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EAN : 9782283032275
106 pages
Buchet-Chastel (15/08/2019)
3.24/5   148 notes
Résumé :


Dans l’Allemagne occupée, un photographe de guerre ne parvient pas à s’en aller et à rentrer chez lui en Angleterre. Il est hanté par la libération d’un camp de concentration à laquelle il a assisté.

Il décide de partir au hasard des routes. Il photographiera les gens de ce pays devant leur maison dans l’espoir de comprendre qui ils sont pour avoir pu laisser faire ce qu’il a vu.

Un jeune soldat anglais, qui vient juste... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,24

sur 148 notes
Une nouvelle fois, Hubert Mingarelli prouve tout son talent pour créer une ambiance dans un roman minimaliste se déroulant dans un contexte qui aurait pu favoriser des envolées, des événements graves et tragiques, des surprises.
Comme dans Un repas en hiver, il m'a emmené sur les pas de héros qui n'en sont pas, me faisant vivre avec eux ce voyage improbable dans une Allemagne vaincue, sur les pas d'un photographe de l'armée britannique, accompagné d'un chauffeur, O'Leary.
Alors que j'attendais à chaque page, un événement extraordinaire, je découvre, au fur et à mesure du récit, l'évolution des rapports entre les deux hommes. Cela va du respect tout militaire du subordonné jusqu'à des liens d'amitié très forts.
Ces deux hommes sont hantés par des souvenirs très douloureux. Seul, le narrateur, le photographe de guerre, livre quelques éléments de ses cauchemars : tous ces morts sous une bâche, bâche qu'ils tentent de soulever de leurs bras et de leurs jambes. Ce sont des images d'un camp de concentration qu'il a vu libérer. Quant à O'Leary, il ne livre pas ce qui le traumatise, ne dit pas pourquoi il se réfugiait dans les dunes de Lowestoft, en Angleterre. Cet homme s'est engagé dans les transmissions mais n'a pas combattu, d'où le mépris de ses camarades.
Enfin, il y a ces photos, ces rencontres avec des gens, au hasard de leur cheminement, en voiture. Ce peuple allemand, complice d'un des plus grands drames connus par l'humanité, tente de vivre après tant d'atrocités. La barrière de la langue ne facilite pas le contact mais le photographe parvient presque à chaque fois à ses fins, fait poser les gens devant leur maison et prend ses photos. C'est souvent tendu mais O'Leary a un fusil et il est en uniforme, ce qui favorise l'accord des gens.
Lire Hubert Mingarelli, c'est plonger dans une ambiance très spéciale mais j'adore me laisser prendre par son style d'une simplicité sobre et belle et je remercie Masse Critique de Babelio et les éditions Buchet/Chastel pour m'avoir fait retrouver cet auteur.
C'est une très bonne idée d'emmener son lecteur dans la campagne allemande d'après mai 1945 et ce roman dit beaucoup de choses sans être démonstratif. C'est un bon roman, plaisant à lire, intriguant, à la fin énigmatique mais moins intense qu'Un repas en hiver malgré le drame qui survient alors que tout semblait baigner dans le calme. Pourrait-il y avoir une suite à La Terre invisible ?

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A la fin de la seconde guerre mondiale, les hommes des forces alliées parvenus sur place découvrent avec stupeur l'horreur des camps de concentration. Parmi eux, en Allemagne, un photographe de l'armée anglaise réagit au choc en sillonnant les environs pour accumuler des clichés de la population voisine. Un jeune soldat l'accompagne et lui sert de chauffeur.


Comment mieux évoquer l'indicible qu'en évitant les mots ? Hubert Mingarelli construit son récit sans jamais sortir du non-dit, ne nous renvoyant l'atroce réalité que sous la forme d'un reflet dans le regard des protagonistes témoins. Ne nous est donné à voir ici que l'effet, ou l'absence d'effet, sur ceux qui ont vu. Car, autant que ce qu'il vient de découvrir, n'est-ce pas la passivité indifférente de ces gens des alentours qui choque le narrateur photographe ? Cherche-t-il à retrouver sur leurs visages l'état de sidération qui le tient, une trace de remord ou de culpabilité, une marque du mal qui expliquerait l'inexplicable ? Comment admettre que l'espèce humaine ait pu engendrer tant de barbarie ?


Peut-être s'ingénie-t-il aussi à aligner les portraits-robots d'une criminalité collective, car face à l'infamie, le réflexe n'est-il pas de s'emparer des coupables, ne serait-ce que pour soulager son impuissance, sa colère et sa peur ? Ce qu'il entend révéler ou mettre à distance dans ses portraits, n'est-ce pas ce qu'il craint qui pourrait lui faire perdre son sang-froid, et, comme d'autres, l'amener à des actes de justice expéditive qu'un rien suffirait à déclencher ?


Au final, ce jeu de miroir, qui m'a fait penser à la manière d'approcher les Gorgones de la mythologie grecque, confère retenue et sobriété à ce court roman qui, malgré son thème difficile, se lit étonnamment sereinement.

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Quel livre étrange !
Il est peu de dire que je l'ai aimé, lu d'une traite en quelques heures.
Il s'en dégage comme une sorte de léthargie dans un temps qui semble suspendu.
Nous sommes en Allemagne à la fin de la guerre, le narrateur, photographe anglais, ne peut se résoudre à rejoindre son pays.
Il semble obsédé par les images d'un camp de concentration qui vient d'être libéré. Ses rêves sont hantés par une bâche qui se soulève régulièrement comme animée par les corps suppliciés qu'elle recouvre.
Muni de son appareil photo, il part sur les routes pour fixer sur la pellicule des visages anonymes.
Accompagné de son chauffeur, il fait halte dans des fermes, pour avoir de l'eau ou des oeufs à rajouter aux maigres rations militaires dont ils disposent encore.

Il n'y a pas ou peu d'action. La barrière de la langue rend les dialogues quasi inexistants. Les descriptions des paysages sont rares et répétitives, les régions traversées n'ont que peu de relief.

Alors qu'est-ce qui fait le charme de ce roman ? Les impressions, les ombres, les non-dits, le mystère qui entoure ces deux hommes.
Qui sont-ils ? Quel sont leurs secrets ?

Toutes les réponses ne nous sont pas données. Hubert Mingarelli laisse libre cours à l'imagination de son lecteur, l'invitant peut-être à écrire dans sa tête la fin du livre.

J'ai adoré.

Un grand merci à Babelio et aux Editions Buchet-Chastel pour ce magnifique cadeau.
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Allemagne, Juillet 1945. C'est la libération des camps, des prisonniers marchent en rang. En silence. le silence règne sur les étoiles, sur le plafond de ma chambre. En silence, je découvre mon troisième roman de Hubert Mingarelli. Ne me demande pas d'où vient l'attrait pour cet auteur, je n'en sais rien. Si, demande-moi... Parce que je crois que ce que j'apprécie chez lui, c'est la poésie de son silence, un silence omniprésent dans les pages de ces récits. Celui-ci ne fait pas exception. Au milieu de cet univers, un photographe anglais parcours cette lande devenue misérable mais presqu'encore plus belle vidée de sa vie. Accompagné d'un chauffeur à ses ordres, ils errent tout deux, s'arrêtent pour prendre en photo des gens. Quelle motivation ? Peu importe... Quel secret se cache derrière ces deux personnes ? Je ne saurais dire... Pourtant... oui pourtant, parce que ce roman vaut tous les pourtant. Une atmosphère presque hypnotique, la pluie mouille, le soleil évapore la rosée, il y a de la vie dans ce silence, la nature y est sublimée, et pourtant ils sortent d'un triste moment de l'humanité, une défaite de l'âme humaine, cette guerre...

A suivre le cours du Rhin, à dormir sous le regard de la lune, dans un champ ou à même la paille d'une grange, il ne s'y passe rien d'intéressant. Et pourtant, cette errance a quelque chose de captivant, de furieusement poétique même. Jusqu'au vont-ils aller, un stock de rations dans le coffre de la voiture ? D'ailleurs, un roman qui commence par croiser un type avec un pack de bières ne peut qu'attirer le pauvre type que je suis, remontant à la surface mes sombres souvenirs de Paulaner. Et parce qu'une bière se boit en silence, moine ou pas, écrivain ou pas, buveur-lecteur tel que je me qualifie, la qualité d'un livre se jauge avant tout à ces verres bus en toute amitié et humanité. C'est mon seul critère de sélection, jugement d'étoiles, sensation de plaisir, l'histoire est devenue secondaire devant l'intimité d'une bière, dans la poussière d'un ranch ou sur « La Terre invisible ». J'adore l'onirisme de cette histoire et le silence palpable entre ces deux êtres hantés par leur sombre vie.
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Nous sommes en juillet 1945, à Dinslaken, au bord du Rhin, sous une intense chaleur. Un photographe anglais a « visité » un camp de concentration qui vient d'être libéré, en compagnie du colonel Collins, un gradé et de son chauffeur McFee qui se trouve incapable de dire ce qu'il a vu et n'a qu'une envie retourner chez lui le plus vite possible. Peut-on dire quand ce que l'on a vu est innommable ?

Notre photographe n'a pas envie de partir, il ne sait pas pourquoi, il a envie de photographier les gens du coin, simplement. Collins lui confie une voiture et O'Leary, un jeune homme qui vient juste d'arriver sur les lieux. Tout juste formé, il est arrivé trop tard sur le front et il pourra dire qu'il n'a jamais tué personne, donc les autres se moquent un peu de lui.

Ils vont partir au hasard sur la route avec quelques jerricans d'essence et des rations alimentaire.

Comment parler d'un roman où en apparence il ne se passe rien ? le héros a une quête mais ne sait pas laquelle, tout ce qu'il sent, profondément en lui, c'est qu'il doit photographier les gens, dans leur vie de tous les jours. Il arrive à les approcher, même s'il est mal accueilli ; parfois, seul le fusil et la tenue militaire de son compagnon de voyage lui permettent d'établir un contact.

En fait les deux héros sont en quête de quelque chose et ont leurs propres cauchemars : les corps des morts qui s'agitent encore sous les bâches qui les recouvrent pour le photographe, et ceux liés à la vie de tous les jours du jeune militaire, qui chez lui allait dormir sur la plage, creusant un abri dans le sable. Ils fuient probablement quelque chose, l'un comme l'autre.

A-t-il voulu comprendre ce qui se cachait derrière ces personnes qui vivaient à proximité des camps et ne rien faire ? ou simplement voir si la vie continuait son cours à la fin de la guerre, comme auparavant ? qu'est-ce qui est invisible ? la conscience des personnes ? ou bien les camps ?

On ne saura jamais ce que le photographe recherche en tirant les portraits des gens, fermier, un couple qui se marie, entre autres. Hubert Mingarelli laisse le lecteur imaginer, en fait, à lui de se poser les questions. C'est très surprenant !

Je me suis demandée tout au long du roman, où l'auteur voulait m'emmener, sans vouloir me donner de réponse et étrangement c'est ce qui a fait la magie du livre. J'en suis sortie avec un tas de questions, un cerveau en ébullition à force de formuler des hypothèses…

L'écriture est belle, et ce livre m'a vraiment plu… Il m'a donné envie d'explorer l'univers de cet auteur que je ne connaissais pas du tout, alors qu'il a une quinzaine de livres à son actif, dont l'un a obtenu le prix Médicis.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet-Chastel qui ont bien voulu m'accorder leur confiance.

#LaTerreInvisible #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (3)
LeMonde
29 octobre 2019
Dans la Ruhr, en 1945, deux Britanniques vont s’efforcer de dépasser leur stupeur après avoir vécu la libération des camps nazis. Hubert Mingarelli, sobre et doux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Culturebox
22 octobre 2019
Avec des phrases courtes, d'autres très longues sans ponctuation, d'une écriture dilatant le temps, Hubert Mingarelli décrit l'hébétude des soldats, privés de mots, face au spectacle de l'enfer.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
27 septembre 2019
En juillet 1945, en Allemagne, un reporter de guerre tourne en rond. Prodigieux. On se glisse dans ce livre comme dans un bain de silence, bienfaisant. Étrange lorsqu’on sait qu’il raconte l’errance d’un homme autour d’un lieu où l’enfer s’est manifesté.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Je m'endormis et rêvai aux bâches avec lesquelles nous avions recouverts les morts, cette nuit-là, et dans mon rêve elles se soulevaient et nous pensions que c'était le vent et nous avions beau planter les piquets elles se soulevaient encore. Nous les retenions avec nos mains de toutes nos forces mais une force plus grande continuait de les soulever et chacun au fond de lui savait que c'étaient les morts qui poussaient avec leurs jambes grises.
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Je photographiais trois familles d'un village qui comptait une dizaine de maisons et des lupins par milliers. Je n'en avais jamais vu autant. On eût dit qu'ici, quand il pleuvait, c'étaient des graines de lupin. Dans la dernière maison, l'homme portait le haut de sous-vêtements militaires. Par instants il souriait, mais son sourire à lui était indéchiffrable. Des sous-vêtements comme ça j'en avais vu sur les cadavres. Sa femme nous donna du pain qu'elle venait de cuire. L'homme et ses enfants nous raccompagnèrent à la voiture. O'Leary roula sur des centaines de lupins. Les enfants essayaient d'attraper les graines qui éclataient et s'envolaient de leurs coquilles.
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«  Je me réveillai en sursaut, pris mon sac et retournai au gymnase en songeant à ce rêve qui ne variait jamais sur le fond. Il y avait continuellement ce problème de bâche avec laquelle nous ne parvenions pas à recouvrir correctement les morts, et les raisons de ces échecs , nous les inventions. Il y avait le vent, les piquets qui se brisaient , il y avait toujours quelque chose parce que personne n’osait dire que c’étaient les morts qui poussaient avec leurs jambes . »
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« Pourquoi vous faites ces photos ? »
Je restai silencieux, il n’insista pas. La question ne m’était pas destinée. Elle n’avait été ni murmurée ni posée à haute voix, on aurait dit un souffle de vent échappé de vents déchaînés et lointains, nous frôlant à peine et continuant sa course à travers champ. »
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Un vent léger apporta l’odeur d’un chèvrefeuille, et soudain je fus accablé de solitude comme sous le hangar. Une solitude sans début et sans fin. Je la devais sûrement à la beauté de la clairière, de la lumière déclinante et du lointain vrombissement des avions.
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Videos de Hubert Mingarelli (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hubert Mingarelli
[Rentrée littéraire 2022]
Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.
"Le colonel ne dort pas" est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au "Désert des Tartares" de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus – à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux "Quatre soldats" de Hubert Mingarelli.
+ Lire la suite
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