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Jean-Paul Manganaro (Traducteur)
EAN : 9782020580342
96 pages
Seuil (12/09/2003)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Le récit commence par ces mots : « Quand j’ai su que je deviendrai aveugle, j’ai commencé à aimer la peinture. Sans doute aimer n’est-il pas le mot exact, car, dans ma condition, il est difficile d’éprouver un sentiment envers quelque chose d’extérieur, et puis ma condition ne me permettant déjà plus de bien voir, je ne peux donc pas dire avec certitude ce que j’aime, si ce sont les tableaux que je cherche dans les musées, ou le fait même d’aller les chercher, jusqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je dois à Mathieu Amalric la découverte de l'écrivain Daniele del Giudice. En effet, l'acteur-cinéaste français a brillamment adapté, en 2002 et de manière rocambolesque (il faut absolument voir les bonus dans la version DVD) le Stade de Wimbledon, un livre de 1983 qui retrace l'enquête littéraire d'un étudiant (une étudiante dans le film ; interprétée par Jeanne Balibar) sur les traces de Roberto Bazlen, l'écrivain triestin sans oeuvres mais d'une influence durable puisqu'on le retrouve dans de nombreux livres, dont ceux de Vila-Matas ou Jouannais par exemple. Si le livre de del Giudice est excellent, le film est lui aussi formidable : grâce à son rythme particulier, son ambiance nouvelle vague, c'est un exemple de réussite d'adaptation de roman sur grand écran (et les exemples sont rares, sans vouloir être trop négatif) ; et lorsqu'un livre me plait, je pars à la découverte du reste de l'oeuvre de son auteur, et voilà qu'en feuilletant le catalogue de la collection La librairie du XXIè^siècle (où a été publié le Voyage d'hiver de Perec, et qui est l'édition qui propose le plus de titres de del Giudice), je tombe sur ce titre intriguant : Dans le musée de Reims. Allez savoir pourquoi, à la lecture de la première phrase de ce court roman, phrase que je reproduis ici "Quand j'ai su que je deviendrais aveugle, j'ai commencé à aimer la peinture", j'ai pensé à un film que je n'ai toujours pas vu (mais dont j'ai lu et entendu des descriptions quand même) : le dos rouge. Peut-être parce que Jeanne Balibar y est présente, aussi parce qu'il se passe dans un musée et probablement parce qu'on y décrit des peintures et parce que le protagoniste central, Bertrand Bonello, cherche à voir, à comprendre, à trouver quelque chose dans les peintures. Et c'est là tout l'enjeu du livre de del Giudice. Qu'est-ce qu'on voit quand on ne peut plus voir ? Et comment expliquer une peinture à un homme atteint de cécité ? C'est là deux questions parmi beaucoup d'autres qui font de ce livre une magnifique expérience de lecture autour d'un homme qui perd la vue, d'une fille qui murmure à l'homme les descriptions des peintures, et d'une peinture en particulier, celle de David : La Mort de Marat (ou Marat assassiné), dont on apprendra tout, ou presque... une merveille ce livre car en peu de pages il va vers un essentiel qui - le croirait-on à tord - en demanderait dix, vingt ou cent fois plus. Tristesse que cet écrivain soit gravement malade et si peu connu.
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J'ai choisi de lire ce livre dans le cadre d'un challenge de lecture 2015, où une des conditions était de lire un livre se déroulant dans sa ville natale, Reims pour moi. le fait qu'il se passe plus précisément au musée de Reims était un plus indéniable, ayant à l'adolescence eu le désir de redécouvrir ma ville natale et ayant notamment choisi ce même musée comme un des lieux de visite.

L'entame du livre est ici très prometteuse, le sujet original, le traitement en parallèle de la narration (point de vue subjectif du héros en alternance avec un point de vue extérieur) très intéressant. On est vite en osmose avec le personnage principal, on cherche à comprendre son ressenti, sans doute avec la crainte d'avoir à affronter une telle situation.

On commence à regarder la taille du livre, on se dit qu'il va nous paraitre trop court, qu'on en voudra forcément plus, que ça aurait mérité d'être développé... et c'est là que survient toute une partie totalement différente, toute en précision théorique et historique, qui doit sans doute avoir son sens pour l'auteur mais qui a gâché mon plaisir déjà limité par la brièveté du texte.

La frustration sera finalement ce qui me restera d'un texte au début si chargé de promesses.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"... La nature sera ce qui me manquera le plus, mes camarades, au premier embarquement, me disaient : "Tu ne te rends pas compte comme ton visage change en mer", et ils souriaient, il me manquera certains bleus et certains rouges à perte de vue, il me manquera la perte de vue, et le sentiment d'espace et de sécurité et de quiétude qui donne la perte de vue. Comment vais-je faire sans couleur ? Dans cette obscurité, la nuit, parfois je me concentre et surgit alors de je ne sais où un orange chaud, ou un bleu, des couleurs pures sans aucune forme, comme si elles étaient vendues par plaques de couleur pure, qui sait si, quand je serais complètement aveugle, je garderais cette capacité de m'inventer les couleurs que je ne vois pas, certains turquoises brillants, certains jaunes aveuglants, certains bruns pleins de résonances basses, profondes, certains verts si délicats... C'est comme avec la musique, il doit y avoir pour elle aussi un dépôt dans l'esprit, et quand il fait si noir, avec un effort, j'arrive à réentendre des morceaux entiers, c'est une machine difficile à mettre en mouvement au début, mais ensuite on ne peut pas l'arrêter, elle commence seulement avec le thème, diverses trames, et les accents s'y ajoutent, les harmonies entrent, la musique se gonfle, elle passe de la tête aux oreilles, mais non par une voie intérieure, elle passe du dehors, comme si vraiment je l'écoutais. C'est une température chaude, de même que la température des couleurs est chaude, et en des heures comme celle-ci elle prend à la gorge et accélère la respiration..."
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Avec le temps il s'était efforcé d'accepter sa condition jusqu'au bout, y compris la difficulté à s'endormir, y compris cet instant de blanc* au réveil, quand on sait qu'il faut se rappeler quelque chose de très douloureux, comme le fait de devenir aveugle, mais que pendant un instant encore on ne s'en souvient pas.
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Videos de Daniele Del Giudice (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniele Del Giudice
Le Stade de Wimbledon, film français réalisé par Matthieu Amalric, sorti en 2002. Il s'agit d'une adaptation du roman éponyme de Daniele Del Giudice publié en 1981.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature italienne, roumaine et rhéto-romane>Romans, contes, nouvelles (653)
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