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EAN : 9782234082410
150 pages
Stock (05/09/2018)
3.12/5   17 notes
Résumé :
« Mon père l’a affirmé haut et fort. Il voulait, après sa mort, se réincarner en train. Ainsi les vaches le regarderaient-elles passer. C’était peut-être son idée de la félicité. Ou, comme souvent avec lui, la douceur de l’image, sa simplicité.
Mon père est vivant. Il est malade depuis des années maintenant. Terriblement. Il file déjà, à pas lents, à travers le paysage. Qu’il soit pourtant, et à l’avance, exaucé : même si je ne suis pas une vache aux longs ci... >Voir plus
Que lire après Ça va mieux, ton père ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Encore un ouvrage sur la maladie d'Alzheimer me direz-vous... Oui, l'auteure se penche sur cette terrible maladie qui afflige son père. Ce récit est au-delà de l'émotion que j'ai ressentie, au-delà de l'épenchement et du bouleversement éprouvé. Ce récit, ce sont des mots justes, comme encore jamais lus, sur ce que je traverse actuellement avec mon père. Il est d'une observation et d'une sincérité stupéfiantes. L'auteure observe très bien ce qui se passe dans les maisons de repos. le manque d'effectif, le manque de temps, d'attention, tous ces êtres vieillis par le temps ou la maladie délaissés à leur propre sort, prisonniers de leur condition diminuée. Elle décrit les couloirs, les errances de son père qui se tient péniblement à la rampe, tous ces spectres oubliés qui manquent d'amour et qui pour beaucoup, savent pourtant encore aimer. L'auteure nous parle de ses doutes, de ses interrogations, sa culpabilité, ses faiblesses car c'est difficile la maison de repos, c'est difficile d'aller jusque là pour voir un père qui ne reconnaît plus sa fille. Alors elle espace les visites, entre protection et culpabilité, elle vacille. Elle décrit très bien sans scolarité, les étapes de la déchéance, et pourtant continue de se rappeler son père avant la maladie, cet homme incroyablement instruit, intelligent, perspicace, drôle. Elle se souvient pour deux.
Bien sûr, il n'y a pas d'astuces en toc pour palier à cette maladie pour nous les aidants. Oui, être soutenu, être écouté, ne pas rester seul, se changer les idées. Mais ce récit aura au moins eu le grand mérite d'avoir mis des mots sur mes émotions, d'avoir éclairé un horizon qui semble commun à tous ceux dans pareille situation. Pas de pacotille ni de niaiserie ici, mais une grande intelligence littéraire, une plume riche parsemée de citations littéraires ou cinématographiques qui matérialisent le récit, le rendant plus fort et plus proche encore.
Ça va mieux ton père ? Est cette question idiote que les privilégiés s'empressent à poser sans imaginer qu'avec la maladie d'alzheimer, rien n'ira mieux, l'ange de la mort guette sans relâche...
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La première chose qui m'a attiré,c'est le bandeau,une très belle photo pleine de sensibilité, une photo sur laquelle un homme à vélo partage un moment avec sa fille,dont la petite main recherche protection.
Ces deux personnages ce sont ceux du livre,Mara,la petite et Jean-François, le père, désormais atteint de cette terrible maladie d'Alzheimer qui a déjà détruit son père avant lui et pourrait bien,au nom de l'hérédité ,toucher Mara dans l'avenir.Dans ce livre touchant,émouvant,mais en rien démoralisant,Mara Goyet,par petits chapitres,va nous raconter.Elle va nous raconter l'EHPAD,les relations,les comportements,ses points de vue,ses joies,ses interrogations,ses attentes,ses craintes,elle va nous conduire au plus profond de son être à défaut de pénétrer les pensées de son père. Pas de pathos,non,mais beaucoup d'émotion et d'amour.
C'est bien écrit ,les sentiments superbement rendus et on peut constater l'érudition de Mara dont les références littéraires illustrent les propos,parfois un peu trop du reste pour un lecteur pas forcément avisé. On sent le "travail",un peu moins la spontanéité. le sujet est difficile,pénible pour l'entourage plus que pour le malade semble-t -il,et on peut tout de même se demander si ce genre d'écrit ne sert pas plus son auteur que les lecteurs,non pas par manque d'intérêt ,bien sûr mais par le caractère profondément personnel des souvenirs et événements relatés .
Je ne peux pas dire que"je reste sur ma faim",ce serait d'une incommensurable stupidité et très maladroit, mais je ne peux pas pénétrer dans un univers aussi "personnel" qui n'est pas le mien mais celui de l'auteur et ses proches,d'où ma note qui paraîtra peut-être sévère à certains d'entre nous.
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Un sujet très délicat à traiter : le vieillissement d'un parent et la maladie.
Avec « ça va mieux ton père ? », Mara Goyet nous parle de la maladie d'Alzeimer dont son père est atteint.
Elle le fait avec pudeur, sans jamais tomber dans le larmoyant.
L'auteure évoque le quotidien dans une maison de retraite et les relations difficiles, parfois drôles, du malade avec son entourage
Par une plume sobre et sensible, elle dépeint les doutes, les questions, les angoisses, le chemin qu'on n'a pas fini de faire et qui s'inverse. Et cet immense sentiment d'insatisfaction et de gâchis.
Je reconnais la nécessité que l'on peut éprouver à parler ou à écrire sur la maladie, mais, pour ma part je n'adhère pas à cette confession trop personnelle.
Cette lecture ne m'a pas touchée et je le regrette.




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Voilà la question à laquelle on doit répondre quand on sait que notre papa est entré en maison de retraite, en EPADH si on vit en France.

Pour Mara Goyet la réponse sera systématiquement non. Quand on est atteint d'Alzheimer ça ne peut plus jamais aller mieux, il n'y a pas de retour en arrière. Au mieux des moments de stabilisation mais pas de grand soir.

Ce n'est pas la première fois que je lis un texte sur cette maladie mais c'est la première fois qu'il résonne en moi à ce point, pas tant pour l'Alzheimer que pour la fin de vie en maison de retraite.

Mara Goyet raconte, non pas de façon chronologique mais par petites touches, des petits billets agrégés qu'elle nomme : déflagration, la norme, convergence des luttes … chaque billet nous parle d'un souvenir, d'un questionnement, d'un moment de rencontre ou de solitude. Au fur et à mesure de ces écrits elle nous parle de son père, de sa vie d'avant, d'elle, de leur vie ensemble, de ses attentes, de sa famille … Je ne m'étendrai pas sur le résumé du livre puisqu'il suffi d'effectuer une petite recherche sur le net pour en obtenir de nombreux.

Je parlerai de l'écriture pudique, intelligente, érudite, même parfois un peu trop pointue, quelques citations latines ne m'ont absolument pas parlé. Mais qu'à cela ne tienne, dans l'ensemble, ce livre m'a permis de revivre les 4 mois où j'ai accompagné mon père en maison de repos. Il ne souffrait pas d' Alzheimer mais à part le fait qu'il savait exactement qui j'étais, je partage tous les autres sentiments avec Mara : la tristesse de ne plus pouvoir faire autrement que de confier son papa à une institution spécialisée, la question de savoir ce qu'il peut bien faire seul toute la journée, l'attention qui lui est portée par les soignants, courageux, attentionnés mais débordés et parfois peu patients …

Ce n'est pas du tout un texte larmoyant, c'est un hommage à son père qu'il ne pourra plus lire mais qui le rend encore vivant malgré tout, et surtout, pour moi il est comme une mise en mots de mon ressenti, c'est assez étrange les coïncidences qui font qu'il me soit tombé dans les mains au détour d'un rayonnage en bibliothèque. Mais maintenant que je connais Mara Goyet, je compte bien lire ses autres livres, surtout ceux sur l'école qui, en tant que professeur, me parleront sans aucun doute eux aussi.


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Un achat un peu compulsif, à la suite à la fois du décès du compagnon d'une amie et de l'écoute sur les ondes radio de Mara Goyet. L'arrière-pensée était de prêter, de donner le livre à cette amie, mais je voulais le lire avant. D'où ce billet.

Mara Goyet est déjà auteur, elle n'écrit pas sous l'inspiration de son actualité, son père est auteur, artiste et technicien du cinéma, Jean-François Goyet, et c'est un "jeune" Alzheimer. Avoir été élevée par un père qui aime les langues anciennes, qui se passionne pour des domaines aussi nombreux qu'originaux, qui s'est lancé dans des projets artistiques d'envergure, ça crée des attentes chez l'adulte, la mère qui fait des petits-enfants... Et voilà qu'après sa grand-mère, son père développe cette terrible maladie... En creux, son futur, peut-être ? Être absent à soi-même, aux autres, à tout ce qui importait, cesser de lire, de s'inscrire dans une trame commune pour ne plus s'inscrire que dans un présent dont on ne cerne même pas la réalité par les sens... Est-ce un idéal (inaudible pour les proches et les aidants) ou un cauchemar ?

Sous forme de billets intitulés, Mara Goyet explore différents aspects de la vie avec son père mais aussi de ses propres souvenirs.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Dans un premier temps, je m’étais dit que la solution, pour ne pas avoir peur de l’Ehpad, de sa haute concentration en vieillesse et déchéance, c’était de faire abstraction. De ne voir que mon père et de ne pas prêter attention aux autres résidents. Sans lien avec eux, car je pensais que leur présence ne pouvait être qu’insupportable et déprimante.
C’est le contraire. Il faut imaginer des gens parfois totalement isolés. Sans famille ni enfants. Qui restent toute leur vie dans l’unité fermée, dans cet étage limité. Des gens de tout âge (de 70 à 100 ans environ), perdus, malades, désorientés mais capables de parler, de rigoler, d’aimer. De serrer dans leurs bras des peluches, des poupées.
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Quand je vois mon père déambuler toute la journée, dans les couloirs roses, de part et d’autre sertis de rampes de sécurité, comme un spectre bien aimé, dénué de toute amertume, de toute agressivité, je regrette paradoxalement ce monde dans lequel un père faisait ployer les flammes des chandelles, faisait taire les enfants et dont les pas n’étaient pas une errance.
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À quoi bon disparaître si personne ne s’en aperçoit ? À quoi bon pleurer si l’on n’est pas écoutée ? À quoi bon se désoler, si l’on ne peut pas en faire profiter les autres ? À quoi bon vivre ce qui ne peut être raconté ? À quoi bon désespérer dans un coin de plage si l’on n’est pas regardé ? Tant qu’il y a de la vie, il faut faire beaucoup de bruit. La discrétion, c’est déjà une forme de mort à bas bruit. Tant qu’il y a de l’hystérie, il y a de la vie.
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En réalité, j’organise ma solitude. Je la mets en scène. De manière assez agressive, mais aussi protectrice : je suis très entourée. Il y a mon mari avec lequel je ne cesse de discuter, à qui je ne cesse de demander de me réconforter, de me consoler, de me rassurer. Il le fait. C’est sans doute pour cela que je ne me suis pas effondrée. Il y a mes enfants, mes beaux-enfants. Et le chat, aussi. Qui s’en fout. C’est bien aussi d’avoir quelqu’un qui s’en fout.
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C'est toujours l'image du congélateur qui me vient. J'en aurais aimé de plus élégantes,mais rien d'autre ne s'est proposé.
On le décongèle. On le vide. Il est plein de glace. Elle a enrobé les étagères,les bacs, les résistances. On met des torchons par terre. On garde la porte ouverte et on attend.
Il y a le goutte-à-goutte. Lentement. On jette un oeil, la glace est comme polie, humide, aux coins arrondis. Douce. On regarde, on s'affaire. On s'en va.
Et l'on entend le bruit massif, sec, de couperet: un pan de givre s'est détaché, est tombé. La sonorité est bien particulière. Quelque chose de net après une ébauche de cisaillement. On prend le bloc,on le met dans l'évier, on le laisse continuer sa fonte ou l'on s'amuse à le noyer sous l'eau chaude.
Des pans de cerveau semblent ainsi se détacher. Boum les dieux grecs. Boum, boum, boum: Rousseau, Balzac et Proust. Boum, Cervantes. Boum, les oncles et les tantes. Boum. Les souvenirs. Boum. Manger. Boum. Mon prénom. Boum, qui je suis. Boum, ma vie. C'est fini.
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Videos de Mara Goyet (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mara Goyet
Dans le cadre de la Semaine PhiloMonaco 2023
Présenté par Raphael Zagury-Orly Avec Mara Goyet, écrivaine Cécile Ladjali, enseignante Judith Revel, philosophe
«Apprendre est une expérience: tout le reste n'est qu'information», disait Albert Einstein. Expérience complexe, en vérité, au sens où elle met en jeu les facultés de chacun(e), les savoirs et la volonté, les besoins et les désirs, les émotions, tantôt propulsives (curiosité, satisfaction, joie de la découverte) tantôt répulsives (fatigue, ennui, désintérêt, sentiment d'échec), sinon la personnalité entière de ceux et celles qui sont là pour apprendre, et qui d'une manière ou d'une autre transmettront à d'autres les connaissances dont ils acquièrent la maîtrise, et ceux et celles qui sont là pour enseigner, et qui d'une manière certaine continuent, en le faisant, à apprendre. Ce qui est certain, c'est qu'apprendre ne s'accomplit jamais sous la contrainte, la peine ou la punition, et ne peut être que «philosophie», amour du savoir – car on n'apprend rien s'il n'est aucune appétence, aucun goût pour savoir, si l'on n'éprouve aucune joie à élargir le champ de ce qu'on sait. Arriverait-on à inculquer de force quelques connaissances chez l'enfant ou l'élève, qu'elles disparaitraient progressivement si elles n'étaient alimentées, ensuite, et toute la vie durant, par le goût, l'envie, le désir, le plaisir, la volonté de continuer à apprendre. Mais comment créer cette faste «prédisposition» si elle n'existe pas, si elle est enterrée sous l'ennui, la distraction, la démotivation, des sollicitations autres, sources d'inattention? de quels atouts disposent parents et éducateurs pour faire naître l'envie d'apprendre?
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