AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330030940
106 pages
Actes Sud (02/04/2014)
3.32/5   19 notes
Résumé :
Quelques grands noms de créateurs (Joyce, Stendhal, Schiele, Mozart…) et de créatures (Orphée, Rossinante, Œdipe…) sont au cœur de ces nouvelles de Claude Pujade-Renaud explorant le désespoir de vivre et la douce ou violente folie qui gouverne ceux qui ont consacré leur existence à une muse.
Que lire après Rire en do mineur et autres nouvellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ils sont nombreux, les personnages, célèbres ou moins célèbres, qui composent les nouvelles de ce recueil. Il y a là Egon Schiele et sa sœur Gertrude, en séjour à Trieste sur les traces de leurs parents, Jules Renard et sa passion pour les arbres, la jeune pianiste qui créa pour la première fois le Concerto n°9 de Mozart, Henri Beyle (alias Stendhal) qui est sur le point de publier Le Rouge et le Noir et Mérope, la mère adoptive d’Oedipe. Il y a encore Nora Barnacle, la compagne de Joyce, de nouveau à Trieste ou enfin Rossinante, le cheval immortel de Don Diego de la Mancha.

Claude Pujade Renaud renoue avec ses thèmes favoris : elle s’intéresse aux compagnes et compagnons des hommes et femmes célèbres, comme dans Chers disparus, à la Grèce qu’elle a souvent parcouru, comme dans Platon était malade, et au mythe d’Œdipe, à des lieux, enfin, qui lui parlent, comme cette ville de Trieste, décor de deux nouvelles très différentes.

La dernière nouvelle est peut-être la plus étonnante. Elle met en scène le mythe d’Eurydice en imaginant que tout se passe de nos jours : un dénommé Olivier, musicien de son état, vient de ramener son épouse du royaume des morts, mais la belle Emmanuelle peine à revenir à la vie : il faut qu’elle se remuscle, et qu’elle reprenne du poids, puisque jusqu’ici elle est l’ombre d’elle-même. Mais le mythe est tenace et Claude Pujade Renaud joue d’un artifice pour qu’Emmanuelle retourne à la bouche d’ombres d’où elle est venue : le passeur lui-même le lui fera remarquer :
« Alors, comme ça, ils ont fait une exception ? Une éternité que je fais ce métier, c’est bien la première fois que je vois ça ! Si maintenant on peut en revenir, c’est le monde à l’envers … »

L’auteure revisite l’histoire et les mythes à sa façon, avec toujours beaucoup de finesse pour décrire l’intime, comme dans Un si joli petit livre . Elle nous parle de création (peinture, musique ou écriture), et de ses créateurs qui ont toujours un petit quelque chose s’apparentant à un grain de folie : serait-ce une condition nécessaire pour créer ?

Avec toujours cette recherche du mot juste, notamment pour les adjectifs, comme ici pour décrire les tentatives d’Emmanuelle qui tente de se remettre au piano :
« La plupart du temps, les mains d’Emmanuelle transposent les notes sur les touches sans qu’elle ait à réfléchir, peu à peu la mélodie respire, la musique l’enveloppe de son cocon ductile. »

Tant de finesse, d’attention et d’empathie pour des situations et des personnages aussi divers nous font retrouver ici la nouvelliste avec plaisir et attendre son prochain recueil avec d’autant plus d’impatience.
Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
Commenter  J’apprécie          10
Nouvelles intéressantes car elles revisitent quelques mythes, personnages ou créateurs qui fondent notre culture occidentale : Oedipe, par le récit de la reine de Corinthe, Eurydice, sous les traits de la jeune Emmanuelle, Mozart, Stendhal, Joyce, J. Renard ...et même Rossinante.
De l'érudition, un certain humour mais plus exercice de style et réflexion sur la création artistique que d'émotions. Je n'ai pas retrouvé le plaisir de lecture de "Dans l'ombre de la lumière" son dernier roman.
Commenter  J’apprécie          50
Il s'agit d'un recueil de huit nouvelles. Chacune met en scène une figure appartenant à notre culture générale: artistes ou écrivains (Mozart, James Joyce, Stendhal, E. Schiele…), ou bien un personnage immortalisé dans la littérature classique (Don Quichotte, Eurydice, Oedipe…). Ces textes sont variés, parfois originaux et agréablement écrits. Certains nous permettent d'approcher de près des personnages attachants (notamment Mozart et Joyce) d'une manière vivante: à mon avis, ce sont les meilleurs. Quant à la dernière des nouvelles, elle m'a un peu désarçonné. Mais ce recueil constitue une production littéraire mineure et ne restera probablement pas longtemps dans ma mémoire.
Commenter  J’apprécie          20
Avec malice et facétie, elle fait parler des compagnes, compagnons pu parents de grands personnages réels ou mythiques : Don Quichotte, James Joyce, Oedipe, Stendhal, Mozart, Jules Renard, Egon Schiele, Eurydice et fait revivre ces personnages qui nous deviennent ainsi proches et familiers. Exercice de style moins captivant que "Chers disparus".
Commenter  J’apprécie          40
Lecture agréable.Huit nouvelles constituent cet ouvrage. L'angle est toujours intéressant. J'ai bien aimé James Joyce vu par sa compagne Nora à Trieste.(Ulysse à Trieste) J'aime quand un livre me donne envie d'en lire un autre. Donc, je vais essayer de lire "Gens de Dublin."
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
-De fol en fol-

Bref, après avoir confessé sa folie, mon maître est tombé gravement malade. Sancho, le prétendu benêt, a tout de suite compris que le beau délire de chevalerie avait cédé le pas à la plus noire mélancolie. De toute façon, chez l'espèce humaine, c'est ou l'un ou l'autre, pas de moyen terme. Et de cette mélancolie, on réchappe rarement. (p.10)
Commenter  J’apprécie          120
Parvenu en Lombardie, Henri Beyle décide de passer par Pavie en évitant soigneusement Milan : en janvier 1828, il s’était fait expulser de cette ville qu’il aime tant par les autorités autrichiennes. Inutile précaution que ce détour par Pavie, les sombres sbires de la police impériale l’ont déjà repéré. On lui confisque son passeport, qui ne comporte pas les visas requis. Obligeant, le consul de France à Milan s’entremet diligemment auprès du chef de la police et du gouverneur de la Lombardie, tout en se demandant in petto comment, au ministère à Paris, on a pu concocter pareille boulette diplomatique : nommer consul à Trieste, ville encore plus autrichienne que Milan, un homme considéré comme subversif.
Les libéraux arrivés tout récemment au pouvoir avec Louis-Philippe se révèlent d’une singulière incompétence !
Henri Beyle récupère son passeport, remercie son collègue de Milan et se hâte de reprendre la route sans plus s’émouvoir de cet incident diplomatique et policier. Tandis qu’il est secoué par la patache entre Vérone et Vicence, que ça remue dans son ventre obstrué où s’entassent pasta, grives, vino rosso, polenta et noix, il s’interroge : au fait, n’aurais-je pas commis une erreur en mettant des cigales peuvent-elles survivre au froid hivernal du Jura ? Non, sans doute pas, voilà ce que c’est d’avoir rédigé une partie de ce roman alors que je séjournais en pays méditerranéen. Et puis qu’importe, la vérité romanesque n’a cure du réalisme !
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque nous est parvenue cette étrange rumeur selon laquelle un homme avait pris le pouvoir à Thèbes après avoir résolu une devinette puérile où il était question de pied, plus exactement du nombre de pattes détenu par une drôle de bête - un animal à métamorphoses puisqu'il pouvait marcher sur deux ou trois ou quatre pattes -, lorsqu'on m'a rapporté cette histoire, j'ai aussitôt deviné : c'était lui, mon fils, ce ne pouvait être que lui ! Ses pieds tuméfiés, je les avais si souvent soignés, les baignant dans des décoctions de sauge puis les massant avec une huile très fluide que je faisais venir de Crète. Malmenés dès la naissance, ses pauvres pieds devenaient turgescents. Je les pétrissais amoureusement, essayant de faire dégorger ces humeurs malignes, murmurant ce nom que je lui avais donné et qui signifiait "pied enflé". Combien de jours pour traverser le Cithéron ? Pour passer des mains d'un berger thébain à celles d'un berger corinthien ? Et ce qui était arrivé dans mes bras émerveillés de femme stérile, c'était un minuscule animal braillant de faim et de détresse, fesses souillées, mains s'agitant désespérément pour s'accrocher à un sein. Le mien était vide. J'ai envoyé quérir une nourrice.
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque nous est parvenue cette étrange rumeur selon laquelle un homme avait pris le pouvoir à Thèbes après avoir résolu une devinette puérile où il était question de pied, plus exactement du nombre de pattes détenu par une drôle de bête - un animal à métamorphoses puisqu'il pouvait marcher sur deux ou trois ou quatre pattes -, lorsqu'on m'a rapporté cette histoire, j'ai aussitôt deviné ; c'était lui, mon fils, ce ne pouvait être que lui !
Commenter  J’apprécie          10
Là-bas, tu comprends, c’était doucement spongieux, une moiteur molle, je me sentais si bien, jamais on ne se souciait de boire ni de manger et pourtant on était nourri, comblé, on ne dormait pas mais on rêvait continûment, on flottait, une errance floconneuse qui ne laissait pas de trace, on se frôlait sans jamais se heurter ni se rencontrer, quel répit, c’est bizarre les mots me reviennent mais pas les gestes. Ou si mal.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Claude Pujade-Renaud (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Pujade-Renaud
Le 7 mars 2013, François Busnel reçoit :
Benoîte Groult, Ainsi soit Olympe de Gouges Alix de Saint-André, Garde tes larmes pour plus tard, à propos de Françoise Giroud, Histoire d'une femme libre : un manuscrit retrouvé par Alix de Saint-André à l'IMEC et publié par cet écrivaine à titre posthume. Andreï Makine, Une femme aimée Claude Pujade-Renaud, Dans l'ombre de la lumière
La Grande Librairie

France 5 #LGLf5
-- François Busnel propose en direct chaque jeudi à 20h35 sur France 5, un magazine qui suit de près l'actualité littéraire avec pour seul mot d'ordre, le plaisir.
Retrouvez toutes les informations sur les invités et leur actualité sur notre site : http://www.france5.fr/la-grande-librairie Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux pour suivre notre actualité : https://www.facebook.com/pages/La-Grande-Librairie/512305502130115 https://twitter.com/GrandeLibrairie Et réagissez en direct pendant l?émission avec le hashtag #LGLf5.
+ Lire la suite
autres livres classés : mozartVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}