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EAN : 9782290385579
256 pages
J'ai lu (15/11/2023)
4.09/5   312 notes
Résumé :
Ce qui intéresse Jean-Claude Izzo, ce n'est pas tant de décrire que de comprendre la misère. Alors, quand il décide d'écrire la déroute de Rico, un SDF, il remonte aux sources, aux causes quasi imperceptibles bien qu'enracinées dans le quotidien. Ainsi, pour Rico, tout commence lorsque Sophie le quitte et qu'il finit par se quitter lui-même, se retrouvant très vite à la rue. C'est alors la débrouille pour se chauffer le coeur et les os. C'est son ami Titi, qui meurt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Vivre fatigue m'avait impressionné, voici déjà six ans.
Replongeant ma main dans ma bibliothèque en piles et en cartons, j'ai extrait ce morceau d'anthracite flamboyant qu'est le soleil des mourants.
Dans ce roman à deux voix, Izzo nous propose d'accompagner Rico dans ses rues de galère et de misère.
Rico, comme Titi et tant d'autre, a connu cette dégringolade jusqu'à l'extrême précarité. Rico, bouffé par l'alcool et dévasté par le décès de Titi,va quitter Paris pour Marseille... Marseille comme l'espoir de retrouver un souvenir heureux et, peut-être, d'émerger.
Que le futur lecteur se rassure ou se désespère: il n'y aura pas de happy end... Ce n'est pas le genre de la maison Izzo!
Mais il y aura des rencontres et des pauses qui réchauffent.
Mais Rico connaîtra une sorte de substitut au fils qu'il a perdu en même temps que sa femme et son ancienne vie...
Le livre date de la toute fin du siècle dernier, et les Rico, Titi, Dédé et autres naufragés de la rue sont toujours là et plus nombreux encore.
Même si cette lecture a pu être grise et dure pour Horusfonck des noirs de noirs, merci à vous, jean-Claude Izzo qui n'êtes plus.

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Mes amis, mes amours mes emmerdes...
Rico, il en a plein son collector Pannini, surtout dans la catégorie "galères".
Une rupture familiale, une fuite en avant dans l'alcool et tout son cortège:perte d'emploi, de repères... et on finit à la rue: sdf, encore un sigle pour nous voiler la face et mettre un écran protecteur entre eux et nous.
Eux: les laissés pour compte, les oubliés de nos sociétés capitalistes et évoluées.
Ce roman écrit à la fin des années 90 n'a pas pris une ride, Jean-Claude Izzo a mis tout son talent de journaliste pour décrire de façon réaliste et sans sensiblerie la vie d'un homme comme vous et moi dont la vie a basculé un jour du mauvais côté.
Nous cheminons au rythme des rencontres de Rico, du vulgaire au sublime car le long du chemin nous croisons quelques belles personnes ayant appartenu au présent et au passé de notre héros.
La plume se veut poétique parfois, avec un brin de cruauté mais jamais cynique.
Laissez-vous réchauffer au "Soleil des mourants", la misère est certes moins dure au soleil mais elle vous glace comme le mistral!
Du grand Izzo! Pour un peu j'irai faire un tour au Panier!
.
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Une belle surprise ce roman qui retrace avec force la route de Rico, un sdf parmi tant d'autres, les origines de sa déroute, ses rencontres, ses débrouilles, ses amitiés et ses amours, la dignité qu'il tente de conserver.
C'est un récit tellement réaliste que l'on pourrait penser que l'auteur a passé quelques temps avec Rico, Titi et les autres avant d'écrire cette fiction. C'est touchant, c'est écrit simplement, c'est beau et triste en même temps.
L'auteur parvient à ouvrir les yeux de son lecteur sur ce monde invisible, et il y parvient avec brio, c'est une franche réussite de ce point de vue. J'ai apprécié le chemin parcouru vers le soleil des mourants qui se mêle au cheminement personnel induit par cette lecture.


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Des fois, je me mettrais bien volontiers des claques.

Qu'est ce qui a bien pu me passer par la tête le jour où j'ai acheté "Le Soleil des Mourants" franchement? Et quelle idée de le lire?
Certes, j'ai adoré la trilogie des (mes)aventures de Fabio Montale et la plume si particulière de Jean-Claude Izzo, son mélange de noirceur et de lumière, de romantisme et du réalisme le plus désespéré… Sa poésie et son amertume.
M'enfin… J'aurais aussi pu m'abstenir.

Mais non. C'est à croire que j'aime souffrir; que j'aime avoir mal. Que 2020 ne me suffit pas avec son ciel noir, lourd et en forme de chape de plombe.
Quelle crétine. Des gifles, je vous dis!

C'est ce titre aussi, que je trouve tellement beau: "Le Soleil des Mourants" et les avis enthousiastes suscités par le roman qui m'ont eue. Ce n'est pas de ma faute… Ou si peu.

Voilà qui m'apprendra, tiens. Plus jamais. Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.

"Le Soleil des Mourants" est l'un des livres les plus noirs, les plus tristes qu'il m'ait été donné de lire.
C'est aussi un roman d'une beauté à couper le souffle et d'une humanité profonde, poignante.
Un roman bouleversant qui m'a fait passer de la compassion à la colère et de la tristesse à l'envie de tout casser. Certes, le fait est que je suis une madeleine ascendant cascade, mais là… C'est au-delà du chagrin de roman et des larmes romanesques et cinématographiques. Ce sont des larmes à verser sur le monde et la société, et sur notre petit confort qui nous fait fermer les yeux parce que c'est moins douloureux comme ça.

Rico a tout perdu: sa femme, son fils, son travail, sa maison et s'est réfugié dans l'alcool. L'engrenage, l'effet domino qui l'a jeté à la rue. Dans cet enfer, il n'est pas seul, pas vraiment: il a rencontré Titi.
Titi, c'est le frère de galère, celui qui ne le lâche pas -quand tous ses amis d'avant, eux, lui ont tourné le dos quand sa vie a pris l'eau-, celui qui lui raconte les romans qu'il a lu autrefois, celui qui lui permet de tenir, même quand il fait froid et qu'il faut faire la manche sous le regard arrogant et dégouté des passants. Sauf que la mort, cette garce, elle a fini par prendre Titi aussi, sous un banc de la station de Ménilmontant. C'en est trop pour Rico: il n'en peut plus de Paris et de sa vie alors il décide de prendre le large. Avant de crever, il voudrait revoir Marseille, le soleil et la mer et Léa, son premier amour. Son grand amour, celui de ses vingt ans et des verbes qu'on conjugue au futur et à la première personne du pluriel. Celui qui devait durer toujours.
Il en croisera sur son chemin des compagnons de galère. Des paumés, des oubliés, presque des indésirables: Félix qui parle à peine et surtout pas de ce qui compte; Mirjana jeune bosniaque qui se prostitue en attendant un mieux qui ne viendra jamais et qui ne dort pas la nuit parce qu'elle revoit sans cesse le visage de ceux qui ont tué ses parents; Abdou qui voudrait oublier Alger mais pas Zineb et qui ne rêve que de serrer un ours en peluche dans ses bras d'enfant trop vite grandi.

"Le Soleil des Mourants" est un roman court mais intense, percutant et nécessaire. Un uppercut dans la tête et le ventre qui fait mal à en crever.
Jean-Claude Izzo raconte avec beaucoup de tendresse, de sensibilité et d'émotion ces hommes et ces femmes, sans aucun jugement. Leur descente aux enfers nous est dépeinte sans concession, comme si Izzo voulait -à raison- nous bousculer, nous ouvrir les yeux en même temps qu'il fustige notre société qui laisse les faibles et les paumés au bord de la route.

J'ai eu tellement mal en lisant! Tellement de colère aussi, parce que je ne vaux pas mieux que beaucoup de bien-pensants. Combien de fois ai-je feint de ne pas voir un homme ou une femme faisant la manche dans le métro parce que c'est plus simple, moins douloureux? Est-ce qu'il ne m'est jamais arrivé de changer de banc dans un parc parce que je n'étais pas sereine à cause de cet homme à côté de moi avec son pack de six? J'ai eu honte parfois en lisant.
Mais les livres servent aussi à ça, non? A nous émouvoir, nous tordre le ventre et à nous réveiller: Izzo l'avait bien compris et son soleil des mourants remplit sa mission. On ne changera pas le monde, mais grâce à lui on n'oubliera pas, on n'oubliera plus les blessures au coeur et l'histoire cachées derrière ceux qu'on préférait ignorer et abandonner derrière un sigle bien politiquement correct.
On ne fermera pas les yeux, on les ouvrira plutôt et on sourira. L'humanité tient parfois dans un sourire, comme elle tient dans ce roman magnifique et dans la lumière des dernières pages, dans la tendresse qui unit Rico et Abdou, dans cet amour filial qui panse un peu leurs plaies.

Mais quand même, Jean-Claude Izzo et moi, c'est fini. Pour toujours.
Ou ça le sera quand j'aurai lu "Les Marins Perdus"...
Je n'ai pas fini de souffrir moi...
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Cette lecture, un uppercut violent, une plongée hyper crue , terriblement réaliste dans le monde cruel des SDF.
"C'est la que j'ai rencontré Rico. A Marseille, et que j'ai appris tout ce que je sais de lui et de cette chienne de vie, où tout le monde est seul et comme vaincu". C'est Abdou, le jeune algérien clandestin, qui parle et qui raconte Rico, ce qu'il lui en a dit de sa vie, de sa descente aux enfers.
C'est puissant, bouleversant, une lecture à la fois d'un noir infini et d'une flamboyance exacerbée.
Rico, avant de mourir veut revoir Marseille où il connut un premier amour heureux. Il quitte Paris, voyage clandestinement en train, s'arrête quelques jours à Chalons sur Saône, transite par Vienne, Valence, Avignon.
La cité papale , comme bien souvent au coeur de l'hiver et malgré un ciel bleu trompeur est balayée par un puissant mistral glaçant. Rico y vivra un nouveau cataclysme.
Et puis Marseille, le soleil et la mer pour y mourir.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Chacun sa vie, marmonna Rico en allumant une clope. Et tout en fumant, il se demanda si, dans le fond, justement, la vie ce n'était pas ça : cette capacité de chacun à défendre son bout de gras, pour survivre au milieu de toute cette connerie humaine... Peut-être bien que son frère avait eu raison. Peut-être bien que Sophie avait eu raison. Il en était la preuve, non ? Il avait plongé, et, pour eux, tout continuait. La vie. L'amour. Le bonheur.
Non, il se dit en repoussant la couverture, ça ne pouvait pas être ça. Mais quoi alors ? Où est-ce qu'il s'était planté dans la vie ? Lui, mais aussi Dédé, Monique, Jo. Et Félix. Et des types comme Titi, intelligent et tout, et qui avait lu des tas de livres. Si des types comme Titi plongeaient, c'est que, quelque part, quelque chose ne tournait pas rond. Mais quoi, bordel ?
L'amour qui fout le camp. Partout. De partout. C'était ça. Entre un mari et une femme. Un père et son fils. Un frère et une soeur. Entre deux amis... Et des portes qui se ferment. Jusqu'à la dernière, un jour. La dernière porte avant l'enfer.
L'enfer, la rue. La misère.
Combien ils étaient, comme lui, à errer dans les rues ? Sur les routes, en France ? Plus personne ne comptait. On disait des centaines. On disait des milliers. On ne comptait que les morts, et uniquement en hiver.
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C'est quand le ciel te tombe sur la tête, que tu découvres l'horreur. Que l'horreur existe dans le monde. Parce que tu bascules dans une autre vie, et que tu rencontres des gens dont t'imaginais même pas l'existence, ni la douleur...
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A Marseille, tu verras, lui avait-elle écrit, il est des heures du jour où l'on aime se sentir ainsi : debout, à mi-distance entre la lumière et la mer. Une manière de savoir pourquoi l'on est d'ici et pas d'ailleurs, pourquoi l'on vit ici et pas ailleurs.
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Il faut garder en mémoire la couleur de sa blessure pour l'irradier au soleil.
Juliet Berto
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Pour moi, c'est moins douloureux de me sentir étrangère ici que dans mon propre pays.
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Videos de Jean-Claude Izzo (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Izzo
"Total Khéops" de Jean-Claude IZZO a été adapté au cinéma en 2002 par Alain Bévérini, avec Richard Bohringer et Marie Trintignant : extrait du film.
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