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EAN : 9782752910219
144 pages
Phébus (05/03/2015)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Confronté au brutal suicide de son père, Alex va se mettre en tête de comprendre les raisons qui ont poussé le vieil homme à commettre l’irréparable.

Une mystérieuse lettre en provenance d’Algérie, arrivée quelques jours avant sa mort, éveille sa curiosité et l’incite à explorer cette piste, celle de son père mobilisé au sud de Tébessa en 1959. Là-bas, il découvrira une culture fascinante, des paysages grandioses et Kahina – l’auteure de la fameuse le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle écriture superbe ! Quel livre magnifique sur les relations père-fils ! Quel beau voyage en Algérie !

Le roman s'ouvre sur le suicide par pendaison de Daniel Riedinger, 72 ans, dont la femme est décédée cinq ans plus tôt (à l'âge de 65 ans) et à qui il reste comme seule famille une soeur aînée Josette, un fils Alex (42 ans, professeur de mathématiques dans un lycée) et une fille Valérie (39 ans, mère de deux garçons jumeaux de 11 ans). Alex qui n'a plus aucun contact avec Aline, son ex-compagne, est lui-même le père de Julien, presque 18 ans, « élève en classe de terminale littéraire » dans le lycée où il enseigne.
Cela se passe en Alsace (belle région et terre d'adoption pour moi depuis 1994), plus précisément à Strasbourg en mars 2011.

« La fin de la mère avait laissé un vide, celle du père laissait un fardeau ». (p. 25) Commence alors une quête de la véritable histoire de ce père taciturne qui conduira Alex à Alger.

J'ai adoré ce voyage littéraire si authentique. À Alger, il rencontre Kahina N'Soumer, fille de Skander le fellagha, ami de son père, décédé lui aussi le 2 mars 2011. Elle est une « jeune femme d'une trentaine d'années », secrétaire à la faculté de médecine.

L'évocation du passé est habilement insérée par l'auteur dans la lumière si particulière des paysages algériens que j'ai connus dans mon enfance.

Je retiendrai aussi l'hommage à Albert Camus plusieurs fois mentionné dans le livre et cité aussi (p. 65), la découverte de la musique diwan (qui accompagna si agréablement ma lecture à partir de la page 45), que Dounia veut dire « la vie sur terre », la mention du poète Jean Sénac, la signification du prénom Kahina (à découvrir p. 63), l'évocation du film El Gusto sorti la même année 2011 (pour découvrir la musique chââbi), le renvoi à « La Soumission à l'autorité » de Stanley Milgram et tant d'autres choses. Et puis il y a aussi Gérard Hofstetter octogénaire, sous-officier légionnaire-parachutiste avec Daniel en Algérie, avec sa propre version des faits.

Un roman lu d'une traite aujourd'hui et que je ne suis pas prête d'oublier. Bravo Michel Serfati !
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"Qu'as-tu fait à la guerre, Papa ?" est le titre d'un film de Blake Edwards, et ç'aurait pu être celui de ce roman. Sauf qu'on n'est pas dans une comédie.
Alex, prof de math de 42 ans à l'existence vide, découvre son père suicidé. Alex n'a jamais vraiment su qui il était, un ancien d'Algérie enfermé dans son silence, prisonnier de ses souvenirs. Il décide alors d'aller en Algérie, à la recherche de son père -et de lui-même. Ce faisant, il va découvrir un pays et une culture qui vont le subjuguer.
J'ai été subjuguée, moi aussi, par cette déambulation et ces rencontres dans les rues d'Alger, ces descriptions sans concessions qui imprègnent le roman d'odeurs, de chaleur, de bruit, de lumière, de poussière, de saleté et de beauté. J'avais l'impression d'y être, et j'ai encore l'écho des bruits de la ville dans les oreilles, et le goût de l'air salé sur la peau.
Mais ce roman court, et dense sensoriellement et émotionnellement, est surtout une histoire douloureuse comme une cicatrice qui ne se referme pas, celle de la guerre d'Algérie. J'ai apprécié que l'auteur renvoie dos à dos tous ceux qui l'utilisent aujourd'hui à des fins nationalistes, que ce soit pour se victimiser ou pour raviver les haines, et qu'il pose les bonnes questions sur l'héroïsme. Mais il propose également de belles pistes de réflexions sur la filiation, l'identité, l'ouverture à l'autre, la confiance, la générosité, et c'est ce que j'ai préféré dans ce roman : la mise en exergue rationnelle de cette humanité dérisoire mais tellement précieuse, si facilement raillée et pourtant seule à pouvoir rendre la vie supportable. J'ai trouvé cela vivifiant, à une époque où le cynisme ambiant racornit les esprits.
Enfin, je suis tombée sous le charme du style simple et élégant, que j'imagine soigneusement travaillé, ciselé, poli, avec un réel amour de la langue.
C'est donc un roman pour tous ceux qui ont envie de se laisser emporter à contre-courant de la pensée dominante ; et ça fait un bien fou.
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Après l'Italie avec Vincent Engel, la Crête avec Victoria Hislop, voici l'Algérie.
Des lectures qui se suivent et m'emmènent en voyage dans d'autres pays, j'adore.

Alex, professeur divorcé, découvre son père pendu.
Un père manquant qu'il avait toujours trouvé frustre, bourru, étriqué, « beauf ».
Les questions sur ce suicide surgissent, le mettant mal à l'aise et le menant jusqu'en Algérie en quête de réponses.
La guerre d'Algérie n'a pas fini de faire couler de l'encre. Elle n'en n'a pas fini non plus avec Alex et Kahina, la jeune femme qu'il rencontre à Alger.
« Finir la guerre » est un livre puissant et profond, posant bien des questionnements sur
- les barbaries de la guerre
- l'héritage de nos pères
- les relations père/fils
La plume est belle et fine, les personnages parfaitement véridiques.
Il n'y a aucune fausse note dans ce court roman qui ne laisse pas indifférent, jusqu'à titre qui est si bien choisi.

Je ne remercierai jamais assez babelio pour ces belles découvertes à côté desquelles j'aurais pu passer.
Merci aussi aux éditions Phébus
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Alex trouve son père pendu. Pour ce prof de lycée strasbourgeois divorcé à la vie déjà bien triste, le coup est rude. Ce suicide est pour lui un mystère. Son père, il ne l'a jamais vraiment compris : « Les rires ne perçaient qu'exceptionnellement la carapace sombre chez cet homme courbé de toujours, secret, rarement brutal, le plus souvent taciturne, un homme aimant mais à sa manière, rêche et bourrue ». Aucune véritable complicité entre eux, Alex gardant en grandissant bien peu de considération pour celui qu'il appelait « le vieux ».

Mais une lettre découverte dans les papiers du défunt pousse son fils à partir pour l'Algérie. Il retrouve sur place Kahina, l'auteure de la lettre, une femme de son âge lui révélant le lien qui unissait leurs pères respectifs depuis la guerre. En racontant leur rencontre au coeur d'un conflit d'une violence indicible, elle transforme en héros cet homme qu'Alex prenait pour un taiseux sans intérêt. Les choses ne sont pour autant pas si simples et au fil de son enquête sur le passé algérien de son géniteur, Alex va voir ses nouvelles certitudes vaciller…

Un premier roman absolument remarquable, dressant les ponts entre l'Algérie de l'indépendance et celle d'aujourd'hui, sans mettre un voile sur les problèmes actuels ni nier la beauté qui se dégage de cette terre et de ses habitants. Sombre et lumineux comme le pays qu'il découvre, le cheminement intérieur d'Alex est semé d'embûches mais reste chargé d'espoir. le texte est magnifique, il interroge sur la lâcheté, l'amitié, la trahison, sur la frontière ténue entre héros et bourreaux, sur l'idée de résistance, de responsabilité individuelle face à la soumission aux ordres de l'autorité « légitime ». Il dit aussi magnifiquement l'Alger d'aujourd'hui, ses ruelles sales écrasées de chaleur, sa jeunesse désoeuvrée mais pas abattue, le goût du partage de sa population. C'est beau, très fort, lucide et sans jugement de valeur.

Même si, comme le dit Kahina, « nous ne sommes pas coupables des actes de nos pères », nous portons en nous l'histoire de nos parents, qu'on le veuille ou non, et nous la subissons toujours plus ou moins. L'important finalement étant de ne jamais juger sans savoir. Plus facile à dire qu'à faire, Alex y parviendra, se libérant enfin de la chape de plomb qu'il sentait peser sur ses épaules depuis l'enfance et amorçant enfin une métamorphose aussi salvatrice qu'indispensable.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Quelle magnifique découverte ! Je viens de refermer avec émotion ce premier roman de Michel Serfati , quel talent, quel bonheur de découvrir cette écriture. le ton est juste, la narration maîtrisée, les personnages complexes, plein d'épaisseur : pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Est-ce un récit nourrit d'une histoire familiale ? J'espère pouvoir un jour rencontrer l'auteur et parler avec lui de ce roman qui interroge tous les enfants de ma génération qui ont eu leur père soldat en Algérie pendant ce que l'on appelait pudiquement, les "événements ".
Alex vient de perdre son père, retrouvé pendu dans son appartement. le chagrin est presque absent tant les rapports étaient insignifiants entre le fils et son père, ce taiseux qui n'a jamais montré de signes d'affection envers sa progéniture. Mais ce suicide pose question, est-il la conséquence de cette vie sombre, de ce silence pesant sur ce qu'il a vécu pendant sur la guerre d'Algérie ? C'est en répondant à la lettre de la fille d'un algérien qui vient de mourir et se disait ami de son père, qu'il entame une sorte de quête de la vérité. Sa soif de comprendre les relations entre son père et ce vieil algérien le pousse à traverser la méditerranée. Il tombe sous le charme de la ville d'Alger....et de la fille. La suite, il faut absolument la découvrir en se laissant porter par le très beau texte de M. Serfati qui sait merveilleusement dire l'Algérie que je ne connais pas mais que j'imagine avec ses mots et les dessins des Carnets d'orient de Jacques Ferrandez qui sont spontanément venus se placer en impression au cours de ma lecture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sa mère avait toujours été là, une évidence simple, douce et tactile, avec les mots qui encouragent, les sourires qui rassurent et les gestes qui apaisent. Là, des questions le tenaillaient. Pour la première fois il se rendit compte qu'il avait longtemps couru après son père, il l'avait cherché, attendu, espéré à une place que celui-ci n'occupait que rarement. Ce père là avait eu peu de mots pour dire même des choses ordinaires. Il ne touchait presque pas ses enfants. Certes, au retour de l'école ou du travail, il y avait la bise quotidienne, superficielle, ritualisée et contrainte, mais ça allait rarement au-delà. Ce père, maintenant, il ne le rattraperait plus. La fin de la mère avait laissé un vide, celle du père laissait un fardeau.
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Timidement, sans comprendre ni pourquoi ni comment, il aurait aimé que ce pays lui ouvre ses portes cachées, ce pays que son père avait croisé, aimé et haï sans doute, et où il avait dû tant souffrir.
(p. 41)
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Ouvrir ou pas, chercher des traces ou ignorer, fouiller ou refermer… Il hésita, perplexe, tenté, mal à l'aise. Après la résurgence du souvenir de la beuverie et la rencontre du cimetière, c'était la troisième fois en quelques jours que l'Algérie faisait irruption. Ouvrir ou pas.
(p. 20)
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[...] il laissa venir les ombres du passé, puisque les souvenirs sont les seules ressources de ceux qui ne peuvent plus rien.
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Alex savait qu’il n’y a pas de réalité ni de vérité anciennes en dehors des souvenirs, et il se méfiait des souvenirs, surtout les bons, ce sont eux qui mentent le mieux, habillés d’un halo pastel. Les plus douloureux sont plus nets, en couleurs violentes et crues.
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