Paris 1912, Arthur Cravan vient d`avoir vingt-cinq ans lorsqu`il fonde sa propre revue littéraire Maintenant. Il en est l`unique auteur, mais pour impressionner le bourgeois, il signe les textes sous différents pseudonymes. Il transporte les exemplaires dans une brouette qu`il vend dans la rue à la criée, comme du poisson ! Entre deux poèmes ou chroniques, il y insulte copieusement la plupart des artistes de son temps avec pour tête de turc : Guillaume Apollinaire qui d`ailleurs le provoquera en duel. La réponse de Cravan dans Maintenant est imparable, il esquive le duel tout en ridiculisant son rival et remporte sans peine la jouxte littéraire !
Arthur Cravan évite le combat quand il n`y a rien à gagner, mais fonce lorsqu`il s`agit de boxer un champion du monde poids lourd, pour la gloire et l`argent. C`est un aventurier et un pacifiste, un éternel voyageur qui passera sa vie à fuir les tranchés de la première guerre mondiale. Après Paris, il se réfugie en Espagne pour y retrouver et tourmenter ses amis « Dada », puis New York où il rencontrera la poétesse Mina Loy élue prototype de la femme moderne par le New York Evening Sun. Mina qu`il épousera plus tard au Mexique.
J`ai d`abord découvert une photo et une vraie gueule, la tête et la stature d`un Superman canaille et deux bons mètres de muscles ! Puis son oeuvre et enfin une vie à la démesure de son physique : Poète et boxeur, il se présentait comme neveu d`Oscar Wilde, charmeur de serpents, marin sur le Pacifique, muletier, cueilleur d`oranges en Californie, chevalier d`industrie, rat d`hôtel, bûcheron dans les forêts géantes, déserteur sans peur et sans reproche, poète aux pas d`ours… Il y a sa passion pour la boxe que je partage et une admiration commune pour Kees van Dongen, un des rares peintres qui trouvait grâce à ses yeux.
Il y a surtout cette liberté totale, cette manière de traverser l`existence comme s`il était seul au monde. Vivre à plein régime et oser tout ! Absolument tout !
Il y a déjà une quinzaine d`ouvrages sur Cravan, ses propres oeuvres, romans, biographies, photos, essais, revues, mais mon histoire est un récit, il n`y a donc des vides à combler et une mise en scène, un point de vue narratif. Tout est donc vrai ou aurait pu l`être ! A force de côtoyer Cravan, des images se sont imposées et une logique s`est dégagée du personnage qui j`espère, lui colle à la peau. La vie de Cravan est tellement riche que le problème était surtout de faire des choix plutôt que d`en rajouter.
Cravan a créé sa propre légende et même inventé la « very boxe ». Il se vantait de pouvoir tuer un homme d`une simple pression de l`index, faire crouler un immeuble par simple contrariété. Je pense qu`il était capable de faire bien pire !
Il a laissé une oeuvre coup de poing, à l`instar de sa vie, courte mais intense. C`est un modèle pour les surréalistes qui ont cassé les codes artistiques, Cravan en est l`incarnation, son existence même est un défi constant, il fait bouger les lignes, brise les conventions et sa vie et son oeuvre se confondent en une même oeuvre d`art. Il a soufflé le scandale partout où il est passé, ses conférences où il brillait par son absence ou apparaissait uniquement pour insulter le public, tirer des coups de révolver et terminer à poil. Autant de performances qui font de lui le premier Dada vivant !
Il a disparu quelque part dans le pacifique en tentant de rejoindre sa femme Mina Loy, il y a tout juste cent ans. Ou bien il a fui quelque part sur une île déserte et rigole encore d`avoir échappé à la guerre et une morne vie de famille. Je pense pour ma part qu`Arthur Cravan n`aurait jamais pu tenir plus de quelques heures loin des feux de la rampe.
La couleur est une mise en ambiance. Avec Cravan, tout est intense, mais jamais rien n`est tragique. J`ai pensé que des couleurs acidulées lui correspondaient bien au teint.
Un roman graphique, 216 pages est souvent un voyage en solitaire parce que périlleux. Même si le parcours est verrouillé dès le départ, de nouvelles idées arrivent en cours de route, il faut garder cette fraîcheur de l`improvisation pour ne pas devenir un simple exécutant de son récit. Il y a aussi au fil des planches l`évolution graphique qui fait que l`on possède de mieux en mieux son sujet et qu`il faut refaire les premières planches. J`ai ajouté 30 pages à ce que j`avais prévu au départ et recommencé une vingtaine lorsque je suis arrivé à la fin.
Un périple qui a duré deux ans, qui n`était pas de tout repos mais un beau voyage !
Blueberry, tome 12 : le spectre aux balles d`or de Jean-Michel Charlier et Jean Giraud.
Le spectre aux balles d`or ! J`aurai gardé tous mes originaux et me serais perdu dans l`auto contemplation de mon art !
Les comics Américains m`ont toujours fasciné. Joe Kubert, Neal Adams, Alex Toth sont les grands dessinateurs totems des années 80 de la BD Américaine, mon école graphique. En littérature, La chute d`Albert Camus que j`ai dévoré un nombre incalculable de fois à l`adolescence.
Comanche, tome 4 : le Ciel est rouge sur Laramie de Hermann et Greg.
Les albums de Tintin malgré la providence divine. J`avais environ 8000 BD chez moi sans un album d`Hergé. Il y a quelques années, je trouve dans ma rue un carton abandonné avec l`intégral de Tintin, l`alph`art compris (état neuf). Lorsque je suis revenu une heure plus tard, il était encore là. Je l`ai donc embarqué et depuis, je suis toujours aussi peu sensible à l`art d`Hergé.
La jungle nue de Philip José Farmer.
Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline.
« Il faut remettre une fois par an son avenir en jeu », Arthur Cravan, bien sûr
Ailefroide : Altitude 3 954 de Jean-Marc Rochette et Olivier Bocquet, superbe !
Dans quelle partie de la Comédie humaine s'inscrit ce roman ?