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EAN : 9782070787661
256 pages
Joëlle Losfeld (25/08/2008)
3.24/5   146 notes
Résumé :
Encore adolescente, Delphine a compris de quoi les êtres humains ont besoin: de réconfort, d'illusion, de mensonge même, de tout ce qui peut rendre la vie supportable.

Elle a trente cinq ans et vit grâce à l'agence qu'elle a créée, "Pour Vous", un lieu destiné à satisfaire les désirs et à panser les plaies des hommes et des femmes suffisamment riches pour y avoir recours. mais comment peut-on jouer tous les rôles, adopter toutes les identités sans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce titre, je n'ai pas retrouvé le parfum poétique de Dominique Mainard, c'est plus froid, rigide. Delphine joue son rôle de prestataire de services, certes, mais elle ne m'a pas séduite du tout, malgré son dévouement monnayé , je ne suis pas parvenue à aimer cette histoire, elle m'a laissé un goût amer. Profiter de la tristesse des gens, de leurs malheurs et même de leur mort pour se faire du fric, ça me répugne.
Ceci dit, cela n'ôte en rien la qualité de l'écriture sans le brin de poésie qu'on retrouve dans d'autres titres, ni la complexité des personnages qui est intéressante.

Mais la lecture nous fait ressentir un malaise mal sain, et à la fois de pitié pour Delphine qui a grandi sans amour, ce qui peut expliquer ce personnage froid, déterminé au coeur sec et au parfum de pierre.

Il y a trop d'ondes négatives dans ce livre pour l'apprécier à sa juste valeur, et c'est bien dommage. On en ressort contrarié et bizarre.

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Delphine a monté sa propre entreprise, « Pour vous »
Son but ?
Aider les gens à rendre leur vie acceptable en leur rendant, contre facture en bonne et due forme, un accompagnement le temps nécessaire.
Elle accomplit ses missions avec un grand professionnalisme, beaucoup de rigueur, mais un grand détachement qui frôle parfois la froideur.
Quelle étrange histoire que celle de Delphine.
On ne sait pas vraiment si elle est sympathique ou pas.
En tout cas, j'ai ressenti de la compassion pour elle.

J'ai trouvé  l'écriture très belle et le rythme en parfait accord avec l'histoire.
Ne connaissant pas du tout Dominique Mainard, cette première lecture m'a mise en appétit pour découvrir ses autres titres.
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« Je ne pense pas que l'on doive se blinder contre le regard qui brise parce que ce serait fermer la porte au regard qui aime, qui épanouit. Je consens à rester vulnérable pour ne pas anesthésier ma sensibilité. » Alexandre Jollien
C'est ce qu'aurait pu dire Adorno (un de ses clients) à Delphine.
A la place d'une mère, elle a reçu l'affection toute relative de gens qui étaient payés pour le lui en donner. Elle s'en est contentée jusqu'à son émancipation à 16 ans où cette fois-ci c'est elle qui se faisait payer pour faire le ménage mais aussi pour vendre sa présence, son corps. Elle aussi, en quelque sorte pour donner un substitut d'affection, d'attention contre de l'argent. Tout le monde y trouve son compte, le client est satisfait, quant à Delphine cela lui permet de survivre et surtout elle ne doit rien à personne.
Elle a construit un épais mur entre elle et les autres. L'argent en est le matériau, celui qui l'endurcit, garde l'autre à distance et qui transforme l'investissement personnel en relation strictement professionnelle. Elle vit dans une forteresse imprenable, tout lui est égal pourvu qu'elle reste invulnérable et que le mur ne s'effrite pas. Son coeur est sec mais elle sait parfaitement de quoi l'âme humaine est faite et cela la rend très compétente dans ces jeux de rôles.
'Pour vous' sa petite entreprise, vend des illusions de sentiments, des substitutifs pour palier à l'absence d'amour ou à l'absence tout court, au deuil, à l'ennui, pour accomplir des tâches ménagères, combler les carences affectives, physiques, intellectuelles... 'Pour vous' fait son beurre grâce à la détresse des autres. Finalement rien de très surprenant, c'est le cas de beaucoup de métiers, c'est la vie non ? le malheur des uns ne fait-il pas le bonheur des autres et on n'y peut rien ? Sauf qu'ici, on n'est pas persuadés que le malheur des clients de Delphine fasse son bonheur à elle. Quelle satisfaction éprouve-t-elle ? Certains diront qu'elle est vénale. Oui, mais elle ne fait rien de cet argent. Elle n'a ni loisir, ni vie privée et tout ce qu'elle souhaite en faire c'est investir dans son agence. Elle est certes froide, calculatrice et totalement détachée, mais elle s'est blindée, surement pour ne pas souffrir. Elle a anesthésié sa sensibilité car elle sait que le jour où comme elle le dit, quelqu'un touchera 'son centimètre carré de peau vulnérable', elle perdra son aplomb, son sang-froid. Ce détachement qui lui permettait non pas de vivre, mais de survivre.

Delphine n'a pas de vie, existe-t-elle alors vraiment ? Est-elle réelle ? Comme se le demande Marja son employée ou certains de ses clients ? de quel bois est-elle faite ? Sous l'écorce serait-elle comme ses clients déboussolés, perdus, vulnérables et seuls.
Dans cette histoire, il n'y a ni bons, ni mauvais, ni morale. La solitude, le manque sous toutes leurs formes sont les fils conducteurs et chacun fait comme il peut pour s'en sortir, ne pas se noyer et avoir un peu de reconnaissance, d'attention et pourquoi pas d'amour. Delphine vit en dehors de sa vie, elle subsiste grâce au malheur des autres peut-être pour ne pas penser au sien. Ce n'est pas glorieux, c'est glauque souvent, c'est cruel, triste, brutal, c'est pathétique mais c'est aussi ça la vie.
Delphine est la narratrice de sa propre histoire. Ce n'est pas un mélo, avec une recherche désespérée de rédemption, c'est écrit subtilement, dans un style à la fois direct et fin, sans apitoiement. Pour ma part, je l'ai trouvé touchant bien que parfois dérangeant. Je me dis que sans en arriver à comprendre la conduite extrême de Delphine, beaucoup d'entre nous savent ce que c'est que d'afficher ce masque de froideur pour se protéger, pour se croire intouchables et que les apparences ne sont que des apparences. Au risque de passer pour ce qu'on n'est pas.
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Franchement, j'ai été un peu déçue de recevoir par poste un livre de poche...mais bon, j'avais choisi vite-vite dans la liste de Masse Critique pour être sûre de recevoir quelque chose !
Le titre me plaisait, et je me souvenais avoir beaucoup aimé Leur Histoire (2002) de la même Dominique Mainard, porté à l'écran par Alain Corneau sous le titre Les Mots Bleus, d'après la belle chanson de Christophe.

Pour Vous a donc été publié la première fois en 2008 aux Éditions Joëlle Lossfeld.
Et a même déjà reçu le Prix des Libraires 2009.
J'arrive bien après la bataille...
Mais si comme moi vous aviez raté cet excellent roman, et original et dense, lors de sa sortie, faites-vous un petit plaisir pour pas trop cher !

Delphine M. est-elle une Amélie Poulain en plus barge ? Plus trash ? Un peu, mais pas seulement, heureusement.

Très jeune et par vocation, elle a créé sa petite entreprise : l'agence Pour Vous, une seule employée permanente pour l'aider, et quelques paumés intérimaires pour des mises en scènes au service de clients tous plus déboussolés les uns que les autres.
Elle fournit du "service à la personne".
Ses clients la payent (chichement, mais elle tient sa comptabilité au plus près) pour pouvoir vivre leurs illusions.

"... on m'a traitée de marchande de rêves et c'était indifféremment un compliment ou la pire des injures. Aux yeux de mes clients, je suis quelqu'un qui console et soigne ou qui vend la plus toxique des drogues. Mais la vie m'a appris qu'il n'y a rien de moins réel que ce qu'on nomme la réalité et qu'une mort, une trahison, une souffrance cessent d'exister du moment qu'on arrive à s'en distraire."

Il y aura évidemment un jour où tout s'emballera, se dérèglera. Quand les rêves et les demandes exorbitantes de ses clients viendront un jour percuter et fêler sa carapace d'indifférence, sa résilience.

C'est bien sûr une fable. Un conte, cruel comme souvent les contes. Qui parle de manipulations dérisoires, de chantages un peu minables, mais aussi de compassion, d'empathie, d'écoute. Avec sinon une morale, au moins une profondeur assez vertigineuse pour une simple histoire.

La réjouissante complexité des personnages de Dominique Mainard est toujours suggérée, rien n'est affiché, asséné.
Il y a toujours place pour l'imagination, la réaction et l'interprétation du lecteur.
C'est ce qui fait pour moi la supériorité de cet écrivain sur... par exemple, Anna Gavalda, ou Douglas Kennedy.

Et le style, l'écriture ? Impeccable, claire et nette.
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Delphine a souffert d'un manque d'attention et d'amour pendant son enfance. Ce véritable traumatisme est à l'origine de la création de sa propre entreprise : Pour Vous. A travers cette entreprise, Delphine se propose d'offrir des services en tout genre moyennant finance. Ces services peuvent être aussi basiques que faire le ménage mais peuvent aussi être plus hors du commun. Ainsi, il arrive à Delphine de prendre l'identité d'une femme décédée pour permettre à un veuf éploré de vivre une soirée de plus avec celle qu'il a aimé.
Delphine est une femme froide et méthodique que rien ne fait reculer. Elle garde toujours de la distance avec ses clients. Jusqu'au jour où une faille apparaît. Un client la fait sortir de sa réserve et mettre en péril tout ce qu'elle a construit jusque là. Un client qui lui ressemble et qui va lui faire espérer une vie nouvelle.

Ce roman m'a mise mal à l'aise. le personnage principal, Delphine, est d'une froideur incroyable. le genre humain ne semble pas l'émouvoir et tout ce qui compte pour elle est de savoir combien ses clients sont prêts à la payer pour les services qu'elle va leur rendre. Chez elle, tout est rapport à l'argent. Cette froideur m'a vraiment empêché de m'accrocher au personnage. Toutefois, j'ai apprécié le déroulement de l'histoire, notamment le fait que l'auteur choisisse une fin plausible au regard du personnage qu'elle nous a fait suivre tout au long des 300 pages de ce livre. Une impression de lecture dérangeante.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 décembre 2008
Lecture jeune, n°128 - Delphine dirige une agence de services à la personne appelée « Pour vous ». Elle joue la promeneuse de grand-père, la lectrice pour les grands-mères, la consolatrice de mari trompé... et annonce le prix. Elle réconforte, écoute, console et n’a pas de limites : Delphine peut tout faire contre rémunération et elle tient ses comptes scrupuleusement. La jeune femme est une éternelle solitaire, rien ne l’émeut, rien n’a de valeur. Est-il possible de briser le mur de briques dont elle s’est entourée ?
Dominique Mainard dresse le portrait d’une femme qui semble s’être immunisée contre la souffrance mais peut-on se couper de la vie réelle ? Le commerce de l’amour et du réconfort est un sujet complexe et rude. En revanche, l’écriture chaleureuse fascine et l’absence d’informations spatio-temporelles permet de percevoir la souffrance de la jeune femme comme une blessure universelle. Le récit est angoissant, fascinant et beau, même si la tristesse et la solitude sont omniprésentes au fil du roman.
Agnès Donon
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
J'ai dû m'interrompre alors. J'ai fermé le cahier, je l'ai posé sur les autres et je les ai entourés de leur élastique, comme on maintient close la gueule d'un monstre, un de ces monstres dont les paroles et les rires sont cruels de vérité ou encore prémonitoires. Je pensais à mon errance dans la rue presque abandonnée, la veille, quand j'étais partie de l'appartement de Jones après ses menaces et ses injures. Je me rappelais le scooter surgissant et mon espoir insensé - peut-être était-ce Jones, peut-être était-il venu me consoler, incliner ma tête et la poser sur son épaule comme il l'avait fait pour Adorno voici longtemps ; mais, non, j'avais marché seule dans la rue avec les yeux humides et mon gros ventre, il n'avait sans doute même pas jeté un regard par la fenêtre pour s'assurer que je prenais la direction de l'arrêt de bus, et j'ai senti les larmes me monter aux paupières, difficilement, lourdes et brûlantes.
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P31: "Je ne sais pas s'il est vrai que je devrais avoir honte de ce que je fais. Je ne sais pas s'il est vrai que je n'ai pas ou plus la moindre idée de ce qu'est la réalité, comme on me l'a reproché parfois; on m'a traitée de marchande de rêves et c'était indifféremment un compliment ou la pire des injures. Aux yeux de mes clients, je suis quelqu'un qui console et soigne ou qui vend la plus toxique des drogues. Mais la vie m'a appris qu'il n'y a rien de moins réel que ce qu'on nomme la réalité et qu'une mort, une trahison, une souffrance cessent d'exister du moment qu'on arrive à s'en distraire. "
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Mais la vie m' appris qu'il n'y a rien de moins réel que ce qu'on nomme réalité et qu'une mort, une trahison, une souffrance cessent d'exister du moment qu'on arrive à s'en distraire.
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Un jour, la petite m'a demandé en me toisant avec sévérité: "Pourquoi est-ce que tu prêtes notre frère, madame?"
J'ai répondu en souriant: "Parce que c'est mon métier de rendre les gens heureux."
Et personne ne peux affirmer que je n'y arrive pas puisque les clients sont toujours plus nombreux. Chaque jour, il en vient de nouveaux, et je les accueille avec mes mouchoirs aux lilas, un sourire de compassion au lèvres, en prononçant ces mots:
"Dites-moi ce dont vous avez besoin, madame, monsieur. Je peux tout entendre. Allons, ne pleurez pas. Prenez un mouchoir. Dites-moi ce que je peux faire pour vous."
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on m'a traitée de marchande de rêves et c'était indifféremment un compliment ou la pire des injures. Aux yeux de mes clients, je suis quelqu'un qui console et soigne ou qui vend la plus toxique des drogues. Mais la vie m'a appris qu'il n'y a rien de moins réel que ce qu'on nomme la réalité et qu'une mort, une trahison, une souffrance cessent d'exister du moment qu'on arrive à s'en distraire."
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