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Critiques sur le theme : famille (137)
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Instantanés d'Ambre

Derrière quatre hauts murs de briques, une mystérieuse fratrie évolue à l'abri des regards extérieurs. Enfermés par leur mère depuis leur plus tendre enfance, Opale, Ambre et Agate ne connaissent rien - ou presque - du monde environnant. Ce qu'ils en savent, ils l'ont appris dans la collection d'encyclopédies illustrées héritée de leur père. Au fil des récits et des jeux, ils ont inventé leur propre monde, enchanté et inquiétant. Parfois, la vie surgit au creux des pages, celle de la benjamine disparue, dont la silhouette s'agite au fond du regard d'Ambre. Pendant des heures, Ambre s'efforce de la dessiner et de la mettre en mouvement. Par amour pour sa mère, pour se souvenir, pour figer l'éternité. Dans cet espace clos, c'est ainsi que le temps passe, entre illusion et trouble, douceur et effroi.

Tissé de poésie sourde et de non-dits, Instantanés d'ambre s'anime pour qui sait tendre l'oreille. Tout en suggestion et retenue, Yoko Ogawa excelle à dire les zones de violence et d'inconfort - celles d'une enfance tragiquement perdue, pourtant miraculeusement ressurgie grâce au pouvoir des images et des mots.
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Les rois d'Islande

Les Knudsen sont fiers de leurs ancêtres. Dans un pays où la généalogie est un hobby national, c'est tout à fait naturel. Mais ça l'est d'autant plus dans le cas des Knudsen, qui règnent sur la ville de Tangavík, au sud du pays, depuis des générations et sont convaincus d'être rois d'Islande. Il n'y a pourtant rien de reluisant dans l'histoire, faite de magouilles et de malentendus, de cette famille d'habiles imbéciles que déroule Einar Már Guðmundsson. Imaginée comme un modèle réduit de la société islandaise, cette formidable galerie de personnages sur plusieurs générations lui permet de dénoncer les errances politiques de l'Islande contemporaine, où les plus puissants sont rarement les plus honnêtes ni les plus compétents... Mordant et provocateur, les Rois d'Islande propose ainsi une vision inhabituelle de l'Islande, scrutée par un de ses auteurs contemporains les plus estimés.
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Mon chien stupide

Quand un énorme chien, paresseux, libidineux avec une tendance irrépressible à sauter sur tous les mâles des environs, décide de s'installer dans sa maison malgré les protestations véhémentes de sa femme et de ses enfants, Henry, scénariste et écrivain raté, le prend vite en affection et le surnomme Stupide… Ce chien devient l'exutoire parfait de cet écrivain qui rêve d'une autre vie, et souffre d'une crise de la cinquantaine mâtinée d'une crise d'adolescence tardive. À travers les frasques de ce cabot subversif, Henry règle ses comptes avec la société bien pensante, ses voisins, sa famille déjantée et la vie en général. D'une mauvaise foi chronique, cynique à souhait mais foncièrement jubilatoire et cocasse, ce roman de John Fante, paru en 1985 et réédité aujourd'hui chez 10/18 en édition collector, est une parfaite et joyeuse catharsis pour lutter contre contre la déprime.
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Des maux à dire

Au sein de sa famille, Véra , petite fille sage, doit rassurer sa maman. En effet, celle-ci voit des démons, consulte des rebouteuses et soupçonne son entourage. On découvre d'abord les symptômes de sa maladie, on suit le parcours jusqu'au diagnostic et on comprend enfin les sombres secrets à l'origine de ce mal. La dépression, l'alcool , les hallucinations de la mère pèsent sur la famille. Mais chaque membre réagit différemment . le père se réfugie dans le travail, le frère, qui subit la paranoïa de sa mère, est en colère, reste la fillette qui assume comme elle peut. C'est aussi l'histoire du lien filial qui résiste malgré les crises et les manquements.
Beatriz Lema, autrice espagnole, nous livre avec pudeur, à l'aide de procédés graphiques originaux, l'histoire de sa famille et plus particulièrement celle de sa mère. Elle alterne des planches faites de tissus cousus et brodés en couleur, d'autres tissés d'un simple fil noir, et enfin de dessins enfantins aux feutres. Ceux-ci indiquent judicieusement les points de vue des personnages, conscients ou délirants, illustrent leurs univers mentaux et leurs émotions. Ils signalent aussi les sauts dans le temps et le passage du récit de l'enfance de l'autrice à celui de sa mère. En plus d'être une évocation de l'enfance, le procédé est un hommage à la transmission familiale de la couture. A côté des éléments du réel, une iconographie religieuse faite de démons et de madones mettent à distance la violence du propos et nous livre à la fois le monde imaginaire de la fillette et les hallucinations délirantes de la mère.
Pour la beauté des illustrations, la force du récit et la réussite du rapport texte/image.
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Beyrouth-sur-Seine

En septembre 1975, Kaïssar et Hanane, étudiants libanais et jeunes mariés, arrivent à Paris pour un séjour de deux ans afin de terminer leurs études. Mais le déchirement du Liban a déjà débuté ; ils ne repartiront jamais vivre dans leur pays. Quelques décennies plus tard, Sabyl, leur fils « né à Beyrouth dans une rue de Paris », enquête et recueille les témoignages de ses parents. Plus son récit progresse, plus les frontières s'estompent. Les peurs se mêlent, celle pour les leurs, restés sur le sol libanais, celle des bombes qui, dans les années 80, les frôlent et installent le conflit libanais dans leur quotidien parisien.
Dans son troisième roman, Sabyl Ghoussoub pose les jalons de l'histoire du Liban, de 1975 à 2021. Il observe ce territoire laminé, recense les engagements individuels, les querelles de pouvoirs, l'escalade de la violence. Dans le même temps, il refuse l'explication et l'analyse pour ne retenir, dans cet enchaînement et enchevêtrement de faits, que l'absurde et l'indéchiffrable. le lecteur est saisi et touché par ce roman qui place l'individu et la famille au-delà des événements. Dans cet exil forcé, le territoire familial est l'ancrage, la boussole, la terre d'adoption. L'art, au coeur de la vie, pacifie et ouvre une voie plus lumineuse dans laquelle la figure du père, journaliste et poète au destin bouleversé, se détache avec une intense tendresse.
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Les Presque Soeurs

A Montargis, en 1942, trois soeurs, Mireille, Jacqueline et Henriette, sont amies avec les fillettes Kaminsky. En juillet, les parents des six enfants sont raflés et déportés. Comme des milliers d'autres orphelins, elles sont parquées dans les camps d'internement du Loiret. A Beaune-la-Rolande, Pithiviers puis Paris, la survie des fillettes, âgées de 3 à 13 ans s'engage dans des conditions terrifiantes, une traversée qui fera d'elles, pour toujours, des « presque soeurs » unies dans la détresse et le courage. Au cours de cette errance, de camps en foyers, après plusieurs tentatives, les soeurs Kaminsky parviennent à s'échapper. Les soeurs Korman n'auront pas cette chance, elles ne reviendront jamais.
Dans ce récit-enquête, à la fois historique et intime, Cloé Korman reconstitue le parcours poignant des cousines de son père. Elle se livre à une recherche rigoureuse et précise, étayée par les archives du Cercil, Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement du Loiret et Musée-mémorial des enfants du Vel' d'Hiv'. La force du roman tient à l'équilibre particulièrement réussi entre cette trame historique qui ausculte les rouages de l'administration française et le récit intime, à hauteur du regard et des émotions de ces six fillettes. le lecteur est saisi, comme devant un de ces dessins d'enfant représentant la barbarie.
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En salle

La narratrice a vingt ans, quand, lors d'un entretien d'embauche dans un fast-food en Normandie, elle doit prouver sa motivation. Elle obtient l'emploi et plonge rapidement dans le rythme effréné des commandes, l'automatisme des gestes, l'obéissance aux ordres absurdes. En parallèle, la narratrice, enfant, nous apparaît dix ans plus tôt dans son environnement familial, entourée de sa mère, de son frère Nico et de son père, un ouvrier en usine au corps épuisé. Entre un quotidien répétitif et de rares moments de vacances en camping, tous se retrouvent au fast-food, en famille. La même ambiance olfactive unit ces deux récits entrecroisés, ces deux périodes de vie. Peu à peu, le même harassement des corps, la même aliénation des esprits relient le parcours du père et celui de sa fille.
Claire Baglin, née en 1998, livre un premier roman intense et habile. L'écriture est précise, la structure parfaitement maîtrisée. Par touches visuelles et olfactives, l'autrice donne à voir et à ressentir les rouages qui, de génération en génération, se répètent et broient les êtres. le texte oscille entre colère intérieure, lucidité ironique et humanité pour ces nouveaux personnages des « Temps Modernes ». Claire Baglin contourne l'empathie et nous saisit par la puissance de son récit et la pertinence de sa réflexion sociale sur le monde contemporain.
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Bass Rock

À l'écart de North Berwick, se dresse une grande demeure battue par les vents et la pluie avec, en contrebas, la plage et l'îlot de Bass Rock. Ruth y emménage avec son mari Peter et les deux fils de celui-ci, mais elle se trouve de plus en plus seule et désoeuvrée : dans ces années d'après-guerre, les déplacements professionnels de Peter sont fréquents, et les voisins enclins aux commérages. Quelques décennies plus tard, la maison est mise en vente : Viviane, quadragénaire troublée, doit faire du tri dans les affaires de sa grand-mère Ruth. Elle cherche aussi à démêler le fil de relations familiales, amicales ou sexuelles compliquées, construites entre Londres et l'Écosse.
À travers ces destins croisés, l'autrice anglo-australienne Evie Wyld propose une exploration de la condition féminine dans une société construite sur la violence des hommes, d'autant qu'elle évoque aussi, par intermittences, la fuite d'une adolescente accusée de sorcellerie au 18e siècle. Evie Wyld aborde ainsi des questions contemporaines : la transmission familiale, la masculinité toxique, la sororité, la résilience des femmes qui osent, ou non, se fier à leur instinct.
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Écoute, jolie Márcia

Ce roman graphique est un reportage social au coeur des favelas de Rio de Janeiro. À travers la vie de Marcia, infirmière et mère célibataire, il explore la société brésilienne des couches populaires, dont l'existence est faite de débrouilles quotidiennes, et est polluée par l'emprise destructrice des gangs. Jacqueline, la fille de Marcia, est l'illustration de cette violence des quartiers et de l'inexorable déliquescence qui affecte même les rapports familiaux. Marcia, quant à elle, personnage solaire et généreux, montre une extraordinaire résistance au cynisme ambiant en luttant pour maintenir le corps social par son travail et le lien familial par son amour inconditionnel.
Le dessin brut aux couleurs acidulées tranche avec la noirceur du propos, servi par des dialogues crus mais percutants de réalisme. L'auteur, Marcello Quintanilha, est un habitué du polar. Dans ce livre, il parvient à entretenir la tension et à tenir le lecteur en haleine. le scénario est brillant, original et maîtrisé, avec une fin en demi-teinte mais ouverte où l'espoir est encore permis.
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Spy x Family, tome 1

Prenez le meilleur espion du monde, placez-le dans un univers inspiré de l'Europe entre deux guerres, confiez-lui une mission de sauvegarde de la paix, ajoutez une tueuse à gages surdouée et une petite fille télépathe, saupoudrez le tout de quiproquos en cascade : c'est la recette de Spy x Family. Twilight, Yor et Anya y composent une famille de façade, indispensable à la mission mais où chacun cache son secret à l'autre. L'objectif est clair : faire d'Anya l'une des meilleures élèves de l'école où se forment les élites du pays, afin d'approcher un dangereux chef de parti. Malheureusement, c'est loin d'être gagné… Oubliez tous vos a priori sur les histoires d'espionnage et lancez-vous dans cette série toujours en cours, au dessin à la fois élégant et expressif et aux personnages attachants. On l'aime particulièrement pour tout ce qu'elle nous dit de ce qui fait famille et du lien qui peut se créer entre les êtres. Agrémenté d'une bonne dose d'humour, ce manga plaira aux ados comme aux adultes.
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Wonder Landes

La chronique est un genre qui va bien à Alexandre Labruffe. Après ses Chroniques d'une station-service et son récit d'Un Hiver à Wuhan en tout début de pandémie, c'est à une chronique familiale qu'il se livre ici, à travers l'histoire de son frère et de ses folies, multiples et indéterminées, sur fond de forêts de pins landaises. Ce dernier, embarqué dans une rocambolesque affaire aux contours flous, ouvre la boîte de Pandore des souffrances et des non-dits familiaux. Accompagné de quelques compagnons de voyage joyeusement loufoques, l'auteur, chargé en même temps de vider la maison familiale menacée par les huissiers, affronte comme il peut la folie de son frère, l'agonie de son père et la mémoire de sa mère.
Comme dans ses précédents livres, Alexandre Labruffe oscille entre facétie et poésie pour aborder cette histoire avec une légèreté primesautière et des références nombreuses, qui émaillent le récit comme autant de clins d'oeil au lecteur.
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La définition du bonheur

Clarisse est sensuelle avec sa peau brune et sa tignasse blonde qui ébouriffe sa silhouette. Pétillante, virevoltante, folle même parfois. Elle a trois garçons, vit à Paris et passionnément l'amour avec des hommes qu'elle n'arrive pas à garder. Eve, elle, plus bretonne que méditerranéenne, yeux clairs, taches de rousseur, a une beauté moins piquante. Elle a deux filles et vit à New York avec son rassurant mari, mais entre eux le désir se meurt un peu. La prouesse de Catherine Cusset en balayant 45 années de ces deux vies, c'est de nous attacher à ces deux personnages tout en entretenant le suspense sur ce qui les relie. Dans un style clair, assez factuel mais sensible, ce roman au féminin est magnifiquement construit. Chaque chapitre est une oeuvre en soi et conduit à un dénouement où tout prend forme et sens, comme à la fin d'un puzzle. Un roman intelligent, consistant et qui se lit pourtant avec gourmandise.
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Le Pays des autres

En 1944, Mathilde l'alsacienne rejoint la terre promise de son mari Amine près de Meknès au Maroc. Cette terre aride les engage dans un labeur sans concession. Lorsque Mathilde comprend la condition imposée aux femmes de ce pays, elle inscrit sa fille Aïcha dans une école chrétienne pour lui assurer une instruction. Aïcha se débat alors entre sa famille pauvre et ses camarades issues de familles bourgeoises. À la mort de son père, Mathilde souhaite retourner en Alsace pour y vivre libre, mais la résignation l'emporte à la faveur de son mari, tandis qu'ont lieu les premiers massacres de colons. Elle trouve finalement son salut dans la création d'un dispensaire.
C'est sur fond d'épopée historique - la décennie qui précède l'indépendance marocaine - que la narratrice nous livre les monologues intérieurs d'une mère et de sa fille. Leur destin s'oppose à celui des hommes de leur famille, fiers et violents. Dans une noirceur qui va crescendo au fil des pages, la narratrice décrit la misère, les croyances ancestrales et l'ignorance des populations. Comment Aïcha se relèvera de cette situation ? À suivre, dans deux autres tomes, qui seront publiés dans les années à venir.
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Les lionnes

Newcomerstown, Ohio. Dans une Amérique dévastée par la politique de Trump, meurtrie par les ravages liés au port d'armes, aux discriminations et à la pollution, la narratrice livre ses réflexions et ses pensées les plus intimes depuis sa cuisine, qui devient une formidable chambre d'échos. Femme puissante et sensible, cette mère de quatre enfants, survivante d'un cancer, partage ses doutes, ses joies, ses blessures et ses peurs dans un monologue intérieur à l'humour corrosif.

Soliloque effréné qui court sur plus de mille pages, multipliant les virgules, martelant sans répit la formule* “le fait que”, et ne s'interrompant que pour laisser surgir, comme une respiration bienvenue, une seconde histoire imbriquée : celle calme, élégante, d'une lionne sauvage élevant ses lionceaux. le style fait toute l'originalité de ce roman aux échos joyciens qui va toutefois bien au-delà du simple jeu formel, puisque les expérimentations ne se font jamais au détriment d'une histoire prenante, qui par la magie d'une langue inventive, d'un rythme hypnotique, touche volontiers à l'universel. Les deux récits se réunissent aux trois-quarts du roman, éclairant la métaphore du titre choisi pour l'excellente traduction française réalisée par Claro. Un roman existentiel déroutant et puissant.
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Qui sème le vent

L'approche de Noël n'a rien d'une fête chez les Mulder. Dans cette famille religieuse et austère, où toute effusion sentimentale est proscrite, les jours continuent de s'égrener, marqués par la répétition des travaux à la ferme auxquels chacun doit contribuer. Pourtant, quand la jeune narratrice de Qui sème le vent, dans un mouvement d'humeur, fait le voeu qu'un de ses frères meure et que celui-ci disparaît dans un accident, le désespoir et la culpabilité vont peu à peu s'instiller dans la cellule familiale.
Dans ce monde poisseux, hors du temps, où l'angoisse du jugement divin pèse comme une chape de plomb, Marieke Lucas Rijneveld installe un drame familial aussi feutré que dérangeant. Fouillant la psychologie de son héroïne dans ses moindres recoins, jusqu'aux pulsions d'inceste et de mort qui la hantent et à sa fascination pour la pourriture des corps, Qui sème le vent sidère durablement par la radicalité avec laquelle il expose la violence sourde et la cruauté à l'oeuvre dans cette famille verrouillée dans son silence.
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