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EAN : 9782707345615
137 pages
Editions de Minuit (05/09/2019)
3.1/5   341 notes
Résumé :
Lorsqu’on travaille à la Commission européenne dans une unité de prospective qui s’intéresse aux technologies du futur et aux questions de cybersécurité, que ressent-on quand on est approché par des lobbyistes ? Que se passe-t-il quand, dans une clé USB qui ne nous est pas destinée, on découvre des documents qui nous font soupçonner l’existence d’une porte dérobée dans une machine produite par une société chinoise basée à Dalian ? N’est-on pas tenté de quitter son b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
3,1

sur 341 notes
Juste un petit crochet par la Chine

Jean-Philippe Toussaint s'intéresse à la puissance des lobbys et à la cybersécurité dans «La clé USB». L'occasion de nous offrir une escapade en Chine avant un colloque au Japon et un roman aussi déstabilisant que piquant.

Deux hommes abordent le narrateur dans les couloirs du parlement européen à Bruxelles. Employé au sein d'une unité chargé de la prospective au sein de la Commission, il vient de plaider pour le développement d'une blockchain européenne, sujet qui intéresse particulièrement John Stavropoulos et Dragan Kucka de la société XO-BR Consulting, spécialisée dans le développement de la technologie blockchain, en particulier pour des clients asiatiques.
Bien entendu, il n'est pas nécessaire d'en savoir davantage sur cette technologie pour apprécier ce roman, mais cela permet de comprendre les enjeux d'un marché qui va sans doute avoir un poids déterminant dans l'économie des années futures. La définition qu'en fournit Wikipédia me semble assez précise : «Une (ou un) blockchain, ou chaîne de blocs est une technologie de stockage et de transmission d'informations sans organe de contrôle. Techniquement, il s'agit d'une base de données distribuée dont les informations envoyées par les utilisateurs et les liens internes à la base sont vérifiés et groupés à intervalles de temps réguliers en blocs, formant ainsi une chaîne. L'ensemble est sécurisé par cryptographie. Par extension, une chaîne de blocs est une base de données distribuée qui gère une liste d'enregistrements protégés contre la falsification ou la modification par les noeuds de stockage.» L'application la plus connue du grand public est le bitcoin ou monnaie virtuelle, mais d'ores et déjà les banques, les assurances, le secteur de la santé et celui de l'énergie, mais aussi la logistique et différentes industries travaillent à la mise au point de cette révolution de l'économie numérique.
Un aparté qui permet de mieux cerner les enjeux de la négociation qui se joue dans «l'ombre feutrée et chuchotante de bars de grands hôtels bruxellois anonymes». Car la curiosité aura été la plus forte pour notre homme, avide de savoir ce qui se cache derrière cette mystérieuse société XO-BR Consulting. Et sans doute de redonner un peu de piment à une vie devenue bien fade: «J'avais le sentiment de n'avoir plus d'avenir personnel. Mon horizon, depuis que mon mariage avec Diane était en train de sombrer, me semblait irrémédiablement bouché. Depuis des mois, je me sentais enlisé dans un présent perpétuel. Nous ne nous parlions plus avec Diane, nous ne nous parlions plus depuis l'été (et même avant, je me demande si nous nous étions jamais parlé). Notre couple s'était progressivement défait au cours des années. Notre mariage, ou ce qu'il en restait, finissait de se déliter. Depuis bientôt deux ans, nous vivions côte à côte, comme des ombres, en étrangers, dans le grand appartement de la rue de Belle-Vue, avec Thomas et Tessa, nos jumeaux qui allaient à l'école élémentaire et qu'on se répartissait pendant les vacances…».
L'événement qui va tout faire basculer, c'est d'une clé USB égarée par l'un des interlocuteurs et contenant des centaines de fichiers et d'informations et notamment des photos de l'Alphaminer 88, une machine inconnue jusque-là, un prototype produit en Chine par Bitmain et commercialisé par la société basée à Dalian, en Chine, où Stavropoulos voulait l'inviter.
Détaillant encore les fichiers de la clé USB, il est stupéfait de découvrir des lignes de code qui pourraient fort bien ressembler à une «porte dérobée», c'est-à-dire un programme permettant de prendre le contrôle de la machine. Aussi décide-t-il de faire un petit crochet par la Chine avant de se rendre au colloque organisé à Tokyo et durant lequel i avait été invité à prendre la parole.
Jean-Philippe Toussaint a cet art consommé de la construction dramatique. En proposant quelques détails «qui font vrai» et en n'oubliant jamais d'ajouter une pincée d'humour, il va transformer à ce qui pourrait s'apparenter à un roman d'espionnage en vraie quête existentielle. Au dépaysement et à l'instabilité inhérentes à cette mission secrète en Chine viennent alors s'ajouter quelques épisodes tragi-comiques que je me garderais bien de dévoiler, pas plus que l'épilogue – surprenant – de l'un de mes premiers coups de coeur de cette rentrée. Car voilà une manière fort agréable de sensibiliser le lecteur à l'un des enjeux économiques majeurs des années qui viennent. Mais il est vrai qu'avec Jean-Philippe Toussaint, on est rarement déçu !


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail très menaçant : si je n'envoyais pas une somme (une quantité?) assez élevée de « bitcoins », des photos compromettantes seraient révélées à l'humanité tout entière (qui n'attend que cela, évidemment !…) Avec la vie trépidante que je mène, je n'avais pas trop de soucis à me faire sur l'éventuelle divulgation de photos embarrassantes me concernant !!! En revanche, ce qui, dans ce message, a retenu toute mon attention, c'est cette histoire de « bitcoins »…. Quèsaco ? Autant dire que je n'avais jamais entendu parler de cette bête-là (on ne paye pas avec ça à l'épicerie de mon village…) Je me suis donc renseignée auprès de mes chers collègues scientifiques, nettement plus à la pointe de la modernité que moi (ce n'est pas difficile!) et j'avoue que… je n'ai pas compris grand-chose sinon que… (je me concentre) ce serait une monnaie qui permettrait de régler des transactions en ligne, sans avoir recours à un organisme bancaire (qui nous pique des sous), le tout dans un cadre très sécurisé... Et pour garantir cette sécurité tant recherchée, des particuliers (appelés des mineurs -on n'est pas dans Zola mais presque-) équipés d'ordinateurs ultra-puissants surveillent et valident les transactions… Ces dernières sont enregistrées sur une chaîne de blocs -blockchain- (espèce de grand livre public de comptes) : chaque bloc vérifiant en cascade l'état du système et surtout l'origine de la transaction. Ne m'en demandez pas plus, j'ai déjà transpiré sang et eau pour vous fournir ce modeste résumé. Ça dépasse largement mes très insignifiantes compétences (quasi nulles dans le domaine économico-informatico-mathématique…)
Bref, tout ça pour dire que j'ai commencé le dernier roman de Jean-Philippe Toussaint en n'en menant pas large… Et à vrai dire, je pensais ne pas dépasser la cinquantième page…
Eh bien messieurs-dames, je vous le déclare haut et fort : j'ai été littéralement happée par ce récit qui tient beaucoup du roman d'espionnage (le suspense marche à fond la caisse) mais pas seulement, et autant vous le dire tout de suite, j'ai ADORÉ ce texte et je vous explique pourquoi.
Un narrateur (dont j'ai oublié le nom… appelons-le X si vous le voulez bien) qui travaille à la Commission Européenne dans le domaine de la prospective se voit aborder un jour par des lobbyistes. Effectivement (et là, on n'est pas dans la fiction), figurez-vous qu'à Bruxelles des gens sont payés pour prévoir l'avenir (si si, je vous jure) : ils s'interrogent sur « de quoi demain sera fait » dans des domaines divers et variés comme l'alimentation, l'agriculture, l'énergie, la démographie, les ressources etc, etc… Bien entendu, ils doivent bosser en toute indépendance (bien entendu!!!) Or notre narrateur X (mais quel est son nom???) se voit un jour abordé par deux hommes qui aimeraient bien qu'il vienne faire un petit tour en Chine pour découvrir leur entreprise (et plus si affinités…) X résiste, allant jusqu'à régler lui-même son café lorsqu'il les rencontre. Et il se trouve que l'un des deux lobbyistes va, lors d'une rencontre, perdre sa clé USB : accident ? acte volontaire ? Point d'interrogation… En tout cas, X s'en empare et ce qu'il va découvrir n'est pas piqué des vers…
Comme je vous le disais, moi qui ne suis pas DU TOUT roman d'espionnage (je n'y comprends jamais rien), j'ai été complètement prise par ce roman lu quasiment d'une traite une semaine où j'étais crevée (c'est vous dire!) Je crois que cela tient au fait que l'on sent très vite que Toussaint cache autre chose derrière l'aspect espionnage et cette « autre chose », c'est la dimension humaine.
X (son nom!!!) n'a RIEN d'un super-héros. S'il évolue dans un monde moderne, technique, scientifique, ses réactions échappent COMPLÈTEMENT à la logique (ça c'est génial!) Souvent, il ne comprend pas pourquoi il a agi de telle ou telle façon, pourquoi il a pris telle ou telle décision, il a a du mal à contrôler ses émotions et se retrouve à plusieurs reprises dans des postures assez ridicules. Et je trouve ça très rassurant l'idée que l'on a beau entrer dans une ère algorithmique, logique, mathématique, finalement, l'humain, d'une certaine façon, échappe à toute cette technique, lui fait un pied de nez, lui dit merde, quoi !
Parce que l'homme n'est pas UNE MACHINE, il ne pourra jamais être contrôlé, prévu, emprisonné dans un système parce que, précisément, ce qui fait l'être humain, c'est l'inattendu, l'étonnant, le paradoxal, l'imprévu. Et leurs histoires de conjectures, d'hypothèses, de probabilités, ils peuvent, à mon sens, toujours courir...
Ah, la prospective a du boulot sur la planche (et du souci à se faire) avec un sujet d'étude comme l'être humain et ses activités… Et, ça, c'est plutôt rassurant, non ?
Bon, allez, je ne vous en dévoile pas plus… Vous verrez, la fin est superbe… Vous allez vous régaler !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Je suis partagée au moment d'écrire la critique de ce court roman.
J'ai beaucoup aimé le début sur la définition de la prospective, j'ai bien aimé le coeur de l'ouvrage dans le style d'un roman d'espionnage (et j'aurais d'ailleurs apprécié qu'il soit plus développé), puis j'ai été totalement déconcertée par la fin qui ne correspondait pas du tout à ce que j'attendais et qui m'a laissée sur ma faim bien que je ne nie pas son intérêt littéraire.
J'ai aussi eu l'impression que l'auteur surfait sur la vague d'intérêt suscitée par la blockchain et les bitcoins sans pour autant aller au bout du sujet, alors que pourtant il avait probablement les capacités de rendre cette problématique abordable quand on voit avec quel brio il explique la notion de prospective au début du livre.
Au final, je ne sais pas trop comment qualifier ce livre, mais il vaut sans nul doute la peine d'être découvert et ne laisse pas indifférent.
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Qu'est-ce qu'une chute libre d'eurocrate ? Oh, pas grand-chose, à peine un frémissement, poli, contenu, stupéfait, résigné. de cet état minimum, et avec une simple clé USB, délicieusement déjà obsolète, Jean-Philippe Toussaint vient de faire un thriller cyberpolitique haletant, mais certainement pas pour les raisons que les lecteurs de John le Carré s'imaginent. Comment a-t-il fait ? Et d'abord, un roman sur fond de nouvelles technologies et de Commission européenne, aux éditions de Minuit ? il devait y avoir un truc. Et la dernière partie vous le dévoile, oui, ce « truc ».
Le narrateur, chef d'une unité de prospective à la Commission européenne (ne partez pas, c'est fait exprès) nous raconte comment, approché par des lobbyistes, il s'est retrouvé en Chine quasi clandestinement, à tenter de comprendre le minage de bitcoins et les perspectives de la blockchain, le tout savamment expliqué aux plus nuls dont on perçoit légèrement que notre bon narrateur expert en ferait bien un peu partie, dans un grand bluff généralisé où l'on se doit de comprendre et appliquer – du moins de mourir plutôt que d'avouer n'en avoir aucune envie – à l'échelle d'un continent des sciences folles qui mutent de mois en mois.
Dans le récit saccadé, obstiné de cette aventure de 190 pages, rien ne se consomme impunément. À la frénésie qui semble inévitable, la tournure inquiétante, la vitesse que prennent les événements, Jean-Philippe Toussaint oppose une densité non négociable, parfaitement claire et sobre, mais truffée des détails les plus anodins de notre vie technologique, sans aucun transport, sans parti pris féroce, une simple démonstration pratiquement exhaustive du quotidien d'un haut fonctionnaire, dont la toute dernière partie finit d'achever, le terme est choisi, le tableau.

C'est un roman tout à fait feutré, étouffé. J'adore lorsque la forme se coule exactement sur le contenu. Il a réussi à forger un style d'ascenseur d'hôtel chinois interdisant la connexion internet, et de MacBook de deux générations de retard, sans jamais que nous, nous décrochions. C'est le sentiment diffus de tout utilisateur de tech lambda, même hautement qualifié, qui a appris et intégré la pondération, l'endurance et le lisse parfait à opposer à toute difficulté apparente, et ne se laisse pas facilement décontenancer par une nouvelle évolution de son matériel, mais enfin, finit par fatiguer, à la longue, sur cette autoroute sans fin où il semble ne jamais vraiment réussir à obtenir le permis. de l'Europe, évidemment, il sera sans cesse question, et de sa juste place dans cette course à l'armement, et toujours avec finesse, il s'agira ici de savoir si vous arriverez à l'heure pour les soins palliatifs, si vous passerez ou non à côté de l'essentiel.

Et c'est absolument réjouissant comme, sans fioritures et sans posture, n'ayant nul besoin de la satire mais avec les termes exacts et pesés (quel plaisir de croiser « faconde », ou « impétueux », là où rien d'autre n'aurait pu convenir), nous sommes souffle court, à tenter de comprendre ce qui se trame, pour finir par jubiler, lorsque « rien » devient une réponse non pas désolée et désabusée, mais le givre blanc, définitif, qui recouvre brutalement la Plaine finale de Bruxelles, et son personnage hébété. Il fallait enfin, grâce à un romancier infiltré et doué, que l'on comprenne tout, de ces nouvelles technologies. Qu'on les résume. Qu'on en vienne par nous-mêmes, grâce au refus inspiré de Toussaint d'intervenir dans notre pérégrination, à prendre ces vessies pour ce qu'elles sont. Et ce qu'elles nous font.
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Un fonctionnaire européen est approché par des lobbyistes qui suscitent à la fois de l'intérêt et de la méfiance. Jean-Philippe Toussaint parvient à alterner des pages fort prenantes et d'autres carrément burlesques, tout en terminant sur une note touchante d'humanité. Une lecture facile au premier de degré qui se laisse plus profondément apprécier avec du recul. Mais peut-être que, justement, sa valeur n'est pas suffisamment apparente.

J'étais heureux de me voir offrir ce petit livre comme cadeau de Noël car un article de presse m'avait donné l'envie de le découvrir, d'autant plus que je gardais un excellent souvenir de lectures passées de Jean-Philippe Toussaint. Et ceux qui me connaissent savent que j'aborde toujours un auteur belge avec un a priori favorable, a fortiori s'il a été récompensé de notre prestigieux prix Victor Rossel. Pour les Belges, en particulier, j'ajoute que Jean-Philippe est le fils d'Yvon Toussaint, qui était journaliste au Soir, et de Monique Toussaint, qui a fondé la charmante petite librairie « Chapitre XII », que je vous engage à visiter, près des étangs d'Ixelles.

J'avoue qu'en terminant, « La clé USB », mon avis n'était pas tranché et il ne l'est toujours pas complètement. D'emblée, je dirais que la lecture de ce texte est fort plaisante. L'ambiance du fonctionnaire européen approché par des lobbyistes informatiques, séducteurs et mystérieux est finement rendue; ils se présentent comme intermédiaires d'un groupe chinois. On sent le fonctionnaire curieux d'en savoir un peu plus, tout en se méfiant parce qu'il soupçonne des problèmes de sécurité dans les système qu'ils veulent promouvoir. On s'amuse aussi de tout le soin qu'il apporte à éviter le risque du moindre soupçon de corruption.

Cette première partie tient en haleine. Mais petit-à-petit, cet aspect s'efface pour laisser place à un style plus amusant, à la limite du burlesque. Et cela reste plaisant !

Pour terminer, l'accent est mis sur des aspects plus personnels. On entre dans l'intimité familiale du fonctionnaire. Je vous laisse découvrir comment.

Bref, quand on y pense à froid, après avoir terminé la lecture, c'est une jolie prouesse que d'avoir mêlé ces genres différents dans un même texte, en particulier dans l'aspect très doux, presque imperceptible des transitions entre ces différents aspects.

Quand on y pense à froid. C'est ce qui m'a posé problème pour mesurer à quel point j'allais vous recommander ce livre. Car à chaud, en tournant la dernière page, j'avoue avoir été frustré par un goût de trop peu, comme si l'histoire n'était pas terminée (la rumeur mentionne qu'une suite sera publiée). Je me suis demandé qu'elle avait été l'intention de l'auteur. J'apprécie beaucoup les livres qui laissent une trace, qui font réfléchir, ou qui suscitent l'imagination pour trouver une suite, ou dont chaque nouvelle lecture laisse apparaître des pépites que l'on n'avait pas décelées précédemment. Pour moi, une lecture qui se termine par une frustration est un défaut, même si un peu de réflexion finit par la gommer. J'aurais aussi aimé avoir quelques lignes d'explication à propos du minage de bitcoins; en fin de compte, il n'est pas nécessaire d'y comprendre quelque chose pour suivre l'intrigue mais sur le coup, c'est irritant.

Donc voilà: lecture globalement distrayante, fin frustrante, richesse à découvrir à froid. Ça se lit sans difficulté, je vous conseille d'essayer et… de me dire ce que vous en pensez !
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critiques presse (8)
LeFigaro
04 décembre 2019
Avec La Clé USB, Jean-Philippe Toussaint fait son grand retour avec un livre époustouflant par sa grande maîtrise narrative, qui avance par secousses, qui progresse par saccades, et est constitué de différentes strates. Jouant sur les poncifs du thriller et du roman d’espionnage, [...] il nous emmène ici à Bruxelles, avant de nous embarquer en Chine puis au Japon.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
NonFiction
12 novembre 2019
Entre récit d’espionnage et intranquillité, le roman virtuose de Jean-Philippe Toussaint nous entraîne sur des fausses pistes très romanesques.
Lire la critique sur le site : NonFiction
LaCroix
23 septembre 2019
Jean-Philippe Toussaint détient-il la clé de l’avenir ? Avec scrupule, l’auteur de « La Salle de bain », décrit un monde que la technique domine et soumet. [...] On peut rester tout à fait étranger au langage technique, infesté de mots anglais, et de sigles qui désignent et délimitent les préoccupations professionnelles du personnage : la lecture ne s’en trouve ni arrêtée ni gênée.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Liberation
18 septembre 2019
Les lecteurs de Jean-Philippe Toussaint savent qu’il s’agit d’un art poétique : partir du plus compliqué, tel que le monde et ses techniques nous l’offrent ou nous l’imposent, pour aller, tout en finesse, avec un humour difficile à définir, ni trop ni trop peu, vers l’émotion la plus simple.
Lire la critique sur le site : Liberation
Actualitte
13 septembre 2019
Quelques péripéties mineures agrémentées d’un suspense mollasson, mais qui ne déboucheront pas sur un éventuel climax qu’on attend depuis le départ et qui ne vient jamais.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
10 septembre 2019
L’auteur de « la Salle de bain » publie un savant et sinueux roman d’espionnage, qui nous introduit dans les coulisses de la Commission européenne.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeSoir
10 septembre 2019
« La clé USB » mêle informatique de pointe et roman policier, modernité et retour à soi dans une écriture et des jeux hitchcockiens. Et c’est un absolu plaisir de lecture.
Lire la critique sur le site : LeSoir
LaLibreBelgique
30 août 2019
Avec “La Clé USB” qui sortira le 5 septembre, Jean-Philippe Toussaint entame un nouveau cycle littéraire. Il change radicalement de thème et aborde, à la manière d’un roman d’espionnage, les technologies du futur.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
J’avais toujours le cintre à la main, et, de plus en plus enragé, essayant une dernière fois de le fixer, je finis par le faire valdinguer par terre avec agacement. Pour me passer les nerfs, je décrochai alors tous les cintres de la tringle, et j’allai en jeter une poignée dans la poubelle de la salle de bain, je les fichai à la verticale, dans la poubelle, où ils restèrent en exposition, comme un bouquet de tulipes. Puis, ouvrant ma valise, je balançai les autres cintres à la volée au-dessus de mes vêtements et je refermai ma valise, avec l’intention de les emporter avec moi quand je quitterais l’hôtel.
J’allais les voler, oui, j’allais voler ces cintres antivols, et qu’on ne s’avisât pas de me faire une réflexion, dans cet hôtel où on m’avait volé mon ordinateur. Pour démontrer que cette bassesse, de rendre les cintres inutilisables pour les préserver du vol, ne les protégeait en rien, j’allais voler ces cintres antivols, et chaque fois que j’en verrais de semblables, je les volerais également, et je demanderais à tout le monde d’en faire autant, j’en ferais une croisade, je lancerais un appel sur les réseaux sociaux, je ferais passer une directive européenne, j’en parlerais à mes enfants, à Alessandro, et même aux jumeaux, à neuf ans, on écoute son père, je leur décrirais le type de cintres visés, je leur expliquerais que chaque fois qu’ils en repéreraient d’identiques, systématiquement, il fallait les détruire ou les voler. Mais qui avait eu cette idée démoniaque et mesquine d’amputer les cintres de leur crochet pour qu’on ne pût pas les voler ? N’était-ce pas, de surcroît, la négation même du principe du cintre ? Je mis mon manteau en écartant du pied avec rage le cintre que j’avais jeté par terre qui se trouvait sur mon chemin sur la moquette. Je sortis de la chambre en claquant violemment la porte. J’étais furieux. Et il me traversa alors l’esprit, putain de merde, que le texte de ma conférence de Tokyo se trouvait dans mon ordinateur.
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Je sortis de la poche de ma veste les feuillets que j’avais remplis ce matin. Je les étalai devant moi sur le pupitre, les fis glisser, les répartis avec soin. Je m’apprêtais à poursuivre, quand je me sentis soudain complètement vide. Je n’avais plus aucune idée de ce que j’allais dire. Je portai une des feuilles à mes yeux, et je m’aperçus que mon écriture manuscrite était à peine lisible. Je ne parvenais pas à me relire. J’inclinai la feuille vers la lumière zénithale d’un projecteur pour mieux déchiffrer mes notes, et je découvris que ce n’était pas la bonne feuille, je reposai la feuille sur le pupitre, en pris une autre. Je n’avais toujours pas enchaîné, cela faisait plus de trente secondes que je me tenais debout en silence sur la scène. J’imaginais qu’une vague de réprobation muette devait s’élever de l’assistance. p. 160-161
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Il m'apprit que les machines [de minage de bitcoins] tournaient sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sur l'ensemble des sites dont la société assurait l'exploitation, ce qui représentait une consommation d'électricité phénoménale, m'avoua-t-il sans le moindre état d'âme, comme s'il tirait fierté de cette démesure, indifférent au gaspillage énergétique que cela pouvait constituer pour l'environnement. Pour me donner une idée, leurs factures d'électricité se montaient à près de 200 000 yuans, soit près de vingt-cinq mille euros mensuels.
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À la Commission européenne où je travaille, on me croyait au Japon. Ma famille aussi pensait que j’étais à Tokyo. Le colloque international Blockchain & Bitcoin prospects auquel je devais participer était prévu de longue date. J’avais été invité à intervenir comme expert européen lors de la deuxième journée de ce colloque qui devait se tenir à l’International Forum de Tokyo. C’est le professeur Nakajima, de l’université Todaï, qui avait organisé mon voyage. Il avait élaboré mon programme et prévu, en marge de mon intervention au colloque, une conférence dans son université. Depuis quelques années, dans le cadre de mes activités au Centre commun de recherche, je m’intéressais de près à la technologie blockchain. Je travaillais depuis longtemps dans le domaine de la prospective stratégique, d’abord dans un centre de réflexion et d’études prospectives à Paris et maintenant au sein de la Commission européenne. Cela faisait plus de vingt ans que je travaillais sur l’avenir. Et, en vingt ans, que de malentendus ! Combien de fois avais-je dû préciser que la prospective, si elle avait bien l’avenir comme sujet d’étude, n’était en rien de la divination. Combien de fois, dans les dîners en ville, à Paris et à Bruxelles, m’avait-on demandé, puisque j’étais spécialiste de la question, ce que l’avenir nous réservait. Dans le meilleur des cas, la question ne portait pas, grâce au ciel, sur l’avenir dans sa totalité (le territoire, je le sais d’expérience, est assez vaste), mais sur tel ou tel de ses aspects particuliers, environnemental ou géopolitique, que ce soit le réchauffement climatique ou l’évolution de la question syrienne. Je ne suscitais en général dans mes réponses que déception et réprobation silencieuse, voire une méfiance à peine dissimulée, quand je répondais, fort de la rigueur de mon approche scientifique, que je n’en savais rien. Aux sourires entendus, aux échanges de regards furtifs et aux mines amusées que je surprenais par-dessus la table, je n’opposais pas de résistance. Je ne cherchais pas à m’expliquer, encore moins à convaincre. Tout au plus voulais-je bien concéder que l’intuition, parfois, m’était utile. Je travaillais sur l’avenir, la belle affaire. Même parmi mes collègues de la Commission européenne, on ignorait généralement de quoi il s’agissait. Il n’était pas rare que tel ou tel directeur général, intrigué par l’unité que je dirigeais, vînt me trouver dans mon bureau pour me demander en quoi cela consistait, exactement, la prospective, ajoutant mine de rien, car c’était souvent la véritable raison implicite de leur visite : « Et en quoi cela pourrait m’être utile ? » Chaque fois, comme un préalable bien rodé, je prenais le temps de dire ce que la prospective n’était pas, je commençais par la définir de façon négative. Ce que la prospective n’était pas, je le savais par cœur — quant à savoir ce qu’elle était ?
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Je regardai la photo de cette machine qui recelait peut-être un accès secret à l'insu de ses utilisateurs, et je réfléchissais au sens du mot "backdoor", qui voulait dire littéralement "porte de derrière", mais qu'on traduisait parfois en français (quand on n'utilisait pas tout simplement, en français, le mot "backdoor"), par "porte dérobée", qui évoquait une scène galante, avec un visiteur invisible qui vient d'entrer ou de sortir, ou faisait penser à ces escaliers ou corridors dérobés, qui ouvrent l'imaginaire à des représentations chevaleresques. Mais, alors que l'expression "porte dérobée" pouvait avoir des connotations poétiques et gracieuses, la réalité qu'elle recouvrait aujourd'hui, en sécurité informatique, était beaucoup plus vénéneuse, qui définissait la backdoor comme un moyen d'accès non autorisé, dissimulé dans un programme, pour permettre à un ou plusieurs individus malfaisants de prendre totalement ou partiellement le contrôle d'une machine à l'insu de son utilisateur légitime.
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Vidéo de Jean-Philippe Toussaint
Philippe de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Une rentrée littéraire sans Jean-Philippe Toussaint c'est moins bien, donc là on en a deux, c'est formidable."
Notre mot sur "L'Échiquier" de Jean-Philippe Toussaint ----- https://bit.ly/3MrAIZy #coupsdecoeurduDivan #PhilippeDivan #lechiquier #jeanphilippetoussaint #leseditionsdeminuit #booktok #litteraturefrancaise #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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