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Critiques de Michel Houellebecq (2564)
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Sérotonine

Depuis 20 ans, dans ses romans, Houellebecq explore la dépression contemporaine au prisme des phénomènes crispants du moment. Il y a eu le tourisme, la misère sexuelle, les musulmans et maintenant la désertification des campagnes et le désespoir des agriculteurs face à la mondialisation. Houellebecq, c'est BFM TV en version littéraire. Il est là son génie. Il a le flair, il capte et relate mieux que personne l'air du temps, surtout quand il est mauvais. Il a aussi cette manière unique et jouissive de se moquer de notre prochain. On jubile de sa misanthropie (voire de sa misogynie) mais comme après une bonne cuite, on est pris par la nausée. Encore plus que dans Soumission, Houellebecq se complaît (s'identifie) dans les personnages alcooliques et nostalgiques de leur libido disparue – on se lasse de sa bite, des bouches et des chattes qu'elle rencontre. Sa provocation est salutaire à une époque où tout devient politiquement correct et aseptisé. Mais elle est souvent gratuite, elle atteint ses limites (ex : les homos, jugements sur les pays ou les villes). Houellebecq se regarde souvent écrire, incapable de se réinventer, mimant son propre style, y ajoutant même des tics de plus en plus fréquents (inspiration qui vient des sites pornos, petits bouts de phrases en anglais, abus des références aux people). Dommage, parce qu'il a gardé sa verve et sa lucidité, dopées par l'humour et le cynisme. Certains passages sont brillants, fulgurants et implacables : l'administration (page 11), la pute (page 68), l'amour (page 72, 96), le théâtre contemporain (page 105), le communisme (page 135), l'élevage en batterie (page 167), l'avant-goût de gilets jaunes (page 259), Thomas Mann (page 335). Dommage, parce qu'il parle bien des autres, et de leurs maux (ex : les agriculteurs) et que, franchement, de la page 194 à la page 274, on a du très bon roman. Au final, Houellebecq apparaît au grand jour : une valeur sûre de la littérature dont le génie s'est grippé, dévoyé, à en être confit dans sa propre caricature. Avec lui, on sait désormais ce qu'on achète, on connaît la recette, plus de surprise, comme une tarte tatin, bien exécutée. Plaisante mais de plus en plus écoeurante.
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Lanzarote : Et autres textes

Etant grand fan de Lanzarote, cette petite île volcanique de l’archipel des Canaries, et pas forcément hermétique au style corrosif de Michel Houellebecq, dont j’avais beaucoup aimé « Sérotonine », j’ouvre ce petit ouvrage qui date du début des années 2000.



Je me retrouve d’ailleurs immédiatement fin 1999, en compagnie d’un auteur qui, anticipant un réveillon raté ainsi qu’un changement de millénaire surfait, se rend dans une agence de voyage à la recherche d’une destination quelconque. Il ne me faut que deux pages pour éclater de rire…allez hop, je poursuis l’aventure !



Me voilà donc en terrain connu, avec vue sur un paysage lunaire parsemé de cactus aux formes ambiguës, visitant le Parc de Timanfaya, le marché de Téguise et la plage de Papagayo, comme tout bon touriste de masse qui se respecte. J’y suis néanmoins en compagnie d’un auteur avec qui je ne pense pas vouloir partir en vacances, de peur de revenir totalement dépressif. Même si la plupart de ses réflexions sur la société moderne en général et sur les vacanciers en particulier font mouche, le garçon a la vilaine tendance à distribuer des uppercuts à tout ce qui bouge. Le Français et son guide Michelin, BOUM, l’Anglais qui revient chaque année dans le même nid, BAM… et comme compagnie pour agrémenter son séjour, il se déniche un Belge dépressif et un couple de lesbiennes…allemandes, forcément !



C’est donc mal entouré que j’écoute le fond de pensée foncièrement sombre de cet auteur vacillant régulièrement vers le nombrilisme, ainsi que ses digressions inutiles concernant la secte Raélienne. Bizarrement, la banalité de ses propos ne me rebute pas, au contraire, son ton cynique a plutôt tendance à me séduire et son humour à me faire rire.



Alors certes, ce n’est pas son meilleur ouvrage, mais cela ne m’empêchera pas de retourner à Lanzarote !
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Sérotonine

C'est l'histoire, (mais y en a t-il vraiment une?) d'un quadragénaire dépressif, qui se voit prescrire une nouvelle pilule du bonheur, avec des effets secondaires répertoriés et notamment sur la libido.

Il a bêtement perdu l'amour de sa vie, pour une histoire de tromperie, et ne s'en remet pas.

Il vit avec une jeunette japonaise, portée sur le porno, et sur son compte en banque. Lucide il décide de disparaître. Suit un road- trip normand qui permet au narrateur , et donc à l'auteur de donner au lecteur quelques leçons de vie sur des sujets aussi divers que la physiologie de l'amour selon le sexe, ou la situation de l'agriculteur en Europe.





N'ayant pas passé le cap des Particules élémentaires, cette rentrée 2019 était l'occasion de redonner une chance à l'auteur de faire partie de mes auteurs à suivre (à rattraper , en fait dans le cas présent). Un peu méfiante au démarrage, je parcoure les premières pages sans trop de difficulté (certes les ch… et les b….émaillent font rapidement leur apparition, sans surprise. j'ai compté les occurrences, 18 ch… pour 17 b…, on peut au moins reconnaitre que la parité est respectée). Et puis, en parfaite communion avec ce personnage qui ne suscite aucune empathie, tant il a le don de gâcher la moindre scène qui pourrait être un peu positive, je me suis copieusement enquiquinée, tournant les pages, sans agrément, avec un taux de dopamine, le médiateur du plaisir immédiat , dans les chaussettes, et une légère remontée vers la fin, mais était-ce parce que c'était la fin?



Quelques paragraphes peuvent faire sourire, comme les consultations avec le généraliste new-age, d'autres irriter, (quel est l'intérêt de la rencontre avec le touriste allemand pédophile?), mais globalement Houellebecq, qui n'a pas besoin de moi pour asseoir son succès, ne fera pas partie de ma valise pour un île déserte, voire ne sera pas du tout dans mes bagages quelle que soit la destination.
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Quelques mois dans ma vie : Octobre 2022 - ..

J’adore détester Houellebecq.

Dans le registre des mots d’excuses bidonnés, tous les malades du vendredi qui enterrent chaque année une dizaine de grand-mères pour sécher le boulot ou l’école et tous les volages qui transhument en réunion de cinq à sept peuvent se rhabiller (surtout les derniers SVP).

Michel plaide la naïveté, la crédulité et sa confiance aveugle dans la bonté de l’espèce humaine, ce qui m’amène à penser que l’écrivain est finalement un incompris, un nihiliste de papier.

Non, il ne voulait pas dire que l’immigration et la délinquance étaient des synonymes. C’est le vilain Michel Onfray, ce philosophe qui écrit comme il respire, trois sequoias par mois sur la conscience, qui n’a pas voulu retirer de la vente le hors-série de la revue Front Populaire dans lequel le célèbre écrivain s’était laissé aller à surjouer ses « chamailleries » avec les Musulmans. Son excuse : il n’avait pas relu. C’est bêta pour un écrivain.

Non, il ne se doutait pas davantage qu’en allant dans un hôtel à Amsterdam pour une partie à trois filmée par un réalisateur palmé de toc, il risquait de devenir la vedette d’un porno pas très chic. Désolé, mais avec son physique de rêve, il n’avait pas été surpris quand le Cafard, petit surnom donné au cinéaste au camescope, lui avait proposé de coucher avec de jeunes femmes en pamoison. Une évidence.

Dans ce journal de bord qui enchaîne les naufrages, il réussit donc l’exploit de rendre sa carcasse encore plus pathétique que ses personnages de roman. C’est l’extension du domaine de la loose.

Comme disait un célèbre penseur à pédale, c’est à l’insu de son plein gré que toutes ses mésaventures lui sont arrivées au pauvre Michel.

Même les plus fidèles adeptes du prophète de la décrépitude jugent que cet essai ne mérite pas une petite place dans sa bibliographie. Ma petite personne considère au contraire que ce livre y a toute sa place puisque quelques pages offrent des fulgurances Houellebecquiennes avec cette langue sirupeuse de lendemain de cuite qui épouse à merveille une époque aux illusions discount.

Je pense également que cet exercice révèle comme jamais son goût pour le scandale qu’il provoque sciemment pour pimenter sa postérité.

Derrière les excuses, évacuées mollement en quelques lignes, il s’agit avant tout ici d’un règlement de compte. Il est impitoyable avec Michel Onfray, condescendant avec certains journalistes, haineux avec le casting de son film au pays du gouda. A défaut d’avoir eu gain de cause devant la justice, il se venge d’un trait de plume.

Une façon d’orchestrer la décadence.

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Plateforme

Voyant enfin un rayon de soleil apparaître dans le ciel, je me suis décidé cette semaine à lire un nouveau Houellebecq. Je ne prends en effet plus le risque de le lire par temps gris, le mélange des deux me donnant généralement l'envie de me jeter sous le tram le plus proche.



Et comme attendu, le héros de Plateforme ne respire pas la joie de vivre : célibataire, un boulot routinier qui l'indiffère, il n'a pour seul loisir que le réchauffement de plats surgelés et la consommation de jeux télévisés. Après la mort de son père, auquel il ne parlait plus beaucoup, et la réception de l'héritage, il décide de partir en voyage en Thaïlande dans un effort un peu désespéré de trouver le bonheur, et découvre les joies du tourisme sexuel.



L'écriture de Houellebecq est toujours acerbe et cynique. Tous les personnages occidentaux sont névrosés, abrutis par les tonnes d'objets qu'ils ont accumulés, et hystériques à la pensée des tonnes d'objets qu'ils n'ont pas encore obtenus. Obéissant aveuglément aux injonctions des politiques, des organismes publics, des magazines (des slogans publicitaires s'immiscent d'ailleurs régulièrement dans les pensées du narrateur, qui les débite sans y penser), ils se comportent comme des robots, incapables de nouer une relation sociale digne de ce nom, et encore moins de coucher ensemble.



Je ne sais pas si l'Occident va s'effondrer sous le poids de sa propre décadence, mais si tel est le cas, Houellebecq l'aura décrite à la perfection. Avec sa galerie de personnages simples, sans histoire et plein de bonne volonté : un couple de retraités, un autre d'écolos, un ouvrier venu découvrir les joies de l'exotisme, un fonctionnaire irréprochable, … on en vient pourtant à reconsidérer nos petites routines avec horreur et nos vies bien rangées comme des aberrations totales.



J'ai achevé ce livre au bon moment : le temps gris revient, et la grève des trams est terminée.
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Extension du domaine de la lutte

Dire qu’un livre comme Extension du domaine de la lutte est brillant est à faire désespérer du niveau culturel actuel, à se demander très sérieusement si les gens sont encore capables d’une once d’esprit critique en dépit du matraquage médiatique et des discours politiques simplistes. Dans un tel climat, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi un personnage comme Houellebecq a pu se démarquer, il prétend donner une critique du monde capitaliste, parler de la solitude moderne etc. Peu d’auteurs français osent s’aventurer sur ce terrain. Entre les histoires vides, les pseudo autobiographies égocentriques et les discours ultra-libéraux, il n’y a pas tellement de place pour un contre-point. ça pourrait même sembler très risqué… En enfant rebelle de la littérature, Houellbecq ose courageusement se jeter dans la fosse aux lions. Le voilà, nouveau messie d’une génération perdue, prêt à étendre sur papier tous les maux de notre époque, sans compromis ni tabous ! N’est-ce pas merveilleux ? Avec un livre qui tiendrait ces promesses, peut-être. Or, dès les premières lignes, il apparaît très vite (et sans surprise) qu’il s’agit d’une nouvelle arnaque ‘contestataire’ comme on aime tant en faire pour tranquilliser le public. Le problème de cet homme n’a rien d’inhérent au monde actuel, ce n’est finalement qu’un prétexte pour rejeter sa frustration sur les autres et pleurnicher sur son triste sort. Ah… Quelle pitié.



Quand le livre s’ouvre sur un premier paragraphe à propos d’une fille ivre qui danse en sous-vêtement dans un appartement alors que, à la grande consternation du narrateur, elle « ne couche avec personne », on est en droit de se dire que les quelques 150 prochaines pages seront diablement longues, profondément agaçantes. Cela se poursuit par une réflexion sur ces filles qui osent se mettre en mini-jupe sans vouloir faire de tournantes (absurde !) et une comparaison très vaguement philosophique avec les vaches bretonnes qui restent nerveuses jusqu’à ce qu’un taureau les engrosse. Le ton est donné, à grand coup de provocation gratuite. Le roman ne se veut pas subtile, il pourra séduire aisément ceux qui pensent que le sexe féminin est devenu complètement détraqué depuis que son destin ne se résume plus à « mère au foyer ».

Ce titre serait donc une fine analyse de notre temps, largement encensé par la critique ? Je m’inquiète. Toutes les pages donnent un nouveau motif à le fermer pour ne plus jamais le reprendre.

C’est pourtant simple, rien d’osé ni de fabuleux là dedans, nous avons le privilège de suivre les tribulations d’un grand adolescent de 30 ans, pas vraiment remis de sa dernière rupture, frustré et gravement dépressif. Avec un cynisme qui s’abstient de tout second degré, l’auteur prend ce prétexte pour faire croire que le narrateur n’est qu’un triste produit de ce monde. Il n’analyse rien, pointe des conséquences du doigt, donne des origines complètement biaisées par ses obsessions personnelles. Il est par exemple très rapidement évident que ses problèmes avec les femmes sont relatifs à une vie sentimentale douloureuse. Victime d’une manipulatrice psychotique, il se donne le droit de poser en victime tout au long d’un texte assez indigeste qui pourrait faire sourire s’il avait été écrit par un jeune garçon de seize ans. Mais, à trente ans, avoir une vision aussi étriquée, une aussi faible capacité de réflexion tout en se prétendant auteur, ne me semble pas acceptable.

La solitude moderne – semble-t-il nous dire – est exclusivement liée à la sexualité. Le fait que certaines personnes ne puissent pas vivre l’amour semble lui poser un gros problème. Pour illustrer cela, le narrateur sympathise avec un pauvre type de trente ans, laid et peu intéressant, qui n’a jamais connu de femme (ni d’hommes). Terrible victime du libéralisme social. Un problème se pose pourtant… Il suffit de lire n’importe quel auteur du début XXe, du XIXe et même de l’antiquité pour savoir que cette souffrance là s’est toujours manifestée. Elle était simplement plus taboue, soufflée à demi-mots, mais des auteurs comme Balzac ou Virginia Woolf en savaient quelques chose. Les personnages de la cousine Bette et de Miss Kilman exsudent une souffrance terrible. Mieux avant ? Que l’on regarde du côté d'Edith Wharton et Henry James pour être persuadé du contraire.

Extension du domaine de la lutte révolte autant qu’il met mal à l’aise. Tentation vers la crudité, tension d’une sexualité frustrée à toutes les pages relèvent moins du roman que d’un texte à envoyer à son psy pour une sérieuse thérapie. Définitivement, les lecteurs n’ont pas besoin de lire les pleurnicheries d’un dépressif qui a l’air de se sentir follement subversif en parlant de tuer des nègres et de se faire saigner la main en cassant des miroirs. Tout cela ne mène nulle part. On ne referme pas le livre en se disant « oh, il y a un arrière fond effrayant », on ne se dit rien, sinon que jérémiades et mauvaise foi vont prendre fin.



Houellebecq affirme beaucoup de fausses vérités sans se donner la peine du recul. Le style est péremptoire, parfait pour ranger à ses côtés toutes les ouailles – essentiellement masculines je suppose – mal remises de leurs déboires amoureux. Le monde tourne mal, certes, mais, sa critique se contente de gratter la surface du problème et en tirer des causes fantaisistes, d’où un livre qui, du coup, aurait bien du mal à dépasser les 150 pages. Notre auteur chahute un peu le libéralisme, mais, que l’on soit tranquille, ses idées sont tellement mal dégrossies que sa critique lui fait plus de bien que le mal. Avec un peu d’humour, il y avait pourtant peut-être quelque chose à faire de cette histoire, mais son narrateur n’en a pas, ou alors bien malgré lui, puisqu’il s’autorise une comparaison hasardeuse avec un Robespierre mort pour avoir dit des vérités censurées. Pas de guillotine en vue pourtant. Extension du domaine de la lutte est tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Ah… ce pathos bien français…
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Anéantir

Paul Raison est un haut fonctionnaire de l’État, au service de Bruno Juge, ministre de l’Économie et des Finances. En cette année 2026, la campagne présidentielle se déroule dans un climat incertain : une série d’attentats, non revendiqués mais manifestement coordonnés par un groupe d’une étonnante puissance technologique et financière, frappe des cibles apparemment sans lien de par le monde. Bientôt quinquagénaire, Paul doit par ailleurs composer avec une accumulation de graves problèmes personnels et familiaux.





Parvenu en ce qu’il aimerait considérer comme le mitan de son existence, Paul se retrouve en fait baigné dans une atmosphère crépusculaire. Sa lucidité désabusée lui fait appréhender un monde décadent au bord du précipice, tandis que sa sphère privée lui semble se résumer à un déprimant vide existentiel. Comment ne pas se sentir sombrer quand les perspectives ne cessent de s’assombrir, entre une société où l’on ne se reconnaît plus et le vieillissement qui grignote de plus en plus avidement l’avenir ? Les doutes de Paul sont l’occasion d’une peinture froidement pessimiste, pleine d’un cynisme aussi caustique que désespéré, de la société contemporaine et de ses dérives, entraînant une large réflexion sur ce qu’il reste de portes de sortie pour éviter de s’y anéantir. Une certaine résignation pousse notre homme à se replier sur son individualité pour trouver l’apaisement. Et tandis que, comme lui, chacun des personnages explore sa voie, entre spiritualité, engagement et famille, en s’y perdant parfois, c’est l’amour qui met tout le monde d’accord, en une série de tableaux d’autant plus lumineux qu’ils s’inscrivent en faux contre l’inanité fatale et absurde de la condition humaine.





Les sept-cent-trente pages de ce livre se parcourent avec plaisir et facilité, au gré des multiples facettes de la narration. Tout à la fois cyber thriller, satire sociétale et chronique familiale, Anéantir est une œuvre protéiforme, où la profonde mélancolie de l’auteur face au destin d’anéantissement de l’homme, mais aussi de toute civilisation, trouve la rémission dans la célébration du bonheur d’aimer, seule valeur qui tienne dans cette vallée de larmes. De ce texte en clair-obscur, se détachent plusieurs magnifiques portraits de femmes, où elles paraissent, bien mieux que les hommes, savoir faire spontanément la part de l’essentiel. Pour parvenir aux mêmes priorités et enfin décrypter les messages freudiens des rêves qui ne cessent de le poursuivre, il aura fallu à Paul l’écrasant poids de l’impondérable. Seulement alors, avant qu’il ne soit définitivement trop tard, trouvera-t-il la force de se réconcilier avec sa mortelle, et peut-être pas si absurde, condition d’être humain.





Humour grinçant, mais aussi émotions, sont au rendez-vous de ce livre, qui, à partir de constats terriblement noirs et anxiogènes sur le monde contemporain, mène une analyse aussi juste que féroce, et trouve à se recentrer sur ce qui peut, malgré tout, préserver un sens à notre existence.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Les particules élémentaires

Ah, mes aïeux ! Quel pied que cette lecture.

Je n’avais jamais rien lu de Houellebecq.

C’est maintenant, par le plus banal des hasards, chose faite.

Les lectures imprévues, improbables, sont toujours les meilleures.



Lecture profonde, riche et légère tout à la fois.

Je n’ai peut-être pas tout compris.

Mais en était-il vraiment besoin ?

En revanche, l’auteur semble vouloir nous convaincre en « substance , » et je suis en total accord avec lui, du fait que les hommes, les hommes et pas les femmes, ne sont qu’un amas, plus ou moins difforme et incohérent, de branleurs.

Et oui, si telle est notre condition, autant y aller de bon cœur.

Ce livre aurait bien pu se traduire par : « Hommes, bite à la main »



Je ne veux plus rien dire de chef-d’œuvre, par peur de "l’éclabousser."

Toute femme et tout homme, devraient simplement le lire.

Oui, tout simplement.

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Soumission

Voilà un livre qui, en réalité, ne peut laisser aucun de ses lecteurs "en rade" sur les tristes berges de l'indifférence.

Michel Houellebecq, avec ce livre, a jeté un pavé dans la mare.

Est-il besoin de rappeler que François, qui partage ce récit avec Joris-Karl Huysmans, est un professeur d'université, brillant mais blasé, dont l'existence est bouleversée par un étonnant chambardement politique ?

Non, le récit de "Soumission" est clair, coulant, exprimé dans un style sans tâche - bref, bien écrit.

Ce qui devient vite plus ardu pour son lecteur, c'est son interprétation, le sens que son auteur a voulu lui donner.

Difficile de démêler ce maillage serré d'amour de la littérature, d'accusations, d'humour, de provocation, d'une certaine nostalgie du XIXème siècle, de dérision et de philosophie.

Jamais, peut-être, l'anticipation ne s'est faite aussi délicate à saisir !

Que peut-on reprocher vraiment à ce livre ?

D'être engagé ou même prosélyte ? Non, certainement ...

D'être alarmiste ? Oui, peut-être ...

Encore que ! Il tende à démontrer une certaine tendance à l'adaptation générale de l'homme et de son engagement - pour autant qu'il en ait un - à tout système qui parvient à s'imposer.

Mais si je devais trouver, sans trop y réfléchir, un autre titre possible à "Soumission", j'aurai l'audace de proposer "le déclin de l'empire européen".

Car, c'est bien de cela qu'il s'agit en réalité : le suicide, en quelques décennies, de cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine.

Michel Houellebecq fait preuve d'un grand pessimisme, ou d'une profonde lucidité.

Libre, ici, à chaque lecteur de se faire son idée.

Le livre est incongru, parce qu'il nous décrit des situations étrangères à notre "possible".

Il est choquant, aussi parfois, par certaines de ses scènes, par certaines des compromissions dont, sur sa fin, il semble se faire l'avocat.

La plus grave me paraît être le statut de la femme qui prend un coup, voire même plusieurs avec l'acceptation de la polygamie, le retour fortement incité au foyer, le mariage accepté des mineures et autres petites "babioles" ...

L'éducation, si chère à H.G Wells, en prend aussi pour son grade.

Certaines phrases du livre sont purement scandaleuses.

Michel Houellebecq serait-il l'écrivain par qui le scandale arrive ?

Ce qui, au XIXème siècle, il le rappelle, était une posture, parfois même un plan de carrière.

Ce livre est un bon livre, qui bouscule, qui interroge, qui sort son lecteur d'une certaine zone de confort.

Mais ce n'est pas un grand livre, parce qu'à sa fin le personnage semble prendre parti.

François aurait dû rester blasé et dépressif, hors de ce qu'il observait.

Et Michel Houellebecq aurait gagné le pari de signer un de ces livres qui comptent vraiment dans la Littérature ...



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Sérotonine

Tu es dépressif, usé, grincheux, cynique, misogyne et tu as la libido ramollo, ce livre est fait pour toi !

Tu pourras facilement t'identifier au héros houellebecquien, cette fois-ci un certain Florent-Claude Labrouste. Il habite en banlieue près de Paris : " Aux intersections de ses voies de communication, l'homme a bâti des métropoles laides et répugnantes, où chacun, isolé dans un appartement exactement semblable aux autres, croit absolument être le centre du monde et la mesure de toutes choses." Ensuite notre sémillant héros prend son 4x4 et se rend dans la capitale : " Je déteste Paris, cette ville infestée de bourgeois écoresponsables, me répugne. Je suis peut-être un bourgeois moi aussi mais je ne suis pas écoresponsable, je roule en 4x4 diesel – je n'aurais peut-être pas fait grand-chose de bien dans ma vie, mais au moins j'aurais contribué à détruire la planète ". Puis il va chez son dentiste : " En général, je déteste les dentistes ; je les tiens pour des créatures foncièrement vénales dont le seul but dans la vie est d'arracher le plus de dents possible afin de s'acheter des Mercedes à toit ouvrant."

Du côté affectif, c'est aussi le plus complet nirvana, il rompt avec Claire et " lors de ma séparation d'avec Claire, mon sort avait été notablement adouci par la fréquentation des vaches normandes... S'il n'y avait pas, de temps à autre, un peu de sexe, en quoi consisterai la vie? "

Cet apôtre de la psychologie positive nous l'assure : " N'ayez pas peur du bonheur, il n'existe pas. Ma vie est une forme vide, et il est préférable qu'elle le reste. L'univers n'est qu'un furtif arrangement de particules, une figure de transition vers le chaos qui finira par l'emporter ". Et notre guilleret héros houellebecquien, de conclure sur une note pleine d'optimisme : “De nos jours tout le monde a forcément, à un moment ou à un autre de sa vie, l'impression d'être un raté.”

Enfin bref, un gros coup de coeur pour un bouquin plein de positivité, j'en ai encore la chair de poule. Un roman qui fait du bien, tonique, vivifiant, radieux, qui vous redonne une sacrée pêche ! Merci Michel !!!

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Anéantir

Le dernier Houellebecq, ça ne se refuse pas pour bien se remonter le moral!

Ça commence fort : " Certains lundis de la toute fin novembre, surtout lorsqu'on est célibataire, on a la sensation d'être dans le couloir de la mort." Puis : " Cette lumière des fins d'après-midi du début décembre était sinistre, c'était vraiment le temps idéal pour mourir. " Youkaïdi youkaïda!

Cette fois-ci notre héros est un certain Paul, un haut fonctionnaire du Ministère de L'économie. Il vit en couple avec Prudence mais visiblement pour eux, ça n'est pas tous les soirs la fête du slip : "Prudence n'avait pas de vie sexuelle, les joies plus austères du yoga et de la méditation transcendantale semblaient suffire à son épanouissement. Prudence n'était pas une femme pour le sexe. Elle aurait mieux fait de lui montrer son cul, à la rigueur ses seins, son éducation n'avait pas été conduite dans cette direction et c'était regrettable, car peu d'autre opportunités seraient offerte à leur couple... de plus il avait complétement cessé de se masturber."

Ensuite Paul se livre à quelques réflexions philosophiques bien sympathiques : " le monde humain lui apparut composé de petites boules de merde égotistes, non reliées, parfois les boules s'agitaient et copulaient à leur manière, chacune dans son registre, il s'ensuivait l'existence de nouvelles boules de merde, toutes petites celles-là. Depuis quelques années, il est vrai, les boules de merde copulaient en moins grand nombre, elles semblaient avoir appris à se rejeter, percevaient leur puanteur mutuelle et s'écartaient les unes des autres avec dégoût, une extinction de l'espèce humaine semblait à moyen terme envisageable. " C'est une façon de voir les choses...

Notre Droopy conclut joyeusement : " Paul partit se coucher immédiatement après le diner. Il se sentait comme une boite de bière écrasée sous les pieds d'un hooligan britannique. Tout cela était un peu déprimant, sa vie aurait quand même dû être un peu plus vivante, se dit-il dans un élan d'autoapitoiement qui le dégoûta aussitôt." On le comprend !

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La Possibilité d'une île

Avec Houellebecq appelons un chat un chat, surtout si on fait de préférence allusion à la femelle de l'espèce. Il est certain que si on lit Houellebecq au premier degré on restera au niveau de cette partie de son anatomie qui rime avec citrouille. C'est avec pareille écriture décomplexée, dépouillée de l'adverbe, proche de la langue parlée que Houellebecq a séduit son lectorat. Une écriture affranchie de toute censure, propre à libérer l'homme de la violence et la licence qui bouillonnent au tréfonds de son être. Avec Houellebecq, seul le bonheur est absent du tableau. Comme tabou. Le réalisme sombre dans la déréliction et clame à longueur de pages le malaise existentiel de son héros. Une lecture qui laisse un goût de cendre dans la bouche.



Avec lui, l'accouplement est le seul acte de la vie humaine qui détourne vraiment de l'obsession de la mort. Forcément, il est créateur de vie. Et pour ceux de l'espèce humaine qui en douterait la Nature y a fait correspondre le plaisir. Ces moments d'extase trop rares, trop courts, trop peu partagés, deviennent pour le coup l'unique objectif de l'existence humaine.



Oui mais voilà, l'individu n'est pas programmé pour l'éternité. Il reste subordonné à l'espèce qui seule survivra. Piètre consolation. Le dépérissement du corps va jusqu'à le priver de ses fugaces instants de grâce, ses seuls instants d'éternité. Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable a pu écrire Romain Gary qui a bien exploré le sujet, comme tant d'autres. C'est le drame du vieillissement. Le monde s'écroule quand la Nature prive le mâle de ses "matins triomphants" chers à Victor Hugo.



Mais au fait, elle, qu'en dit-elle ? Houellebecq ne s'en soucie que trop peu. "Celui qui aime quelqu'un pour sa beauté, l'aime-t-il ?" S'en culpabilise-t-il toutefois en catimini. Cet ouvrage est celui du décalage de l'amour et de la sexualité. Isabelle aime Daniel mais n'aime pas le sexe. Daniel aime Esther qui n'aime que le sexe. La possibilité d'une île est le roman de l'insondable solitude de l'Homme face à son destin. "On nait seul, on vit seul, on meurt seul".



A cette écriture désinhibée, Houellebecq allie une puissance conceptuelle exceptionnelle. Une imagination galopante, tout azimut, méprisante de la bienséance ringarde qui a essoufflé ses prédécesseurs dans l'art d'écrire. Quant à être visionnaire, on ne saurait dire tant le paysage est sombre. Mais peut-être a-t-on peur qu'il ait raison. Si dans un futur plus ou moins proche le clonage remplace l'accouplement pour reproduire l'individu, sûr que l'amour qui peinait déjà à s'imposer n'aura plus de raison d'être. Misère sexuelle, misère affective seraient-elles l'avenir de l'espèce. A moins que ce ne soit déjà le cas ?



Mais pourquoi ai-je donc lu Houellebecq, moi qui vis sereinement ma vie d'autruche, la tête dans le sable à n'oser affronter la triste réalité de ce monde ? Sans doute parce qu'une femme a eu la force de conviction séductrice de m'ouvrir les yeux sur la seconde lecture qu'elle avait faite de cet ouvrage. Celle qui rime avec toujours, et pas avec citrouille. Où avais-je donc la tête ?

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Anéantir

Noir, sombre, cynique, désabusé, mais aussi drôle, jouissif, provocateur, …

Je me suis lancée sans trop savoir ou je mettais les pieds. « Houellebecq ? » rien lu depuis Les particules élémentaires (autant dire que ça date un peu) qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable… Et puis, ma curiosité a été piquée par le récent battage médiatique, et j’ai eu envie de redécouvrir cet auteur controversé.

Un peu sceptique sur les premières 200 pages du livre, ça part dans tous les sens, attentats terroristes, fonctionnement de nos institutions politiques, stratégies dans la course à la présidentielle, vie à mourir d’ennui de Paul Raison (tellement bien campée qu’on finit par s’ennuyer nous aussi), …, et puis finalement, on s’installe dans la vie de la famille Raison. J’ai fini par m’assoir à leur table dans leur maison du Beaujolais et écouter leurs doléances.

Les personnages prennent corps avec leurs qualités et leurs défauts (enfin surtout leurs défauts, on est quand même toujours chez Houellebecq), et là ça devient savoureux, ces personnages deviennent familiers, et on attend la suite.

Tout cela reste très fouillis, et l’ensemble des sujets constitue un gigantesque inventaire à la Prévert, comme l’épisode rocambolesque complètement loufoque mais extrêmement réjouissant de l’exfiltration du père de son EHPAD. Cependant, le fil d’Ariane reste la famille Raison, ses failles et sa traversée des épreuves envoyées par la vie permettent à Houellebecq des remarques décapantes sur notre société, qui ont sonné très juste à de nombreuses reprises.

À ma grande surprise, j’ai fini par dévorer les 300 dernières pages, happée par ses réflexions sur notre lente et inexorable marche vers la mort, l’affrontement de la maladie, la perte d’autonomie, l’amour/désamour familial /dans le couple… clairement la partie que j’ai préférée.

Le livre aurait gagné à être plus court, certains passages ne présentant pas grand intérêt, le décor prend du temps à être planté, mais ensuite, je n’ai pas boudé mon plaisir ! Alors si la curiosité vous titille, sautez le pas !

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Sérotonine

Florent-Claude Labrouste est un fumeur invétéré en dépression.

Son traitement, le Claptorix est un antidépresseur qui aide à la production de Sérotonine, l'hormone du bonheur, mais qui inhibe la synthèse de la testostérone, ce qui de fait, le rend progressivement impuissant.



Notre cadre du Ministère de l'agriculture est dépassé par le cynisme et les déviances de sa compagne japonaise. Il décide alors de tout plaquer et se planque, pour se retrouver et faire seul, un retour vers ses amours et ses amis d'autrefois, dont il découvrira que les vies ne sont franchement pas plus brillantes que la sienne.



De relations passées et d'histoires gâchées, en passant par ses retrouvailles avec un ancien camarade d'études, lui-même au cœur d'une révolte paysanne en proie au rouleau compresseur de l'Union Européenne, il devra faire face à ses choix de vie, à ses histoires d'amour ratées, à tout ce temps perdu.



Au fil de cette décadence intellectuelle, physique et romantique il voudra retrouver son seul véritable amour, le plus inaccessible aussi. Mais le temps ne se rattrape jamais.



"Je laissai directement pénétrer dans ma conscience cette évidence pénible, atroce et létale que j'aimais encore Camille".



A mon avis :

Il n'y a pas d'analyse politique dans ce nouveau Houellebecq comme j'ai pu le lire parfois, mais bien une capacité de son auteur à être dans l'air du temps et à percevoir l'humeur populaire. Dans le cas présent, la révolte paysanne qui couve, évoquée en second plan et pendant quelques chapitres, fait écho aux mouvements sociaux actuels en France, bien que les problèmes des paysans français ne datent pas d'hier.



Dans ce cadre et comme toujours, ce roman est à la fois cynique, cruel, féroce, odieux et terriblement drôle. Mais il est aussi romantique.



Et s'il n'y a pas d'analyse politique, il y a néanmoins une vision juste des relations humaines, comme souvent avec cet auteur, qu'elles soient amoureuses ou amicales.



"Les femmes comprennent mal ce qu'est l'amour chez les hommes, elles sont constamment déconcertées par leur attitude et leurs comportements, et en arrivent quelquefois à cette conclusion erronée que les hommes sont incapables d'aimer, elles perçoivent rarement que ce même mot d'amour recouvre, chez l'homme et chez la femme, deux réalités radicalement différentes".



Et on retrouve bien entendu le personnage central des romans de Houellebecq, forcément au bout du rouleau, forcément dépressif, forcément misogyne mais qui, lucide, ne craint pas de dire des vérités crues, au second degré, mais aussi parfois au premier, ce qui a tendance à nous faire oublier qu'il s'agit d'un roman, pas d'un essai.



Un très bon roman donc, que les amateurs du genre doivent se dépêcher de lire, et que les autres découvriront sans oublier qu'un Houellebecq s'apprécie en prenant du recul et du détachement... et alors, il devient aussi particulièrement drôle.



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Soumission

Il fut un temps ou cet auteur était un grand écrivain .

Hélas ce temps là est révolu.

A la différence de Zemmour et autres apôtres de la pensée et parole réactionnaire , c'est un écrivain ,un vrai .

Ne tournons pas autour du pot , c'est le moins bon livre de sa bibliographie.

Ceux qui sont surpris par sa ligne très à droite devraient lire Plateforme ou l'on trouve déja un propos très virulent contre l'islam.

Cet homme , comme Zemmour , Finkielkraut, Pernaut , Camus, etc , est inscrit dans le délire anti musulman , et cela devient franchement rasoir .

Sur la forme on à ici du Houellebecq classique , avec ces thématiques de prédilection.

Le bonhomme ne se renouvelle pas et devient un peu rasoir à force .

Comme Zemmour , Houellebecq à peur dans un monde qui va trop vite pour lui .

Cette peur devient pathologique chez lui , ce qui ressort dans sa prose très indigeste.

Ce bouquin très ennuyeux et répétitif dans ces insinuations racistes à au moins un avantage : on comprend par le biais du délire de Houellebecq combien les réactionnaires et autres racistes sont de grands malades mentaux.

Ce bouquin n'est au fond qu'une confession délirante émanant d'un esprit malade qui meurt de peur .

Les afficionados de Zemmour et du FN vont se repaitre de ces pages délirantes , à condition qu'ils comprennent ce qui n'est pas garanti.

Les amateurs de littérature passeront leur chemin.

Un 0 pour ce bouquin qui ne mérite que la fuite.
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Les particules élémentaires

Un jour j’ai lu "Twilight" et j’ai pleurniché d’amour, coincé dans un corps d’homme, il me fallait assumer cette passion pour la variété littéraire, argumentant un amour pour la lecture, reléguant la culture à ma triste condition d’homme viril(e) qui un jour de troisième fut reconnu inapte à la poursuite de ma carrière d’astronaute… le chemin était encore long, et les maths une science occulte dont l’éducation nationale se faisait fort d’un recrutement on ne peut plus rigoureux, à la mesure de ma compréhension qui s’échappait dans les méandres de mes pensées lubriques, peuplées de cul et de visages juvéniles dont mes "camaradettes" de classe s’amusaient.



Après le temps passe, la maturité te lisse le crâne, le blanc se marginalise très bien avec la couleur de tes trois, quatre derniers cheveux… tu ne pleures plus d’amour, tu pleures tes rides et ton bide grassouillet, ta jeunesse t’échappe, il est loin le temps de l’insouciance, de l’innocence, la mort te susurre avec douceur la fatalité de toute vie, et tu y prendras peur, parfois fugace, longue, ou douloureuse, elle se love confortablement dans tes pensées dont l’immortalité se fable aux premières lueurs "maladiesques"…



Alors Houellebecq c’est le cynisme à l’état pur, sans ornement de douceur, sans les violons, il crache son hédonisme Nietzschéen sur le papier… la vie se résume à pas grand-chose, si ce n’est naitre, grandir, vieillir puis mourir, mélange des corps déjà flétris par le temps qui s’agace de cette jeunesse insouciante et solitaire dont ta peau douce se fane aux années qui passent… Le cul brut de bite qui s’a fesse et des seins qui s’étendent, le cul aux effluves « Bukosliesques »… L’espoir du désespoir, critique du matérialisme, apologie de l’ennui qui s’essouffle, Houellebecq « glauquifie » la vie qui se meurt inlassablement, ignore le bonheur des joies éphémères, hormis la branlette qui trouve son salut dans l’orgasme des instants fugaces d’une putain partie de baise…



Nous ne sommes que des particules, des plus élémentaires comme le dirait le titre, mélange hasardeux de l’évolution, nous inventons l’illusion de l’immortalité, alors que notre déchéance se nourrit insatiablement de nos espoirs perdus d’avance, imparfaits et mortels, épuisés par cette quête vaine de la vie éternelle, du bonheur éternelle, nous cheminons avec fatalité les yeux bandés vers le noir le plus obscur, incapables de nous projeter dans notre salut commun, apaisés de nos souffrances qui font de nous ce que nous étions, mais que nous ne serons plus un jour ou l’autre, mais je préfère l’autre…



Alors oui Houellebecq se rapproche de la pensée Nietzschéenne, sans pouvoir parvenir à oublier le passé, et à faite abstraction du futur, nous naviguons dans la superficialité de toute vie, pour combler le temps qui nous manque, on voudrait être des Dieux alors que nous sommes que des hommes…



Il y a encore quelques années, ce style de lecture m’aurait fait pleurer d’ennui, je me serai complexé aux premières pages, ne saisissant que les mots mais pas leur sens, je me serai dit : « ouais OK, le mec déprime, complexe sur un physique au laisser aller flagrant, raconte une histoire dont je me fou complètement, sans saisir l’essence même du bouquin, qui fait réfléchir, et qui fait du bien malgré tout, je ne suis pas fan de l’auteur, bien que son style respire le talent c’est indéniable…mais il manque cette pointe d’ironie et de dérision qui donne quand même un peu de poésie à notre vie, le cul reste pour moi comme pour lui un échange des plus bandants, mais j’y ajoute toujours un cœur ou deux, histoire de rendre grâce à l’orgasme qui me donne l’envie de vivre pleinement avec le sourire et les rires…





A plus les copains
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La carte et le territoire

La carte et le territoire est inconstant. Cela fait longtemps que je voulais lire ce Goncourt mais étrangement j'ai eût beaucoup de mal à le trouver, que ce soit dans des libraires, dans les grandes enseignes à dimensions culturelles, il y avait tous les romans de Houellebecq sauf celui là !

Après l'avoir lu, la raison est peut être assez simple : ce livre est finalement assez banal. Loin, très loin de l'image du sulfureux écrivain avec un regard sombre sur la société. Certes par de rares phrases, l'auteur ponctue son récit sur des interrogations comme la place du travail dans nos vies, de l'argent moteur de toutes les atrocités, décrit une société apaisée post crise à la fin du récit. La question de l’euthanasie est aussi effleurée avec le père du héros. Oui voila le problème de ce Goncourt : à vouloir traiter beaucoup de sujet de la vie, il n'y a pas de réel approfondissement. Les réflexions "philosophiques" sur ces sujets sont consensuelles, du déjà lu, vu.

Mais la majorité du temps, le lecteur doit supporter de longues descriptions sans intérêt, en particulier du matériel utilisé par Jed Martin, artiste devenu riche ou encore de son chauffe eau tombé en panne et sa difficulté à contacter un plombier !

Ce Jed Martin va rencontrer Olga et hop en à peine 2 pages ils vont finir dans le même lit !

Jed Martin va rencontrer ... Michel Houellebecq. Au début j'ai eût peur de ce procédé, Houellebecq parlant de Houellebcq bonjour la mégalomanie. Puis finalement il s'en sort assez bien avec ce personnage de Houellebecq en fin de compte pathétique dans la gestion de sa vie quotidienne.

La troisième partie s'ouvre par un événement inattendu mais la suite, elle est beaucoup plus classique avec une enquête policière guère captivante. La description de la scène du crime est là aussi interminable, avec tout ce sang cette scène me fait penser à la série Dexter. L'auteur va même tomber dans le vice d'utiliser la fameuse phrase toujours employé par un enquêteur " je sens qu'on passe à coté de quelque chose mais je sais pas quoi" ! Super on est ravi par une telle prouesse littéraire, une telle audace narrative. Recourir à une telle banalité devrait conduire à l'élimination automatique d'un Goncourt !

Par contre il convient aussi de dire que ce livre ne m'a pas entièrement passionné en raison des nombreuses références artistiques. Or je n'ai pas la culture suffisante sur ce domaine pour apprécier la pertinence ou non de ces réflexions sur les arts.
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La Possibilité d'une île

Non ! Houellebecq, j’aime bien.

Alors voyons, la quatrième de couverture :

- .Qui, parmi vous, mérite la vie éternelle ?

Non ! Restez zen ! Ne vous battez pas ! T’te façon c’est moi qui commande... Personne ! Tout le monde ! Mais surtout ! Pour quoi faire ?

Oui ! Histoire de vous embrouiller un peu, je commence par la fin, une phrase seulement ; qui voulait s’en inspirer a perdu !

- .Alors qui ?

- .Le sauvage, régulant la limite d’âge à 50 ans par pratique du cannibalisme.

- .Clone 1er soit l’ancêtre de Daniel, puis des ‘Daniel’ numéro 1 à 24 des néo-humains, dignes représentants de la secte des Élohim, puis enfin

- .Daniel 25, promis au phénomène de la réincarnation, l’ultime ‘Indélivré’...

C’est dans son Cyberspace que Daniel 24 se nourrit de mail et du récit de vie de Daniel 1er dont il est un représentant par copie génétique. Il s’attache donc à étudier l’historique de ce référentiel et pourrions-nous dire, en l’occurrence, les 3 âges de l’amour : Avant - Pendant - Après.

- .Avant : l’inconditionnel, le fougueux de la prime jeunesse, à ne point manquer, à ne point occulter.

- .Pendant : celui en cours, quand béatement on se donne du Monsieur ‘Untel’ Madame ‘Untel’ et ses petits, dudit sobriquet, (j’aimerais bien qu’on me considère en tant que tel) : de la famille Untel qui s’y perd, s’y dissipe où s’y disperse.

- .Après : le passionnel, celui de la dernière chance. Une éventualité pour laquelle on a bien réfléchi, pesant le pour et le contre, l’éphémère et le prévisible, tout cela pour s’y jeter à corps perdu et de façon totalement irraisonnée et en toute connaissance de cause.

Le Néo-humain n’est pas un hypocrite, c’est un ancien vous-même qui a rejoint la secte des Élohim et il arbore un langage cru, sans fioritures.

Le prophète en ces lieux qui prône une sexualité débridée, à commencer par la sienne, s’impose en mâle dominant, ce qui a un effet castrateur aussitôt ressenti par les émules qui de fait, se cantonnent plutôt dans la solitude. Puisque c’est permis, on n’en a plus envie, réaction infantile, somme toute. Mais, tandis que les néo-humains sont sensés atteindre un certain degré d’immunité pulsionnelle, il ne sied guère au bel italien, Gianpaolo, qu’on s’empare de son trophée, la sublime Francesca, lequel rectifiera de façon, sinon énergétique, énergique ce petit problème de dosage.

Alors ! En raison des recherches sus exposées, nous avons la possibilité de vous proposer les adaptations suivantes :

- .1er choix : une option pour l’eugénisme vers un vide abyssal pour néophyte insensible.

- .En 2ème choix : une ré-humanisation vers l’état second de l’ivresse, avec les effets secondaires, naturellement.

- .En 3ème choix, le retour aux origines étant impossible à mettre en application, vous avez la consécration, réincarnation à l’état animal, sachant qu’une bête aimante, à moins de tomber sur un néo-maître, a toutes les chances d’accéder par effet de miroir à un amour inconditionnel.

Peut-être bien que c’est pas si rigolo que j’dis, mais c’est super intéressant, en tout cas, moi, ça m’a plu.

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Les particules élémentaires

C'est pas pour dire du mal, mais il faut bien le reconnaître : Michel Houellebecq n'est pas exactement le genre de type que j'inviterais à la communion du dernier pour raconter des blagues en attendant le dessert. Les vrais tranches de rigolade sont plutôt rares dans les 316 pages de ses Parti(cul)es Élémentaires qui nous racontent la vie de Michel, le scientifique, et de son demi-frère Bruno le branleur.



Ils sont très différents, Michel et Bruno : Michel est aussi introverti que Bruno est profiteur, tendance éjaculateur compulsif, ce qu' il démontrera tout au long du roman.



Ils avancent ensemble vers la fin d' un monde sans joie et hanté par des post soixante-nuitards désabusés et cancéreux à la sexualité mourante mais débridée.



J'ai éprouvé parfois un peu d'ennui dans ce livre dont j'ai sauté quelques pages, mais soyons honnêtes : il est dense, son écriture est plaisante, et ses chemins sont imprévisibles malgré qu'ils soient pavés des ingrédients habituels (cynisme, sexe, descriptions wikipédiesques, personnages réels, poèmes fruités, etc) qui nous rappellent sans doute possible qu'on est bien chez Houellebecq.



A lire éloigné du bord de la falaise.

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Anéantir

Alors que Sérotonine, le précédent Michel Houellebecq, était particulièrement décevant – absence de vision, incapacité à comprendre l’époque, et complaintes fatigantes du mâle blanc occidental – Anéantir s’avère dense, ambitieux et complexe, même si le propos reste parfois difficile à saisir.



Le roman se déroule en 2027, à la veille des élections présidentielles, et débute comme un cyber thriller, particulièrement excitant, avec plein de bonnes idées – des images et des photos insérées dans le texte, une maîtrise des enjeux technologiques actuels –, avant de nous plonger dans le quotidien de Paul Raison – conseillé spécial de Bruno Juge, le ministre de l’Économie – et de sa famille.



L'anticipation permet moins de prédire le futur que de créer une réalité alternative où l'on peut étudier la société sous un autre angle, libéré des contingences de l'actualité – le Covid, Zemmour – et de la réalité du monde – la crise écologique, MeToo... Houellebecq ne cherche pas dans ce nouveau roman à être « un fin observateur de la société française » et encore moins de comprendre notre époque. On pourrait même dire qu’il évite volontairement la confrontation avec cette dernière pour suivre sereinement des personnages confrontés au vide de l’existence et à la mort.



La charge contre le capitalisme trouve ici son aboutissement. Après la défaite vient la résignation. Face à l’absurdité du monde moderne, il ne reste aux personnages qu’à se refermer sur eux-mêmes, en faisant du couple, de la famille et de la lecture, les seuls fondements, le seul refuge. En synthèse, il s’agit de remplacer l’individualisme économique par un individualisme social. Un individualisme intime même.



Comme souvent chez Houellebecq, les personnages, médiocres et lâches, tentent de trouver leur voie dans une époque cynique et une France gangrénée par le capitalisme. Ils sont successivement touchants et odieux, se livrent à des compromis gênants. Veule, Paul apprécie son beau-frère raciste, ne reproche pas à sa femme son absence d’engagement citoyen. Il se laisse porter. Au point de donner l’impression d’une complaisance avec la bêtise, celle de ses compatriotes et la sienne. Alors qu’il se revendique comme progressiste, Paul ponctue ses réflexions de « en particulier chez les femmes » et défend la supériorité du couple homosexuel. Sur la question des femmes, le roman réalise néanmoins un revirement stimulant en érigeant Prudence, la femme de Paul, âgée de cinquante ans, comme un modèle d’attractivité sexuelle – un pied de nez à Yann Moix et son incapacité « à aimer une femme de 50 ans ». Malheureusement, les femmes restent, volontairement ou involontairement, cantonnées à un rôle : celle qui nourrit, celle qui apaise, celle qui fait jouir, celle qui dicte dans l'ombre la conduite de l'homme.



Une fois de plus, il est difficile de savoir où Houellebecq veut en venir, s'il endosse les réflexions de ses personnages, s'il se moque d'eux ou s’il les observe froidement. On ne sait jamais où s’arrête la description froide et où commence la provocation volontaire. La vision passéiste et nihiliste de Houellebecq, poignante au moment de la lecture, par sa description du désabusement, continue d’agacer par sa défense du monde d'avant, celui d'avant les ravages du capitalisme, qui est aussi celui du règne du bon père de famille à qui tout était dû. Quelle est la part du penser et de l’instinctif ? Les scènes de rêves sont à l’image du livre. On ne peut pas déterminer si elles sont dénuées de sens, strictement guidées par l’instant de l’écriture, ou si elles sont méthodiquement élaborées recelant d’indices cachés.



Rien n’est univoque. Les seuls positionnements que l’on peut acter restent l’anticapitalisme et la lutte contre l’euthanasie – il est intéressant de noter que Houellebecq, qui fait preuve d’un pessimisme total, mise pourtant sur l’idée que les personnes en état végétatif vivent de manière apaisée, dans un quasi-rêve permanent.



Houellebecq défend l’idée que le « grand public » détient la raison politique et la vérité culturelle – idée qui se concrétise moins dans un éloge du populisme que dans une valorisation de la littérature de genre, polar et SF en tête. Le livre lui-même revendique ce souhait de toucher le plus grand nombre. Sa construction, son style et son propos en font probablement son roman le plus facile d’accès. Une approche cohérente avec sa croyance dans la nécessité de généraliser pour pouvoir théoriser. Anéantir est un livre à la fois consensuel – tout le monde se retrouvera dans certains passages – et détestable – chacun trouvera des phrases qui lui donneront envie de fermer le livre, à commencer par un discours dégueulasse sur les migrants d'un décideur politique.



Néanmoins, Anéantir est aussi le livre de l’apaisement. Les protagonistes ont peu d’occasions de faire le mal ou le bien, mais, et c’est nouveau, quand ils le peuvent ils sont plutôt enclins à faire le bien. La misanthropie originelle de l’auteur fait place à une bienveillance molle. Il y a comme une réconciliation avec l’existence. D’ailleurs, pour la première fois, un personnage religieux – Cécile, la sœur de Paul – n’est pas moqué, mais admiré pour son engagement.



C’est aussi et surtout un roman bourré de pistes de réflexions et de digressions passionnantes, sur la manière dont l’occident a rendu la mort et la maladie obscènes, sur la place de la fiction dans l’acceptation du quotidien, ou encore sur ce qu’il appelle « la vie sur le côté ».



Michel Houellebecq reste le grand écrivain de l'attraction / répulsion.
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