Dans ce premier roman, édité en France 45 ans après sa parution (1973),
Henning Mankell nous surprend.
Si son personnage est l'esquisse de ceux, Wallander et autres, qui suivront tout au long de sa prolifique production d'écrivain, discret, solitaire et si on y perçoit les prémices de l'oeuvre à suivre, il est bien différent.
Entrons dans la maison d'Oskar.
À la manière d'un inventaire, l'auteur va nous raconter sa vie, ses luttes, ses rencontres, des bouts de vie.
Imaginez.
1969. Oskar vient de mourir. Vous entrez dans sa maison.
Au mur une affiche. Dans les tiroirs, des souvenirs.
En 1911, Oskar à 23 ans, il creuse des tunnels. Pas à la pioche pour s'évader, non, à la dynamite, pour faire passer le train sous la montagne.
Un truc qui cloche, c'est l'accident.
Il se réveille à l'hôpital et constate les dégâts.
Pourtant, malgré ses morceaux de lui qui manquent, il retournera au travail et aura une vie presque normale.
Roman kaléidoscope dans lequel les narrateurs se succèdent, Oskar ou ceux qui le côtoient, mais aussi une mystérieuse voix off.
Mankell nous invite à fouiller la vie de son personnage, et quand on fouille, tout est mélangé, une vie en puzzle qu'on tente de reconstituer. On passe d'une année à l'autre dans le désordre, comme quand on retrouve une boîte de photos ou un paquet de lettres dans le grenier, on essaie d'identifier chacun, de les relier, de les replacer dans le contexte, de deviner leur rôle.
On retrouve même de vieilles publicités qu'on prend plaisir à feuilleter.
On prend garde à laisser la maison silencieuse par respect pour cet homme qui vient de la quitter et que nous avons découvert au fil des pages.
Un
Henning Mankell inattendu qui demande une bonne concentration si on veut arriver à suivre...