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Critiques de Léon Tolstoï (1432)
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Les Cosaques

Dans ce récit, Tolstoï déploie son style franc et incisif plein de beaux adjectifs vigoureux qui vont droit au cœur. Il endosse l’habit d’Olénine, son double littéraire, jeune aristocrate épris d’absolu et aspirant à une vie simple et sauvage qu’il va vivre au contact des Cosaques.



Ces guerriers et leurs familles sont un peuple aux mœurs bourrues : costauds et agiles comme Lucas ; rusés et grandes gueules comme « l’oncle Erochka » ; ils sont riches d’une qualité que tout le monde ne possède pas : ce sont des Cosaques.



C’est aussi pour Olénine la révélation de l’amour lorsqu’il pose les yeux sur Marion, la fille de ses logeurs : sa grâce simple et naturelle, la sauvagerie rétive qui habite ses yeux sombres, son corps svelte et fort l’émeuvent immédiatement comme jamais une femme ne l’a ému.



Les jours passent et se ressemblent, la vie au cordon est rythmée par les tentatives d’incursion des abreks, les chasses d’Olénine et les discussions très arrosées de vodka (doux euphémisme !) ; des liens prudents et farouches se nouent. Malgré cela, les parlers différents rappellent la frontière tacite entre Cosaques et Russes, comme un mur de verre que Tolstoï, grand admirateur de Rousseau, chercha toute sa vie à briser pour se dépouiller enfin des fioritures indignes d’un homme de nature.



Tolstoï peint vivement la beauté rude, impitoyable et noble des Cosaques ; leur tempérament d’ours ; leur attitude austère pleine d’orgueil ; leurs traits communs d’humanité affleurant sous la couche de rudesse. Les belles envolées d’un lyrisme limpide alternent avec un réalisme qui ne manque pas d’espièglerie.



C’est l’histoire déchirante d’une nature fraîchement révélée à elle-même et ambiguë face à une nature indomptable ; de la méconnaissance de soi et de l’incompréhension de l’Autre ; de l’incompatibilité de ce qui semblerait s’accorder.



Quelle belle allégorie que cette histoire ! Marion est de ces beautés féroces qui semblent nées pour entraîner les hommes dans le désespoir. Elle est la femme sauvage, la chimère vénérée de Tolstoï. La vraie richesse, la vraie noblesse sont dans la nature qui porte en elle les secrets inaccessibles et inlassablement convoités de leur pureté.
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Trois morts

On connaît Léon Tolstoï pour ses magnifiques fresques romanesques, moins pour ses nouvelles. J'ai pu récemment rencontrer l'auteur russe dans « La mort d'Ivan Illitch », un texte profond, sombre et sans complaisance sur la vie et la mort, l'angoisse et la souffrance, le bonheur et la superficialité, l'hypocrisie et le mensonge des hommes.

J'ai voulu prolonger cette lecture par une nouvelle écrite dans sa jeunesse, « Trois morts », dont l'idée centrale est la même, la mort et son inéluctabilité.



Que signifie mourir ?

Ce thème est récurrent chez Léon Tolstoï. Marqué très tôt par le décès de ses parents, puis de ses frères, Dimitri et Nicolas dont il était très proche, son oeuvre est fortement imprégnée par la mort et témoigne d'une quête profonde pour s'affranchir de son anxiété. Les mots, à la fois simples et sobres, mais aussi pénétrés d'une force douloureuse m'ont touchée par leur authenticité et leur justesse.



Dans ce texte au format très court, environ 19 pages, Léon Tolstoï raconte la mort de trois êtres, la façon dont les proches et eux-mêmes l'appréhendent et la vivent. Chaque parcours est à la fois semblable et très différent par leurs réactions face à l'approche de la mort : l'auteur analyse les sentiments d'angoisse, de déni, de peur, de refus ou simplement d'acceptation de chacun.



*

La force du récit réside dans la concision et le réalisme du texte, dans la fin inexorable pour chacun des trois personnages, une femme noble, un vieux cocher et un arbre.



Une voiture et une calèche traversent la campagne dans la grisaille humide de l'automne. A son bord, une femme mourante, persuadée d'échapper à la mort en allant vivre dans un pays plus chaud. Jusqu'au bout dans le déni, elle refuse de voir la déchéance de son corps et sa mort toute proche. A regret, elle meurt comme elle a vécu et son agonie est pesante.



Alors que la vieille dame meurt malgré elle, le vieux cocher malade accepte son sort avec sérénité et s'éteint doucement, silencieusement dans la nuit, enveloppé de peaux de mouton, près de la chaleur réconfortante du poêle.



Enfin la dernière mort, celle de l'arbre, est celle qui m'a le plus touchée, une mort invisible, inaudible, arbitraire dont l'homme meurtrier ne prend même pas conscience. Cette fin a quelque chose d'ironique mais s'inscrit également dans le cycle de la vie.



« Un instant, tout demeura calme, mais l'arbre se pencha de nouveau, de nouveau un craquement se fit entendre dans le tronc et l'arbre laissa tomber sa couronne sur le sol humide en écrasant le taillis et brisant ses branches. le bruit de la hache et celui des pas se turent. La fauvette fit entendre un gazouillement et s'envola plus haut. le rameau sur lequel elle se posa se balança un instant, puis se raidit avec ses feuilles, comme tous les autres. Les arbres se dressèrent orgueilleusement et plus joyeux, avec leurs branches immobiles au-dessus du nouvel espace libre. »



*

Si chaque personnage, au seuil de la mort, endure, refuse, subit ou accepte sa mort, il est intéressent de porter aussi son attention sur les comportements de l'entourage, le mari et la servante de la dame, le jeune cocher indifférent à l'agonie du vieil homme, la cuisinière affairée mais prenant le temps de s'occuper du malade, l'oiseau qui accompagne les derniers instants de l'arbre, les arbres alentours qui vont profiter du nouvel espace laissé par l'arbre mort pour se développer.



*

Pour conclure, si la nouvelle de Léon Tolstoï n'a pas la puissance et la charge émotionnelle de « La mort d'Ivan Illitch », j'ai vraiment passé un agréable moment à la lire.

La dernière partie du récit est de toute beauté et vaut largement le détour.
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Mikhaïl (Moujik Pkhom)

Longtemps avant de dominer les compilations de vidéos d’accidents de la route hallucinants et de photos de situations improbables, la Russie était déjà considérée par les autres nations européennes comme un endroit où l’on ne faisait rien comme ailleurs, et dont les habitants étaient gouvernés par une logique rigoureusement incompréhensible. Et Tolstoï, avec son génie et ses paradoxes vertigineux, est souvent décrit comme l’incarnation de l’âme russe.



Tolstoï, le déchiré ! Tolstoï, toujours à la recherche de la pureté du christianisme des origines ! Le noble, l’aristocrate régnant sur des dizaines de domestiques, qui voudrait se faire Saint François d’Assise, staroste errant, disciple du Christ n’ayant pour tout bien qu’un manteau ! Faut-il s’étonner qu’un jour, lassé de produire des chefs d’œuvre de la littérature européenne, il ait décidé de composer de petits récits tout simples à destination des enfants de moujiks ?



Rentrant de la foire où il n’a guère fait ses affaires, un pauvre savetier avise au coin d’une église un jeune homme nu, à l’air hagard. Il est incapable d’expliquer qui il est, ni comment il est arrivé là. Par charité, le savetier le recueille. Il le prend chez lui, lui apprend à coudre des bottes et à ressemeler. Le jeune homme apprend instantanément, est étonnamment habile de ses mains. Il est doux, paisible, silencieux. Tout le monde l’apprécie. Mais tout le monde a remarqué un détail : il ne rit ni ne sourit jamais…



Entremêlant les thèmes du bon samaritain et de l’ange déchu venu apprendre sa leçon sur Terre, Tolstoï brode un étonnant petit conte. Toute la puissance de son style et la simplicité de son idéal s’exprime dans cette centaine de pages, lui qui en aligna parfois des milliers !
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La Guerre et la Paix, tome 1

Ce livre est plus qu'un roman,c'est une description puissante et profonde d'une societe,d'une epoque,d'une poignee de personnages,qui s'inscrivent dans l'histoire sanglante de la Russie du 19e siecle;portes ou enchaines par l'histoire,par la vie,par quelque chose de sublime ou de terrible,ils sont haineux,odieux,vils,superbes,heroiques,doux,bons,fanatiques mais toujours humains.

Quand on commence une telle œuvre,on sait que l'on s'attaque a un veritable monument de la littérature.J'ai été transportee par la vie mondaine,les bals,les salons,les débats philosophiques,les déboires amoureux...s'ajoute a cela de superbes descriptions qui font de ce recit un veritable tableau vivant

A lire absolument
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Le Diable

Pas de suspense ici : dès le début, Tolstoï nous dévoile l’intrigue de sa nouvelle, en citant Matthieu, V, 28. Allez, bonne fille, je vous recopie la citation (pour les athées, les non catholiques et les autres) : « Et moi je vous dis que quiconque regarde une femme avec concupiscence a déjà accompli l’amour avec elle dans son cœur. » Bon, ceci dit en passant et tout à fait hors propos, si tous les violeurs pouvaient avoir été biberonnés avec cette citation, on pourrait peut-être de nouveau occuper l’espace public, s’habiller comme bon nous semble, et se promener seule le soir.



Donc, vous l’aurez compris, on ne lira pas cette nouvelle pour l’histoire, puisqu’elle est entièrement contenue dans la citation ci-dessus. Mais bien plutôt pour l’écriture car oui on se laisse porter par la justesse du propos, par la finesse d’écriture, par un sens de l’équilibre entre action, description et introspection.



Cette nouvelle est une bonne façon d’approcher tout petit tout doux non pas du diable mais du monstre (ceci dit avec énormément de respect, non pas dans le sens de « monstrueux » mais dans le sens de « grandiose », d’ « énorme », d’ « incontournable ») qu’est Tolstoï. Et le plaisir ressenti est pour moi un bon indicateur pour continuer à découvrir ce fameux écrivain. C’est peut-être même le seul indicateur valable, ce fameux plaisir.

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Anna Karénine

Un grand classique de la littérature russe qui dormait depuis longtemps dans ma bibliothèque. Un bon gros pavé, c’est peut-être pour cela que je n’ai jamais eu le courage de l’entamer. Une chance pour moi, notre amie Fifrildi a eu la même envie que moi : le découvrir.

En ce début d’année 2022, ce fut une bien belle découverte. Une plongée dans la Russie impériale de la deuxième moitié du XIXème siècle.

Deux couples sont essentiellement à l’honneur dans ce beau roman : Anna jeune femme mariée à un homme de 30 ans son aîné et le comte Wronsky, jeune officier russe, frivole, mondain ainsi que de Constantin Levine jeune aristocrate terrien et de Kitty, jeune aristocrate fille de prince.

On y retrouve aussi Dolly et Stepane Oblonsky qui nous sont présentés comme un couple de l’époque, Dolly jeune femme usée par les maternités et trompée à outrance par son mari.

Deux belles histoires d’amour, car en effet le roman s’articule autour des deux couples. Je dois d’ailleurs dire que j’ai de loin préférer l’histoire de Levine et Kitty, un amour pas si simple au début mais qui se renforce au fil des pages.

Anna et Wronsky sont passionnés, exigeant, la tragédie est dans le début dans leur relation : car la société russe ne peut accepter ce genre de comportement surtout quand c’est la femme qui trompe son mari et non l’inverse. On voit bien là l’esprit patriarcal qui régnait à cette époque.

Vraiment un superbe roman, une écriture qui je le pensais aurait été très recherchée et fastidieuse mais non c’est fluide et agréable à lire. On commence un chapitre, on veut le suivant aussitôt.

Les deux histoires sont typiques de l’époque. On assiste aussi au fonctionnement des institutions russes, des réunions et élections régionales, des aléas de l’agriculture, de la difficulté pour les progressistes de faire changer les mentalités séculaires dans les campagnes. Il faut dire que le servage a été aboli depuis peu.

Tout cela s’imbrique pour nous fournir un roman magnifique, le seul bémol que j’émettrais ce sont certains chapitres un peu ennuyeux sur les fonctionnements de l’agriculture, et les discours des uns et des autres lors de réunions régionales.

Je découvre vraiment Léon Tolstoï avec ce superbe roman. Je dois très prochainement lire La mort d’Ivan Illitch. Merci d’ailleurs à Fifrildi de m’avoir choisi ce dernier pour un défi que nous nous sommes lancées. Merci aussi pour ce bel accompagnement et nos discussions autour de ce monument de la littérature russe. Qui sait un jour je me lancerai dans Guerre et Paix un autre monument de la bibliographie de Tolstoï.
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Le bonheur conjugal (Katia)

De Tolstoï, il y a quelques nouvelles très connues et d’autres bien moins. Celle-là, je n’en avais jamais entendu parler. C’est une œuvre de jeunesse, rédigée en 1859, alors qu’il voyageait à travers l’Europe et ne faisait que caresser l’idée de fonder un foyer. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait déjà une idée précise de ce qu’il voulait chez sa future femme, de ce qu’il ne voulait pas et de ce qu’il craignait.



Ce texte, c’est en quelque sorte l’antithèse de sa plus célèbre nouvelle sur le mariage. Dans ‘La sonate à Kreuzer’, le couple est en apparence assorti, ils partagent les mêmes goûts, et la femme finit par succomber aux charmes de son professeur de piano italien, et au couteau de son mari. Dans ‘Katia’, les deux ont vingt ans d’écart ; il n’aime que la campagne et les plaisirs simples, elle se découvre une passion pour la ville et la vie mondaine… Mais in fine elle ne tombe pas dans les bras de son vicomte italien, et tout finit bien : les époux se retrouvent, et reconstruisent une relation stable basée sur une meilleure connaissance mutuelle.



Le mariage était visiblement l’une des grandes préoccupations de Tolstoï ; s’il n’envisageait pas de vivre sans fonder de famille, l’incompréhension mutuelle avait l’air d’être sa principale peur. Que faire si le fil du dialogue, ce fil qui semblait si solide, se brise subitement ? Comment le reconstruire, dans une société qui ignore la notion de divorce ou de séparation ? Et si on n'y parvient pas, comment continuer à vivre côte à côte ? Il ne trouva probablement pas lui-même les réponses à ces questions…
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Maître et Serviteur

Dans le froid intense d'une tempête de neige, un maître et son serviteur se rendent dans une ville voisine pour conclure une affaire. Face aux éléments déchaînés, le bon sens voudrait qu'ils fassent demi-tour, c'est ce que pense Nikita face à l'obstination de son maître. Mais la cupidité de celui-ci est supérieure à son instinct de survie. Ils vont se perdre et le serviteur ne pourra sauver son maître.

Une nouvelle admirable, glaçante et... morale.
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La Sonate à Kreutzer

Alors là, si je m'attendais à ça ! Et pourtant, je ne devrais pas être surprise quand on connait les opinions du père littéraire d'Anna Karénine.



"La sonate à Kreutzer" est une oeuvre que je ne connaissais que de nom et je pensais qu'à travers ce roman, il me serait une nouvelle fois offert de vivre l'extraordinaire dimension russe de la littérature par le spectacle intime, comme c'est souvent le cas, d'une vie de famille ou de la relation d'un couple. Mais s'il est bien question en effet des rapports matrimoniaux d'un couple, on est très loin du roman.



"La sonate à Kreutzer" est un texte incisif et accusateur, particulièrement cru pour l'époque, et que je considère non pas comme un roman mais comme un manifeste social. Certains chapitres s'apparentent à des sentences et sentent le brûlot et le pamphlet. Une fois revenue de ma surprise, comme j'ai admiré le courage et la verve de l'auteur, comme j'ai apprécié ses réflexions et ses analyses exprimées à travers la bouche de son narrateur.



Il y a du féminisme et du nihilisme dans cette oeuvre qui a dû déranger beaucoup de monde. La place de la femme, de sa puberté à sa qualité d'épouse, en passant par son statut de mère, est décrite avec modernité, et avec une justesse qui frôle le cynisme.



Complètement improbable ; totalement remarquable.





Challenge Globe-trotter

Challenge XIXème siècle 2018

Challenge des 50 Objets 2018 - 2019
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La Mort d'Ivan Ilitch - Maître et Serviteur

Dans La mort d'Ivan Ilitch, suivie de Maître et serviteur, Tolstoï traite des questionnements sur sa vie, sur ce qu'elle fut et sur ce qu'elle aurait pu (dû?) être, au moment où la mort vient arracher ses personnages à la vie.



Dans la première, Ivan Ilitch s'est acharné toute son existence à être en conformité avec la bien-pensance des gens socialement supérieurs. Ainsi son mariage, sa carrière, jusqu'à la décoration de son appartement. Son désir de conformité l'amène à se confire dans le conformisme. Sa femme l'ennuie, il fuit le plus possible la demeure familiale, s'adonnant à ses dossiers en cours et aux parties de whist avec des collègues. Rien ne dépasse, la façade reste belle, lisse. Conforme.

Une douleur qui s'envenime et l'entraîne vers une terrible agonie suscite également d'atroces souffrances morales et l'angoisse ne le lâche plus. Jusqu'a ce qu'il comprenne le néant de sa vie. Qu'a-t-il fait? Quels sont les instants de bonheur? Où est la sincérité? Il ne voit que du vide.

Son agonie fait tomber les oeillères qu'il s'est efforcé de maintenir. Il constate tant hypocrisie autour de lui, sa femme, ses médecins. Le corps médical en prend pour son grade sous la plume de Tolstoï, en particulier les célébrités de la haute société. Rein flottant, appendicite... ça discute et diagnostique à tout va mais aucun n'écoute Ivan Ilitch. Trop occupés à s'écouter eux-mêmes très certainement... Il en existe encore aujourd'hui de ces spécimens.



Maître et serviteur reprend en quelque sorte la partition avec des instruments différents. Riche propriétaire terrien, Andreitch Brekhounov cherche à amasser toujours plus de richesses. Il n'hésite pas pour cela à aller jusqu'à arnaquer son serviteur, le brave Nikolaï. Outre enflée de sa propre importance, il décide au début de l'histoire de partir négocier un bois dans un village distant de quelques verstes. Début décembre, la neige et les journées qui s'amenuisent, rien ne le retient tellement il craint de ne pouvoir emporter le morceau à un prix sous-évalué. Les voilà donc partis en traîneau. Tel qu'il est, il ne saurait se tromper. Pourquoi perdre du temps sur un chemin plus long mais bien jalonné quand on peut prendre un raccourci. Sauf que la neige se moque bien de la vanité des hommes. De péripéties en péripéties, le tandem se retrouve en perdition au milieu de nulle part, de nuit, dans une tempête. La mort est tout près en de telles circonstances. Si Nikolaï, bonhomme de peu et qui estime donc n'avoir rien à perdre, se résigne, il n'en va bien sûr pas de même pour Andreitch. Cette nuit tempêtueuse agit pourtant comme la longue agonie d'Ivan Ilitch.

Placé à la dernière extrémité, force est - certainement - de regarder la réalité telle qu'elle est et de se devêtir de tout le superflu pour ne garder que l'essentiel et les vrais bonheurs d'une vie. Ces deux récits sont très poignants à plus d'un titre. C'est surtout la détresse de ces hommes se croyant tout-puissants et qui se retrouvent démunis de joie véritable de toute leur existence.



Maître Tolstoï donne ici à réfléchir sur la condition humaine et sur les principes et philosophie guidant la vie de tout un chacun.

Il le fait dans une langue merveilleusement ciselée, ajoutant ce qu'il faut d'ironie pour montrer les hommes tels qu'ils peuvent se montrer. Les premières pages de La mort d'Ivan Ilitch sont un vrai régal en la matière, comme la rouerie d'Andreitch. A lire sans modération pour le plaisir et pour la leçon à en tirer.
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Lettres à sa femme

Ils se sont écrit toute leur vie, pour des choses toutes simples: parler des enfants, de leurs petites maladies, parler des problèmes divers d'intendance...

Ils s'adoraient et pourtant, leur couple était loin d'être parfait: elle quémandait un peu plus d'amour de la part de son mari, et lui réclamait une élévation spirituelle.



Ce mélange d'adoration de répulsion était très complexe et ressort au fil des lettres. on y voit un Tolstoï tourmenté par la jalousie et demandant instamment à Sofia sa femme de cesser sa relation avec Tanéïev.



On voit aussi Tolstoï excédé par sa vie de couple, mais qui hésite à partir pour ne pas peiner sa femme.

Ils étaient très complémentaires: Sofia recopiait ses textes, corrigeait les épreuves. Elle s'occupait des cordons de la bourse et restait malgré tout très mondaine, soucieuse de tenir son rang de comtesse Tolstoï, alors que lui, préférait la vie champêtre de Iasnaïa Poliana, au milieu de la nature.



C'était un véritable paradoxe que leur couple; un couple fusionnel mais devant affronter des séparations fréquentes dues à des raisons matérielles diverses.



Un très beau recueil où figurent quelques unes des plus belles lettres, parmi les 839 lettres que Tolstoï a écrites à sa femme.
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La Guerre et la Paix, tome 1

La littérature classique est morte. Vive la littérature classique !



Certes vous ne la retrouverez pas au sommet des ventes littéraires à frotter ses pages contre celles des derniers auteurs à succès. Non. Elle sait se faire discrète. Il vous faudra enjamber un labyrinthe de livres aux couleurs criardes et vous retrouver au fond de la librairie, le yeux rivés sur l'étagère, où s'aligne une rangée de textes plus connus les uns que les autres. Cela fait belle lurette que leurs auteurs ont mis la clé sous la porte et repose entre six planches (dans le meilleur des cas) mais leurs classiques continuent de balayer les modes et les époques afin de se retrouver dans notre mémoire collective. Il suffit de demander au premier clampin venu ce que lui évoque “les fleurs du mal”, et il y a de grandes chances qu'il vous réponde, Ô Miracle, qu'il s'agisse d'un livre. Mieux, il se pourrait qu'il vous dise, Ô Exploit, que cela parle de poésie. Et si vous avez affaire à un génie, alors il vous crachera le nom de l'auteur en plein visage. Telle est la force évocatrice des classiques. Ils laissent une trace, aussi infime soit-elle, dans l'esprit de personnes qui n'ouvrent jamais un livre.



La Guerre et la Paix est un de ces monuments de la littérature qui n'échappe pas à sa réputation. Rien que la taille du roman, plus de mille cinq cents pages, a le pouvoir d'effrayer plus d'un lecteur qui poserait le regard sur cette brique. Veuillez prévoir un treuil pour tourner les pages (ou une carte mémoire supplémentaire pour votre liseuse). le titre fait aussi partie de la notoriété du livre, La Guerre et la paix. Est-ce une réponse à une question bête dans un concours de Miss? Quel manichéisme en tout cas ! L'auteur a la barbe blanche aurait pu trouver un titre plus vendeur.



Trêve d'ironie. Si il y a un peu de vrai dans ce qui précède, l'intérêt principal du roman de Tolstoï se trouve en dehors de ces préjugés éculés et je vous propose une courte immersion dans ce classique de la littérature russe. Analyse.



La Guerre et la Paix est, en premier lieu, une esquisse de roman publié entre 1865 et 1866 sous forme d'un feuilleton dans le périodique “Le Messager russe” (Русский вестник). le nom même du roman n'était pas encore celui que l'on connaît puisque le titre de cet ensemble de textes était sobrement intitulé L'année 1805. A cette époque, il était de bon ton de publier les oeuvres littéraires dans des revues spécialisées avant de les éditer individuellement. Et c'est ce que Tolstoï fit. Par le suite, il n'aura de cesse de réviser son roman, toujours bien aidé par une Sophie Tolstoï qui jouait le rôle de secrétaire copiste … voire peut-être plus. Au total, l'auteur russe aura publié six versions de la Guerre et la Paix. Et il est sans doute un des livres les plus connus dans le monde.



L'histoire est celle d'une poignée d'aristocrates russes du XIXème siècle qui partagent leur vie entre Saint-Pétersbourg et Moscou. Certains administrent leur domaine, d'autres sont des plus oisifs tandis que quelques-uns se préparent à la guerre. Car c'est bien l'affrontement entre l'Empire russe et son ami-ennemi français qui viendra dynamiter l'existence bien rangée de tout ce petit monde.



“ le salon d'Anna Pavlovna commençait à se remplir quelque peu. La haute noblesse de Pétersbourg était venue, des gens très disparates par leur âge et leur caractère, mais semblable par la société dans laquelle ils vivaient tous : le comte Z. était là, un diplomate couvert de médailles et de décorations de toutes les cours étrangères, ainsi que la princesse L., beauté fanée, épouse d'un ambassadeur […] ainsi que la fille du prince Vassili, la belle Hélène, qui était passée chercher son père afin de se rendre en sa compagnie au raout du ministre d'Angleterre. Elle était vêtue de sa robe de bal ornée du chiffre de Sa Majesté l'impératrice. Était arrivée également la jeune et petit princesse Bolkonskaïa, qui avait la réputation d'être la femme la plus séduisante de Pétersbourg : elle s'était mariée l'hiver dernier et ne sortait plus dans le grande monde désormais à cause de sa grossesse, mais elle se rendait encore aux petites soirées. ” (2)



Le roman de Tolstoï est une épopée qui fait la part belle à quatre familles principales: les Bolkonski, Rostov, Kouraguine et Bezoukhov. Tel un maître d'orchestre, l'auteur russe met en relation ces personnages qui n'échapperont ni aux succès ni aux déboires de la vie. Malgré leur condition aisée, ils se feront toujours rattraper par la logique tragique et implacable de la vie. Comme le veut le dicton populaire … toutes les bonnes choses ont une fin.



Et puis, sans crier gare, nous voilà immergée au coeur dans la bataille d'Austerlitz. Les boulets de canons sifflent au dessus des têtes et ont remplacé les circonvolutions de ces familles aristocrates russes. Fini les robes de bal et les petits problèmes du quotidien. Certains membres de ces familles se retrouvent au front, les pieds dans la neige boueuse. Léon Tolstoï nous fait vivre crescendo les différentes batailles qui mèneront Napoléon Bonaparte à Moscou avant sa fameuse retraite. Les descriptions vacillent entre pure fiction et véracité historique pour le plus grand plaisir de nos yeux de lecteurs puisque l'on se retrouve au milieu des champs de bataille qui ont marqué l'Europe, et plus particulièrement la France.



“ Des cosaques, s'amusant comme de joyeux drilles, voulurent se moquer des ordonnances qui dormaient dans les chariots, et crièrent: “Les Français!”, puis ils galopèrent plus loin. le cri “Les Français”, telle une boule de neige de plus en plus grosse, parcourut la colonne : tout le monde se précipita en s'écrasant et en se dépassant, et on entendit même des déflagrations et le feu roulant de l'infanterie, qui ne savait elle-même contre qui elle tirait. Ce n'est guère qu'au bout d'un quart d'heure que les officiers qui commandaient le mouvement des troupes purent faire cesser cette pagaille qui coûta la vie à plusieurs hommes qui furent écrasés et à un soldat qui fut atteint par une balle. (3) “



L'originalité de cette partie du roman est d'être baigné dans le camp des russes lors des guerres napoléoniennes. On se surprend à voir comment Napoléon était vu autant comme un ennemi de la nation russe mais aussi comme un génie de la stratégie reconnu de tous. le succès de la Guerre et la Paix réside notamment aussi dans le fait que Tolstoï a intégré des personnages historiques comme Bonaparte, le tsar Alexandre ou le général Koutouzov, en les mélangeant à ses personnages fictifs … sans pour autant réécrire l'Histoire.





Épistolaire, romanesque, philosophique, historique, guerrier, … Il est difficile d'énumérer la multitude d'adjectifs que l'on pourrait attribuer au livre de Tolstoï tellement le chantier est vaste. L'auteur russe fut le premier à écrire ce que l'on nomme maintenant un roman total. Son style et sa manière de nous conter une histoire, en faisant intervenir plusieurs éléments totalement différents les uns des autres, ont modifié la manière d'écrire de toute une génération d'auteurs qui lui ont succédé. A ce titre, si l'on place La Guerre et la paix sur la ligne du temps mondiale, il apparaît clairement qu'il est impossible de le rattacher à un style littéraire particulier. Est-ce du romantisme, du réalisme, du symbolisme?



Non, c'est du Tolstoï !



Enfin, il y a aussi le titre du livre tellement simple et manichéen qu'il en finirait par en être déroutant. Et si la guerre et la paix n'était que l'avers et le revers d'une même médaille tel un être humain qui se situe entre la vie et la mort, capable d'éprouver tantôt de l'amour tantôt de la haine, composé d'une part de féminin et de masculin. Qu'il soit tel un équilibriste, toujours sur le fil, cherchant à garder son équilibre afin de ne pas chuter. 😉
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Un musicien déchu

Un musicien déchu est une nouvelle qui raconte l'histoire d'un violoniste qui a touché le fond. Elle est basée sur une la rencontre de Tolstoï avec un violoniste allemand.



Touché par son talent, un certain Délessov décide de lui venir en aide mais cela semble impossible... La détresse d'Albert ne laisse pas indifférent.



C'est beau ce que Tolstoï écrit sur la musique même si le son d'un violon m'emporte moins que celui d'un violoncelle.



"La musique n'agit ni sur l'esprit, ni sur l'imagination. Pendant que j’écoute de la musique, je ne pense à rien et je n’imagine rien, mais un sentiment délicieux emplit à ce point mon âme que je perds conscience de mon existence..."





Challenge SOLIDAIRE 2019 - Des classiques contre l'illettrisme
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Le Diable

Une petite nouvelle pour découvrir Léon Tolstoï. J'aime bien la plume même si elle ne me touche pas plus que cela toutefois, j'ai bien apprécié la teneur de la nouvelle, la puissance du désir, de l'envie. Placée uniquement du côté du narrateur, propriétaire terrien qui ne roule pas sur l'or et s'éprend, malgré lui, d'une paysanne mariée vivant sur ses terres, j'ai regretté de n'avoir pas plus d'informations sur le ressenti de cette femme, paysanne qui semble appréciée les rencontres avec cet homme, comme un divertissement. Tout se complique lorsque lui-même se marie et refuse de céder à son désir qui le taraude, d'autant plus qu'il est heureux en couple.
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Anna Karénine

Quand je pense à Anna Karénine , lu et relu, c'est d'abord l'image d'un train qui s'impose à ma mémoire. le train du début du récit, prémonitoire, et celui, fatal, de la fin.



Le train comme une image de la destinee.



Entre ces deux trains, des aiguillages qui se croisent: au gré des croisements, les trois couples du recit se font et se defont. Stepan, mari volage et Daria, son épouse fidèle, à la fois révoltée et résignée, Kitty, une adorable petite sotte et Levine, un philosophe éclairé mais maladroit, Karenine, un "politique" mûr , responsable et Anna, enfin, épouse révérée et mère tendre, qui va tout quitter, pourtant, dignité, respect, notabilité, repos parce qu'elle a du mal à renoncer aux fièvres de sa jeunesse et aux épices de la passion.



Pivot de cette valse des aiguillages, enfin, Vronski, célibataire brillant de tous les feux de la séduction, convoité par Kitty et qui va succomber au charme de la belle Anna.



Pour leur bonheur, pour leur malheur. Pour notre plus douloureux plaisir.



Quelques silhouettes très tchekhoviennes: le frère de Levine, écrivain aigri, alcoolique et éternel phtisique, vrai tyran domestique, presque une caricature , assorti de sa "gouvernante- maîtresse" qui subit patiemment ses caprices de vieux bébé acariâtre.



Et une passionnante projection autobiographique de Tolstoï dans le personnage de Levine, aristocrate éclairé, qui dispense éducation et terres à ses moujiks misérables, comme l'écrivain lui-même.



Mais surtout, sur les quais de la fatalité, il y a Anna. "Anna Karénine, écrit Tolstoï, ressemble à la lueur d'un incendie au milieu d'une nuit sombre. "



Pleine de feux qui ne demandent qu'une étincelle pour se rallumer, toute vibrante de cette soif de vivre que réveille son arrivée dans la capitale, Anna semble résumée par cette seule réplique :"Les bals où on s'amuse n'existent plus pour moi."



Pour retrouver ce plaisir là, elle est prête à tous les autodafés... quitte à brûler toute vive, elle-même.



Vronski sera l' étincelle de cet incendie.



Mais comme elle n'a pas le bon sens résigné ďe Dolly-Daria, sa belle-soeur, ni l'insouciance versatile de Kitty, Anna plonge tout entière dans la passion. Sans concession, sans regrets, presque sans remords, comme on se jette au feu.



Un grand roman, haletant, foisonnant, vibrant. Russissime!



Et une héroïne d'une incroyable liberté. Anna me paraît être la première héroïne moderne du xix.

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Une âme simple (Alexis le pot)

Une âme simple est une courte nouvelle écrite en 1905 mais qui n'est parue qu'après la mort de Tolstoï. Elle est aussi intitulée Alexis le pot. On peut la lire ou l'écouter facilement en ligne. C'est une nouvelle naturaliste merveilleusement contée qui vous déchire le cœur.

Aliocha est un pauvre petit paysan maigre et flanqué d'oreilles dressées comme un chien. un jour il a cassé le pot de lait que sa mère destinait au diacre. Depuis tout le monde l'appelle le pot. Les gamins se moquent de lui mais il ne leur répond pas . Il ne va pas à l'école. il garde les vaches, puis les chevaux, puis il laboure. il ne se plaint jamais et sourit tout le temps. Son père le cède contre de maigres apointements à un négociant .en vantant sa vaillance et sa passivité quand on le réprimande...

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La mort d'Ivan Ilitch

Le premier récit court de Tolstoï qu'il m'ait été donné de lire, suite à d'excellentes critiques appréciées il y a quelque temps sur Babelio.

J'essaie de mettre par ce bref commentaire sur ce site mon ressenti sur cette extraordinaire expérience..



Un livre que j'ai lu « fiévreusement » en une soirée.

Certes ce récit est bien plus court que Guerre et Paix ou Anna Karenine, mais, malgré sa brièveté, quelle qualité...et quel choc!



Jamais, je trouve, la descente inéluctable vers la mort n'a été décrite avec autant de force et de lucidité.

Le début insidieux des symptômes, la souffrance physique devenue insoutenable, la déchéance du corps, la terrible solitude du malade et du mourant, l'indifférence de la plupart des proches, famille, amis, collègues, la compassion et la sollicitude du domestique, le seul (avec le jeune fils) à porter une attention sincère à Ivan Ilitch, et enfin, l'acceptation résignée de la Mort, tout cela est saisissant.



Tolstoï nous décrit au préalable la vie pas très heureuse d'Ivan Ilitch, enfin, il faut bien le dire, de ce qu'est bien souvent une vie d'être humain. Et alors que sa condition matérielle et sa vie maritale s'améliorent un peu, le voilà confronté, d'abord sans y croire, à la survenue traîtresse de la maladie.

Chez cet homme de loi, conseiller à la cour d'appel, et habitué à rendre des jugements au tribunal, c'est vécu comme une sentence, une sanction pénale : qu'ai-je fait pour mériter ça?pourquoi moi?



Le récit est construit de façon très originale puisqu'il débute par la description des obsèques et des réflexions sans compassion, mais c'est souvent ainsi, d'un de ses collègues de travail.



Une merveille à lire et relire....et à méditer.
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Anna Karénine

A travers le destin d'un quatuor de la noblesse russe, Tolstoï dresse un portrait brillant de la Russie du 19e siècle. Avec des personnages travaillés, des réflexions poussées sur le sens de la vie, les contraintes sociales, la religion, l'amour, le devoir etc., il réussit à rendre un pavé de 850 pages dynamique et envoutant. de plus, ses traits d'esprits et la construction réaliste de son récit sont admirables.



Sentimentalement, le couple Anna/Vronski ne m'a pas touché. Ce n'est pas le cas de Levine et Kitty pour qui j'ai ressenti un réel attendrissement. Pour autant, chaque péripétie, chaque émotion, a été vécue avec avidité. Transportée par la prose de Léon Tolstoï, il me semble que ce n'est que le début d'une longue histoire entre nous.
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Anna Karénine

Ce triptyque conjugal mis en scène par le Maître TolstoÏ est une oeuvre d'art. Il fallait cette main, cette plume pour entrer avec une telle force, un telle précision dans le coeur des hommes. L'amour n'est pas contentement, il n'est pas plus béatitude. Il n'est que questionnement, cheminement, choix, renoncement, combat, révolte, consentement, soumission, abnégation, raz de marée, pulsions, attente,. L'amour peut il être heureux? Peut il exister sans l'appui du bien?Peut on aimer sans savoir ce que le Vivre signifie exactement ? Voilà ce que le Maître pose sur la table. Voilà la question qu'il nous pose. L'étude des moeurs est évidement remarquable. Le Maître connaît son sujet, sa palette, il maîtrise ombres, angles, perspectives, lumières. Un roman profondément humain.



Astrid SHRIQUI GARAIN
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Anna Karénine, Tome 2

C'était donc avec enthousiasme que je m'attaquais à ce tome 2.

Cela commençait bien, avec Levine et Kitty pour qui, je l'avoue, j'ai une petite faiblesse de coeur, Levine étant mon personnage préféré dans tous ceux que j'ai croisés ici, criant de la vérité autobiographique de Tolstoï, forcément...



Cependant, au fur et à mesure que j'avançais, j'ai eu de plus en plus de mal à reprendre ce livre... En fait, tous les passages avec Anna et Vronski ont commencé à m'agacer sérieusement, j'ai trouvé Anna de plus en plus désagréable et incohérente. Je sais, c'est pas la réaction la plus évidente (j'ai vu passer pas mal d'empathie et de compréhension pour elle, mais moi j'ai juste eu envie de lui fiche des baffes pendant tout le second tome), mais c'est la mienne. J'ai davantage compris les réactions de Vronski face à son délire, j'ai donc eu plus de compassion pour lui que pour elle... Ce qui est plus ou moins le monde à l'envers, vu qu'au départ, Anna, éprise de vérité et de liberté, me plaisait vraiment beaucoup, et que je trouvais Vronski superficiel et antipathique.



Je sais pourquoi, hein. C'est pas un secret. J'ai un vécu difficile face au chantage au suicide et à la souffrance et au chantage à l'amour, "si tu m'aimais tu serais..." qui fait que... Merci papa merci maman... La liberté, ça vaut pour tout le monde, et pas que pour soi, madame Karénine "je vois que mon nombril". C'est pas parce qu'on a souffert et qu'on souffre que ça nous donne tous les droits, non mais... C'est un bouquin qui parle aux tripes, hein ! ;-)



Du coup, j'ai pas mal galéré sur ce second tome.

Jusqu'à ce que je réalise (à partir des 3/4 du tome) que c'était voulu par Tolstoï. Non mais quel talent !!!



Pour finir, le personnage principal de ce roman, c'est l'aristocratie russe, la société russe que nous décrit Tolstoï avec tant de brio... Anna n'en est qu'une infime poussière qui cristallise tout ce qu'elle a de dramatique et de faux, de "paraître", en étant elle-même un archétype des contradictions, voire de la folie que peut engendrer la vie dans de telles conditions. Une simple poussière balayée par le vent, comme en témoignent les derniers chapitres, qui m'ont été un vrai pensum à lire, sisi, mais je tenais à aller jusqu'au bout, j'allais pas m'arrêter à quelques pages du mot "Fin" !



Bref, malgré mes difficultés, je ne peux que saluer l'immense talent de Tolstoï, ressentir tant d'émotions diverses intenses quand on lit un livre, ce n'est pas si courant.

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