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Critiques de Léon Tolstoï (1432)
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Anna Karénine

Plus que le roman de l'adultère, ce roman est un traité des moeurs russes de la fin de du 19ème.



Le coeur du sujet se passe dans l'aristocratie moscovite et petersbourgeoise.

Outre les romances plus ou moins tragiques, sont abordés les thèmes de la politique, de l'avenir de la Russie à travers l'industrialisation qu'elle aborde plus difficilement que l'Europe compte tenu de son étendue, de la religion traitée ici surtout d'un point de vue philosophique.



Ce pavé emplit du talent littéraire de son auteur se lit avec aisance car il est construit de petits chapitres.

Pour autant, la portée de certaines réflexions amène le lecteur à s'interroger également sur le " sens de la vie" car nombreuses idées développées sont temporelles et universelles.



Un vrai bijou de la littérature.



Ma première expérience en littérature russe qui me donne envie de poursuivre de façon approfondie
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Philipok

Une toute petite histoire, simple et joliment illustrée.

Un village sous la neige en Russie.

Un petit garçon nommé Philipok , échappe à la surveillance de sa grand-mère pour se rendre à l'école. Il est très fier de savoir déjà un peu lire et a hâte d'en apprendre davantage. Le maitre l'accepte dans sa classe bien qu'il soit encore petit.

J'ai vraiment adoré les illustrations, qui nous transportent dans un autre temps, dans un autre lieu.

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La mort d'Ivan Ilitch

Ivan Illitch mène une vie bien rangée . Sa vie suit le cours des plaisirs et des convenances, en conformité avec la bonne société russe de son époque.

" Une existence uniforme et régulière,dans le meilleur des mondes possibles."



Sa vie professionnelle est un succès, sa vie familiale et affective beaucoup moins, mais ça ne l'affecte pas beaucoup, cela n'est pas sa priorité.



Alors qu'il vient de recevoir une nouvelle mutation, avec le confort matériel qu'elle implique , et donc la paix revenue dans le ménage, la maladie va s'immiscer dans sa vie.



Il va se retrouver seul face à sa douleur, à l'angoisse de la mort. Personne n'est là pour le consoler, apaiser sa peine. Sa femme va se montrer odieuse et détestable. Elle va souhaiter sa mort et le haïr en même temps , car elle sait que cette mort ne la sauvera pas, car alors elle ne bénéficierait plus de son traitement. Tout ce qui l'importe c'est son confort matériel.



La seule consolation qu'il trouvera ce sera dans les bons soins prodigués par son serviteur, Guérassime. Celui-ci, homme du peuple, n'ayant pas la même éducation, et peut-être aussi obéissant à son maitre, va se montrer compatissant. Il sera le seul à reconnaitre la maladie d'Ivan et sa gravité. Tous les autres sont dans le déni, le mensonge, ils ne lui accordent même pas cette vérité, car alors il faudrait le consoler.



Pour ses collègues et "amis", ce changement sera aussi pour eux une gêne.

Ils ont tous hâte qu'il débarrasse le plancher. Ils ne verront d'ailleurs dans sa mort que l'opportunité de nouvelles mutations et aussi la chance qu'ils ont que ce ne soit pas leur tour.



Sa vie est donc empoisonnée et elle empoisonne celle des autres. Il ne lui reste qu'à mourir pour échapper à cette douleur qui ne le quitte pas , qui s'est accaparée de sa vie. Il se voit mourir mais il ne se fait pas à cette idée, pour lui aussi la mort c'est pour les autres.



Devant l'inéluctable, il va faire un bilan de sa vie. Il se rendra compte alors que les seules vraies joies dont il se souvient sont celles de sa prime enfance.Tout le reste est factice, de la pacotille.Il pensera alors:

"Au fur et à mesure que pour l'opinion publique je semblais gravir la pente, la vie s'échappait de moi..."

" Comme si je descendais régulièrement la pente tout en m'imaginant que je la gravissais."



C'est donc un portrait sans complaisance que nous dresse là l'auteur, de la société russe de son époque. La vie d'Ivan ne vaut finalement rien , face à l'indifférence effroyable de son entourage vis à vie de sa souffrance et de son agonie. Qu'est-ce-que la vie d'un homme si elle n'est même pas regrettée et pire encore si elle est souhaitée. Sans doute Ivan aurait- il agit de la même façon si cela était arrivé à un autre que lui, il vit dans le même monde, celui de l’égoïsme . Il est aussi antipathique que les autres .

Texte sombre et sans espoir, dans laquelle on reconnait bien la plume de l'auteur, brutale et sans complaisance.





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La Sonate à Kreutzer

Très émouvant, poignant, cru... mais autour des mots violents et des pensées radicales, le fantôme de la sonate m'a fait lire le livre avec passion ...



Le narrateur est en train de voyager dans un train où éclate une discussion sur le mariage. Certains approuvent l'idée de se marier, d'autres par contre la repoussent de même que notre narrateur. A côté, un homme est sensible à ce sujet, il retient sa langue avec pression. Cet homme, c'est Pozdnychev, il se sent torturé, persécuté par son égo. Il finit par parler à notre narrateur et c'est le début de tout un torrent de paroles qui vont illustrer une histoire tragique de couple...



Une histoire où le mariage est au départ comme d'habitude une joie pour ceux qui s'y engagent. Mais plus le temps passe, plus la joie s’atrophie laissant place à des nombreuses découvertes entre les mariés, le plus souvent des découvertes surprenantes, puis arrivent des frustrations. On tombe dans l'ennui, les inquiétudes perpétuelles, les cris de cœur où une solution parfois s'avère une urgence: tomber dans l'adultère ou simplement divorcer. C'est à ce niveau que le récit de Pozdnychev prend sa tournure car pour adultère, celui-ci a tué sa femme...

Un livre que j'ai beaucoup aimé! Je l'ai lu au rythme du récit qui lui même s'accroche à l'état d'esprit du personnage Pozdnychev,!

A lire évidemment!!!
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La mort d'Ivan Ilitch

La mort d’Ivan Ilitch raconte sa progression de la vie à la mort. Fils de fonctionnaire devenu à son tour fonctionnaire puis juge, vivant dans une relative opulence, marié à une femme de moins en moins agréable, ayant deux enfants vivants, Ivan Ilitch va tomber malade, avec des maux diffus de l’appareil digestif, sans doute en lien avec une chute, et finira par en mourir.



J’ai lu cette nouvelle en même temps qu’un essai intitulé Croire sur les pouvoirs de la littérature de Justine Augier, qui a sans doute influer sur ma manière d’appréhender le texte de Léon Tolstoï. J’ai notamment retenu de l’essai que les livres naissent au point de frottement entre l’intime, l’autre et l’universel et je trouve que La mort d’Ivan Ilitch illustre parfaitement cette analyse.



A l’aube de la mort, Ivan Ilitch se pose la question universelle du sens de sa vie et fait le constat désespérant que « C’est toute ma vie, ma vie consciente, qui n’était pas ce qu’elle aurait dû être ». Il est rejeté de ses proches, les autres, qui continuent leur vie « Elle voulait cacher ce que tous éprouvaient, mais ses paroles la trahirent – Alors, si on veut y aller, il est temps ». Et, dans son intimité, « Il pleurait sur son impuissance, sur son affreuse solitude, sur la cruauté des gens, sur la cruauté de Dieu, sur l’absence de Dieu ».



Ce court texte, en moins de cent pages, développe parfaitement les trois aspects. A mon sens, comme souvent dans les « classiques », peu de mots suffisent pour exprimer beaucoup. Sur la réflexion sur le sens de la vie qui aurait dû être plus intensément et différemment vécue, je continuerai à préférer Le désert des Tartares de Dino Buzzati (qui reste sur mon île déserte). Sur le détachement face au malade, allant progressivement au dédain, je conserverai en première place la métaphore de la métamorphose de Franz Kafka. En revanche, sur la description du poison de la maladie, du mensonge connu mais nécessaire, des souffrances physiques et morales, de la solitude de fin de vie, cette première lecture de Léon Tolstoï m’a donné envie d’aller plus loin. Il transmet un texte intemporel qui décortique cette phase dans ses moindres détails.



Ce texte est poignant, mais peut aussi être très éprouvant pour ceux qui seraient en phase de deuil.



Cette découverte a été faite dans le cadre d’une lecture commune. Un grand merci aux participants (avec une mention spéciale pour Sandrine qui avait proposé cette nouvelle) !



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Le Diable

L’une des nombreuses nouvelles de Tolstoï consacrées à son sujet fétiche : la vie maritale. Décidément cela avait l’air de l’obséder, surtout vers la fin de sa vie. En même temps, sa relation avec son épouse avait l’air passablement compliquée. Mais ce texte-ci est surprenant à deux égards : il ne parle qu’indirectement de religion, et directement de sexualité. En général, chez Tolstoï, c’est plutôt l’inverse.



Eugène Ivanovitch Irténiev mène la vie oisive de jeune fils de famille à Saint Petersburg. Comme tous ses pareils, il a de l’argent de poche, une place dans l’armée et un arrangement avec une couturière qui lui sert de maitresse/courtisane/prostituée plus ou moins attitrée. Tout change le jour où son père meurt. Il décide de reprendre la gestion du domaine, découvre que celui-ci est grevé d’hypothèques, part vivre à la campagne, se lance dans le travail à corps perdu. Mais au bout de quelques mois, son célibat forcé commence à lui peser. Il conclut un nouvel arrangement avec une paysanne, Stepanida. Cela dure quelques temps, puis il rencontre une jeune fille de la noblesse, en tombe amoureux, l’épouse. Leur couple est heureux ; ils ont un enfant. Il aime sincèrement son épouse, celle-ci le place sur un piédestal. Mais un jour, il recroise cette paysanne qu’il avait totalement oubliée. Et il est pris pour elle d’un furieux, irrépressible désir…



De façon étonnante pour un écrivain dont certains personnages n’hésitent pas à se couper un doigt plutôt que de succomber à la tentation, il est donc ici question de frustration sexuelle. Le religieux entre très peu dans les sentiments d’Irténiev : recourir à des services sexuels tarifés ne lui cause aucune honte. Tous ses tourments viennent du fait qu’il est vraiment tombé amoureux de Stepanida, et que s’il donne libre cours à ses sentiments il ruinera la vie de sa femme, et par la même occasion celle de son enfant. L’histoire a donc quelque chose de curieusement moderne – en fait, on n’est pas très loin d’un scénario à la Woody Allen, avec quelques scrupules en plus pour le personnage principal masculin.
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Maître et Serviteur

Le surlendemain de la Saint-Nicolas 1870, Vassili Andréitch Brekhounov veut partir en traineau pour aller acheter un petit bois qu’il négociait depuis longtemps par crainte qu’il soit acquis par quelqu’un d’autre.



Malgré la neige qui tombe il fait atteler son traineau et à la demande de sa femme il se fait accompagner par son serviteur Nikita. La neige tombe de plus en plus et le vent se renforce. Les repères de la route deviennent invisibles et ils se perdent plusieurs fois. Après un arrêt dans un hameau où ils passaient pour la seconde fois, Vassili Andréitch refuse l’hospitalité proposée alors que la nuit était tombée.



Ils se perdent une fois de plus, le cheval est épuisé, Nikita est transi, ils vont passer la nuit sur place ! L’avidité et l’orgueil de Vassili vont le conduire à sa perte pendant qu’il énumère ses richesses et celles qu’il convoite. Nikita fait preuve de résignation, connaissant bien mieux la réalité de la nature et de la vie.



Tolstoï met en parallèle deux conditions bien définies dans son titre sans beaucoup de mots ni trop de longueurs. Il montre toutes les différences de pensée et de comportements. Hâbleur et fanfaron habitué à ce que rien ne lui résiste, le Maître croit qu’il sait et dirige leur duo. Nikita, dressé à obéir, obéit et finit par se résigner à leur sort sans révolte mais démontre qu'il est plus à même de comprendre ce qui se passe et de savoir se prémunir !



Un conte moral qui prête à réfléchir même si dans l’absolu les hommes en sont toujours au même point et que ça ne semble pas près de changer !



Jolie prose où l’on ressent le froid, la gifle glacée du vent, la peur d’être égaré et celle de mourir ! Courte histoire mais dans laquelle il est facile de se couler !



Challenge MULTI-DEFIS 2021

Challenge RIQUIQUIS 2021

Challenge XIXè SIECLE 2021
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Le royaume des cieux est en vous

Trois bonnes raisons de découvrir ce texte fort peu connu, correspondant à chacune des trois parties du livre :

Une préface très instructive sur Tolstoi (en tout cas dans laquelle moi j'ai beaucoup appris!), qui repositionne ce manifeste dans l'évolution de la pensée de l'auteur qui sur les trente dernières années de sa vie (quand même!) a délaissé la trame romanesque pour des écrits beaucoup plus politiques, quitte à risquer la risée et la censure.

Le texte en lui-même qui m'a fait découvrir un Tolstoi spirituel au sens le plus authentique du terme, buvant à la source même du christianisme avant sa pollution par le pouvoir et les églises, engagé politiquement dans son temps en même temps que grand penseur des contradictions des sociétés humaines, et donc pionnier de la résistance à la violence d'état par la non-violence - une posture dans laquelle j'étais bien loin de l'attendre.

Et enfin, une dernière partie émouvante dans laquelle on semble toucher l'Histoire de la main en parcourant ces lettres échangées par le jeune Gandhi d'alors avec le vieux maître russe qui l'aura fortement inspiré.

Utile et passionnant!
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La Sonate à Kreutzer

La révolution numérique, cette mise en réseau de milliards d'individus, aura modifié notre communication à coup de hashtags, likes, followers et autres buzz. Avec l'avènement des réseaux sociaux c'est notre égo qui s'est vu démultiplié au détriment de notre esprit critique. Comme aurait dit Léon Zitrone “Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi !” Ceci dit, ne crachons pas dans la soupe, Internet est un outil génial pour quiconque veut se faire le porte-voix d'une idée ou d'une opinion à condition de ne pas faire primer la forme sur le contenu.



Pourtant, si la Sonate à Kreutzer avait été publiée pour la première fois aujourd'hui, à l'ère du numérique, il y a fort à parier qu'elle aurait soulevé des débats houleux sur la possible misogynie qui la compose sans jamais aller voir plus loin dans le contenu et essayer de comprendre ce que cette nouvelle de Léon Tolstoï peut nous dire sur nous-même, notre rapport au couple ainsi que sur la place de la femme dans la société. Analyse.



Nous sommes en 1889, et dès le début de l'histoire, la vision du couple est au coeur d'un débat entre trois personnes dont une femme. Cette dernière a une version idéalisée de l'amour et semble coincée dans le carcan que la société de l'époque lui impose à son insu tandis que les hommes semblent plus au fait de ce qu'est réellement le couple. Cette dichotomie est accentuée par la misogynie d'un des hommes (le fameux Pozdnychev). Il prononcera, entre autre, une phrase lourde de sens, qui est pour moi une des clés de cette nouvelle de Léon Tolstoï:



“Que la femme craigne son mari !”



Cette parole est directement tirée de la religion chrétienne puisqu'il s'agit en fait d'une phrase de l'épître De Saint-Paul aux Ephésiens: “Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur.” Ainsi, puisque l'immense majorité des personnes est croyante en 1889, cette phrase agit tel un point Godwin qui clôt toute possibilité de débat sur l'émancipation réelle des femmes.



La place de la femme n'est pas le seul objet de cette nouvelle puisque le rapport à la sexualité est aussi passé à la moulinette religieuse. le personnage principal, Pozdnychev, veut passer de la débauche à la continence sexuelle sans jamais trouver le juste milieu. Est-il utile de rappeler que de vouloir passer à tout prix d'un extrême à l'autre, est le meilleur moyen de rester enfermé dans son problème? Et quoi de mieux que la religion pour jouer le rôle d'horizon indépassable dans cette problématique (sic):



“La passion sexuelle, quelle que soit la mise en scène qui l'entoure, est un mal, un mal horrible qu'il faut combattre, et non encourager comme on le fait chez nous. Lorsque l'Évangile dit qu'un homme qui regarde une femme avec convoitise s'est déjà livré avec elle à la fornication dans son coeur, il a en vue non seulement les femmes des autres, mais expressément, et surtout, la propre femme de cet homme.”



Au travers les mots de Pozdnychev, Tolstoï s'épanche sur sa vision de l'amour, du couple, des difficultés que cela engendre pour les deux partenaires, sur le conditionnement de l'être humain et de la place de la femme dans la société. Il est dommage que ses digressions intéressantes par leur thématique n'arrivent pas à s'affranchir d'une religiosité trop prégnante car certains propos – à contrario de ce que l'on vient de voir – sont toujours d'actualité. Je pense notamment à la critique acerbe qu'il émet sur l'émancipation des femmes via deux extraits:



“On parle de la liberté et des droits de la femme. C'est exactement comme si des anthropophages engraissaient des prisonniers pour les manger tout en assurant qu'ils s'inquiètent de leurs droits et de leur liberté.”



“Aujourd'hui, on s'émancipe, on lui accorde tous le droits de l'homme, mais on continue à la considérer comme un instrument de jouissance, on l'éduque dans ce sens dès l'enfance et par l'opinion publique. Aussi reste-t-elle une esclave, humiliée, pervertie, et l'homme reste un possesseur d'esclaves corrompu”



En lisant ces quelques lignes, comment ne pas faire le parallèle avec la place de la femme actuellement. Et spécifiquement à ces femmes qui pensent être libres parce qu'elles mettent des photos d'elles sur un réseau social tout en respectant, quasi à la lettre, ce que la société patriarcale veut d'elles: Cheveux lissés, sexy, à la dernière mode, mais jamais totalement satisfaite de leur corps, asservie aux diktats en vigueur. En dressant ce constat, faut-il préciser que ces femmes sont bien les victimes d'un système.



En conclusion, il me semble que la Sonate à Kreutzer de Tolstoï mérite d'être lue car elle nous apporte des éléments de réflexions supplémentaires quant aux rapports femmes-hommes mais aussi sur l'héritage qu'a laissé la religion dans nos sociétés au mieux athées. C'est sans doute cet héritage (soumission de la femme, détestation du corps, relation au sexe déséquilibrée, etc.) que nous continuons à trainer sans nécessairement nous en rendre compte.
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Sur la non-violence et le patriotisme

D'abord, je tiens à remercier les Editons de l'Herne ainsi que Masse Critique et Babelio de m'avoir offert ces carnets qui contiennent des textes inédits entre Léon Tolstoï et Gandhi. C'est une belle page d'histoire que je découvre.

Il y a plus de mille huit cents ans, le patriotisme,(qui vient du latin pater : le père) a été crée pour unir les peuples mais de nos jours, il s'est transformé en nationalisme. Tolstoï nous explique que le patriotisme et la paix sont incompatibles, il faut choisir.

Entre 1909 et 1910, une correspondance s'est échangée entre Tolstoï et Gandhi car ce dernier l'admirait et cherchait son appui pour faire connaître son combat au Transvaal (Afrique du Sud) à travers la non-violence ou Ahimsa. Son idéologie fera du chemin puisqu'il finira par obtenir l'indépendance de l'Inde.On y découvre deux hommes bienveillants et tolérants qui s'intéressent par-dessus tout au bien-être des hommes.

A la fin des carnets, Tolstoï évoque ses idées en répondant à deux autres lettres. Pour lui, c'est au peuple de choisir sa destinée mais pour ce faire il a besoin de bases quece soit à travers la religion, même si elle doit être modifiée, la morale ou la loi. Et il mentionne une loi universelle : L'homme ne doit pas faire à autrui ce qu'il ne voudrait pas qu'on lui fasse.

Au début du vingtième siècle, deux hommes de bonne volonté se sont consultés afin d'obtenir la paix et de changer de vielles idées obsolètes. Nous sommes au vingt-et-unième siècle et après deux guerres mondiales, nous cherchons toujours des solutions aux mêmes problèmes. Un livre comme celui-ci devrait être lu par tous et plus particulièrement les jeunes car le passé nous montre les erreurs à éviter. Et je finis en laissant la parole à un autre grand homme : Albert Einstein On ne peut pas résoudre un problème avec le même état de conscience qui l'a créé. Il faut apprendre à regarder le monde avec des yeux neufs.
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Sur la non-violence et le patriotisme

QUAND ON A QUE L'AMOUR...



Quel bel ouvrage que celui-ci qui nous délivre la voix d'un grand humaniste - romancier, nouvelliste, essayiste - dont l'oeuvre est trop souvent réduite, en France, à deux romans, même s'ils sont à juste titre célèbres : Anna Karénine et La Guerre et la Paix du russe Léon Tolstoï. Hélas, nous avons un peu oublié ce que fut cet esprit profond pour les belles-âmes de son époque ainsi que son influence sur les générations suivantes, lui qui professa sa vie durant son goût pour la non-violence, sa défense des plus humbles, sa défiance à l'égard de toutes les églises, les institutions telles l'armée, les idées comme le nationalisme pourtant triomphant vers la fin de sa vie, et qui préfigurait ce qu'il n'aurait cependant pas à connaitre puisqu'il décéda en 1910 à l'âge vénérable de 82 ans : la fameuse "Grande Guerre" qui vit l'Europe puis le monde entier se déchirer en bonne part pour les causes que le célèbre Comte russe décria avec tant de force.



Ce petit volume d'à peine quatre-vingt pages, gracieusement envoyé par L'Herne dans le cadre de l'opération MASSE CRITIQUE organisée par Babelio ce mois de février 2018, que nous tenons très amicalement à remercier ici, permet de découvrir judicieusement quelques uns des aspects singuliers de cette pensée qu'on a pu qualifier d'anarchisme mystique - la pensée christique est d'importance chez Tolstoï - et qui contribua à jeter les bases de l'action politique non-violente que l'on retrouvera plus particulièrement chez le Mahatma Gandhi ou plus tard encore chez le pasteur Martin Luther King ou chez Nelson Mandela.



C'est à travers quatre textes parfaitement inédits en français que la pensée de Tolstoï s'exprime, dans une langue précise et délicate mais dont les accents ne sont jamais ceux d'une quelconque faiblesse : on peut défendre la non-violence avec force et ténacité, sans quoi, d'ailleurs, elle pourrait être à rapprocher d'une certaine forme de lâcheté ou de mollesse intellectuelle. Rien de cela à la lecture de ces lignes où le lecteur pourra trouver :



- "Le patriotisme ou la paix ?" Qui date de 1895. Il s’agit d’une réponse à une lettre d’un journaliste britannique, d’abord publié en anglais dans le Daily Chronicle du 17 mars 1896. Tolstoï y explique les dangers irrémédiable et même la folie du patriotisme - aujourd'hui parlerions-nous peut-être plus facilement de nationalisme -. Pour lui, c'est un sentiment nuisible autant qu'une doctrine insensée entretenue consciemment par les gouvernant afin d'entretenir chez leurs peuples l'idée qu'il est supérieur aux autres et que ce genre de sentiment n'a qu'une issue possible : la guerre. Ces idées, il les précisera quelques années plus tard dans son essai Le Patriotisme et le Gouvernement qui date de 1900.



- "Correspondance Ghandi-Tolstoï" (1909-1910) : Après avoir découvert et lu sa «Lettre à un Hindou», le futur grand homme d'état indien entama une correspondance aussi enthousiaste qu'empli d'un profond respect avec son aîné slave. Quoi que l'on sente les différences de caractères, de points de vue (cette gêne du lecteur lorsque Léon Tolstoï se refuse à revenir sur sa critique concernant la réincarnation, chère à l'hindouisme, et qu'il balaie d'un revers de la main en estimant que «la croyance en la réincarnation ne sera jamais aussi solide que celle en l'immortalité de l'âme, ainsi qu'en la justice et l'amour de Dieu». L'avocat indien alors au Transvaal a la délicatesse de ne plus y revenir dans sa lettre suivante), c'est à une belle communion d'esprits éclairés et, pacifistes et pacifiés que l'on assiste dans ces quelques échanges malheureusement trop rares et interrompus par le décès du russe.



- "Lettres à un révolutionnaire" est une réponse de Tolstoï à une lettre de Mikhaïl Vroutsevitch, opposé à la théorie de la non-violence, datant de 1909. On y retrouve les thématiques chères à Léon Tolstoï inspirées par La Boétie dans son ouvrage sur la servitude volontaire. On pourra aussi y découvrir des pensées proches de celles de l'essayiste américain Henry David Thoreau, mais encore du philosophe Ralph Waldo Emerson et de quelques autres ayant abordé ce sujet. Il dénie par ailleurs à quelque idéologie que ce soit le pouvoir d'améliorer la situation du peuple car, selon lui - et l'avenir ne lui donnera que trop raison - celles-ci, aussi idéalistes fussent-elles, passent irrémédiablement par la violence et ne peuvent que se maintenir que par elle dans le but d'instaurer tel ou tel système supposé apporter un mieux être universel, ce qui est parfaitement contradictoire avec ce qu'elles proposent.



Ainsi affirme-t-il : «Pour améliorer la situation du peuple travailleur une seule chose est nécessaire : non pas réfléchir à l'organisation future, mais seulement se libérer soi-même de cette violence que par la volonté des hommes de pouvoir il exerce sur lui-même.» Difficile d'être plus en phase avec certaines des affirmations de l'auteur de La désobéissance civile...



- "Du socialisme" est un article publié à la demande du journal praguois Mladé Proudy le 9 septembre 1910. Il s’agit du dernier article écrit par Tolstoï. Il y rappelle avec force qu'il ne peut se reconnaître dans aucune de ces idéologies supposément émancipatrices de la fin du XIXème, à commencer par le socialisme qui n'est, selon lui, qu'une superstition de plus, grâce auxquelles notre monde vit : «la superstition des Eglises, la superstition de l'Etat, la superstition de la science, la superstition de l'organisation, la superstition du patriotisme, la superstition de l'art, la superstition du progrès», liste à laquelle il ajoute «la superstition du socialisme», concluant de cette manière : « Il ne saurait en être autrement : quand la foi est absente, il ne peut pas ne pas exister de superstitions. Et la foi est absente.»

Ici plus que dans les précédents textes, Tolstoï développe ce que l'on pourra retrouver dans Ma Confession. Il y relate l'importance, selon lui, de la pensée christique, tout en rejetant définitivement l'Eglise et ce qu'elle fit de cette pensée des origines. Il y assure l'importance définitive de la non-violence, il y revendique sa critique des institutions que lesquelles reposent nos Etats, les désignant comme source majeure de violence et d'oppression. Il y rappelle enfin que, selon lui, l'existence humaine a un sens que seules la foi, la spiritualité peuvent lui permettre de découvrir.



On peut, évidemment, ne pas partager toutes les conclusions de la pensée tolstoïenne. On pourra aussi estimer que ces quelques pages sont un peu trop brèves pour se faire une idée précise de cette pensée. Mais on ne pourra que reconnaître la fraîcheur et la puissance de cette philosophie tant éthique que politique, qui inspira si fortement Romain Rolland, pour en citer un autre, on sera aussi bien obligé de voir comme cette pensée est plus que jamais essentielle tant elle semble sans cesse remise en cause, battue en brèche par tous nos faiseurs de guerre, par nos idéologues à la petite semaine, par nos Etats post-modernes qui semblent faire de moins en moins de cas des idéaux nobles de paix, de justice, de fraternité et même, puisque c'est un mot qui était cher à Tolstoï, d'amour. Quelques pages d'une grande et éloquente sagesse que l'on peut relire sans s'en lasser pour y puiser à son tour un peu de force et de profondeur à la source.
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Résurrection

Dans Résurrection, Tolstoï mêle intrigue romanesque et réflexion philosophique, politique et métaphysique, à l’instar de Dostoïevski dans ses œuvres. Résurrection est moins connu que les autres romans de Tolstoï mais c’est une œuvre touchante, bouleversante, qui m’a laissé une forte impression et qui aide à mieux comprendre les causes historiques de la révolution de 1917, en Russie.



Nekhlioudov est juré à un procès d’Assises et découvre qu’il connaît une des accusées : Maslova. Elle est en fait Katioucha qui travaillait comme domestique chez ses tantes quand il était jeune homme. Ils sont tombés amoureux et Nekhlioudov a fait perdre à Katioucha sa virginité. Les convenances lui interdisaient de l’épouser car elle n’était qu’une servante. Il a donc fait ce que tout gentleman fait en la circonstance : il l’a dédommagée en lui donnant de l’argent et a ainsi fait d’elle une prostituée, gâchant leur amour pur et innocent au début. Katioucha s’est retrouvée enceinte, s’est fait renvoyer, a perdu l’enfant, mort à cause de la misère et sa descente aux enfers a commencé. Les hommes la poursuivaient de leurs assiduités car elle était belle, elle a fini par renoncer définitivement à sa vertu pour vendre son corps et vivre dans une maison close. Accusée de vol et de meurtre avec préméditation, elle est en réalité innocente et s’est retrouvée piégée par des domestiques cupides qui voulaient dépouiller son client.



Nekhlioudov se sent coupable de la chute de Katioucha. À cause d’une erreur de procédure, elle est condamnée par le jury qui ne répond pas correctement aux questions posées, bien qu’il soit persuadé de l’innocence de l’accusée. À partir de ce moment, Nekhlioudov va faire tout ce qu’il peut pour tenter de casser ce jugement, il promet à Katioucha de ne pas l’abandonner et va même jusqu’à la suivre en Sibérie. Il s’engage personnellement pour sauver à la fois Katioucha et lui-même, il cherche le chemin de la rédemption, le pardon pour les fautes qu’il a commises.



En Sibérie, il rencontre des détenus politiques emprisonnés pour leurs idées révolutionnaires. Il fait la distinction entre les révoltés contre un système injuste et les idéologues qu’il n’aime pas car ils sont arrogants et méprisent le peuple. Propriétaire terrien, il culpabilise. Inspiré par des théories socialistes, il pense que l’idée de justice est inconciliable avec la propriété du sol. Aussi décide-t-il d’avoir enfin le courage d’abandonner une partie de ses domaines aux paysans avant de suivre Katioucha en Sibérie. Les paysans sont méfiants et réticents car, selon eux, les grands propriétaires fonciers ne cherchent que leurs intérêts. Cette décision inhabituelle est, pour eux, incompréhensible.



Nekhlioudov apparaît ainsi comme un homme de bonne volonté, qui incarne, au-delà de l’idéologie, une certaine forme de bonté. Peut-être celle dont parle Vassili Grossman dans Vie et Destin, celle qui peut vaincre le mal au-delà des théories politiques et dogmatiques. Grâce à ses idées, Nekhlioudov essaie de faire le bien. Les idées ne le poussent pas au crime comme c’est le cas pour Raskolnikov, célèbre personnage tourmenté, inventé par Dostoïevski. J’ai bien aimé aussi le personnage de Katioucha qui rêve de pouvoir enfin avoir une vie normale auprès d’un homme qui éprouverait pour elle un amour sincère et non de la pitié ou de la culpabilité. Comme Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo, elle est victime d’une société qui ferme les yeux sur la misère atroce du peuple.



Ce souci du peuple, dans cette œuvre, m’a beaucoup plu, ainsi que la satire virulente et subversive des institutions : judiciaires, religieuses, la propriété privée des terres aux mains de quelques grands propriétaires. Tolstoï effectue une peinture pertinente de la société russe de la fin du XIXe siècle, dont l’organisation injuste a mené à la révolution de 1917. Il réfléchit sur la notion de justice telle qu’elle est exercée par les hommes et s’oppose aux châtiments que les hommes font subir à leurs semblables en son nom. Qui sommes-nous pour juger nos semblables ? Dieu ? Sa critique féroce de l’Église en tant qu’institution ne l’empêche pas de revendiquer un retour aux sources de l’évangile qu’il cite en épigraphe et en conclusion. Nekhlioudov constate que, si les hommes suivaient davantage les enseignements du Christ (le sermon sur la montagne), il y aurait moins d’atrocités et de laideurs dans notre existence car elle serait régie par l’amour du prochain, même envers nos ennemis. Le titre, Résurrection, est une référence explicite à Jésus-Christ et est aussi la renaissance de Nekhlioudov qui veut essayer de vivre enfin en harmonie avec ses principes, même si cette attitude doit le faire passer pour fou aux yeux de la société.



Même si j’ai une préférence pour la vision souvent pessimiste et les personnages tourmentés de Dostoïevski parce qu’ils annoncent, d’une façon plus réaliste selon moi, les grands drames du XXe siècle (deux guerres mondiales, les camps, les goulags, la mort des utopies), j’ai apprécié la vision idéaliste de Tolstoï dans ce livre qui laisse une place bienvenue, surtout de nos jours, pour la foi en l’homme, en sa capacité à changer les choses de manière positive. N’avons-nous pas encore besoin d’espoir, d’espérance qui effaceraient la désespérance et redonneraient foi en l’être humain et en l’avenir ? Ces problématiques me semblent toujours d’actualité.

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Anna Karénine

Peut-on s’attaquer aux monuments de la littérature mondiale en toute impunité ? Est-il besoin d’ajouter sa voix à ce qui a déjà été dit sur ce roman culte ? Là vous vous dites : ça y est, elle va massacrer ce chef-d’œuvre, ne faire qu’une bouchée d’une des plus belles histoires d’amour que l’histoire ait jamais portée, la bougresse! Que va-t-elle nous sortir ? Nous démolir Anna Karenine à coup de cuillère à pot, nous achever Vronski sans vergogne, descendre en flamme Levine et Kitty ?! Mais non les amis, comment oserais-je ?



Que vous dire mise à part des banalités : j’ai plongé dans la Russie tsariste de cette fin XIX siècle avec une délectation romantique proche de celle qui m’a accompagnée toute ma jeunesse lors de mes visionnages de Sissi. Voilà, tout est dit : Anna l’indomptable romantique qui sacrifie son rang, sa famille et sa fierté pour un homme beau et orgueilleux. Vronski, le valeureux et viril officier éperdu d’amour pour cette femme mariée, inaccessible, et que rien n’arrête dans sa poursuite du bonheur amoureux. Levine, le gentleman farmer aux idées arrêtées, si peu mondain et pourtant fou de la jolie et douce princesse Kitty qui ne jure que par le ténébreux Vronski. Ah magie des amours compliquées.



Tolstoï nous entraîne de salons en antichambres, dans les demeures les plus sublimes, au cœur du gratin russe, entre Moscou et Saint Petersbourg, et hop une valse de Strauss, et hop une virée en calèche le long des domaines gigantesques et fertiles où gambadent de jolis animaux. Mais accrochez-vous bien : derrière les strass de la bienséance sourd une colère populaire. Derrière une belle robe de soie portée par une aristo, se cache une gouvernante ; dans les champs regorgeant de richesses se terrent des paysans récemment libérés des affres du servage; derrière les progrès du chemin de fer, ce sont des ouvriers aux mains et à la figure noircies de suie. Croire qu‘Anna Karenine ne se résume qu'à une histoire d’amour serait si peu comprendre l’œuvre de Tolstoï et son ambition. Tout dans ce roman n’est que prétexte pour décrire sa vision sociale et politique : doit-on instruire les plus pauvres, renoncer aux privilèges de classe, abandonner l‘ancien système féodal et ouvrir la Russie aux idées nouvelles, au progrès ? Le socialisme n’est déjà pas si loin dans ce roman et l’on sent les prémices de la révolution d’octobre de 1917.



Profondément romantique, terriblement actuel, romanesque tout autant qu’essai social et politique, démesurément russe dans ce qu’il a d’excessif, Anna Karenine est un monument, oh oui pas de doute possible. Et même si les 30 dernières pages ont été un supplice tant j’étais épuisée par l’ampleur des 1000 pages que j’avais déjà ingurgitées, comme si je gravissais les 100 derniers mètres de l’Everest, j’ai vibré comme rarement cela m’a été donné de le vivre.
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La Guerre et la Paix, tome 2

Un chef d'oeuvre de la littérature mondiale inaltérable, intouchable, incriticable , sur un piédestal comme un héros de la nation. Et pourtant objectivement, même les héros ont leurs petits défauts que l'on veut cacher absolument pour ne pas ternir leur image.

Mais ce deuxième tome a toutes les qualités du premier. On suit toujours les destins, ballottés par les guerres, de familles d'aristocrates russes:

Les Rostov dont le fils Nicolas est encore en première ligne des combats. Un mariage avec une belle ou une riche demoiselle est en vue.

Les Volkonsky, dont le grand-père a de singulières façons de parler à son entourage. Sa fille Marie, pourtant pieuse et irréprochable, en fait toujours les frais. Le prince André fuit encore les salons et la vie de famille et s'échappe dès qu'il le peut vers le front.

Les Bezoukhov, dont l'immense Pierre est le représentant. Un type doux, rêveur et parfois emporté quand il parle politique. Son mariage avec Hélène est un échec. Il part, lui le civil, au front pour voir du spectacle et réveiller sa morne vie.





Tolstoï alterne les chapitres sur ces familles avec de passionnants épisodes guerriers. Il y excelle dans la description des combats. La bataille de Borodino est incroyable et très prenante! Tout comme la retraite de Russie.



Dans la description des combats, il en profite pour critiquer les historiens qui n'ont rien compris à la guerre. Il démonte les commentaires élogieux sur les génies militaires (surtout Napoléon )dont les stratégies préétablies ne se sont jamais appliquées et vérifiées dans le chaos des combats.



Il propose d'autres idées pour expliquer l'histoire et principalement le peu d'influence qu'ont les personnages historiques (Alexandre Ier, Napoléon, Koutouzov...) dans le processus historique. Il minore leurs actions pour privilégier une sorte de cheminement inévitable et surtout collectif. Pour Tolstoï, un homme ne peut pas orienter l'histoire à sa guise, ce sont des millions d'êtres qui le font!



Et il martèle cette pensée, descriptions des immenses batailles à l'appui.



Pensée qui m'a paru digne d'intérêt et originale (ce n'est pas comme cela que j'ai appris l'histoire mais plutôt avec des personnages célèbres au premier plan!)

Pensée digne d'intérêt et peu gênante, malgré sa répétition.



Si bien que jusqu'à la deuxième partie de l'épilogue j'aurais applaudi des pieds et des mains. Or cet epilogue se présente comme une cassure , l'harmonie est brisée. D'une brillante saga historique on passe à un rapport de thèse de morne plaine sur le sens de l'histoire. 60 pages indigestes d'une accablante lourdeur. Oui ce roman génial finit par une cassure théorique ! Quelle déception!



On pourra cependant s'en passer aisément pour ne retenir que le meilleur du récit de ces années 1812 à 1820 si bien décrites dans le tourment des dernières guerres napoléoniennes.
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Maître et Serviteur

Le géant de la littérature russe serait certainement étonné d’apprendre que la plupart de ses écrits, dont la nouvelle « Maître et serviteur, » parue en 1895, continue de faire écho dans la société actuelle - et je ne pense pas qu’à la Russie - presque deux siècles plus tard.



C’est cela la magie d’un bon classique! Cette capacité de continuer à vivre de manière intacte dans l’histoire humaine sans perdre aucunement le propos initial.



Parce qu’avec Léon Tosltoï on a toujours droit à des personnages extraordinaires et à une véritable critique de la société russe, avec des réflexions pleine de bon sens, ce court format est un régal.



Maître et serviteur » est l’un de ces contes typiques de l’auteur, où le pauvre domestique habitué à ne réclamer pas davantage de miettes que ce qu’on lui donne, semble plus entier, plus riche d’enseignements que don « Maître », inhumain, désolidarisé de la réalité, vaniteux et cupide. 



Les ambitions sociales démesurées ont toujours corrompu et corrompront toujours certaines âmes humaines.



La plume incisive et férocement satirique de Tolstoï fait mouche à chaque fois.



Dans cette petite nouvelle de moins d’une centaine de pages, l’auteur russe cherche à montrer la transformation profonde des personnages face la mort et le crépitement de lucidité qui peut étinceler dans les moments fatidiques, faisant voler en éclats une vie menée de manière bien peu humaine.





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Les Cosaques

J'ai entrepris depuis quelques mois de découvrir les auteurs russes dits "classiques" car je n'en avais jamais lus auparavant.

J'ai commencé par une courte nouvelle de Dostoïevski et j'ai été enchantée. Je continue avec Tolstoï, et la magie continue.



Cette langue ! Même traduite, c'est magnifique, alors je me dis qu'en russe, ça doit être juste fabuleux...

Il est rare que j'aime les descriptions à répétition, et c'est pourtant ce que j'ai préféré dans ce livre ! Incroyable tout de même... A dire vrai, la Mongolie, les steppes, les mongols, ça fait partie d'un mythe (de l'histoire, je sais, mais pour moi c'est de l'histoire mythique) qui m'a toujours fascinée, au même titre que l'Egypte ancienne. Donc ce livre tombait à pic, les cosaques étant, dans mon esprit, les héritiers des mongols, et d'après les descriptions de Tolstoï, je ne suis pas très loin de la réalité.

Il n'est pas trop long (il est difficile de trouver du Tolstoï qui ne soit pas "pavesque", et lire un pavé d'un auteur que je ne connais pas, très peu pour moi !), et j'ai pu donc m'y plonger sans hésitation.



Oups, je me rends compte que j'ai hérité la tendance de Tolstoï à faire des phrases interminables, je dois tout réécrire en coupant ! Mdr !



Ma version contient une notice à la fin, sur la vie de Tolstoï et l'épisode qui a donné lieu à ce roman, ses 3 ans de "cosaquerie". Il est très autobiographique donc, et ça se sent, ses personnages sont tangibles, vivants, Erochka étant mon préféré ! Marion, malgré les descriptions enthousiastes de son côté naturel, solide et travailleur, m'a parue très "fille", bien plus que ce à quoi je m'attendais ! Je me doute bien que ça changeait Tolstoï des femmes poudrées qui ne faisaient rien de leurs dix doigts, ce qui l'a séduit, bien sûr, mais quand même, elle fait un brin caractérielle sur la fin du bouquin lol !



Ce livre nous montre un élan très romantique dans la démarche de Tolstoï/Olenine qui part sur un coup de tête, quittant sa vie facile d'aristocrate russe pour devenir "junker" (élève-officier) dans l'armée russe qui appuie les cosaques livrant batailles aux tchétchènes (appelés ici "montagnards ou abrek").



Et Tolstoï est envouté par ces paysages grandioses (déjà que ça fait un moment que j'ai envie d'y aller voir, il n'a pas arrangé les choses pour moi, là, mdr !), qui l'inspirent, le transportent, lui donnent un désir mystique. Il y a pourtant la dureté et la violence du monde cosaque, même si j'ai trouvé que c'était assez édulcoré par Tolstoï, qui, finalement, semble fuir pas mal ce côté "guerre" pour se consacrer à la chasse et à la nature, et ensuite à l'amour, même s'il rêve de "croix de guerre" et de devenir officier (il se sent obligé de participer aux raids, mais pas du tout de gaieté de coeur, contrairement à Lucas, "vrai" cosaque sanguinaire et voleur), la contradiction ne semble pas le déranger, lol...



C'est très humain comme texte, on reste un peu sur un goût d'inachevé quand il part, à la fin, mais c'est ça, la vraie vie, et Tolstoï est assez lucide sur lui-même et sur tout ce qu'il a vécu chez les cosaques. L'herbe paraît toujours plus verte ailleurs, on aimerait "y être né", dans cet ailleurs, mais si on y était né, on ne serait pas qui on est. On n'obtient pas toujours ce qu'on veut, et l'amour ne suffit pas, contrairement à ce qu'il écrit à un moment. Il part en s'en étant rendu compte, en ayant beaucoup grandi...





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La mort d'Ivan Ilitch

Dans sa vie , Tolstoi est une personne obsédée par la mort . IL voit la mort partout . le néant de la vie . Pour lui , rien n 'est pire que la mort . Si elle est la fin de tout

dit-il , rien n 'est pire que la vie . Nicolas , le frère préféré , quelques minutes avant de mourir , sommeille . IL se réveille et crie " Qu 'est-ce que c ' est que celà ? " .

IL a vu sa disparution dans le néant , dit Tolstoi qui ajoute : " S ' il n ' a rien trouvé à quoi se retenir , que trouverai-je , moi ? "

Tolstoi est terrorisé par la mort , par le néant : chez-lui la peur de la mort est effrénée. IL tâchera de s 'en défaire dans ses personnages de roman IL sera le meilleur peintre de la mort , le plus vrai , le plus minutieux .

En 1884 , il écrit son chef-d 'oeuvre , comme , exutoire , pour éloigner la mort de lui- même puis qu ' elle concerne un autre : in personnage de son livre c est à dire : Ivan Ilitch ! Durant sa maladie , dont le progrès est très bien décrit , Ilitch est assisté par le paysan Guérassime , qui est tel que la nature l ' a fait , simple et bon , personnage toujours présent , dans un roman de Tolstoi et qui figure la simplicité et la bonté ; pour ceux-la , vie et mort ne sont pas un problème . Enfin Ilitch verra se dissoudre son épouvante . IL apprendra dans une demie tranquillité que lorsque la vie s 'éteint , c 'est aussi la mort qui disparaît .
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Enfance

Un bien beau texte, empli d'émotions. La plume est alerte et élégante. Un grand classique de la littérature russe du 19 ème siècle. A découvrir absolument.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La Guerre et la paix : Intégrale

Une fresque éblouissante!

Début du XIXè siècle en Russie, Napoléon est l'ennemi.

Tolstoï nous livre une observation détaillée de l'aristocratie à travers le parcours de nombreux personnages à la psychologie fouillée. Dans le faste de la vie de salon ou sur les champs de bataille, ils accumulent victoires ou défaites, personnelles ou militaires. Tous sont entravés par leur époque et par leur milieu, et cherchent un sens à leur vie. Entre grandeur et mesquinerie, amour et amitié, égoïsme et abnégation… la frénésie de leur recherche fait le tour des passions humaines.

Un chef d'oeuvre tout à la fois romanesque, historique, politique et social, qui engloutit le lecteur dès la première page pour, la dernière page tournée, le laisser abandonné et pantois.
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Le bonheur conjugal (Katia)

Ah l'Amour ! Serge Mikhaïlovitch retrouve les enfants de son ami, mort un an auparavant. Depuis la disparition de leur père, l'aînée Katia, la petite Sonia et Macha coulent des jours tristes à la campagne, dans leur domaine de Nikolskoïé. La venue de cet ami considéré comme un oncle qui les a vues grandir leur donne du baume au coeur et apporte la joie et la sérénité qui caractérisent le vieux Mikhaïlovitch. Enfin, vieux... A 35 ans, c'est pourtant ainsi qu'il se sent après avoir tout vécu et ne désire plus que le calme de la campagne et s'occuper des affaires de son domaine.



Aussi est-il fort surpris de découvrir une Macha devenue jeune femme et fort jolie de surcroît. Son coeur se remet à battre. Mais que peut-il espérer avec cette différence d'âge qui les sépare ? Macha n'a rien connu, n'a rien vécu et il serait dans l'ordre des choses qu'une jeune fille rêverait d'une vie trépidante à la ville, entourée d'ami(e)s, comblée et courtisée par des jeunes gens de la bonne société, au lieu de vouloir s'enterrer au fin fond de la campagne russe.

Mais quand l'amour vient à naître aussi dans le coeur de Macha pour cet homme charmant, bon et calme, quel avenir les attend ? Je vous laisse le plaisir de le découvrir !



Non seulement c'est un très beau roman d'amour mais aussi une réflexion sur l'union, les aspirations de chacun, la différence d'âge dans un couple (bien que ce soit une chose parfaitement courante à l'époque), la confiance et la sincérité ou le doute et la futilité. Quel est le sens que nous voulons donner à notre vie ? L'auteur nous apprend qu'il faut d'abord apprendre à se connaître soi-même pour faire des choix que l'on ne regrettera pas.



Décidément, TolstoÏ est un excellent conteur, même dans le domaine de l'amour.





Et je vous dis, à bientôt les babéliami-e-s ! :-))
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