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EAN : 9782021028546
312 pages
Seuil (01/01/2011)
3.83/5   87 notes
Résumé :
Lorsqu’il avait été enfin seul, et libre, en descendant de l’autocar qui l’avait emmené du sud de l’Espagne au nord de la France, Samba avait regardé autour de lui et c’était la France, c’était Paris, alors il avait marché, marché le long des bâtiments du passé. Ses chaussures étaient minables et trouées, mais le ciel était jaune, les murs brillaient dans la lumière du soleil qui tombait, et il était au centre du monde. Il savait que cela ne durerait peut-être pas, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Le livre traînait à mon travail, je l'ai pris sans trop savoir de quoi il s'agissait. Quand je me suis enfin décidée à le commencer, je ne m'attendais pas à être happée ainsi par sa lecture! Si je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un vrai coup de coeur en raison de quelques points faibles, c'est un roman qui m'a profondément touchée et qui me semble très juste dans les émotions des personnages. Mais de ceci, je ne peux pas le certifier... je n'ai jamais vécu la vie d'un clandestin qui a traversé les pires épreuves afin d'arriver dans un pays qui ne veut pas de lui.
C'est l'histoire de Samba Cissé, jeune congolais dont le voeu est celui d'une vie meilleure dans un pays démocratique capable de soigner ses malades et de donner du travail à celui qui a étudié, qui est volontaire. Il ira jusqu'à perdre son identité pour rester en France, mais au final, pourquoi? Pour quelle vie? Delphine Coulin nous plonge au coeur de ce sac de noeud qui est la vie de milliers d'immigrés en sursis vivant une non-vie, invisibles parce qu'on ne veut pas les voir ni les considérer. C'est un beau roman en soi, mais qui mérite d'être lu également pour son côté humaniste et engagé. La narratrice, bénévole à la Cimade, s'efface en faveur de Samba et de ceux et celles avec lesquels il partage sa clandestinité. J'ai apprécié cette délicatesse d'écriture. A partager, à partager.
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La tension est grande dès les premières lignes de ce roman essentiel dont je n'avais pas entendu parler à l'époque de sa parution mais qui, heureusement, est ressorti en poche.

Devant la Préfecture de police, Samba fait la queue depuis quatre heures, sous le soleil de juillet. Il vit et travaille en France depuis plus de dix ans. Né à Bamako (Mali) en 1980, Samba Cissé attend une carte de séjour alors qu'il bosse et paie ses impôts. Quand enfin, il est reçu par un fonctionnaire, on l'envoie en salle d'attente et sa réflexion est savoureuse : « Samba est repassé devant la file de gens qu'il avait quittée à peine cinq minutes auparavant, en se demandant vaguement pourquoi on faisait patienter tout ce monde debout, s'il y avait une salle d'attente quelque part. »
J'ai beaucoup aimé lire Delphine Coulin qui sait parfaitement plonger son lecteur dans la vie de ceux que l'on nomme des sans-papiers sans négliger les retours au pays d'origine de Samba et de son oncle, Lamouna qui l'héberge dans une cave aux fenêtres horizontales au ras du trottoir. L'auteure raconte le périple, l'odyssée, la montagne de souffrances endurées par tous ces gens qui fuient leur pays pour venir vivre en Europe et envoyer de l'argent à ceux qui sont restés.
Samba fait connaissance avec le Centre de rétention de Vincennes où il rencontre Jonas qui lui parle de Gracieuse, femme qu'il espérait épouser en France. « Qu'avait-il fait de si grave pour être enfermé de cette manière ? Rêvé d'ailleurs ? Est-ce que le rêve était un crime ? » Un peu plus tard : « Il disait que les jours passés à Vincennes resteraient parmi les plus violents, les plus bruyants, les plus horribles de toute son existence. »
Enfin, entre en jeu la Cimade dont fait partie la narratrice, bénévole comme beaucoup d'autres : « Nous rédigions alors des recours juridiques où nous traduisions dans la langue de la République les arguments de ceux que nous étions venus aider. Nous étions des traductrices. »
Samba pour la France permet de suivre la vie d'un jeune homme, chez nous, prêt à assumer les travaux les plus durs afin de s'intégrer, d'être enfin admis. Mais « ce pays se moque de nous, » dit Lamouna qui ajoute : « Il y a deux camps avec des idées opposées : la France pays des droits de l'homme, et la France rassise, moisie. C'est une guerre et nous faisons partie du mauvais camp. »

Avant qu'une fin réussie, ouvre une porte sur l'espoir, il faut encore citer Delphine Coulin : « Officiellement interdits, mais officieusement employés, ils fournissaient une main-d'oeuvre commode, nombreuse et sous-payée, nécessaire à la bonne marche de l'économie générale. Dans la France souterraine, ils balayaient les rues, triaient les ordures, torchaient les vieilles dames et nettoyaient les moquettes des bureaux la nuit pour que le jour, tout puisse fonctionner à merveille, comme si la crasse, la vieillesse et les déchets n'existaient pas. Comme si eux-mêmes n'existaient pas. »


Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Lu dans la foulée du nouveau film de Toledano Nacache Samba sorti en octobre dernier, 3 ans après le carton extra planétaire Intouchables.

Au départ, les cinéastes se sont emparés de " Samba pour la France", 'un roman de Delphine Coulin plutôt dramatique, avec la ferme intention d'en faire une comédie. Delphine Coulin a expliqué qu'elle avait accepté l'idée assez facilement, contrairement à de nombreux auteurs qui ont du mal avec l'adaptation de leurs livres et les cinéastes ont alors, pour reprendre leurs expression, « bouger les curseurs », pour transformer un drame en comédie.

Le livre n'élude pas la réalité du sujet et l'on y voit sans caricature, mais sans austérité non plus, le quotidien que peut vivre un sans papier, des combines aux faux papiers, de l'attente délicate en zone de rétention, du jeu de cache-cache avec les forces de l'ordre, la recherche d'un travail éphémère, ou bien encore évidente le grand travail des bénévoles composant ces fameuses associations de défense que Samba fréquente régulièrement.
Mais moins rocambolesque,moins drôle que le film, et sans le capital sympathie conféré par Omar Sy à son personnage central samba pour la france est une fois n'est pas coutume, en dessous de son adaptation cinématographique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La narratrice, accompagnatrice en droits des étrangers, relate l'histoire de Samba Cissé, jeune Malien en situation irrégulière en France depuis plus de 10 ans. C'est au moment de son passage au centre de rétention de Vincennes que Samba rencontre la narratrice, personnage volontairement effacé. Bénévole à la Cimade, elle aidera Samba à faire un recours qui lui permettra de ne pas être expulsé au pays d'origine.

L'histoire de Samba est celle de milliers d'autres. Au gré du durcissement des lois et des circulaires qui régulent les droits des étrangers, les sans papiers se coltinent des déboires inimaginables. Mêmes ceux avec papiers ne sont pas épargnés.

J'ai beaucoup apprécié le ton juste et la pudeur de Delphine Coulin. Par contre, je trouve que le roman aurait gagné en profondeur si l'auteure avait aussi développé le personnage de la narratrice.

Pour avoir, comme elle, fait partie d'une permanence en droits des étrangers - non à la Cimade, mais au Mrap - on peut souvent avoir envie de dire des gros mots comme Manu et surtout connaître de véritables frustrations face à l'injustice et aux pièges de l'administration française. Saisir juges et préfets nécessite une énergie et des démarches dans lesquelles il faut mettre une sacré dose de volonté, volonté parfois ébranlée quand le sans-papier ira jusqu'à mentir à celui ou celle qui l'accompagne dans ses droits... Ici, Delphine Coulin a préféré axer son roman sur le récit de Samba et son existence invisible et c'est déjà beaucoup.
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histoire poignante, réaliste, prenante. Même lorsqu'on connaît la vie de certains étrangers en France, le roman nous plonge dans leur enfer et leur déception ; ils sont de bonne volonté mais se retrouvent broyés.
roman haletant : Samba pour des mois ! qui connaît la solution à ce drame humain ?
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Chacun venait avec ses "preuves de vie", des fiches de paie, des factures, des lettres d'amis, des quittances de loyer, des avis d'imposition, des attestations diverses et variées, qu'ils devaient garder pour prouver qui ils étaient, quand ils étaient arrivés, qui ils fréquentaient, chez qui ils avaient habité, chez qui ils avaient travaillé, qui était leur médecin, quels diplômes ils avaient obtenus, dans quelle association, mouvement, parti ils avaient milité, quelle famille ils avaient, en France, à l'étranger : les sans-papiers avaient, en fait, beaucoup, beaucoup de papiers - et ils les gardaient, tous, précieusement.
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Ils avaient raison de distinguer son "pays d'origine" de son pays tout court : car son pays, depuis dix ans, c'était la France; ils pouvaient décider du territoire de son avenir, mais ils ne pouvaient rien changer au passé, et son pays, depuis plus de dix ans, c'était la France, qu'on le veuille ou non.
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A voix basse, il disait : un jour, le chagrin accumulé par tous ceux que vous avez méprisés et rejetés encombrera votre pays et polluera votre bonheur. Vous sentirez autour de vous rôder leurs âmes errantes. Et vous ne pourrez plus être heureux longtemps. Il n'y a qu'un seul monde.
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Les hommes ne pouvaient pas être définis par le lieu où ils étaient nés. Et, surtout, ils ne pouvaient pas être punis seulement parce qu'ils venaient d'ailleurs.
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Dans la France souterraine, ils balayaient les rues, triaient les ordures, torchaient les vieilles dames et nettoyaient les moquettes des bureaux la nuit pour que le jour, tout puisse fonctionner à merveille, comme si la crasse, la vieillesse et les déchets n'existaient pas. Comme si eux-mêmes n'existaient plus.
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