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EAN : 9782226420671
263 pages
Albin Michel (17/08/2016)
3.36/5   47 notes
Résumé :
Dans ce portrait d’une famille où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n’aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et Monaco et une traversée du lac Majeur. Il y a encore des blessures d’amour mal guéries et, bousculant tout ce monde, un enfant qui cherche la liberté.
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
3,36

sur 47 notes
Dès les premières lignes de ce délicieux roman, le ton est donné : « le jour où maman est partie, on me prévient que j'irai passer quelques jours chez ma grand-mère.
– Tu seras mieux là-bas, me dit le directeur.
– Mieux ? Je ne suis bien nulle part, pourquoi m'envoie-t-on encore chez cette folle ?
– Ce sont les vacances, Antoine. Tu ne peux pas rester ici. Tu as besoin de sortir, de t'aérer. Nous aviserons ensuite. Et puis, nous n'avons pas le choix : le tribunal en a décidé ainsi.
Merde !
Je n'aime pas ma grand-mère parce que je n'aime personne. Je suis un sauvage, on me le dit tout le temps. Un ours. Un asocial. Un solitaire. Un cas. C'est pour ça qu'on m'apprécie, paraît-il. Mais je ne veux pas qu'on m'apprécie. Je veux qu'on me foute la paix. » Celui qui parle est Antoine, un garçon de treize ans, ballotté entre un père, Rudyard Griggs, issu de la bonne société britannique (« Treize ans ! Comment peut-on avoir treize ans ? C'est un âge ridicule. Bon. Je ne veux surtout pas le voir : que pourrais-je bien lui dire ? Mais faites en sorte qu'il ait vent de moi de temps en temps. ») et une mère, Baladine, qui séjourne «chez les timbrés» après une dépression sévère. Elle avait pourtant derrière elle une brillante carrière qui, après les grandes écoles, l'avait menée dans les cabinets ministériels, puis jusqu'à Londres où elle venait négocier un projet pour un «éphémère ministre centriste». C'est pour échapper à l'ennui qu'elle accepte la proposition d'un participant à cette réunion de s'éclipser pour se promener dans Londres. Une escapade qui s'achèvera à leur grande surprise dans le lit du jeune homme. La suite sera tout aussi étonnante : « Baladine épouse Rudyard sans rien dire à personne. D'abord enchantée de décorer leur appartement et de séduire les amis de son mari, elle s'ennuie vite. Rudyard n'aime que le plaisir, auquel il consacre toutes ses forces qui, signalons-le au passage, sont grandes, variées et renouvelées. Baladine en fait partie, bien sûr, mais pas plus que le tailleur, le barman, le parfumeur, le fleuriste, le garagiste, l'armurier ou le bottier de Monsieur. »
Mais avant l'inéluctable séparation Antoine aura eu le temps de naître, puis de disparaître dans une école privée en Suisse. On le retrouve donc à l'heure des vacances qu'il passe régulièrement chez sa grand-mère, dont le franc-parler et l'excentricité lui plaisent beaucoup. « C'est une artiste, malheureux ! Elle s'appelle Maggie Charles. Une sorte de musicienne, chanteuse, danseuse. Beaucoup de succès. Très vulgaire. Tout ce qu'il y a de plus français. Une horreur. J'en frissonne. »
Ce chalet de montagne est un bel observatoire pour l'enfant plein d'angoisse et très sage. Tous ceux qui séjournent là sont en effet des névrosés à plus ou moins forte dose. Alphonse, le nouveau mari de sa grand-mère, l'oncle Emmanuel et le personnel, Germain et sa femme Aline qui officie en cuisine. Sans oublier ses parents qui vont finir par se retrouver au pied du Mont-Blanc. Mais n'en disons pas davantage.
Au classique roman de formation Stéphane Hoffmann ajoute une analyse des moeurs de l'époque, avec l'humour pince sans rire d'un W.-C. Fields dont la clairvoyance pourrait être en exergue de ce livre : « A l'origine Adam et Eve étaient aussi heureux qu'il est possible de l'être quand on n'a ni travail à faire, ni impôt sur le revenu, ni avocat, ni médecin, ni enfant, ni chien. »
C'est cocasse et grave, mené avec l'énergie d'un désespoir que l'on sent poindre, mais qui nous est épargné derrière un burlesque qui entraîne Antoine et avec lui, le lecteur qui partagerait volontiers une place en Silver Shadow V8 sur la route de Stresa à Monaco.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Antoine est un petit garçon qui matériellement ne manque de rien , mais qui ignore ce qu'est l'amour de ses parents et de sa très petite famille en général. Apparemment, il s'en fiche et se construit tout seul sans rien attendre de la race humaine ; par contre il aura quand même la chance de connaître l'amour d'un chien....
Antoine donc en pension en Suisse rentre parfois à Chamonix où s'est retirée sa grand mère, ex chanteuse adulée, mais il y a bien longtemps. Elle n'a pu ni su s'occuper de sa fille , qui transmet donc ce non-amour à son fils , jusque là on comprend le fond de l'histoire,. Quant au père , anglais de passage seulement préoccupé de son bien-être, il ne rencontre son fils qu'à l'âge de 13ans.
Pendant un moment , des liens factices s'établissent entre ces personnages, Antoine risque presque de croire à leur attention envers lui ; seule sa grand-mère lui manifeste de l'affection, rude souvent mais sincère.
Réunis donc pour des préoccupations sordides, les « parents » remplacent leurs absences qui peuvent parfois laisser imaginer à l'enfant de beaux moments à venir par des bassesses qui le guériront définitivement(?) de l'envie d'être aimé.
Si le fond du roman est grave, l'écriture et l'humour de l'auteur donne un ton très british au texte, il faut dire qu'Antoine n'est pas avare en paroles des plus belles insanités !
En clair, il faut »lui foutre la paix » .
J'aime beaucoup cet auteur et je me souviens en particulier des « Autos-tamponneuses » qui m'avait beaucoup plu.
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Stéphane Hoffman, Un enfant plein d'angoisse et très sage - 2016

Antoine a treize ans. Il découvre peu à peu son père Rudyard et sa mère Baladine. Tous deux l'ayant laissé à lui-même, il se retrouve souvent chez sa grand-mère Maggie pour les vacances.

Antoine a une façon bien à lui d'envisager la vie et c'est sur un ton humoristique, irrévérencieux et léger que s'ouvre ce roman, mais la deuxième et la troisième partie nous réservent des surprises et ce n'est pas sans émotions que l'on entre plus profondément dans ce qui a été la vie de Maggie et de Baladine. Alors, à la lumière de ce qu'elles ont vécu, on comprend mieux le chemin d'Antoine. Les personnages sont colorés, intéressants, ont le sens de la répartie. Cette oeuvre se lit bien et nous questionne sur les voies empruntées parfois par les enfances malheureuses. À cet égard une citation extraite d'une lettre d'Alain-Fournier à Jacques Rivière nous éclaire et bouscule nos perceptions :

« Comme il est utile peut-être au fond que les enfants soient malheureux et méconnus de leurs parents ! La contradiction leur enseigne l'irrévérence. Et l'irrévérence est la condition de développement de toute intelligence. »

J'ai bien aimé le ton, le style et les questions qui demeurent en nous une fois le livre refermé !
Salut
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Les portraits de famille sont légion en littérature française, mais celui-ci est concocté par Stéphane Hofmann… et ça change tout ! Dans ce portrait d'une famille aisée où la tendresse passe mal, on croise une chanteuse qui ne veut plus chanter, un Anglais qui n'aime que les chaussettes et la reine, un petit chien bien imprudent et une égoïste qui veut être ministre. On fait des virées à Londres et à Monaco et une traversée du lac Majeur. Accrochez-vous, ça dépote !

Antoine est un gamin sans histoire, au sens strict du terme. Ses parents se sont séparés avant sa naissance et aucun d'eux ne s'intéresse à lui. Ils ont abandonné son éducation à une école privée suisse, et l'apprentissage de la tendresse à une grand-mère, ancienne vedette de la chanson au caractère bien trempé. Antoine ne voit donc jamais ses parents, deux monstres d'égoïsme principalement occupés par les plaisirs de la vie et le carriérisme. Son père anglais, Rudyard, ne s'est jamais soucié de lui, trop occupé à parcourir la planète et à s'ébrouer dans la finance. Sa mère, Baladine, a accumulé les succès dans le monde de l'entreprise et vise désormais un poste de ministre. Pas le temps ni l'envie d'élever un fils. Les pensions font cela très bien.

Alors quand tout d'un coup les parents se réveillent et décident de renouer les liens avec leur progéniture, Antoine n'est pas d'accord pour laisser sa vie être chamboulée par des adultes aussi irresponsables. Avec la complicité de sa grand-mère, il décide de mettre ses parents à l'épreuve. La réunion de famille ne va pas être facile !

Il s'agit assurément d'un roman étrange, sorte d'OVNI auquel le lecteur accrochera… ou non.

Dès les premières pages, on est saisis de la très grande maturité dont fait preuve Antoine à 13 ans. Fort heureusement, le petit a suffisamment de cynisme pour faire face à ces adultes qui l'entourent sans même le voir.

Les adultes que met en scène Stéphane Hoffmann sont égoïstes, menteurs, insouciants, mais ils offrent tout de même quelques fulgurances . Prenons Rudyard, ce père indigne qui souffle pourtant de sages conseils à son fils : « Tous les endroits qu'on a aimés disparaissent. C'est pour ça qu'il ne faut jamais y retourner, tu comprends ? Il faut en chercher d'autres. ». Quant à Maggie, elle a saisi l'état d'esprit de l'époque mieux que quiconque : « le jour a baissé. Il faut marcher au pas, ne plus rien dire, ne pas penser en dehors des clous. On vit sous la surveillance des chaisières et des binoclards. On est mis en joue de toutes parts. le conformisme est la règle ».

Le lecteur sourit à certaines réflexions sur la politique justes et amusantes. Ceci dit, les travers de la société actuelle où l'enfant est devenu un paquet encombrant pour des parents avides de plaisir ou de pouvoir, m'ont paru très caricaturaux. Cela aurait pu être caustique mais le récit se révèle surtout dur, triste et acerbe.

Les traits d'esprit de l'auteur sont plus ou moins inspirés : « Nous soignons notre ennui au champagne : les grandes douleurs sont Moët. »

Reste qu'on voyage à travers l'Europe, entre Londres, la Savoie, la principauté de Monaco et le Lac Majeur. Stéphane Hoffmann, qui connaît ses classiques, sa géographie européenne, comme ses bonnes adresses, livre quelques unes des bonnes tables à visiter ça et là, et glisse, mine de rien, ses recettes du bien-vivre.

Un ouvrage insolite qui cherche à tourner en ridicule des choses graves et nous émouvoir du spectacle - souvent pitoyable - des adultes. Un récit qui fera mouche auprès d'un lectorat, mais qui risque de faire couac auprès de l'autre moitié des lecteurs. Nous faisions assurément partie des seconds.
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Un roman plaisant à lire malgré la thématique abordée. Un enfant délaissé par ses parents passe ses vacances chez sa grand-mère, ancienne vedette du music hall. Alors que son père, qu'il n'a jamais vu, se manifeste pour récupérer l'adolescent, une comédie se met en place.
Léger, drôle, ce livre fait passer un bon moment.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Papa, maman, vous avez l'air de deux agences de voyages vantant chacune une destination pour une excursion que j'aurais à faire. Londres ou Paris ? Paris ou Londres ? Je n'irai ni à Paris avec ma mère, ni à Londres avec mon père. En fait, ma vie actuelle entre Champittet et Chamonix me va très bien. Ce dont j'ai besoin : une famille aimante et unie. Je n'irais donc pas à Londres sans ma mère, ni à Paris sans mon père. Mais j'irai donc n'importe où avec vous deux. En résumé, soit nous vivons tous les trois ensemble où vous voulez, soit nous continuons comme aujourd'hui, et je ne veux plus voir ni l'un ni l'autre.
Sur ces fières paroles, je quitte la pièce, suivi de Jojo le ratier, pour monter à ma chambre, où je me jette sur mon lit en éclatant à la fois de larmes et de rire.
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Le Petit Prince, c'est un livre de vieux écrit pour les enfants. Un livre de lèche-cul. Il nous dit de tout expliquer aux grandes personnes, qui seraient plus bêtes que les enfants. C'est un peloteur qui écrit ça. Il flatte les enfants. Avec moi, ça ne marche pas.
Parce que moi, j'ai remarqué que les adultes arrivent à se débrouiller pour faire ce qu'ils veulent. Contrairement aux enfants, qui doivent toujours obéir. Donc, expliquer que c'est mieux d'être enfant qu'adulte, c'est comme dire que c'est mieux d'être esclave que libre. Il ne nous prendrait pas pour des demeurés, le Saint-Ex, avec son nom d'eau minérale ou de soutien-gorge?
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Je fais toujours comme ça quand j'ai un problème : je m'endors. Ca ne fait pas disparaître le problème, ça me fais disparaître moi.

grand-mère, ... Sa recette : vouloir. Sa devise: "Veuillez donc". Son principe : on n'a rien de ce qu'on désire, on a tout ce qu'on veut.

..., la page 47 d'Un enfant plein d'angoisse et très sage qu'on lit près d'une cheminée....

Baladine peut donc se consacrer entièrement à sa passion: emmerder le monde.

J'attends le plus beau des voyages : celui qu'en quittant l'enfance on fait vers la liberté.

Eh bien, le latin aussi, ça sert à faire joli et ça éloigne les cons.

Pour moi, la seule façon d'être vu, c'est de ne plus être vu du tout et qu'on me fiche la paix.

Je sais déjà qu'on ne peut s'en sortir qu'en comptant sur soi-même, ensuite sur un petit clan... qui vous ressemble et au sein duquel on se sent bien libre comme si on était seul, fort parce qu'on n'est pas seul.

... et si nous allions voir à quoi ressemble le fruit de vos entrailles?... et courrons après notre passé.

Tu m'emmerdes, à la fin; au début aussi, d'ailleurs.
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Toute enfance est atroce. Il faut la traverser au pas de course. Ne pas se retourner, jamais. Nous faisons gagner à notre fils du temps sur son enfance en le rendant malheureux. Enfin, ce qu’ils appellent « malheureux ». C’est parfait. Le bonheur, c’est pour les ploucs.
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Le soir, je n'ai personne à qui parler de ma journée ; le matin, personne à qui confier mes projets. Donc, je me tais et je passe pour un sauvage, un asocial, un cas. Ca doit être vrai, après tout, puisque tout le monde le dit.
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Vidéo de Stéphane Hoffmann
Stéphanie Janicot, Emilie Papatheodorou, Céline Laurens, Éric Garandeau, Clélia Renucci, Matthieu Falcone et Stephane Hoffmann vous racontent comment ils sont devenus écrivains, ce qu'ils ont ressenti lorsqu'ils on été publiés pour la première fois, ou encore leurs rituels d'écriture...
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