ses parents », il rencontre aussi l'amour et comprend que leur séparation n'a pas détruit ce qui les unissait. Il faut apprendre à devenir adulte. Ce petit livre, facile à lire, aborde de façon originale la question du divorce. L'auteur prend un plaisir évident à jouer avec les mots, les pronoms, les rythmes, les assonances, conférant au récit le charme subtil d'un poème en prose. ?Colette Broutin
Commenter  J’apprécie          20
Demandons l'impossible

Lecture jeune, n°127 - le titre de l'oeuvre nous plonge d'ores et déjà d'emblée dans l'univers de mai 1968 et de ses slogans devenus célèbres... Hervé Hamon nous raconte les aventures d'une famille parisienne modeste, avec un père cheminot syndicaliste, une mère au foyer, deux fils brillants – un interne en médecine et un futur normalien, maoïste convaincu –, une fille lycéenne, un oncle gaulliste et un prêtre en mal de mariage. La famille va partiellement imploser, chacun intimement touché par les événements, chacun vivant ses propres expériences. le récit est porté par la mère, Mélina : d'abord spectatrice, elle va vivre une incroyable émancipation tandis que le père de famille va, lui, s'effacer en une sorte de gardien du foyer, créant une amusante inversion des rôles. Hervé Hamon, longtemps auteur d'essais et de documentaires – dont le fameux Génération sur mai 68, coécrit avec P. Rotman et réédité cette année –, s'est tourné vers le roman en 2007 et récidive avec cet ouvrage. Il choisit la forme du feuilleton car la multiplicité des dialogues, des péripéties et des points de vue permet d'approcher sans lourdeur le foisonnement et les contradictions de l'époque. La famille qu'il nous présente reflète assez fidèlement les lignes de fracture et les orientations politiques de la société française d'alors. Les personnages vivent tous, parfois dans la douleur, la remise en question des rapports humains (homme-femme, employeuremployé, parent-enfant, enseignant-élève...) et des valeurs d'ordre et d'autorité. Violences et fêtes improvisées, solidarité et sectarisme se côtoient. Dans ce grand tourbillon romanesque, très peu de célébrités : le feuilleton restitue sous une apparence légère, humoristique et avec justesse l'atmosphère de ce mois de mai et sa complexité. Une grève générale, une libération de la parole et de l'imagination, un soulèvement des jeunes, la violence, l'angoisse de la droite, l'émancipation des femmes, rien n'est oublié. Voici donc enfin une approche de mai 1968 documentée mais sans prétention, pleine de tendresse mais sans nostalgie, ni poncifs ni manichéisme.

Marie-Françoise Brihaye
Commenter  J’apprécie          20
On s'est juste embrassés

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - « Je m'appelle Aïcha Boudjellal. Mais c'est seulement mon nom qui est arabe. Moi, je ne le suis pas. » La jeune fille, âgée d'une quinzaine d'années, partage un petit appartement avec sa mère, qui l'élève seule. Elle est secrètement amoureuse de Walid, le frère de sa meilleure amie Sabrina. Ce dernier raconte qu'ils ont fait plus que simplement s'embrasser. le scandale éclate lorsque la rumeur se répand dans la cité, jetant l'opprobre sur Aïcha. Il en découle une situation dramatique. L'adolescente quitte le collège et sa mère sombre dans une profonde dépression. Au fil du roman, le lecteur découvre qu'il ne s'agit pas que d'une question d'honneur mais d'une histoire familiale où les femmes sont honteusement rejetées.
Les auteurs français se font rares dans la collection « Scripto » et les romans qui se font écho de notre société sont peu nombreux chez Gallimard Jeunesse. Isabelle Pandazopoulos propose une oeuvre à l'écriture singulière où la rumeur n'est qu'un prétexte. le roman décrit les difficultés qui se présentent aux jeunes femmes dans certains milieux fermés de la banlieue. Il s'agit également de démontrer l'importance de la filiation, de lever le voile sur les secrets de famille afin que les scénarios ne se répètent pas. le récit est très sombre, parfois maladroit, mais de nombreux lecteurs seront séduits par le style et le destin d'Aïcha. Anne Clerc
Commenter  J’apprécie          10
Le Remplaçant

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - Talentueuse conteuse, Agnès Desarthe nous entraîne dans une tendre et singulière évocation de son grand-père. Mais, nous explique-t-elle, « mon grand-père n'est pas mon grand-père ». L'homme aux multiples prénoms - Bouz, Boris, Baruch, « BBB (...) pour faire plus court » - est celui avec qui sa grand-mère a refait sa vie, après la guerre et la disparition de leurs époux respectifs dans les camps d'extermination. « Triple B avait le bon goût de n'être pas à la hauteur du disparu ; ni aussi beau, ni aussi intelligent, ni aussi poétique que le mort qu'il remplaçait. On avait perdu au change et c'était parfait ainsi, moins culpabilisant. »
L'auteur convoque, ou plutôt recompose, ses souvenirs d'enfance : instants partagés, se résumant parfois à des sonorités, des couleurs ou des odeurs, à des objets, réinventés par le regard d'une petite fille curieuse, puis d'une adulte rêveuse. Elle dresse ainsi le portrait d'un homme discret, parfois lâche, qui laisserait indifférent ; un « remplaçant » qui a su se raconter et devenir un grand-père aimé. Ce n'est pas de lui pourtant dont l'auteur voulait parler : l'ouvrage devait être consacré au pédagogue Janusz Korzack, en réponse à une commande de son éditeur sur son héros favori, pour la collection « Figures libres ». C'est ainsi, Agnès Desarthe écrit « toujours l'histoire d'à côté, jamais celle que j'avais prévue ».
Les jeunes lecteurs se laisseront totalement séduire par ce court récit à la langue si savoureuse et vivante. Ils seront sans aucun doute émus par la tendresse qui émane de liens familiaux à la fois ordinaires et un rien originaux.
« Ces derniers temps, la réalité gagne de plus en plus de batailles contre la fiction. » le texte d'Agnès Desarthe rappelle joliment le pouvoir de la littérature. Il constitue un parfait éloge de l'imagination et du romanesque. Il est également certainement ce « détour nécessaire », pour évoquer une histoire familiale meurtrie par la Shoah. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          10
Cette vie

Lecture Jeune, n°131 - septembre 2009 - La femme qui raconte est vieille. Elle tente dans un ultime effort, avant de s'éteindre, de se remémorer son passé et celui de toute sa famille afrikaner. On l'a transportée dans la vieille maison, au toit de chaume, au sol de bouse séchée, dans sa chambre d'enfant où lui reviennent, par lambeaux, des fragments de vie des quatre générations de fermiers qui se sont succédé tout au long du XIXe siècle. Elle a toujours été une spectatrice effacée et timide du comportement des adultes et c'est donc dans un récit chaotique et lacunaire qu'elle tente de comprendre une réalité qui se dérobe.
Au fil de la narration se dessine l'ascension sociale d'une famille afrikaner dominée par la figure d'une mère autoritaire et illettrée, avide de richesse et de considération sociale, qui voit son ambition se concrétiser dans son petit-fils. Car il faut être dur et inflexible pour réussir sur ces plateaux hostiles d'Afrique du Sud. Un travail acharné, une vie économe et la gestion judicieuse des alliances matrimoniales permettent de sortir de la pauvreté. Dans cette société presbytérienne, chacun s'observe, se jalouse tout en respectant les rituels qui assurent une certaine cohésion. Il n'y a pas de place pour l'expression de l'amour entre ces hommes et ces femmes, sauf dans la fuite. C'est le secret de famille jamais totalement dévoilé. En arrière-plan évoluent les pauvres blancs errant avec leur chariot misérable, les esclaves noirs attachés à vie au service de leur maîtresse blanche, les métis méprisés, les indigènes bochimans et hottentots dont le sort ne préoccupe personne tant ces Afrikaners sont sûrs de leurs droits.
Mais la mémoire de la narratrice restitue aussi les paysages immenses du veld, les cieux balayés par le vent, les éclats de lumière à la surface des lacs, l'âpreté des hivers et la beauté des prairies fleuries au printemps, dans une belle prose lyrique. Que reste-t-il de tous ceux qui ont vécu et souffert sur cette terre quand leurs traces matérielles disparaissent, si ce n'est le récit de cette vieille femme sage et compatissante ? L'auteur a obtenu le prix Hertzog, la plus prestigieuse récompense littéraire d'Afrique du Sud, pour ce roman, à conseiller à de bons lecteurs. Colette Broutin
Commenter  J’apprécie          10
Le temps des miracles

Lecture Jeune, n°129 - mars 2009 - le Temps des miracles est l'histoire d'une fuite, celle de Blaise Fortune et Gloria Bohème abandonnant la Géorgie - et plus précisément le Caucase, rongé par les conflits d'indépendance entre Géorgiens, Abkhazes et Tchètchènes - pour rejoindre la France et son ancestrale triade « Liberté, Égalité, Fraternité ». Gloria a recueilli le garçon au fond du verger de son père, alors qu'un train venait de dérailler. L'enfant lui a été confié par une femme portant le nom de Jeanne Fortune, blessée dans l'accident. Au fil de leurs pérégrinations, Gloria et Blaise croiseront une galerie de personnages, tout droit sortis d'un film d'Emir Kusturica. Tout d'abord à Tblissi, dans « l'Immeuble » communautaire : Mademoiselle Talia, chanteuse à l'opéra, Abdelmalik, le grand noir boxeur, Sergueï le coiffeur ou encore Madame Hanska, la vieille bique. À Soukoumi, ils rencontreront Nour et sa fille Fatima. Leur route se poursuivra ensuite en Russie, en Ukraine, etc. En Hongrie, ils montent finalement dans un camion censé les conduire vers cet Eden qu'est la France : Blaise à l'arrière avec les bestiaux, Gloria à l'avant. Mais arrivés à destination, Gloria est embarquée par la police et Blaise reste seul sur le territoire français et devient un « mineur étranger isolé ». Dans son coeur reste le souvenir de Gloria et la promesse qu'elle lui a faite ; retrouver sa mère, Jeanne Fortune... Qu'adviendra-t-il ? Voici un roman aigre-doux à l'image de la vie. le lecteur songe à l'univers des films d'Emir Kusturica, et notamment La vie est un miracle, qui, tel ce roman, sonnent comme une ode à la vie. Certains trouveront enfin dans ce roman une véritable réflexion sur le métier d'écrivain. « Y a-t-il une différence entre dire un mensonge et inventer une histoire ? » se demande Blaise... N'est-ce pas justement tout l'art de l'auteur que d'inventer des récits pour oublier l'inconsistance de l'existence ? Il est des livres qu'on relit à tout âge et à tout moment de la vie, car ils sont porteurs d'un message universel... le Temps des miracles en fera certainement partie ! ? Marianne Joly
Commenter  J’apprécie          10
Kivousavé

Lecture jeune, n°127 - Publié une première fois en littérature générale en 1995 aux éditions Critérion, le roman La Princesse japonaise est édité de nouveau en jeunesse sous le titre phonétique de « Qui-vous-savez ». C'est en effet en ces termes que la jeune narratrice entend son entourage parler de sa mère. À 11 ans, l'adolescente découvre que cette dernière, qu'elle croyait morte, est en réalité partie sans laisser de traces. le mensonge, orchestré par sa grand-mère paternelle et approuvé par son père, cache une mystérieuse disparition, sur laquelle la jeune fille n'aura de cesse de mener l'enquête. Elle devra lutter seule contre « la Vieille », cette grand-mère odieuse, qu'on entend chuchoter Kivousavé à son cercle de copines perfides. La littérature pour adolescents ne nous avait pas offert de « marâtre » si parfaite depuis fort longtemps. Mais notre héroïne – anonyme – devra aussi composer avec la lâcheté paternelle, et pire, en grandissant, affronter ses regards pervers et se défendre de ses gestes malsains. Pendant sept ans, elle va écrire à cette mère absente, pour se donner la force de combattre, et c'est cette longue lettre qui constitue le récit.

La beauté du roman se tient là, dans cette figure d'adolescente bien décidée à se libérer de son sort par l'écriture et à trouver la vérité. C'est du côté des adultes qu'elle se découvrira de solides alliés : Marie, une amie de son père, qui tiendra lieu de figure maternelle, et son professeur de mathématiques, au rôle ambigu, puisqu'il deviendra son premier amant. Une adolescente positive, un roman bien écrit et une couverture attirante, autant d'éléments qui font volontiers oublier quelques (petites !) longueurs. Gageons que le récit touchera les adolescentes mûres qui ne craignent pas de lire des histoires un peu âpres.

Cécile Robin-Lapeyre
Commenter  J’apprécie          10
Zappe tes parents

Lecture jeune, n°124 - Danny a honte de sa famille, entre un père ex-rock star déchue, une mère absente et des frères et soeurs insupportables, il se prend à rêver d'une autre vie. Aussi, quand une agence spécialisée, ZTP (Zappe Tes Parents), propose de lui trouver une autre famille, il tente sa chance ! Mais ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'il devient l'acteur principal d'une émission de télé-réalité. Après Fille ou garçon (Gallimard, 2005, « Scripto » voir LJ n°115) Terence Blacker se lance dans une nouvelle comédie rocambolesque de prime abord, mais peu importe puisque le suspense est maintenu. le récit de Danny, à la première personne, entrecoupé des interviews a posteriori des différents protagonistes, permet de multiplier les points de vue et assure une certaine dynamique à la fiction. Malgré quelques invraisemblances, la lecture est facile et attrayante, sans ambition, mais drôle. ? Juliette Buzelin Réseau de lecture : sur le même thème, on pourra conseiller le film avec Jim Carey, The Truman show (1998), où le personnage est l'acteur d'une émission de télé-réalité depuis sa naissance. Juliette Buzelin Zacharie a honte de son père et de sa mère, adeptes de naturisme et de produits « bio » en tout genre. Cette année, il est bien décidé à ne pas aller en vacances avec eux et il échafaude le projet de partir avec son meilleur ami Maxime. Dans la première moitié du roman, la distance se creuse ostensiblement entre Zacharie et ses parents… Il imagine même qu'ils sont extraterrestres ! D'ailleurs, ils n'ont que des amis « comme eux » ! Dans son journal, Zacharie consigne ses doutes et finit par constater que s'il ne partage pas les valeurs de ses parents, il peut néanmoins compter sur leur tendresse et leur présence. Ce roman aborde le quotidien d'un adolescent : les problèmes familiaux et scolaires, les relations conflictuelles entre élèves et professeurs. L'ouvrage se veut également une critique féroce de notre société. Entre un humour grinçant et des personnages « décalés », l'auteur revisite avec dérision, le sentiment d'étrangeté fréquent chez les adolescents et source de questionnement sur leur filiation : ces parents sont-ils les miens ? Laurence Guillaume
Commenter  J’apprécie          10
Bière grenadine

Lecture jeune, n°122 - Yvan meurt à dix-huit ans dans un accident de moto. Claire et lui ont grandi autrefois comme frère et soeur. Aujourd'hui elle est seule pour surmonter ce deuil, d'autant plus seule qu'elle ne le voyait plus depuis la séparation de leurs parents. « Il ne me parlait plus depuis six ans. Il me manquait depuis six ans. Il était déjà absent ». Face à la douleur de cette double perte, leur enfance définitivement perdue, une adolescence qu'ils ne construiront pas ensemble, Claire cherche à retrouver l'empreinte d'Yvan, quelque chose qui atteste « qu'il a existé ». L'adolescente ne peut rien espérer du côté de ses parents ni de ceux d'Yvan, responsables selon elle de leur éloignement. Elle convoque alors les souvenirs et les sensations de leur enfance commune puis rencontre Christophe, un ami d'Yvan, quelqu'un « qui le reconnaît enfin ». Une nouvelle fois, Hélène Vignal trouve le ton juste et dresse un portrait émouvant d'adolescent. La voix De Claire, sa souffrance à être et sa difficulté à sortir de l'enfance, son rejet du monde des adultes ont une tonalité sincère. L'auteur propose un texte tout en sensibilité, même si la langue semble parfois un peu trop ornée. Hélène Sagnet
Commenter  J’apprécie          10
Lignes de vie

Lecture jeune, n°117 - A Coventry, ville bombardée en 1940, nous suivons l'existence apparemment ordinaire d'une famille sur laquelle les malheurs semblent glisser. Martha, la mère, en est le pivot. C'est vers elle que ses sept filles reviennent lorsqu'il s'agit de trouver des solutions. Ainsi quand Cassie, la cadette, annonce qu'elle vient d'avoir un deuxième enfant qu'elle ne peut cette fois se résoudre à donner, Martha tranche : les soeurs s'organiseront pour élever à tour de rôle ce bébé illégitime, Cassie étant trop inconséquente et fantasque. le petit Franck va donc d'une maison à l'autre. La joyeuse ferme de tante Una, l'habitat collectif de tante Beatie, le domicile des vieilles jumelles et la maison de tante Aida et de son mari thanatopracteur forment des foyers aussi disparates que chaleureux. L'auteur donne une réelle consistance à chacun de ses héros. Franck devient le témoin privilégié de tranches de vie, de parcours individuels et singuliers dans une Angleterre saignée par la guerre. Et le lecteur s'interroge sur le mystère de la naissance de ce petit être doté, comme sa mère et sa grand-mère, de dons extralucides. Les magiciens infaillibles, les adolescents aux supers pouvoirs qui peuplent habituellement les titres de Bargelonne cèdent la place à des personnages subtils évoluant dans un univers intimiste et sobre. Une belle réussite. Sandrine Brugot-Maillard Lignes de vie a obtenu le World Fantasy Award en 2003. ndlr
Commenter  J’apprécie          10
Papa et maman sont dans un bateau

Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - La famille Doinel est aux prises avec les difficultés d'une société contemporaine en crise. Marc, le père de famille et gérant d'une entreprise doit faire face au rachat de son groupe par une filiale hollandaise. Nadine, institutrice tente tant bien que mal de suivre à la lettre les instructions du Ministère de l'Education nationale. Leurs deux enfants sont eux aussi en proie aux tourments propres à leur âge. Charlie, l'adolescente complexée, se réfugie dans les mangas et son petit frère Esteban, doit faire face aux quolibets de ses camarades. le tout sur un rythme trépidant qui laisse peu de temps à cette famille pour se réunir autour de la table et parler. Pourtant, un rêve commun les rassemble : une yourte mongole, quelque part en Normandie. Marie-Aude Murail excelle dans l'art de séduire son lecteur et sait qu'elle n'est pas lue que par les adolescents. Aussi elle multiplie les références et les clins d'oeil qui plairont aux plus âgés de ses fans : des personnages de Truffaut, des références à l'actualité politique, etc. Et elle surprend également en insérant des courts résumés des mangas lus par Charlie, qui en est férue ! L'auteur critique nos vies trépidantes, qui poussent à l'individualisme et la tentation de fuir les grandes villes pour une vie à la campagne, souvent fantasmée. Cette famille ordinaire mais totalement atypique devient attachante et le lecteur aimerait les rejoindre à table le temps d'un petit-déjeuner ! Un bémol concernant le dénouement et le compromis choisi par l'auteur : la famille Doinel découvre les joies de la vie dans la yourte, le temps des vacances. le cliché des citadins trouvant le bonheur dans la nature n'est donc pas évité... Anne Clerc
Commenter  J’apprécie          00



{* *}