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EAN : 9782226166760
332 pages
Albin Michel (15/11/2006)
4.36/5   22 notes
Résumé :
Au Japon, les fantasmes érotiques et les apparences fluctuent, dans une culture qui depuis des millénaires valorise la notion d'impermanence. Au Japon, l'identité des êtres est transitoire, le plaisir est fugace, la logique est floue, le réel est virtuel, la beauté est mortelle... par essence. Quant au sexe, forcément, il est protéiforme, polymorphe et pervers. Il s'est imprégné de cette tradition qui prête à chaque chose une âme : homme, femme, papillon, pierre ou ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout ce que vous avez toujours voulu NE PAS savoir sur la culture japonaise, et bien plus.

L'essai d'Agnès Giard, impressionnant de synthétisme, fait bien évidemment plus que dégoûter à vie ses lecteurs de la culture nipponne (même s'il aura probablement cet effet sur certains), il explore en quelque 300 pages, les spécificités de l'érotisme, de la pornographie et plus largement des pratiques sexuelles au Japon et esquisse, en une dizaine de chapitres thématiques, de l'amour des culottes aux jouets pour adultes, une vision de la sexualité protéiforme, jusqu'au-boutiste et paradoxale jusqu'à la schizophrénie, dans laquelle se mêlent pour le meilleur et plus souvent pour le pire, traditions séculaires et influence occidentale.

L'ouvrage aurait pu n'être qu'un simple catalogue de perversions (et pas des moindres…) si l'auteur n'avait su combiner si habilement au reportage les sources historiques, religieuses, littéraires ou artistiques et jusqu'au vocabulaire spécifique employé (y compris la (très) longue liste des onomatopées utilisées dans les mangas hentai, dans lesquels à chaque acte correspond un son), car la façon dont une nation parle d'un sujet en dit déjà long sur la perception qu'elle en a. Un bon nombre des faits énumérés n'en restent pas moins perturbants pour un lecteur occidentale : vente de culottes sales de lycéennes dans plus de 30 boutiques tokyoïtes, film porno ayant pour sujet une femme en pleine orgie avec des concombres de mer, prostitution de septuagénaires, shows dans lesquels des filles vomissent en public, tentacules, S.O.M. (Super Onanism Machine) ou, plus généralement, viols, humiliations, agressions sexuelles dans les transports et une passion des plus malsaines pour les filles douces, innocentes et, bien évidemment, mineures. Au-delà de ces perversions, c'est le gouffre se creusant irrémédiablement entre hommes et femmes japonais que l'auteur décrypte, et l'augmentation inquiétante du célibat qui en découle.

Un soin méticuleux a été accordé à l'illustration. Aux publicités, couvertures de magazines, jaquettes de jeux vidéo ou DVD prenant place dans les marges répondent, en pleines pages, une sélection étonnante d'estampes érotiques (ou shunga) pour l'aspect historique, mais également d'oeuvres d'artistes contemporains japonais, parmi lesquels le photographe Atsushi Sakai, le mangaka Suehiro Maruo ou la peintre Chiho Aoshima parmi bien d'autres, qui magnifient une à une chacune des tendances et passions analysées.

Sur le fond, l'ouvrage mérite cinq étoiles, même si j'aurais préféré que le contenu aille plus loin dans l'analyse, cela reste une excellente introduction à un sujet complexe. La maquette ne me convainc pas complètement cependant, notamment les choix de polices de caractère, mais c'est une gêne mineure. Ce qui est en revanche beaucoup moins tolérable de la part de l'éditeur, c'est, d'une part, de reproduire des illustrations de qualité médiocre à très mauvaise (cela ne concerne que les visuels de shunga provenant du musée parisien de l'érotisme), et, d'autre part, et c'est malheureusement monnaie courante, d'avoir bâclé la correction et d'avoir laissé subsister dans le texte une quantité horripilante de problèmes d'harmonisation (guillemets, graphies changeantes pour un même terme, etc.). Espérons qu'une réimpression de l'ouvrage résoudra un jour ces problèmes.
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Un livre documentaire qui se veut une présentation (exhaustive ?) de l'érotisme au japon. On y découvre les pratiques et les fantasmes, et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous avons des cultures vraiment différentes !
Très intéressant, documenté, richement illustré, ce livre est une bonne approche des coutumes de ce pays lointain, et j'oserai même affirmer que l'approche érotique aide à comprendre de nombreuses choses sur les japonais !
Seul défaut du livre à mon sens : il est difficile de se rendre compte à quel point telle ou telle pratique est marginal, ça manque un peu de données là dessus. Mais c'est un petit défaut comparé à toutes les informations disponibles dans ce livre !
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Un sentiment mitigé sur ce livre.
un sentiment mitigé parce que l'auteur n'est pas neutre.
Elle ne se départi jamais de son regard d'occidentale, de ses standards d'occidentale... Et sur un sujet pareil c'est un peu moyen.
C'est comme si je disais que les Français sont tous échangistes, libertins, ou exhibitionnistes (parce que sur les plages on peut montrer ses seins)... c'est exactement pareil !
Elle fait des généralités, alors que non !
Et d'où elle se permet de juger ?
Le choix de ses mots, ce qu'elle insinue en sous texte amène un jugement personnel, et plutôt négatif en plus !
Sur un plan juste factuel, le papier est moche, certaines reproductions, illustrations de piètres factures.

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Sublimement illustré et écrit, cet ouvrage dense ravit la fan de Japon et d'érotisme que je suis. Comme dans les lectures d'Agnès Giard, j'en sors à la fois émerveillée, plus savante, éveillée, et surprise, tant les moeurs et façons de vivre des nippons et nippones diffèrent des miennes. Une vraie belle et durable acquisition.
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LA somme sur le sujet !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les burusera sont des boutiques spécialisées dans la revente des uniformes et des culottes de lycéenne. C'est un business qui marche : les clients reviennent souvent pour se fournir en produits frais. En 2004, la police de Tokyo affirme qu'il en existe vingt-huit. En 2005, un site Internet en recense officiellement trente-huit sur le réseau. [...]
Dans un coin de la boutique, des douzaines de petits paquets soigneusement pliés dans du plastique, hermétiquement fermés, s'alignent sur une étagère. Chaque paquet contient une culotte, déjà portée et pas lavée, dont le prix varie selon plusieurs critères : tiédeur, temps de "cuisson", sédimentation... Plus elle est sale, plus elle sent, mieux c'est : entre 3000 et 10000 yens. Mais le client n'a pas le droit d'ouvrir les sachets pour juger. Il ne peut choisir qu'en fonction de l'image qui orne chacun d'entre eux en guise de certificat : c'est la photo de la jeune fille prise dans la boutique le jour de l'achat. Son prénom, son âge, parfois même son groupe sanguin viennent ajouter une valeur plus-produit à l'odorante culotte, remplie de sa présence fantôme. Si elle a l'air candide, et qu'elle salit correctement son fond de commerce, elle deviendra une star.
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Depuis quelques années, le gouvernement japonais subit une pression visant à réintroduire certains kanji archaïques dans l'écriture de façon à créer des noms nouveaux et originaux. Après une longue bataille, en 2004, le ministère de la Justice a proposé 578 kanji supplémentaires pour former des noms, parmi lesquels figuraient - curieusement - les mots hémorroïdes, vagin, salope, fesses ou prostituée... Selon la commission spéciale chargée d'établir la liste des kanji autorisés, il n'y avait pas lieu de trier les caractères sur la base d'un jugement moral. En juillet 2004, forcé par l'opinion publique, le ministère de la Justice a cependant retiré certains des kanji les plus controversés : les parents se sont donc vus retirer le droit de nommer leur enfant Viol, Excrément ou Cancer.
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Pour le docteur Saito Satoru, inventeur de l'expression "crise de la masculinité", les Nippons sont des mazakon, des complexés de la maman. "Il faut sevrer les Japonais, crie-t-il. Il faut tuer la mère !" La prostitution du troisième âge n'a pourtant jamais aussi bien marché. Le 4 avril 2002, la police démantèle à Osaka un réseau de prostituées allant de cinquante à soixante-dix ans, appelé Kakumei Jukujo ("les dames mûres révolutionnaires"). Elles gagnaient 20 000 yen de l'heure, s'extasie un journaliste. En un an, ce bordel avait rapporté 4 millions de yens." Depuis plusieurs années, le Weekly Playboy note une hausse impressionnante de la demande en septuagénaires. "Au Lover's Uguisudani, un club de Tokyo, il y a même des clients pour acheter les chaussures et les culottes de vieilles dames. Ils se sentent rassurés au contact de ces femmes qui leur rappellent leur enfance !"
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Il y a une expression maintenant : "Le Meiji est devenu lointain." C'est la manière polie de dire que, depuis 1946, les Japonais ont tout perdu : pouvoir familial, autorité paternelle et surtout... virilité. Récemment, une enquête effectuée auprès de 1500 pères de famille à qui on demandait : "Qu'aimeriez-vous pouvoir dire à votre famille ?" donne les résultats suivants : "Je voudrais que ma femme me donne plus d'argent de poche", "Je voudrais être mieux traité", "Je voudrais avoir le droit de boire autant que j'en ai envie", "Je voudrais tromper ma femme". Et, nec plus ultra de cette litanie des plaintes infantiles : "J'aimerais disposer d'un espace à moi." Hélas, le seul espace où l'on arrête de les houspiller, c'est souvent les toilettes ! Refoulés dans les WC - seul endroit où ils peuvent lire tranquillement le journal - les salary-men n'ont plus qu'à s'asseoir sur leur splendeur phallocrate passée. Avant, on les appelait tyrans domestiques (teishu kampaku). Maintenant, on les appelle déchets collants (nure ochiba) ou gros détritus (sodai gomi). Bref, poubelles.
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Dans City Hunter, le héros - un détective privé - n'est motivé que par la promesse d'obtenir un sous-vêtement de ses jeunes et jolies clientes. Dès qu'une culotte passe dans son chant de vision, il se met à saigner du nez (signe, au Japon, d'une forte excitation sexuelle), avec la tête deux fois plus grosse que le reste du corps. Sa faiblesse à lui, c'est aimer les dessous au point de s'en faire des bonnets de nuit. Le pire, c'est qu'il n'a même pas honte. Et pourquoi d'ailleurs ? Voilà l'homme idéal selon Tao : yin et yang. Grandeur et ridicule. Virilité et petite culotte.
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Videos de Agnès Giard (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Giard
En Chine, beaucoup de jeunes renoncent au mariage en raison des critères nécessaires pour y prétendre. La pression familiale est pourtant toujours très forte.
Dans ce troisième épisode, Julie Gacon reçoit : - Jean-Baptiste Pettier, professeur d'anthropologie de l'Asie orientale à l'université Friedrich Alexander d'Erlangen Nuremberg - Catherine Capdeville-Zeng, anthropologue et sinologue, professeur au département d'études chinoises de l'Institut national des langues et civilisations orientales - Agnès Giard, anthropologue, chercheuse rattachée à l'Université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon
"Un monde en quête d'amours", c'est une série en 4 épisodes du podcast Cultures Monde consacrée aux amours contrariées à travers le monde, qu'il s'agisse du conservatisme politique ou religieux, de contraintes économiques ou de fossés culturels.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/chine-japon-l-amour-hors-de-prix-5166142
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