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EAN : 9782818045381
512 pages
P.O.L. (07/03/2019)
3.76/5   261 notes
Résumé :
2039. Hannah Mitzvah émigre à Tourmens pour rejoindre une école expérimentale qui a révolutionné l'apprentissage du soin depuis 2022, en concentrant ses efforts sur l'accueil bienveillant et la formation de professionnelles de santé empathiques. La médecine est centrée sur la santé des femmes. Au bout de quatre années, Hannah entre en résidence au pôle Psycho dans lequel exerce Djinn Atwood.
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 261 notes
J'avoue sortir déstabilisée de cette lecture, et avoir du mal à rédiger ces quelques lignes afin de garder traces de cette impression.
L'école des soignantes se déroule à l'aube des années 2040- dans une société dont l'auteur ne livre que quelques bribes. A priori, elle semble proche de ce que nous connaissons aujourd'hui. le récit est ancré dans un environnement restreint, quasi exclusivement dans un hôpital d'une ville que l'on devine provinciale ; cette petite ville a décidé de lancer une politique de santé expérimentale restée unique, bien différente de ce qui subsiste partout ailleurs. La formation aux métiers médicaux y est spécifique : oublié le U universitaire de nos CHU, place au CHHT ! Centre Hospitalier Holistique de Tourmens. Au-delà d'une simple lettre, cet hôpital remet en cause beaucoup de principes du milieu hospitalier dont la réalité patriarcale repose encore sur les enjeux de pouvoirs. Il s'agit d'un centre de formation unique, dont les pratiques restent mystérieuses en dehors de la région. On y utilise le terme générique ‘Soignante' pour tous les métiers du soin dorénavant désignés au féminin, sans distinction de statut.
Hannah, la trentaine, codeur informaticien, choisit d'abandonner son travail rémunérateur afin de reprendre une formation à l'Ecole des soignantes. Sa formation se déroule sous forme de petites pastilles successives mettant en scène des personnages tellement nombreux qu'ils peinent à acquérir de la substance. La période dans laquelle se déroule le roman, dans un futur proche, permet d'aborder des sujets sociétaux aux enjeux connus - sur cet hôpital d'un genre nouveau pèse la menace de cessation d'activités. La fin du livre est résolument plus futuriste, exploitant au mieux le développement de la science avec un petit twist plaisant.
Martin Winckler explicite et revendique sa vision du soin ; notamment pendant deux étapes de la formation d'Hanna, les soins psychiques et palliatifs. Une vision intéressante mais parfois dérangeante, qui plus est dans un livre revendiquant un féminisme assumé
« La première hiérarchie est celle du genre. Pour signifier qu'elle n'a pas de place dans les soins, tous les termes désignant les hôtes, le personnel de l'hôpital et les membres de l'école sont désormais employés au féminin ». L'un des argument avancé dans le roman pour justifier ce choix: le fait que la gent féminine soit plus concernée par les soins tout au long de la vie. Cela m'intrigue. C'est probablement vrai mais pas intuitif – notamment en termes d'urgence ou de maladie, je ne perçois pas le soin comme destiné principalement aux femmes… et me demande si cette idée n'est pas un brin misogyne. Bien qu'opposée de celle que nous connaissons habituellement, l'auteur instaure une autre hiérarchie : sous-entendu, le féminin est plus adapté que le masculin dans le domaine des soins.
C'est un choix fort de l'auteur, qui place un cadre potentiellement dérangeant. Et que je comprends mieux lorsque je lis dans l'une de ses interviews ‘Sur Twitter, je mets donc tout au féminin, comme dans le roman. Quand vous féminisez tout le monde, on cherche les hommes, dans le cas inverse, pas du tout !'.
Clairement, dans l'école des soignantes, il faut chercher les hommes. Et se poser la question de ses propres biais.
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En fermant le dernier roman de Martin Winckler, je me suis dit que je ne lis pas souvent d'utopies. L'humain aime se plaindre, dénoncer, alerter ; autant de sujets pour l'imaginaire des auteurs de romans d'anticipation. Mais inventer un monde positif ? Décrire une civilisation idéale ? Peu de volontaires, en vérité. Histoire de la ramener à nouveau avec mes références familiales, il existe tout de même Capillaria ou le pays des femmes de Frigyes Karinthy (Editions de la Différence, 2014), réédité en 2016 dans un recueil publié par Robert Laffont, Voyages imaginaires, qui rassemble cinq romans philosophiques écrits entre le XVII° siècle et le XX° siècle, utopies sociétales s'il en est. Je n'ai pas d'autres références en tête, en dehors des autres écrits de Martin Winckler comme le choeur des femmes (Gallimard, 2011), brillant traité d'une autre gynécologie.

L'Ecole des soignantes est donc une utopie. Martin Winckler y décrit un hôpital idéal, dans lequel les malades (pardon, les soignées ; on positive chez Winckler) choisissent eux-mêmes (pardon, elles-mêmes ; le pluriel est féminin dans un milieu où la proportion de femmes est très supérieure à celle des hommes) leurs soignantes. Soignées et soignantes, donc, réunies le temps de la pathologie (je n'ose plus parler de maladie) dans une cohérence de soins soumis au consentement de la soignée, voire suggérés par elle. Car Martin Winckler s'indigne depuis des années du fait que les syndromes portent le nom de celui qui les a découverts et non de celle qui les vit.

Je viens donc de dresser le portrait du Centre hospitalier holistique de Tourmens, appelez-le par son petit nom, le Chht !, tout le monde préfère.

Ai-je aimé le roman ? Et bien, pour dire la vérité, je suis très mitigée. Martin Winckler ne m'a pas convaincue. L'utopie traite trop de sujets à la fois, devient pesante, presque absurde sur bien des points.

Dans le monde du Chht !, les humaines (rappelez-vous, on féminise) vivent ouvertement leurs préférences sexuelles, qu'elles soient hétéro (nommons-les H pour la commodité du propos, ça cadre tout à fait dans cette utopie), L, G, B, T, T, Q, I, A ou +. Les exemples ne manquent pas parmi les personnages. Mais si je tente de les comptabiliser, les non-H sont bien plus nombreuses que les H, dans le roman. Est-ce envisageable, dans un monde futur ? Je partage bien évidemment la nécessité impérative de ne stigmatiser personne sur la base de ses préférences sexuelles, la question n'est pas là. Mais l'approche de l'auteur (autrice ?) sous-entend presque, pour la lectrice en quête de réalisme que je suis, que seules les convenances sociales expliquent en 2019 le nombre de couples hétéros. Là, je suis dubitative et m'interroge même sur l'intérêt de traiter le sujet de la sorte.

Autre thème, la difficile question de l'euthanasie. Dans le Chht !, tout un service accompagne les soignées qui le désirent à la fin de vie. Tant mieux, il me semble que l'éthique doit faire de réels progrès en France, à l'époque où les soins de Vincent Lambert ne peuvent pas être arrêtés malgré son état végétatif irréversible. Martin Winckler décrit avec précision le système sur lequel il propose de s'appuyer pour permettre aux soignées de partir en douceur. C'est une des parties intéressantes du roman. Mais, il y a un mais… il suggère aussi la possibilité de mettre fin à une vie au début d'une maladie dégénérative ; à une autre vie lorsqu'elle est devenue inutile avec la mort de l'être aimé. N'est-ce pas aller trop loin ? Serais-je trop conservatrice pour lire de l'utopie ? La liberté de disposer de soi, exacerbée dans ce roman, suggère la disparition de l'empathie. Comme si la société d'amour avait disparu au profit de bulles individuelles interagissant entre elles par quelques réactions chimiques de nature orgasmique et c'est tout.

Bien d'autres sujets médicaux et sociétaux sont abordés dans L'Ecole des soignantes. Je donne un dernier exemple. Toutes les conversations sont propres, polies, respectueuses de l'autre. Qu'une soignante doive obtenir l'accord d'une soignée pour entamer un traitement, qu'elles échangent entre soignantes sur des sujets professionnels ou extra-professionnels, qu'elles soient reposées, fatiguées ou même énervées, la communication non-violente est de mise, au Chht !, Les humaines l'ont tellement adoptée, qu'aucun des personnages ne semble faire d'efforts pour s'exprimer avec douceur. Tout le monde est beau et gentil, en quelque sorte. C'est trop ! Il n'est pas souhaitable de lisser les individus de la sorte ! J'avais tellement envie de découvrir de vraies personnalités derrières les simagrées polies, tellement envie d'entendre déraper certains propos, d'entendre une bonne sortie grognon, une putain d'injure grossière, au bout de 300 pages ! Il n'y a pas à dire, notre langue a un charme fou, même lorsqu'on en perd son contrôle. J'aurais au moins réalisé cela. Merci, Martin Winckler.

Bref, si c'est ça, la société de demain, non merci, je n'en veux pas. Mais je m'arrêterai là pour les critiques, car j'aimerais terminer sur une note positive. Chaque chapitre démarre par une poésie intitulée Je suis Celles. Ces vers, véritable pendant négatif de l'espoir porté par le roman, sont d'une beauté époustouflante. Ils sont durs. Ils cognent. Ils sont implacables. Ils dénoncent les sévices subis par les femmes du monde entier. Rien qu'à eux, ils justifient le roman, son utopie exagérée (une utopie peut-elle être exagérée ? Finalement pas certain, à lire ces poésies), la nécessité d'imposer des vues sociétales progressistes et d'en parler. Toujours en parler pour empêcher le monde de sombrer dans le conservatisme.

Les poésies qui dénoncent et alertent m'ont donc touchée davantage que l'utopie sociétale, mais tant pis. Alors oui, lisez L'Ecole des soignantes. Il y aura bien un volet du roman qui saura vous aider à réfléchir au monde de demain.
Lien : https://akarinthi.com
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Moi qui aime beaucoup les romans de Martin Winkler, ses personnages et son humanité, je dois avouer que j'ai été extrêmement déroutée et déçue par son dernier titre "L'école des soignantes". Je m'attendais à un roman classique or il s'agit d'une utopie qui se passe en 2039.
Ce qui m'a gênée, surtout, c'est la narration. En effet, l'auteur est Hannah, un homme asexué qui va devenir soignant à l'Hôpital de Tourmens. Il ne s'agit pas vraiment d'un roman, on a l'impression que Martin Winkler écrit un essai sur l'hôpital idéal, celui dont il rêve. Chaque chapitre aborde une problématique différente et on a donc une suite de réflexions sur la souffrance, l'avortement, les cauchemars. On a aussi des entretiens avec des personnages soignants ou soignés. La plupart des personnages sont des femmes ou des transexuels.
J'avoue m'être ennuyée et avoir survolé la fin.
Une grande déception pour moi, mais bon, c'est juste mon avis !
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Imaginez que vous devez vous rendre à l'hôpital ou être placé en maison de retraite. Imaginez que vous entrez dans un lieu où les soignantes (hommes ou femmes, tout est féminisé dans cet établissement public) sont attentives, où aussi bien, les aides-soignantes, infirmières, médecins, spécialistes et SURTOUT les malades, sont toutes associées aux soins à prodiguer. Imaginez un lieu où vos volontés seront respectées, quels qu'elles soient, en matière de soins et de santé. Imaginez un lieu où le bien-être des malades est la priorité sur tout le reste. Imaginez… Voilà le monde médical imaginé par Martin Winckler.

Hannah Mitzvah nouvellement arrivé dans cet hôpital spécial, va faire l'expérience de cet apprentissage. Avec lui, on va suivre les malades en psychiatrie, ses doutes, ses remises en question, l'avenir de cet hôpital où la continuité risque d'être compromis s'il ne trouve pas très vite des fonds. Bien qu'il se fasse discret, celui-ci est en danger de fermeture définitive.

Des idées à prendre alors que nous vivons actuellement un épisode qui nous rappelle l'importance du monde médical, qu'il n'y a pas de bénéfice à tirer en matière de santé et que nos aînés méritent une meilleure fin que celle prodiguée actuellement dans certains EPHAD.

Martin Wincker, encore une fois, nous interpelle sur la façon de traiter les malades et nos aînés - aînés que nous serons tous un jour. Il remet en question le TOUT POUVOIR des spécialistes, qui ont bien entendu lieu d'être mais il décrie leur TOUTE PUISSANCE face aux malades. N'est-il pas vrai que lorsque l'on est entre leurs mains, nous leur appartenons ? Ils ont tous les droits sur les patients ?

La santé mentale du patient est primordiale et c'est cela qui doit être pris en compte essentiellement, en plus du reste. Et n'oublions pas les aides-soignantes et les infirmières que l'on n'écoute carrément pas et qui sont pourtant un maillon essentiel dans le soin aux malades. A qui on donne de plus en plus de tâches administratives à effectuer au détriment des soins, de l'écoute et du temps passé avec les patients.

Un livre dans la verve du «choeur des femmes » que j'avais beaucoup aimé.
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Utopie ou futur proche ? Martin Winckler imagine un monde assez fou dans lequel la bienveillance, l'inclusif et le féminin seraient la norme. Autant dire un univers qui relève aujourd'hui de la science-fiction. L'exercice de style (le masculin cède sa position dominante au féminin dans la langue et la société) est assez déroutant en soi et par là franchement impressionnant.
Creusant son sillon d'une médecine au service de ses patients, l'auteur imagine le parcours initiatique d'Hannah (un soignant) au centre hospitalier holistique de Tourmens. Aux côtés de son officiante, la bien nommée Jean Atwood, de ses patientes et de ses consoeurs, il se confronte à la maladie, à la folie ou à la fin de vie, non pas considérées comme des questions épineuses ou violentes mais comme des moments de vie à traiter avec humanité et bonté. Quand je vous disais que l'approche était révolutionnaire.
On retrouve dans ce roman toutes les caractéristiques de Winckler : sa plume foutraque et généreuse mais aussi ses convictions, ses engagements de médecin et tout simplement d'être d'humain. Alors oui, cela déborde un peu, le style est parfois décousu. On pourrait, par facilité, taxer ses propos de naïf et de simpliste. Il est tout simplement honnête, vrai, altruiste. Dieu que cela fait du bien dans ce monde cynique !
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critiques presse (2)
LaPresse
07 mai 2019
Utopie médicale et sociale, L'École des soignantes est une oeuvre féministe et anti-patriarcale qui se classe sans contredit parmi les titres les plus marquants de l'écrivain.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LePoint
29 avril 2019
Avec L'École des soignantes (suite du Chœur des femmes paru en 2009), il livre sa vision d'un hôpital idéal [...] Dans ce roman-fleuve, Martin Winckler brasse les genres avec dextérité. Et une humanité profonde.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Soigner, c'est donner à manger à quelqu'un qui tremble trop pour tenir sa cuillère.
Soigner, c'est retourner trois fois en un quart d'heure dans la même chambre pôur retaper un oreiller.
Soigner, c'est passer une compresse d'eau sur le front ou un glaçon sur les lèvres.
Soigner, c'est caler une jambe cassée sur un brancard avec un petit sac de sable.
Soigner, c'est tenir la main pendant que quelqu'un d'autre suture, ponctionne, arrache, incise, cautérise, injecte, sonde, aspire, accouche celui ou celle à qui on tient la main.
Soigner, c'est hocher la tête pour dire je suis avec vous.
Soigner, c'est avoir envie de prendre dans ses bras sans pouvoir le faire, mais trouver tout de même un geste qui voudra dire la même chose.
Soigner, c'est porter, soutenir, guider, écouter.
Soigner, c'est être là.
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« Ne juge pas ! Ne juge pas ce que tu ne vivras jamais. La vie, pour la plupart d'entre nous, ça consiste à survivre C'est compliqué pour tout le monde. Mais ça l'est encore plus pour les femmes, surtout quand elles courent sans arrêt le risque de se retrouver en cloque! Elles ont le même problème que toutes les femelles animales, elles doivent survivre et assurer la survie de leurs petits avec ou sans ou malgré les fucking pères! Et parfois, pour survivre, elles doivent prendre des décisions radicales. Tous les animaux pratiquent la négligence, l'abandon et l'infanticide parce que pour élever des petits, il faut d'abord survivre. Surtout quand le prédateur qui vous menace, tes petits et toi, est un individu de ton espèce. Toutes les femmes savent ça : le premier danger qui menace leurs enfants, c'est le mec qui leur tourne autour, et qui n'est pas le père. Pourquoi crois-tu que les mythes antiques, les contes et la littérature populaire sont truffés d'histoires d'enfants trouvés ? Depuis la nuit des temps, des mères abandonnent leur enfant au bord de la route, à l'entrée des hôpitaux ou dans le "tour" installé dans le mur d'une église. Parce qu'elles ne peuvent pas le nourrir et le protéger... ou parce qu'elles-mêmes ne peuvent pas survivre si elles le gardent... Et sur tous les continents, les conditions de vie, les menaces personnelles, la guerre, les razzias, les pogroms, les règlements de compte tribaux, les catastrophes naturelles, les pressions économiques, sociales et culturelles ont conduit les femmes aux pires extrémités : les infanticides de filles se d la Chine a imposé un seul enfant par femmes aux pires extrémités: les infanticides de filles se sont multipliés quand la Chine a imposé un seul enfant par couple. Et dans les pays les plus riches, des femmes font des tests ultra-précoces pour pouvoir avorter de leurs fœtus mâles parce que les filles, ça travaille mieux à l'école et ça s'occupe de leurs vieux parents. Ça te révolte ? C'est pour tant la réalité ! Etre une femme, c'est une guerre de tranchées de tous les instants, une guerre ininterrompue ! Une guerre avec son propre corps, avec les corps qu'elle touche et ceux qu'elle ne veut pas laisser la toucher, avec le corps dévorant et épuisant des enfants, avec le corps envieux des autres femmes, avec le corps invalide des parents et, par-dessus le marché, avec le corps social. Et quand on est une femme qui ne veut pas d'homme ou d'enfant dans sa vie, il faut encore se battre. Etre une femme, c'est se battre sur trente-six fronts à la fois ! Quoi que tu en penses, ta vie d'homme est bien plus simple! Tu ne sais pas quelle chance tu as ! »
Page 170
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On ne voit pas le temps passer, on voit seulement qu'il a passé. Et quand tant de jours ont disparu de la mémoire, 'il y a longtemps' ressemble à 'hier'. Dans nos mémoires, tous les moments passés sont contigus. Certains sont plus nets que d'autres, mais pas parce qu'ils sont plus récents. Seulement parce que nos émotions les ont colorés plus vivement.
(p. 17)
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Qu’est-ce qui nous accompagne et nous réunit? Qu’est-ce qui nous aide à lutter contre la peur, la douleur, la solitude, la faim, le désespoir? Qu’est-ce que nous partageons chaque jour sans jamais nous appauvrir? Qu’est-ce qui nous aide à avancer, individuellement et en groupe? Qu’est-ce qui nous aide à vivre?
Les histoires. Les histoires vraies et les histoires inventées. Les histoires qui nous réconfortent, celles qui nous préviennent, les histoires qui nous révoltent et nous donnent envie d nous battre. Les histoires portent en elles des expériences et des enseignements, des questions et des certitudes, des avertissements et des idées. Les histoires nous émeuvent et nous rendent fortes et nous empouvoirent. Les histoires nous rappellent qui nous sommes et nous encouragent à devenir les personnes que nous voulons être.
Bien sûr, le temps se joue des histoires, il les fait naître et vivre, il les travaille, les transforme, les fait mourir et les fait renaître. Et, comme le temps, le torrent des histoires ne se tarit jamais. D’ailleurs, les histoires nous rappelle que rien ne s’invente, rien ne s’oublie, tout se partage et se transmet.
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…Une chose dont je leur suis très reconnaissant, c'est de m'avoir aidé à faire la différence entre la responsabilité et la culpabilité. On est toujours responsable de ce qu'on fait, bien ou mal. Assumer la responsabilité de ses actes est une obligation. Quand, par malheur, nos actes ont eu des conséquences négatives, on a l'obligation non seulement de le reconnaitre, mais aussi, si possible, de réparer En tout cas, quand on a du sens moral -enfin, ce qu'on appelle des scrupules En revanche, on ne devrait se sentir coupable gue lorsqu'on a fait du mal sciemment, ou par négligence parce qu’on n'a pas écouté ou eu le souci des autres. Quant à la honte, elle ne sert à rien, sinon à nous humilier et à sous disqualifier.
… « La honte, disait Sara, c’est le moyen qu'ont trouvé les sociétés de mettre à l’écart toutes les personnes qui ne leur conviennent pas Ce n’est pas un sentiment que nous éprouvons seulement parce que nous avons du sens moral; c’est le poids d'infamie qu'on nous a mis sur le front. La honte c’est ce qui permet de haïr, de bannir, de mutiler, de lapider celles et ceux dont la société ne veut pas. La honte ne nous pousse qu'a une seule chose : à fuir, à s'exclure du monde, a ne plus nous supporter en tant que personne humaine Mais comment pouvons-nous vivre si on nous met à l’écart? Assume tes responsabilités, évite de faire du mal, mais ne laisse jamais personne te faire ressentir de la honte »
…Comprendre ces différences m'a évité de souffrir et d’être manipulé. Car Sara et Meriem m’ont aussi appris qu’il y a deux sortes de personnes. Celles qui ont des scrupules et celles qui n'en ont pas. Les secondes ne ratent jamais une occasion de martyriser et manipuler les premières - en jouant sur leurs sentiments de culpabilité ou en leur faisant honte.
Page 60
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"Bienvenue aux éditions P.O.L", un film de Valérie Mréjen. Pour les 40 ans des éditions P.O.L, quelques un(e)s des auteurs et des autrices publié(e)s aux éditions P.O.L écrivent une carte postale et laissent un message aux éditions P.O.L. Avec par ordre d'apparition de la carte postale: Violaine Schwartz, Jean-Paul Hirsch, Lucie Rico, Emmanuel Lascoux, Jacques jouet, Philippe Michard, François Matton, Frédéric Boyer, Catherine Henri, Suzanne Doppelt, Lamia Zadié, Marianne Alphant, Suzanne Duval, Laure Gouraige, Emmanuel Carrère, Jean Rolin, Elisabeth Filhol, Célia Houdart, Nicolas Fargues, Nicolas Bouyssi, Louise Chennevière, Frédérique Berthet, Marie Darrieussecq, Jocelyne Desverchère, Jean Frémon, Kiko Herrero, Julie Wolkenstein, Emmanuelle Bayamack-Tam, Liliane Giraudon, Frédéric Forte, Pierric Bailly, Valère Novarina, Hélène Zimmer, Nicolas Combet, Christian Prigent, Patrice Robin,, Emmanuelle Salasc, Alice Roland, Shane Haddad, Mathieu Bermann, Arthur Dreyfus, legor Gran, Charles Pennequin, Atiq Rahimi, Anne Portugal, Patrick Lapeyre, Caroline Dubois, Ryad Girod, Valérie Mréjen / Dominique Fourcade, Marielle Hubert, Robert Bober, Pierre Patrolin, Olivier Bouillère, Martin Winckler, Jean-Luc Bayard, Anne Parian, Nathalie Azoulai, Julie Douard, Théo Casciani, Paul Fournel, Raymond Bellour, Christine Montalbetti, Francis Tabouret, Ryoko Sekiguchi,
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