« Lisez
Marie-Claire... Et quand vous l'aurez lue, sans vouloir blesser personne, vous vous demanderez quel est parmi nos écrivains - et je parle des plus glorieux - celui qui eût pu écrire un tel livre, avec cette mesure impeccable, cette pureté et cette grandeur rayonnantes. »
Octave Mirbeau - Préface
Prix Fémina en 1910, ce roman est d'une beauté époustouflante. C'est écrit avec toute la poésie contenue dans les yeux d'une enfant, par une autodidacte passionnée de lecture, qui raconte sa rude vie jusqu'à ses dix-huit ans.
« Les moutons ne trouvaient rien à manger ; ils couraient de tous côtés. Je ne les laissais pas s'écarter ; ils ressemblaient eux-mêmes à de la neige qui aurait bougé (...) Tout le bois était occupé à se débarrasser de la neige qui l'alourdissait : les grosses branches la rejetaient d'un seul coup, pendant que d'autres, plus faibles, se balançaient pour la faire glisser à terre. »
Petite, après le décès de sa mère, elle est confiée à des religieuses, puis ira travailler dans une ferme en Sologne, comme bergère puis lingère.
Dans la simplicité des termes, il ressort une une sincérité, une candeur qui donne force et profondeur aux sentiments ressentis par cet enfant.
On comprend au travers de son regard bien plus que ce que l'enfant comprend de la vie, de certaines situations qui lui sont étrangères de par son jeune âge. Quel tour de force en si peu de mots d'une innocence touchante.
« Je me glissai dans la chambre de mes parents et je fus bien étonnée de voir que ma mère avait une grande bougie allumée près de son lit. Mon père se penchait sur le pied du lit, pour regarder ma mère, qui dormait les mains croisées sur sa poitrine. »