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EAN : 9782070754250
272 pages
Gallimard (15/01/2003)
3/5   4 notes
Résumé :

Lidia do Carmo Ferreira, poétesse et historienne angolaise, ultime rejetonne d'une suite incroyable d'incestes, disparaît mystérieusement en 1992 à Luanda, capitale de l'Angola, dix-sept ans après l'indépendance de cette ancienne colonie portugaise d'Afrique. Un journaliste, le narrateur, s'interroge sur la vie de Lidia et, reconstruisant son passé, nous entraîne, à travers l'histoire d'une femme, dans les hist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« L'Afrique – qui fit – refit- et qui fera. » Michel LEIRIS

Les premiers livres publiés dans cette collection bénéficiaient d'une présentation de Jean Noël Schifano directeur de la collection. J'en extrait deux phrases emblématiques « Nous parions, ici, sur les Africains d'Afrique et d'ailleurs, de langue française et de toute langue écrite, parlée et sans doute pas écrite encore, nous parions sur l'écriture des continents noirs pour dégeler l'esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches en papier qui prennent le relais de fétiches en bois. ». le frontispice des premières parutions a disparu mais l'orientation éditoriale demeure.

C'est après avoir lu de nombreux auteurs, africains, antillais, publiés dans cette collection (et chez d'autres éditeurs), que j'ai souhaité, dans une note aux dimensions modestes, faire partager des plaisirs de lecture et peut-être vous entraîner dans ces espaces si proches et si peu connus. En ces temps d'éphémères, je choisis de puiser dans les premiers ouvrages publiés.

Laissez vous guider par les titres et leurs résonances, passez la porte des jaquettes tachées et entrez dans ces continents, vous y trouverez des écrivain-e-s passionné-e-s et passionnants.

Vous avez peur de l'inconnu, vous chercher des repères, pourquoi ne pas commencer par les deux livres de Boniface MONGO MBOUSSA « Désirs d'Afrique » et « L'indocilité » qui présentent un large panorama d'auteurs, odeurs classiques, fragrances modernes, ténèbres rwandaises, flamboyances congolaises, diaspora et casques coloniaux.

L'écriture des un-e-s vous enchantera, celle d'autres vous fera rire, leurs rêves vous sembleront proches et d'autres si lointain. Contes, récits épiques, aventures, livres accrochés à la vie.

Quelques idées, pour vous mettre l'eau à la bouche, espérances de lectures à venir.

Plongez vous dans la langue savoureuse de Abdourahman WABERI « Transit » qui de Roissy à Djibouti évoque la guerre et l'exil ou « Rift, routes, rails » variations au passé et au présent sur les déserts, les océans et les mythes. Choisissez la langue brutale de la martiniquaise Fabienne KANOR qui dans « D'eaux douces » raconte l'aliénation d'une femme au prise avec les questions identitaires.

Peut-être serez vous attiré par le titre « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » de Henri LOPES qui revient sur le mouvement de la négritude et s'interroge sur la création, la francophonie, le métissage à l'heure de la globalisation .

Choisissez l'un des romans de Ananda DEVI, originaire de l'île Maurice, par exemple « Soupir » et son premier paragraphe « La terre est enflée comme une langue qui n'a pas bu depuis longtemps. le sable coule aux pores. Les horizons et les regards sont scellés. Au dessus de nous, le ciel semble ouvert. Mais il n'y a rien d'ouvert, ici. Nous sommes nés enfermés. »

Suivez la quête d'amour de Maya, héroïne de Nathacha APPANAH-MOURIQUAND.

Vous n'aimez pas le foot, que cela ne vous rebute pas d'entrer dans « La divine colère » du camerounais Eugène EBODE, pour y partager sa critique de la compétition et des passions « transformant les stades en crachoir et en cratère de tous les exutoires ».

Que dire de « L'ivrogne dans la brousse » du nigérian Amos TUTUOLA, qui fait figure d'ancêtre de ces littératures. La traduction de Raymond QUENEAU est un régal.

Allez à « Lisahohé » capitale imaginaire mais si réelle du togolais Théo ANANISSAH pour suivre et vous perdre dans une enquête où le narrateur même ne semble pas si innocent.

Rejoignez la tendresse de la gabonaise Justine MINTSA dans « L'histoire d'Awu » à moins que vous ne vouliez suivre le chemin du journaliste qui vous entraînera sur les traces de Lidia do Carmo Ferrerira poétesse dans « La saison des fous » de l'angolais José Eduardo AGUALUSA.

Mais peut-être serez vous plus sensible à la confrontation entre modernité et privilèges ancestraux dans « La révolte du Komo » du malien Aly DIALLO, au récit du congolais Mambou Aimée GNALI et son « Beto na beto, le poids de la tribu » ou au destin de l'aveugle Doumé dans le roman « le cri que tu pousses ne réveillera personne » du camerounais Gaston-Paul EFFA .

Admirez le portrait dressé de l'île Maurice par Amal SEWTOHUL dans « Histoire d'Ashok et d'autres personnages de moindre importance », ou parcourez l'effacement de la société traditionnelle dans le système colonial de Donato NDONGO dans « Les ténèbres de ta mémoire ».

Je ne veux ni vous lasser si substituer mes propres découvertes à vos possibles lectures.

J'ai gardé pour la fin la mosaïque de Sylvie KANDE « Lagon, Lagunes » et la petite postface si belle de Edouard GLISSANT qui se termine par cette invitation « Je voulais seulement, à cette place, partager avec vous l'insondable et l'imprévisible. Écrire est une divination. Lire ce qui fut écrit, c'est déchiffrer l'énigme. »
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Voilà le troisième roman de l'écrivain angolais José Eduardo Agualusa que je lis. Et comme dans le marchand de passés et dans Les femmes de mon père, il se révèle un remarquable conteur.

À partir d'un personnage fictif qui aurait disparu mystérieusement à Luanda en 1992, la poétesse Lidia do Carmo Ferreira, c'est l'histoire de l'indépendance de l'Angola (avant, pendant, après) qui nous est dévoilée grâce à des personnages que nous retrouvons aux différentes heures de ce combat. Des entrevues que Lidia aurait données au narrateur aux épisodes complexes à cause des différents mouvements politiques désirant chacun leur part du gâteau, le roman dépeint une lutte sans merci où nombreux sont ceux qui trouvent la mort, et cela non sans humour à cause des personnages colorés dont Agualusa parsème son récit.

Un roman sur une période tragique de l'histoire vue par un journaliste-narrateur qui ne néglige pas les notes en bas de page afin d'éclairer le lecteur. Un roman qui ne ferme pas les yeux sur la cruauté ni sur les trafics. Un roman qui, malgré son réalisme parfois cru, reste teinté de poésie parce qu'il donne voix aux poètes. Un grand roman qui est aussi « un moment historique qui appartient exemplairement à l'histoire de l'humanité, au même titre que La storia d'Elsa Morante », affirme le quatrième de couverture. Un roman exploré avec minutie par Dominique Aussenac dans un billet que je vous invite à lire ici.

Et maintenant, il ne me reste plus qu'à me mettre sérieusement au portugais puisque seuls quatre de ses livres ont été traduits en français. Mais bonheur, il m'en reste encore un à me mettre sous la dent!
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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La saison des fous commence et l'on se retrouve perdu en terre d'Afrique. Ce n'est que peu à peu que l'intrigue, écrite par José Eduardo Agualusa, se dessine. Après tout, la période de l'indépendance angolaise est confuse ; alors rien d'anormal à ce que le lecteur soit parfois laissé dans des zones d'ombre. Néanmoins, on a parfois du mal à rentrer dans le récit. Heureusement, l'auteur se fait ici poète et on se laisse bercer par sa prose et par ses vers.

Ou du moins les vers de ses personnages fictifs. Des protagonistes plus qu'imaginaires qui semblent parfois si réels. Un combat acharné, une guerre difficile, une lutte de fous et autant dire que ces affrontements en sont presque comiques, du moins ils le seraient s'ils n'étaient pas si humainement tragiques. « Courage, elle sera à nous, cette terre. » Une tragédie comique très poétique.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Dehors, c'est la vie", écrivit-elle. Puis elle raya cette phrase et récrivit : "Dehors, c'était la vie / dans sa splendeur totale et brute"
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Moi je ne l'aimais pas. Je voulais quitter cette maison, cette ville qui n'était plus la mienne
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L'amour rend les gens ridicules, la haine est plus respectable.
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La méchanceté des hommes, au fond, est peut-être l'expression de leur innocence.
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L'héroïsme n'est qu'une forme de bêtise, peut-être la plus dangereuse.
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