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EAN : 9782253113454
346 pages
Le Livre de Poche (18/05/2005)
4.4/5   43 notes
Résumé :
Après avoir traversé la moitié de l’Europe, l’officier Oktavius-Ulrich de Pikkendorff, âgé de 26 ans, parvient un matin de l’année 1658 à Ragen, où il est nommé commandant de place par le prince August III. Situé à l’extrême Est de ce qui est aujourd’hui la Carélie, ce bourg est à la limite de forêts où nul ne s’est jamais aventuré et d’où nul homme n’est jamais sorti. Oktavus-Ulrich fait construire une forteresse face au vide, comme si de « là-bas » un hypothétique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Chaque relecture des Royaumes de Borée permet de découvrir une nouvelle facette de ce joyau de notre littérature qui est à la fois une fresque historique évoquant la branche nordique des Pikkendorff servant la principauté de Valduzia durant plus de trois siècles (cf. la critique de NewHorizon), un superbe voyage aux confins septentrionaux de l'Europe, aux lisières de la Finlande, de la Suède et de la Russie (cf. la critique de Bviallet) et une belle illustration du devoir de mémoire et de transmission aux générations futures.

Le Professeur Kleinkrutzwald-Meyerhof, ethnologue réputé, victime d'un cancer en stade terminal, est l'un des derniers « petit homme ». Ses parents ont péri le 11 avril 1945 en fuyant l'armée rouge ; il a été sauvé et adopté par un couple allemand échappé à bord du Marienburg, commandé par Paulus von Pikkendorf. En 1972 il a épousé Amelia fille d'ouvriers de Rostock et ont eu une fille Anna qui n'a jamais eu la curiosité d'interroger son géniteur sur leurs ancêtres … Anna a épousé un basketteur et donné le jour à Hans … tout aussi peu préoccupé de ses racines.

Le Professeur a passé sa vie à reconstituer l'histoire des « petits hommes » et de la foret De Borée.

Avec l'aide d'une famille juive, les Chapack, jadis victime d'un progrom, et d'une famille américaine d'ascendance valduzienne, les Souzda, il veut transmettre aux générations futures l'histoire des Royaumes de Borée, la maladie lui laissera t elle le temps nécessaire à cette mission ?
Ou va-t-il emporter avec lui cette mémoire ?

Dernier chapitre bouleversant … âmes sensibles abstenez vous !

Une très grande histoire, dans laquelle s'inscrit un peu de l'histoire personnelle de chaque lecteur au fil des événements historiques ayant bouleversé l'Europe ou des « progrès » technologiques ayant saccagé la nature.
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Tout commence en 1658 lorsque qu'arrive Oktavius-Ulrich de Pikkendorff, âgé de 26 ans, à Ragen, ville de Valduzia. Alors qu'il aurait pu se rendre dans des royaumes bien plus prestigieux, sa soif d'aventure le mène dans ce petit royaume au Nord de l'Europe. Le royaume est bordé au Nord et à l'Est par une frontière inconnue dont on ignore tout : la Borée. Le souverain du royaume de Valduzia, August III, le nomme chef d'escadron et commandant de la place de Ragen. Qu'est donc venu chercher Pikkendorff dans cette contrée éloignée, située au bout du monde ? C'est justement cette frontière inconnue qui l'amène, avec cette question : que peut-on trouver aux confins des territoires septentrionaux ? C'est avec l'appui de son souverain, qu'Oktavius de Pikkendorff se lance dans une expédition lors de laquelle il fera construire le fort de Fréchenbach. Plus qu'un fort militaire orienté sur la défense (se défendre contre qui ?), c'est avant tout une place qui va permettre de lancer des expéditions dans ces terres glacées, marécageuses et forestières. Mais n'y-a-t-il pas autre chose qui se cache derrière cette frontière ? N'est-il pas venu chercher quelqu'un ? D'après ses recherches, on pourrait y trouver un petit homme couleur écorce, armé d'un javelot et d'un arc, portant sur sa tête un chapeau pointu. Un homme qui serait parvenu à vivre dans des conditions climatiques extrêmes et qui serait resté à l'écart des autres pendant des siècles. Un homme qui n'aurait pas évolué en même temps que ces congénères mais qui aurait gardé ses coutumes et ses traditions millénaires. Ils seront plusieurs à entrapercevoir une silhouette, une ombre, les observant de la forêt. Mais est-ce la réalité ou une illusion ?

Le roman ne se limite pas à cette période du XVIIe siècle et à ces expéditions, il ne fait que commencer. L'oeuvre de Jean Raspail s'étend jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi l'on retrouve une véritable trame historique tout au long du livre : les descendants d'Oktavius-Ulrich de Pikkendorff et d'August III joueront un rôle dans la continuité de leurs prédécesseurs, les générations se transmettront le mystère : la recherche du petit homme et les expéditions à travers la Borée continueront.

C'est une véritable enquête historique qui se déroule au fil des pages. Qui a aperçu le petit homme ? Que valent les différents témoignages ? Quels sont les preuves matérielles de son existence ? Et que symbolisent ces statuettes gravées, retrouvées devant les camps ou aux abords des forêts, à l'effigie du loup ou du harfang ?

Rentrer dans les détails ne ferait que révéler la magie de son histoire. Ce qui définit le mieux ce roman de Jean Raspail est le mot Aventure. C'est cet esprit aventurier que possèdent tous ces hommes européens qui se sont lancés à la conquête des confins septentrionaux pour défier la nature et le monde inconnu, à la recherche du petit homme couleur écorce. Mais veulent-ils vraiment le trouver ? Cela n'enlèverait-il pas la part de mystère de ces expéditions ?

Jean Raspail a écrit ici une oeuvre magistrale, dotée d'une qualité d'écriture indéniable. Un chef d'oeuvre à lire et à relire.
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Les romans de Jean Raspail ne sont pas dans l'air du temps et avec « le camp des saints » il a été définitivement rangé dans les nauséabonds ce qui vaut la mort dans le monde littéraire parisien. Seulement voilà Raspail est un Grand et il a laissé une oeuvre que bien peu égaleront.
Les Royaumes de Borée n'est pas le plus connu de ses romans mais il est animé des ressorts habituels de l'auteur : l'appel du large, la fraternité, le sens de l'honneur et la détestation du progrès.

Le grand Nord est le décor d'une épopée familiale, celle des Pikkendorff, nobles issus de la principauté de Valduzia que l'on peut situer en Carélie. En 1658 Oktavius Pikkendorff ressent le besoin irrésistible d'explorer les forêts impénétrables balayées par Borée le vent du nord.
A sa suite des générations de Pikkendorf vont les arpenter et souvent y laisser la vie car en ces temps la Nature était encore plus forte que les hommes. Ils vont deviner plus que voir la présence d'un habitant, tellement intégré à l'écosystème qu'il en est invisible mais sait faire passer de mystérieux messages de protection ou d'avertissement. Les Pikkendorff de pères en fils n'auront de cesse de rechercher la trace du petit homme qui pour eux est plus qu'un habitant de la forêt
Il est le symbole d'une humanité immuable qui pourrait vivre des millénaires si la modernité ne venait pas s'en mêler. Evidemment le petit homme et ses pareils seront balayés par l'arrivée des machines et l'avidité mais il aura résisté jusqu'au bout avec ses faibles armes. Inconscients des enjeux et pris dans le mouvement du progrès les Pikkendorff auront contribué à sa destruction.

Tous les thèmes de Raspail sont là : l'envie d'aller plus loin, de repousser les limites, le soutien aux perdants magnifiques, l'honneur et l'esprit chevaleresque pour se battre sans espoir avec des armes honnêtes, le respect de la Nature et de ses mystères avec un évident paganisme.
Le racisme est totalement absent de l'esprit de Raspail contrairement à ce que disent de mauvais lecteurs mais l'égalité entre les hommes ne lui convient pas, certains valent mieux que d'autres. Ceux qui ont la noblesse de l'âme, le courage, le respect de l'adversaire et des traditions, ceux-là lui sont proches quelles que soient leur couleur de peau et leur religion, quant aux autres il les méprise.

Au-delà du roman d'aventure qui est une réussite en lui-même, la dimension métaphysique est évidente. Non content d'avoir tué Dieu l'homme moderne a aussi désenchanté le monde dans lequel il vit et contrairement au petit homme ou aux Pikkendorff qui auraient pu vivre des millénaires dans les forêts mystérieuses, il est sans solution et sans espoir face au vide qu'il a créé
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« Imaginez une frontière aux confins septentrionaux de l'Europe. Elle court au nord et à l'est sur quelque quatre cent soixante dix lieues, traverse d'interminables forêts, des plaines spongieuses semées de lacs couleur de plomb. Elle enjambe des marécages et des rivières torrentueuses roulant vers des destinations incertaines. Au-delà s'étend la Borée, une contrée dont on ne sait rien sinon qu'elle est le royaume d'un petit homme couleur d'écorce qui manie l'arc et le javelot mais que nul n'a approché. Qui est-il ? Quel est son nom ? Quelle est sa destinée sur cette terre ?
Au fil de cette histoire, il aura fallu, du XVIIéme à nos jours, plus de trois siècles d'aventures, de batailles, d'assauts, de poursuites et de rêves pour atteindre les mystérieuses réponses à ces questions qui ne l'étaient pas moins. »
Un livre étrange en forme de parabole, d'une très grande poésie. Dans un contexte historique parfaitement défini, tout ou presque est le fruit de l'imagination débordante de Raspail qui nous entraîne à sa suite dans une aventure pleine de symbolisme. Au fil des siècles, l'homme fait disparaître les taches blanches, les zones inconnues de la carte du monde à mesure qu'il s'empare des dernières zones sauvages de la planète, qu'il pille les dernières richesses, rase les dernières forêt et sacrifie sur l'autel de progrès technique les dernières peuplades primitives.
Une fois de plus, l'écrivain des causes perdues, des royaumes improbables et des bouts du monde étranges et mystérieux (Terre de Feu, Patagonie et maintenant Grand Nord) nous gratifie d'un ouvrage magistral qui ne peut laisser personne indifférent. Avec lui, on s'évade bien sûr, on rêve, mais surtout, le bouquin refermé, on pense, on réfléchit.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Comment qualifier ce livre : “romanˮ comme indiqué sur la couverture, “sagaˮ vu la durée pendant laquelle se situe l'action où l'on côtoie plusieurs générations des mêmes personnages ? Aucune importance en fait ! Comme dans d'autres de ses livres J. R. entrelace l'Histoire avec ses personnages tantôt fictifs tantôt réels, des épisodes inventés et des événements tragiquement réels. Quiconque a un peu traîné ses guêtres ou ses “laptisˮ dans ces contrées reconnaitra, en saisissant les perches (de bouleau) tendues, les vastes étendues quelque part entre Livonie, Carélie, Finlande. Immenses étendues souvent enneigées. Passionnant en tous cas.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— La fresque a été peinte il y a dix ans, dit Samuel, mais la scène qu'elle représente date de l'hiver 1667, à deux cents lieues au nord de Ragen, en réalité pas loin d'Augusta, à hauteur de la neuvième forêt dont, vous le savez, il ne reste rien. Nous l'avons intitulée : Convoi de la puissante maison Chapak revenant d'une expédition de traite aux lisières de la Borée. La barbe blanche, c'est le vieux Samuel, le plus important marchand de Ragen. L'homme à cheval qui ressemble à Isaac, eh bien, c'est Isaac, le fils aîné de Samuel. Quant à l’énigmatique beauté dont on n'aperçoit que les yeux, c'est Sarah, la seconde femme de Samuel, un personnage très romanesque. L'œuvre a été exécutée de mémoire, et la nôtre est une vraie mémoire de Juifs, de génération en génération. Pas un mot n'a été perdu à la transmission. C'est pourquoi j'ai pu décrire la scène avec pas mal de détails au jeune peintre polonais que j'avais engagé. On racontait, on racontait, Isaac et moi, et il traduisait avec son pinceau. Et voyez, nous ne vous avons pas oublié...

Depuis combien de temps parlait-il ? Une partie de ce qu'il disait m'avait sans doute échappé. J'avais le crâne vrillé de douleurs. Un étau m'enserrait les tempes, avec des sifflements d'oreilles à hurler à travers lesquels son récit se frayait difficilement un chemin. Je tentai de m'accrocher. Ah oui, le jeune peintre polonais... Et on ne m'avait pas oublié... Pourquoi moi ?... Les sifflements s'atténuèrent et j'entendis Samuel me dire :
— Tenez, là-haut, à l'extrémité droite de la fresque, vous pouvez apercevoir le petit homme caché dans les hautes branches d'un arbre. Il n'est pas facile à repérer... Il se confond avec l'écorce des sapins... Son bonnet... Il a un arc à la main...
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Selon Elma Grisenberg, August IV avait une vision de la frontière qu'il ne lui était pas possible de partager. Elle ne correspondait à rien qui fût perceptible par ses contemporains. Elle lui appartenait en propre. En retard ou en avance, il n'était pas de son temps. L'historienne hasarda des comparaisons flatteuses qui n'étaient pas dénuées de fondement ; avec Louis II de Bavière, la tête perdue dans les nuées ; avec Henri le Navigateur, prince portugais du XV siècle, qui de sa tour de Sagres plantée face à l'Atlantique, imaginait le monde au-delà des mers et devinait des continents qui n'avaient pas encore été découverts ; avec Frédénc de Hohenstaufen qui tourna le dos à ses Etats allemands, s'immergea dans l'Orient lointain et se proclama roi de Jérusalem... August IV lui aussi, avait tourné le dos à ses Etats, mais s’il s’était intitulé prince de Borée au détour d'une confidence il fallait y voir plutôt une manière de désespérance; et nul n'en avait jamais rien su.
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Comme dans tant d'autres parties du monde, le peuplement de la Sibérie a obéi à un agencement de longues et multiples migrations déterminé par la loi du plus fort et qu'à l’intention de mes élèves j'ai baptisé du nom de billard planétaire. Des boules (peuples, peuplades, tribus, clans) se mettaient en marche sur le tapis vert et selon la puissance de l'impulsion, soit elles en bousculaient d'autres qui s’étaient placées en travers de leur chemin, soit elles étaient elles-mêmes violemment heurtées et filaient dans d'autres directions où elles catapultaient à leur tour à la périphérie du terrain d'autres boules en fin de course qui s'en allaient achever leur destin à l'écart de tout mouvement et hors du jeu définitivement. Voilà pourquoi le petit homme se retrouva isolé aux confins du tapis de billard dans les forêts sauvages de la Borée, à la lisière septentrionale de l'Europe et de l'Asie.

Là se borne ma science. Je mourrai là-dessus et c'est parfait...
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— Fortifier ! Vous voulez dire : fortifier la ville ? Mais nous sommes désespérément en paix, à Ragen, La guerre ne risque pas de nous y rattraper...

La guerre, non. Mais l'ennui. La garde aux remparts, les sonneries de clairon, les relèves, les patrouilles, le drapeau de Son Altesse le prince souverain flottant sur la grande redoute, voilà de quoi réjouir le cœur du soldat et rendre à la populadon cette petite flamme d'incertitude qui est le sel de I'existence : si l'on songe à se défendre, c'est peut-être qu'il existe une menace. Faute de mieux, monsieur le gouverneur, et à la condition d’y croire, le simulacre est la réalité de la vie. Nous n'avons pour le moment pas d'autre choix.

M. de Fréchenbach considéra pensivement ce commandant de vingt-six ans qui avait compris, à peine arrivé, le mal caché dont Ragen soufifrait.
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La frontière courait sur quelque quatre cent soixante-dix lieues face à l'est et au nord-est. Elle franchissait d'interminables forêts, noir et argent durant le long hiver, des plaines spongieuses semées de lacs dont l'eau avait la couleur du plomb, des marécages qui disparaissaient sous des océans de roseaux et des rivières roulant leurs flots boueux vers des destinations incertaines. Elle escaladait des collines au relief tourmenté qu'un ciel bas faisait apparaître comme autant de montagnes infranchissables dont les sommets se confondaient avec l'épais plafond des nuages. Face au nord, elle se perdait dans l'infini de la taïga au-delà de laquelle s'étendait une mer glauque hérissée de rochers battus par des vents furieux, mais nul voyageur, nul marin, hormis le commodore Liechtenberg en 1631, ne s'était avancé jusqu'à ces rivages.
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Videos de Jean Raspail (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Raspail
Petits éloges de l'ailleurs : chroniques, articles et entretiens Jean Raspail Éditions Albin Michel
Recueil d'articles publiés dans la presse au cours des trois dernières décennies, consacrés à des sujets de société, à certains aspects de la langue française, au voyage, à l'histoire ou à des écrivains, parmi lesquels Jacques Perret, Jean Cau, Michel Mohrt et Sylvain Tesson. L'ouvrage offre un tour d'horizon des univers multiples dont s'est nourri le romancier. ©Electre
https://www.laprocure.com/product/325795/raspail-jean-petits-eloges-de-l-ailleurs-chroniques-articles-et-entretiens 9782226470478
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