Chez
Paul Auster, on reconnaît tout de suite sa patte, disons sa plume: un mec paumé, tombé au plus bas - ruiné, convalescent, ayant tout abandonné, bref, au pied du mur, à quelques pas seulement de la déchéance la plus complète, de la chute sans fin. En quelques lignes, il nous révèle la situation du personnage; ensuite, à nous d'imaginer comment il va bien pouvoir se tirer de là, mais peine perdue: l'imagination de
Paul Auster est si riche, ses intrigues à la fois si raffinées et si complexes, que je défie quiconque d'imaginer la fin.
Voici donc Nashe, pompier et père d'une petite fille, se retrouvant tout d'un coup avec une considérable somme d'argent, héritée de son père qu'il connaît à peine. il plaque tout, prend sa voiture, et pendant un an, roule, roule roule, traverse les Etats-Unis en long et en travers, sans quasiment jamais poser le pied au sol.
L'argent s'écoule. Il ne reste plus que quelques billets. Plus de travail, plus de femme, une soeur qui s'occupe de sa fille. Et un sentiment d'échec.
C'est ici que commence le roman. Nashe rencontre un jeune auto-stoppeur. le hasard. Mais Nashe joue sa vie à pile ou face avec ce jeune homme, hasard toujours qui va l'amener tout droit en enfer.
Un livre sombre dans lequel la vie des personnages est soumis, sans cesse, au choix que l'on fait, à la route qu'on décide de suivre ou de quitter. thème cher à Auster.
Nashe y rencontre des personnages hors du commun, inimaginables et des situations complètement irréalistes, si elles n'avaient pas ce caractère si convaincant. On y croit, on est, finalement, à peine en deça du possible, du probable.
Encore un roman de
Paul Auster envoûtant mais bien sombre...