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EAN : 9782213710105
236 pages
Fayard (24/10/2018)
  Existe en édition audio
4.12/5   634 notes
Résumé :
J'ai écrit ce livre en hommage à ma grand-mère maternelle, Idiss. Il ne prétend être ni une biographie, ni une étude de la condition des immigrés juifs de l'Empire russe venus à Paris avant 1914. Il est simplement le récit d'une destinée singulière à laquelle j'ai souvent rêvé.
Puisse-t-il être aussi, au-delà du temps écoulé, un témoignage d'amour de son petit-fils.
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Critiques, Analyses et Avis (132) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 634 notes
« ... je regrette de ne pas lui avoir dit plus souvent combien je l'aimais. » Ainsi parle Robert Badinter d'Idiss, sa chère grand-mère maternelle. Une femme qui, avant la Première Guerre mondiale sous la pression de l'antisémitisme, a quitté son shtetel en Bessarabie, alors province de l’Empire russe, pour rejoindre, avec son mari et sa fille (la future mère de Robert) ses deux fils en France. Idiss et sa famille y connaîtront un embourgeoisement progressif, un certain bonheur aussi, anéanti par la montée du nazisme et la Seconde Guerre mondiale.

Robert Badinter, dans ce qui est un très beau témoignage d'amour à sa grand-mère et à sa mère, revient sur la tragique destinée des juifs d'Europe centrale qui, fuyant les pogroms, après quelques décennies de répit sont à nouveau persécutés sur leur terre d'accueil. Une histoire terrible, universelle et singulière, racontée par le célèbre avocat avec beaucoup de pudeur et retenue (trop peut-être, au point que sa famille apparaît parfois idéalisée) qui explique beaucoup de son engagement contre la peine de mort, et ne peut que nous toucher.
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Mon admiration est sans bornes pour Simone Veil et Robert Badinter . J'ai toujours trouvé à ces deux personnages une classe folle et un incroyable charisme , sans parler , bien entendu de leurs rôles respectifs pour ce qui restera des avancées majeures de notre société. Aujourd'hui , Simone Veil repose , et c'est sa place , au Panthéon et Robert Badinter nous montre encore quel homme il est au travers de ce superbe livre consacré à l'arrivée de sa famille en France et , plus particulièrement à Idiss , sa grand - mère, figure tutélaire , aimée et aimante , lien indéfectible entre les générations.
Si ce livre lui est en partie consacré, il dépasse largement le simple portrait d'une femme pour déborder largement sur la société de l'époque avec toutes ses horreurs et ses tourments envers des hommes et des femmes dont le seul tort était d'avoir une religion "différente " , " leur religion" .On découvre l'ascension sociale de familles laborieuses venues d'ailleurs , le danger qui les guette , la spoliation de leurs biens , leur extermination....Tout est rapporté avec pudeur , " discrétion" , sans aucune haine mais avec force et sous le très beau regard de cette grand- mère dont le seul vrai bonheur est de vivre parmi les siens et de leur donner tout son amour.C' est un ouvrage qui n'a rien de "spectaculaire" , plutôt un beau plaidoyer pour la tolérance , le respect de l'autre ,l'amour des siens et de la vie .Il s'en dégage des émotions particulièrement fortes car retenues , sans pathos mais exprimées avec justesse et précision. Certes , le "recul" fait que monsieur Badinter n'a rapporté que des souvenirs idéalisés de cette grand- mére , j'ai cru le lire dans la très belle critique d'un ami babeliote , mais , finalement , ne se forge-t-on pas une personnalité qu'en gardant le meilleur de tous les êtres chers qui nous ont aidés à nous construire ?
J'ai adoré l'indulgence ou la remise au point quant au comportement de la population française vis à vis des juifs. Entendre Badinter déclarer qu'il n'y avait pas plus d'antisémites " qu'avant " , dans les lycées, notamment , aurait été porteur d'espoir et réconfortant , mais....Quant au rôle de la police de l'époque ......
Il est des livres qui , malgré la gravité du sujet qu'ils abordent , font du bien .Qu'ils soient écrits par des hommes ou des femmes d'une telle classe les place en haut de la pyramide de l'intelligence humaine .Idiss restera gravée dans ma mémoire , en tant que grand- mère, certes , mais plus sûrement en tant que symbole d'une époque qu'on aimerait savoir révolue. Respect .
PS: je profite de cette lecture pour vous conseiller celle de " Mayrig " d'Henri Verneuil .C'est aussi , pour moi , un autre chef d'oeuvre .(mais cela , bien sûr n'engage que moi )
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Ayant déjà lu l'adaptation d'Idiss en BD, dessinée et mise en couleur par Fred Bernard, scénarisée par Richard Malka, j'ai eu moins de surprise à découvrir cette destinée singulière qu'a été la vie de la grand-mère maternelle de Robert Badinter, Idiss Rosenberg, née dans la Bessarabie tsariste, dans ce qu'on appelle le Yiddishland, un monde aujourd'hui disparu, qui fuit l'empire tsariste pour se réfugier à Paris en 1912. En effet, il faut reconnaître que le roman graphique est resté très fidèle à ce magnifique témoignage d'amour tout autant que récit historique écrit par celui qui incarne l'abolition de la peine de mort en France, son petit-fils, Robert Badinter.
C'est avec beaucoup de sensibilité, de tendresse que l'ancien garde des Sceaux livre ce récit touchant qui rend hommage à celle qui n'a pas eu la chance d'apprendre à lire et à écrire, l'éducation étant réservée aux garçons. L'analphabétisme restera d'ailleurs, tout au long de sa vie, son premier problème. Sa revanche, elle l'aura en premier lieu avec sa fille Chifra qui pourra intégrer dès son arrivée l'école primaire gratuite et républicaine, conformément à la loi française puis, avec ses petits-enfants. Robert Badinter rend d'ailleurs un hommage vibrant à ces instituteurs de la République, ces militants de l'école laïque animés par un idéal, celui de « faire reculer l'ignorance et les préjugés, et d'ouvrir ces jeunes esprits au monde de la connaissance et aux beautés de la culture française », de les transformer en citoyens de la République.
Robert Badinter montre bien également que l'appartenance des Juifs à des classes sociales différentes l'emportait sur l'identité religieuse commune. «Ainsi, avant la guerre, les juifs de France constituaient une société de classes, du Yid du Marais à l'aristocrate faisant courir sous ses couleurs des pur-sang à Longchamp. Qu'y avait-il de commun entre l'un et l'autre ? Simplement, tous deux étaient juifs. Les nazis allemands et les fascistes français allaient le leur rappeler brutalement. »
Bientôt, la guerre allait mettre fin à ce bonheur précaire. Ils devront tenter d'échapper à la montée xénophobe et antisémite, connaîtront les restrictions sur le droit des juifs, les lois et décrets du gouvernement de Vichy et les mesures allemandes sont d'ailleurs publiées en annexe, nous rappelant les horreurs de cette période.
Idiss est un récit sobre dans lequel la tendresse et la douleur s'entrelacent pour offrir au lecteur un livre à la fois intime et universel, superbement bouleversant.
À noter qu'au centre du bouquin, quelques photos de la famille et quelques documents personnels permettent de rendre encore plus vivant cette belle et terrible histoire, à la fois romanesque et tragique.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Robert Badinter, abandonne son habit d'homme au destin pas banal pour se pencher sur l'histoire de sa famille mais plus précisément celui d'Idiss, sa grand-mère maternelle.
Née en Bessarabie, au sud de la Russie, elle a quitté sa région, poursuivie sauvagement en tant que juive.
D'abord, ses deux fils sont venus vivre à Paris au début des années 1920. Ensuite, son mari et enfin Idiss avec sa petite Chifra qui sera appelée Charlotte en France.
Charlotte deviendra la maman de Claude et Robert Badinter.
Simon Badinter , le mari de Charlotte, venait lui-même de la même région que la famille d'Idiss.
L'auteur se concentre sur le personnage d'Idiss qui était tellement heureuse de vivre parmi les Parisiens, qui en avait adopté les tenues vestimentaires, qui admirait la France malgré les remarques antisémites qu'elle et sa famille n'ont pas arrêté d'entendre de temps à autre.
Elle se croyait hors de danger. C'était sans compter sans l'arrivée du nazisme et d'un antisémitisme cruel et sauvage.
On voit Idiss, jusque-là très courageuse, complètement éteinte. Elle qui croyait en avoir fini avec la persécution des juifs.
Robert Badinter confie à ses lecteurs : mes 12 ans ont vu arriver la fin de mon enfance avec les souffrances de l'envoi dans les camps des hommes de la famille.
Le côté intéressant du livre se situe dans l'explication des faits mais sans trop nous lasser, de façon très claire et intéressante.
Une bel hommage envers cette grand-mère tellement pourchassée.
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J'ai été très très émue par l'émission La Grande Librairie consacrée à Robert Badinter au moment de la parution de ce livre. On a tendance à voir en cet homme, le combattant, le défenseur des droits dont la bataille et la victoire emblématiques furent bien sûr l'abolition de la peine de mort. Mais là, au cours de ce très beau moment de télévision, c'est le petit-fils d'Idiss qui est apparu avec, parfois, le regard de l'enfant qu'il fut. le petit-fils d'Idiss et, le fils de Simon, arrêté en 1942 par Klaus Barbie, déporté et jamais revenu. Alors j'ai eu envie de me plonger dans le récit de cette période d'avant 1942, qui permet de mieux comprendre les fondations qui ont présidé au parcours de cet homme que l'on ne peut qu'admirer.

Et l'histoire commence en Bessarabie, une région dont les contours et les rattachements ont beaucoup varié avec l'histoire (fait actuellement partie de la Roumanie) entre Russie et Moldavie. C'est là qu'est née Idiss, là encore qu'elle tombe amoureuse de Schulim et qu'ils auront trois enfants, Avroum, Naftoul et la petite dernière, Chiffra qui deviendra Charlotte lorsque la famille décidera de s'installer à Paris en 1912. Histoire représentative de celles de nombreuses familles juives d'Europe centrale, chassées par la violence de l'expression de l'antisémitisme à travers les pogroms, et qui voyaient en la France une terre de libertés et de tolérance. C'est à Paris que Charlotte rencontre Simon ; ils auront deux fils, Robert et Claude. Simon se révèle un excellent entrepreneur, faisant fructifier une entreprise de négoce international dans le domaine de la fourrure. Et la famille grimpe les échelons, s'installe dans un quartier bourgeois tandis que bruissent déjà les prémices du conflit à venir...

La figure d'Idiss est bien sûr omniprésente, elle qui ne parle pas français, ne sait ni lire ni écrire, habite avec Simon et Charlotte et constitue donc une chaleureuse présence pour ses petits-enfants. Dans les mots de Robert Badinter, on sent tout l'amour pour cette grand-mère que la famille a dû quitter pour fuir en zone libre, Idiss étant trop faible pour être transportée. Toute la douleur aussi, sous-jacente, au moment d'aborder le destin de son père. Dans les souvenirs de ce que lui ont transmis son père et sa grand-mère, on découvre ce qui a servi de "tuteur" au jeune Robert, et l'on mesure peut-être mieux comment se forge une telle personnalité. Car ce récit, pour intime qu'il soit, ne manque jamais d'apporter une contribution à notre connaissance de l'Histoire de France et plus particulièrement de cette période précédant la seconde guerre mondiale.

Il y a beaucoup de choses dans ce livre, beaucoup d'émotions. Je suis sortie de ma lecture le coeur serré, à la fois reconnaissante pour ces confidences jamais impudiques et émue par la blessure encore si présente. Et d'ailleurs impossible à effacer. Et surtout, encore plus impressionnée par la posture de cet homme. Un grand homme.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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critiques presse (2)
Actualitte
10 mars 2021
Richard Malka et Fred Bernard s’emparent de ce récit poignant et intime pour en livrer une interprétation lumineuse tout en pudeur et à l’émotion intacte.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Liberation
05 novembre 2018
Idiss est un geste d’adieu, adieu à «un monde mort», le «Yiddishland» d’où venaient parents et grands-parents, adieu au passé. «Mon enfance a pris fin le 10 mai 1940», écrit l’ancien ministre de la Justice.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (119) Voir plus Ajouter une citation
Souvent, je me suis interrogé : que pensait-il [le père de Robert Badinter] lorsque, à Drancy, en mars 1943, il montait dans le train qui le conduirait au camp d’extermination de Sobibor, en Pologne ? Arrêté à Lyon par Klaus Barbie, et déporté sur son ordre, c’était aux nazis qu’il devait sa fin atroce, à quarante-huit ans. Mais au camp de Pithiviers ou de Drancy, qui le gardait, sinon des gardes mobiles français ? Tel que je l’ai connu, aimant si profondément la France, a-t-il jusqu’au bout conservé sa foi en elle ? On ne fait pas parler les morts. Mais cette question-là, si cruelle, n’a jamais cessé de me hanter.
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L’école était séparée de la rue par un mur à mi-hauteur surmonté d’une grille. Un drapeau tricolore flottait au fronton du bâtiment central. La devise républicaine était gravée au-dessus de l’entrée. C’était la République triomphante ouvrant à ses enfants les voies de la connaissance. Ainsi, Chifra-Charlotte fit son entrée à douze ans dans le monde du savoir…

Surtout, ma mère nous parlait de monsieur Martin, le sous-directeur, qui enseignait le français à ces enfants d’immigrés qui n’en connaissaient que quelques mots usuels. M. Martin, à entendre Charlotte, n’était rien de moins qu’un missionnaire de la culture française dépêché dans ces quartiers populaires de Paris où s’entassaient dans des immeubles vétustes les familles d’immigrés.

Ce que voulait M. Martin, instituteur de la République, c’était transformer ces enfants venus d’ailleurs en petits Français comme les autres, auxquels il enseignait les beautés de la langue française, la grandeur de l’histoire de France et les principes de la morale républicaine. Car M. Martin était profondément patriote. Il croyait à la mission civilisatrice de la France, et la devise républicaine était son credo. Il admirait Jaurès, courait à ses réunions, lisait L’Humanité. Il avait foi dans un avenir meilleur où régneraient le socialisme et la paix par l’arbitrage international. Comme il était patriote, il n’oubliait pas l’Alsace-Lorraine que les Allemands nous avaient injustement arrachée. Mais comme il était pacifiste, il pensait que c’était par le droit à l’autodétermination des peuples que les territoires perdus reviendraient un jour à la République française. Dans son métier, M. Martin avait fait sienne la devise de Jaurès : « Aller vers l’idéal en partant du réel ». L’idéal pour lui, c’était dans sa modeste école parisienne de faire reculer l’ignorance et les préjugés, et d’ouvrir ces jeunes esprits au monde de la connaissance et aux beautés de la culture française.
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Simon était pourtant peu pratiquant. Il n’allait à la synagogue que pour les grandes fêtes. Plus intellectuel que religieux, il rêvait de justice sur cette terre. Quant à Dieu, il en respectait l’idée, mais se préoccupait d’abord du Mal, auquel il donnait ici-bas les traits du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes d’oppression et de violence sociale.
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Ainsi, avant la guerre, les juifs de France constituaient une société de classes, du Yid du Marais à l’aristocrate faisant courir sous ses couleurs des pur-sang à Longchamp. Qu’y avait-il de commun entre l’un et l’autre ? Simplement, tous deux étaient juifs. Les nazis allemands et les fascistes français allaient le leur rappeler brutalement.
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... ce qu’il [le père de Robert Badinter] ressentait, c’était que le gouvernement de cette France qu’il avait tant aimée le rejetait comme une marâtre haineuse. Cet abandon, cette trahison, l’accablait secrètement. Il avait beau s’efforcer de l’imputer aux seuls nazis, il n’était plus, avec sa famille, qu’un juif au sein d’un État français plus antisémite dans ses lois que la Russie tsariste de son enfance.
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