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Critiques de Antoine Choplin (588)
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Le héron de Guernica

Nous sommes en 1937, Basilio travaille dans une usine de confiserie, c'est aussi un jeune peintre autodidacte. Son sujet de prédilection est le héron, depuis qu'il a visité un parc animalier.

"C'est pas si facile de peindre les hérons". Alors au bord de la rivière, il s'y essaye sans relâche.

Aujourd'hui, il va le faire du mieux qu'il peut, il a promis d'offrir sa peinture à Célestina.

Il est là ce beau héron "au cou d'un blanc lumineux, à l'élégance prononcée par de longues et fines plumes à l'arrière de la tête", il lui laisse le temps de s'habituer à lui. Basilio commence à peindre son héron sur les rives de la Mundaca, la rivière près de Guernica. Mais ce jour-là, Basilio va être perturbé par la présence de soldats et le bruit des avions...



Le héron de Guernica est un très beau livre qui raconte le calme tout à côté de l'horreur.
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La nuit tombée

Dies irae (jour de colère)

Jour funeste que ce 26 avril 1986 !



"L'entrelacs de la nuit et de nos pénombres ".



Gouri va se rendre à moto sur les lieux de sa vie perdue, il va s'arrêter près de ses vieux amis, ceux restés au pays ; ils évoqueront les temps nostalgiques et douloureux de l'avant et de l'après.



Joie des retrouvailles atténuée par les douleurs partagées.



(p.11) Les pensées de Gouri vagabondent, de moins en moins consistantes. Elles gravitent alentour de cette masse sans réalité qui renâcle à renvoyer la lumière. C'est quelque chose comme le sentiment de l'abandon.

Qui recroqueville les bustes, replie les horizons.



Un Requiem lent pour tous leurs morts, et la mort de leur terre à jamais contaminée.



Malgré l'horreur qui est présente au fil des phrases lancinantes , Antoine Choplin m'a touchée avec ses mots

pour dire les maux !



(p.109) C'est un drôle de sang qui a bondi par les allées de chez nous / à l'encontre des roses et des haleines fraîches de femmes / C'est un sable assassin qui pour toujours grimpe aux écorces / et avance comme une langue jusqu'aux portes des maisons.



- Dans le sombre des lieux; de curieuses trouées ...... Inconfort dans le vertige d'un Univers qui dégringole .....



Livre bouleversant !



(p.115)

Le gouffre tend ses lèvres

Vers le sommet des solitudes

Et ce n'est pas une affaire d'homme



Sauf à emprunter à la vigueur du vent

lui qui chahute la chevelure des filles

même sachant

qu'il n'a nulle part ou revenir.



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Le héron de Guernica

Je viens de dévorer ce bref roman d’un auteur dont je ne connaissais pas même le nom… J’en ressors bouleversée, vraiment secouée… En juillet 1937, le tableau de Picasso, Guernica, est présenté pour la première fois au public. Le roman d’Antoine Choplin, Le Héron de Guernica, commence et finit dans la salle d’exposition. Basilio, jeune peintre amateur, s’y trouve seul, avant l’ouverture au public, fasciné, immergé dans la toile. On découvrira dans le dernier chapitre que, en fait, il n’est pas seul.

***

Au début du roman, le personnage de Basilio fait preuve d’une naïveté telle qu’on peut le croire simple d’esprit. C’est aussi ce que laissent penser les réactions de certains personnages de son entourage, mais pas de tous. Basilio peint et quand il ne peint pas, il pense à la peinture  : comment réussir à rendre la palpitation du vivant dans la représentation des hérons cendrés qu’il a choisis pour modèles ? Il pense aussi beaucoup à Celestina et le tableau qu’il commence sous le soleil de ce 27 avril 1937, jour de marché à Guernica, il compte le lui offrir quand il l’aura terminé. Baslio ira d’ailleurs au marché ce matin-là, vendre le cochon et les haricots que le vieux Julian lui a donnés en échange de son aide à la ferme. Et puis il retournera peindre, dans le marais, au bord de l’eau, là où se tient à l’affût un héron cendré qui s’est habitué à sa présence.

***

Je suis retournée voir le tableau, plusieurs fois, et tout est là : les corps démembrés, les hurlements, les incendies, le taureau et le cheval… l’horreur que les bombardiers allemands laissent derrière eux. Antoine Choplin réussit à rendre avec beaucoup de pudeur et de simplicité cette violence insupportable qui fait irruption dans la vie quotidienne, sans s’y attarder. Il excelle aussi à nous montrer la paix et la sérénité qui habitent le jeune peintre au travail. Il nous présente encore ses réflexions, ses doutes, les essais infructueux qui ne le découragent jamais d’atteindre un jour son but. L’écriture est poétique, vivante, limpide ; les dialogues abondent et les silences y sont marqués par « Un temps. » J’ai adoré ce livre…

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La nuit tombée

"Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter à ceux qui reviendront

Les enfants enlaçaient les arbres

Et les femmes de grands paniers de fruits

On marchait sur les routes

On avait à faire

Au soir

Les liqueurs gonflaient les sangs

Et les colères insignifiantes

On moquait les torses bombés

Et l'oreille rouge des amoureux

On trouvait du bonheur au coin des cabanes

Il y a eu la vie ici

Il faudra le raconter

Et s'en souvenir nous autres en allés"



Oui, il y avait de la vie à Tchernobyl. Avant...



Après, la mort ou la maladie. Un mal inhumain qui vous ronge inéluctablement.

Les survivants ont été déplacés, de gré ou de force : une zone immense est devenue inhabitable pour des années, ou plutôt, pour des milliers d'années.



Gouri qui habitait près de la centrale, veut revenir dans la zone interdite, non par bravade ou inconscience, mais pour récupérer un souvenir dans sa maison. Un souvenir précieux.

Sa quête l'amène à retrouver au passage des amis d'autrefois avec lesquels, autour d'un verre de vodka, il fait revivre le monde perdu.

Les souvenirs de la vie d'avant s'entremêlent à l'horreur du présent. Presque tout a été détruit, le peu qui reste est fortement contaminé, seule demeure un peu de chaleur humaine chez les survivants.



À travers ce court roman, l'auteur arrive à faire comprendre au lecteur toutes les conséquences de la tragédie.

Le contraste entre la douceur des mots et la noirceur de la réalité est très réussi, et c'est ce qui fait, à mon avis, l'intérêt du livre.

Certaines scènes sont saisissantes, comme celle dans laquelle un homme raconte la destruction de sa maison, à laquelle il a assisté. Aux abords de la centrale, les taux de radiation étaient tels, qu'il a fallu tout enterrer. Démolir et enterrer. Tant pis pour tous les objets, tant pis pour tous les souvenirs, tout a été ramassé par des pelleteuses et enfoui. "Comme une merde de chien."



Petit texte, grande émotion.

Antoine Choplin a su mettre un peu de poésie dans la tragédie et allumer quelques petites flammes d'humanité dans l'inhumain.
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Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar

Il aurait pu naître oiseau, Tomas le garde-barrière, l'homme taiseux, plus tranquille dans ses promenades bucoliques que dans la compagnie des hommes. Rien ne le destinait à cette amitié fraternelle avec un intellectuel de passage, qui l'amènera à réfléchir et s'engager en conscience politique.



Encore une fois, Antoine Choplin montre son talent pour construire des personnages à la marge et des situations insolites qu'il sait raconter avec humanité et douceur. Il offre en filigrane une image de l'ancienne Tchécoslovaquie sous joug communiste et la réalité du quotidien des individus, pris dans une moulinette de suspicion et de dénonciations.



Avec une économie de mots et cette façon minimaliste d'écrire, l'auteur nous tient sous le charme avec cette amitié simple et sincère entre un cheminot et le futur dirigeant du pays. Sur fond de nature reposante et sereine, jouant l'équilibre avec le danger, la clandestinité et l'opposition au régime, il nous laisse voir entre les lignes, comprendre le cheminement d'un homme dans la fidélité donnée, indéfectible.



Comme d'autres écrits tournés vers l'est (direction littéraire que l'auteur affectionne depuis quelques livres), c'est encore ici un petit roman pétri d'humanité, mettant en avant les destins des humbles dans un contexte difficile.



Du Choplin, évidemment!



4/5 étoiles
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L'impasse

Antoine Choplin a un doigté d'orfèvre pour nous concocter des histoires poignantes, avec une économie de mots et d'artifices dans son écriture très limpide. La dramaturgie est toujours palpable dans la sobriété du propos.



Ici encore les images sont fortes: des joueurs d'échecs dans une cité en ruine, des exactions de militaires russes désœuvrés, quand une amitié s'installe entre un soldat et un jeune étudiant, dans une bibliothèque abandonnée. Une paix précaire, une population qui survit entre fatalité et espoir.



C'est ce décalage insolite qui fait toute la saveur des livres de l'auteur. Mais en dépit de cette poésie surréaliste, il ne nous épargne rien, la tension monte, on s'attend au pire...



Respect, monsieur Choplin!

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Le héron de Guernica

C'est au travers du regard de Basilio que l'auteur choisit d'aborder la tragédie de Guernica. Alors que les voisins s'occupent plutôt d'évacuation à Bilbao, Basilio exécute de petits travaux dans la ferme voisine, rend visite à son oncle à l'hospice, et rêve de danser avec Célestine au bal...



Jeune peintre passionné, il passe son temps dans les marais à observer et peindre les hérons cendrés. Son obsession ? Rendre sur la toile pas seulement la beauté, mais le frémissement de vie condensé dans l'immobilité de cet oiseau majestueux.

Son héron, il a prévu d'en faire cadeau à Célestina... mais l'arrivée des bombardiers allemands bouleverse tout !



Pourtant, ce n'est pas lui qui rendra compte de la tragédie de Guernica, mais un certain Picasso, qu'il tentera de rencontrer à l'exposition universelle de Paris.

Ce court roman à l'écriture ciselée rend compte de la vie quotidienne de la petite ville espagnole avant le drame, et nous interroge sur la nécessité de l'art.

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La nuit tombée

Suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, Gouri a quitté Pripiat pour Kiev avec sa femme et leur fille. Deux ans et demi après son départ, il revient sur les lieux pour récupérer un objet chargé de souvenirs. Il retrouve d'anciens voisins et amis restés dans la zone sinistrée, à quelques kilomètres de la ville. Le temps d'une soirée arrosée de vodka, ils se rappellent les lendemains du drame, l'urgence et la panique, les actions improvisées aberrantes et meurtrières. Ceux demeurés sur place évoquent leur vie - et la mort, jamais loin - "d'après".



Amitié, amour, courage, deuil dans cette belle histoire douce et émouvante. La désolation des lieux et les ravages des cancers sont évoqués de manière sobre et percutante. Le regard de Gouri sur son ancien quartier détruit, déserté, pillé est éloquent. Gouri annonçant la maladie de sa fille, Gouri au chevet d'un ami aux portes de la mort en disent long...
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La nuit tombée

Gouri vivait à Pripiat en 1986. Pripiat est à quelques kilomètres de Tchernobyl.

Deux après la sinistre catastrophe nucléaire, Gouri a décidé de revenir sur les lieux du désastre pour y rechercher quelque chose. Il s’arrête avec sa moto chez ses amis Vera et Iakov, à quelques kilomètres de la zone interdite. Iakov, comme Ksenia, la fille de Gouri, a été contaminés par le nuage. Le temps d’un dîner abondamment arrosé de vodka, Gouri, Iakov, Vera, Ksouma et d’autres convives convoquent le passé heureux, les parties de pêches et les journées insouciantes, une façon d’oublier un instant la mort qui plane, impalpable.

Antoine Choplin évoque le cataclysme à demi-mot : les dizaines milliers de vies humaines anéanties, la région dévastée, les appartements pillés, les vies au futur amputé, ces hommes qui survivent avec le spectre de la maladie, et qui, tout en pudeur et en retenue, pleins de dignité, énoncent doucement l’indicible le temps d’un dîner nostalgique arrosé et d’une virée à moto dans un no man's land radioactif à la nuit tombée.

Un court texte très visuel, plein de simplicité , d'humanité et de fraternité.

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Partie italienne

Loin du stress parisien, Gaspard s'installe place Campo de'Fiori à Rome et passe ses journées à jouer aux échecs à une terrasse de café avec des amateurs de passage.

Un jour, il engage une partie avec Marya, une femme qui a pris place en face de lui.

Marya vient de Hongrie et lui raconte l'histoire tragique de son grand père grand maître aux échecs.

Marya va tout faire pour retrouver son grand père à travers les coups qu'il a joués à Auschwitz, "paroles ultimes, comme des messages dans une bouteille jetée à la mer juste avant le naufrage", retrouver les traces des parties jouées dans ce lieu symbole de la baranrie humaine.

Le récit débute de façon légère, une flanerie romaine presque ludique, pour se poursuivre avec un texte très dialogué qui nous raconte une enquête très émouvante à Auschwitz doublée d'une jolie histoire d'amour.

Antoine Choplin, romancier mais aussi poète et organisateur de festival, a l'idée très originale de traiter la question de la Shoah par le biais de parties d'échecs et construit son roman un peu comme un fin stratége des échecs ou chaque phrase n'est jamais laissée au hasard.

Cependant, nul besoin d'être amateur d'échecs pour apprécier ce roman d'une remarquable douceur et cette capacité d'Antoine Choplin, d'amener de la profondeur derrière une apparente simplicité.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Partie italienne

Fidèle lectrice d’Antoine Choplin, j’ai ouvert ce livre avec l’assurance de quelques heures de plaisir tant l’écriture de l’auteur avait réussie à me séduire précédemment.

En le refermant, force m’est de constater que le plaisir a rapidement laissé la place à une pointe d’ennui.

Je n’ai en effet pas réussi à entrer dans cette histoire. Tout n’a cependant pas été négatif.



J’ai ressenti un certain intérêt à suivre Gaspar qui a quitté sa vie d’artiste en vogue pour se retrouver face à un échiquier, sur une place de Rome, en attente d’un partenaire anonyme.

L’auteur nous fait partager ces rencontres, jusqu’à ce que Marya s’installe face à Gaspar.

Le roman d’un joueur se transforme peu à peu en roman d’amour, trop bref à mon goût. J’aurais aimé en savoir plus sur cette femme.

J’ai seulement retenu qu’elle était la petite fille d’un champion d’échecs.



Ce roman reste agréable à lire, mais je ne vais pas en garder un grand souvenir, bien loin du « Héron de Guernica » ou de « La nuit tombée ».

Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour leur confiance.

#Partieitalienne #NetGalleyFrance !





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Partie italienne

Quel plaisir renouvelé de lire les romans d’A.Choplin, 10 ans déjà que naissait cette merveille de « Héron de Guernica ».

Mais venons en à Gaspard, qui fuit pour un temps les obligations professionnelles et sous le beau soleil de Rome partage des parties d’échecs en terrasse avec qui s’attarde autour de lui.

Puis apparaît Marya, belle jeune fille simple, curieuse et très érudite.

Une jolie histoired’amour , un hymne à la vie, mais surtout avec en fil rouge, quelques parties d’échecs lointaines qui forment l’ossature et la mémoire de ce roman si doux, si juste, suffisamment court pour être lu d’une traite. Un vrai bonheur de lecture. Merci aux #Edts Buchet-Chastel et à Net Galley.
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Partie italienne

Et bien, heureusement que ce roman était court, parce que Gaspar et son escapade romaine pour jouer aux échecs dans la rue avec des passants, Gaspar, ce grand artiste enfin reconnu, Gaspar, le tombeur de ces dames, Gaspar et son nombril en somme, m'ont ennuyée - voire exaspérée.



Alors oui, la rencontre avec Marya devant une partie d'échecs, dont l'on découvre l'histoire secrète, mais pas inintéressante, auraient pu changer la donne, mais c'était sans compter sur le mélo que le protagoniste pouvait apporter à cette rencontre - l'on est tombeur ou l'on ne l'est pas, voyons -.



C'était sans compter sur une écriture qui, en plus, se regarde elle aussi un peu trop le nombril, sans être, en plus, d'une remarquable originalité ou qualité.



Comme vous l'aurez compris, je n'ai pas du tout apprécié Partie italienne, ma première déception des œuvres sélectionnées de la rentrée littéraire 2022. Espérons qu'elle reste unique... Je n'aime pas écrire des avis de ce type, mais quand l'exaspération vient, je ne peux pas m'en empêcher.
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La nuit tombée

Une petite ville près de Tchernobyl. Une zone interdite évacuée et "nettoyée" depuis longtemps. Autour, des villes et des villages où vivent des hommes et des femmes, qui survivent, écorchés au propre comme au figuré. Ceux qui ont survécu voient leurs peaux partir en lambeaux, à l'image de leurs vies d'avant qui sont elles aussi parties en morceaux. Ils ont emporté ce qu'ils ont pu. Les bulldozers et les trafiquants ont fait le reste.

Ce dont nous parle Antoine Choplin, de son écriture toujours aussi pudique et sensible, c'est du désir, qui va devenir besoin, de retourner là-bas, d'aller revoir son enfance, ses souvenirs, tâcher d'y retrouver un objet, dernier témoin d'une vie, d'un parent, d'un enfant désormais perdus.

Il ne faut pas y aller, dit l'un, qui y est allé lui-même plusieurs fois, et accompagnera encore celui qui veut juste récupérer une porte. Oui une porte qui garde les traces de l'enfant perdue, les encoches faites pour marquer sa taille, les dessins qu'elle griffonnait, porte qui servit de civière pour un père malade.

Qui n'a jamais tout perdu brutalement ne comprendra peut-être pas cette obstination à vouloir retourner dans le passé, serait-ce au risque d'en mourir.

Antoine Choplin sait montrer la part d'humanité au milieu de ce monde désespérant, et on l'en remercie.
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Partiellement nuageux

Ce roman est l'histoire d'une rencontre entre un astronome, Ernesto,isolé avec son chat et son téléscope à Quidilo au Chili, et Ema, jolie jeune femme à la fossette énigmatique qui vit à Santiago. Leurs regard sse croisent dans un musée devant "le mur des disparus". "Là, je pensais à la mémoire. A ce musée qu'on lui a fait si vite, alors que tellement de gens sont encore vivants pour se souvenir par eux-mêmes." Mais c'est surtout la rencontre de deux coeurs meurtris par la dictature de Pinochet qui a touché de plein fouet deux personnes chères à leur coeur. L'écriture d'Antoine Choplin est toute en poésie quand bien même tout en simplicité. Il joue de la distance, la bonne distance, celle qui est nécessaire à Ema, à Ernesto comme s'il fallait toujours se protéger. C'est une approche étonnante comme si le jeu de la séduction était de trop. Une approche donc très directe et pourtant pudique comme une découverte prudente. La nature très présente, semble tenir la place de tiers indispensable entre eux. La relation sans être froide reste platonique. Roman original qui m'a plu sans être un coup de coeur
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Le héron de Guernica

Avril 1937, Benito vient poser sa toile dans les marais proches de Guernica pour peindre le héron qui se pose chaque jour non loin de lui.

Comment représenter une image vivante de l'oiseau et non un être inanimé. C'est sûr , cette fois ce sera le plus beau de ses tableaux puisqu'il l'a promis à Celestina ...



Le bruit des avions et des bombes vient soudain troubler la quiétude du peintre et lorsqu'il revient précipitamment vers sa ville, ce ne sont que ruines et chaos , survivants errant parmi les décombres à la recherche de leurs proches .



Comment oser montrer ce héron à l'aile brisé au grand Maitre Picasso qui dévoile son chef d'oeuvre, Guernica, à l'exposition coloniale de Paris quelques mois plus tard ?



Antoine Choplin nous interroge sur la création artistique, celle d'un peintre reconnu, encensé mais qui n'a pas été le témoin direct de la tragédie et de ce jeune homme qui le jour du bombardement a tout perdu mais s'accroche à son héron, devenu le bien le plus cher à son coeur .



Qu'attendait-il de sa rencontre avec Picasso ? un témoignage direct mais cela semble presque dérisoire ; chaque lecteur reste libre de l'interprétation de la non rencontre et en tout cas pour moi ce livre est d'autant plus chargé d'émotion que je suis passée il y a peu à Guernica , petite ville redevenue paisible .
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La nuit tombée

Il y a des écrivains qui crient et d'autres qui chuchotent. Ceux-là seraient bien capables de se taire, s'ils pouvaient. Mais la littérature muette n'existe pas. Antoine Choplin est de cette race d'auteurs, jamais un mot plus haut que l'autre, des non-dits et des pudeurs qui expriment le fleur de peau et la souffrance. Un certain fatalisme, aussi. La nuit tombée parle de Tchernobyl sans jamais le nommer. Et de la zone interdite, fascinant no man's land où pourtant certains s'introduisent en douce comme des contrebandiers du souvenir. La nuit tombée, court roman, ne comporte que deux scènes principales : une soirée entre amis, à la lisière de la zone, où la vodka ravive la mémoire, et le retour d'un homme, accompagné d'un acolyte, dans le périmètre contaminé pour "voler" un objet qui lui est cher. Moins immédiatement séduisant que Le héron de Guernica, plus gris, La nuit tombée tient par l'écriture économe et sobre de Choplin. Dans un monde qui survit à peine, il reste encore de la place pour les sentiments, pour un brin d'humanité et une rasade de fraternité.
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Un ciel rempli d'oiseaux

Un ciel rempli d'oiseaux est un hommage émouvant à Ceija Stojka, née en 1933 et qui a connu le cauchemar de la déportation à dix ans. Issue de la communauté Rom elle va survivre à trois camps successifs avec sa mère. Ce n'est qu'en 1990 ,après que la vie lui ait fait vivre encore d'autres épreuves terribles qu'elle va se mettre à écrire et peintre dans le besoin de témoigner de sa souffrance et de celle de son peuple. Antoine Choplin rend cet hommage sous la forme d'un dialogue qui mêle poésie et realisme et apporte une vivacité à laquelle je ne me serais pas attendue au vue du sujet . Il évoque toute sorte de souvenirs pour que la vie l'emporte sur la mort sans jamais,pour autant amoindrir l'horreur des camps.
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Partie italienne

C'est donc à une Partie italienne que nous convie l'excellent Antoine Choplin.

Comme souvent dans ses ouvrages, sous une apparence d'esthétisme nonchalant , se jouent d'autres parties, plus sombres ou plus profondes.

Ici, à Rome donc, Gaspar le narrateur prend l'air du temps en jouant aux échecs sur la petite mais néanmoins célèbre place de Campo de'Fiori .

C'est un artiste en cours de célébrité dont le parcours se fracasse tendrement lorsqu'il se fait battre (enfin) par bien plus fort que lui.

Ecrit à la première personne du singulier ( son "je dis" caractéristique) le récrit se déploie comme un origami littéraire où rien n'est écrit par hasard .

Parties mathématiques ( le fameux Théorème de Fermat) , parties d'échecs évidemment , parties fines ébouriffantes, parties artistiques bien sur ( j'ai adoré le concept de la dernière performance de Gaspar "Même pas mort" ) parties "ballades romaines" ( Ah le Palais Farnése !!!) et parties historiques : l'air de rien Antoine Choplin rappelle les circuits d'exfiltration des nazis via la filière vaticane.

J'ai savouré ce petit livre comme un ristretto bien serré qui enchante et réveille.

Le petit bijou de la Rentrée, à n'en point douté, éclairé par le personnage tantôt aérien et tantôt tellurique de Marya......
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Une forêt d'arbres creux

Décembre 1941, Bedrich arrive au camp de Terezin avec femme et enfant. Affecté au bureau des dessins, il y travaille sur les plans de construction de différents bâtiments du camp dont on sait parfois la terrible affectation. Profitant de sa fonction, il va avec d’autres prisonniers, utiliser le calme de la nuit pour à nouveau saisir les crayons et mettre en images la réalité d’un camp où tout n’est qu’affaire d’apparences…



« Dessiner, peindre un peu de la vérité de Terezin. Chacun librement, sans consigne d'aucune sorte. »



S’inspirant du destin de l’artiste tchèque Bedrich Fritta, Antoine Choplin livre un texte incroyable. J’avais parfois l‘impression d’être dans un état second durant ma lecture tant je me suis laissé prendre par le style tout en délicatesse et sobriété de l’auteur. Une économie d’effets et de mots qui donne encore plus de force à son propos.



« Il lui disait combien les livres et les choses du savoir, c'était important. Le calcul, la poésie. Même ici, à Terezin, ça comptait. Surtout ici, il a ajouté, ici et maintenant, à Terezin. »



Une forêt d’arbres creux d’Antoine Choplin, une magnifique découverte, un auteur à suivre.


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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