Lost Highway est l'exemple parfait du film avec lequel on n'en a jamais fini, parce qu'il a tout de l'oeuvre sédimentée qui ne tient pas à un fil. Penser sa narration, c'est ne plus utiliser les termes de ligne, de progression, de gradation. C'est penser en termes de niveaux, d'échanges, de réseaux. Lynch le confie à Chris Rodley : "Il n'y a que très peu de choses qui sont légèrement décalées." Mais le décalage suffit. Il est définitif et reconfigure le tout. Il hypothèque ainsi les idées de symétrie et de centre. Le décalage, enfin, induit un mouvement qui dégage l'entrebâillement. Quand je décale, je n'anéantis pas l'ordre premier, je l'infléchis et le laisse en point de mire. Quand je décale donc, je double, mais en porte-à-faux. Là où j'ai décalé, ça jointe encore mais ça ne coïncide plus : ça force.
Dans le cadre d’un cours de cinéma au Forum des images, Guy Astic déclare que les films de David Cronenberg font l'éloge de l'impur.
De "Rage" à "Cosmopolis", de "La Mouche" à "History of Violence", David Cronenberg filme le monstrueux à l’oeuvre (agressions, contaminations, mutations), au plus près du corps, sous la peau, mais aussi sous le derme de la réalité, au cœur de ce que la société refoule.
Ce cours de cinéma a eu lieu le 10 janvier 2014 dans le cadre du cycle de films "Monstruosités" au Forum des images, Paris.
Voir le cours de cinéma en intégralité
http://dai.ly/x1cre3a
+ Lire la suite