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Seuil - l'Intégrale (01/01/1900)
3.94/5   49 notes
Résumé :
La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome II. Dixième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : Le magistrat n'était pas le personnage le moins pittoresque au milieu de cette assemblée. Il avait sur la tête un bonnet de coton roussâtre. Comme il était sans cravate, son cou, rouge de froid et ridé, se dessinait nettement au-dessus du collet pelé de sa vieille robe de chambre.

Sa figure fatiguée offrait l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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L'Interdiction est un titre qui peut porter à confusion quand on ne sait à quoi cette interdiction se réfère.
De nos jours, la formule consacrée pour désigner cette forme d'interdiction serait très certainement " la mise sous tutelle ".
Ici, il sera bien sûr question d'argent, de jugement, et, accessoirement, de noblesse.
En effet, la très noble, très en vue et très soucieuse de son apparence, Madame la Marquise d'Espard, qui vit séparée de son légitime époux et de ses deux enfants depuis douze ans, réclame cette susnommée interdiction à l'encontre de son mari, estimé fou et non responsable de ses actes, notamment en qualité de spoliateur et de dissipateur d'une fortune appréciable.
La marquise, qui tient un salon très couru fréquenté par nombre de (très) grosses légumes (il s'agit de cette même personne qui sera la protectrice de Madame de Bargeton dans les Illusions Perdues), essaie de jouer de toutes ses influences pour piper les dés de l'arbitrage judiciaire.
Or, le juge d'instruction mandaté pour faire toute la lumière sur cette requête en interdiction n'est autre que l'humble, discret et fort honnête juge Popinot, positivement connu des pauvres et des nécessiteux, oncle du non moins philanthrope médecin Horace Bianchon, vieille connaissance des habitués de la Comédie Humaine.
Après un démarrage assez poussif, Honoré de Balzac relance l'intérêt de ce petit roman et nous ravit en faisant de son juge Popinot un avatar avant l'heure du célèbre lieutenant Colombo.
Jean-Jules Popinot, homme d'allure minable, qui joue les niais mais qui sait mieux que personne percer à jour les plus habiles plaideurs et les plus retorses intentions et qui laisse stupéfaits (j'allais écrire " interdits ", mais ce ne me semble pas judicieux) ceux qui l'ont sous-estimé de prime abord.
Qu'en est-il de la folie du Marquis d'Espard ? Qu'obtiendra la ravissante fourberie de la Marquise ? Voilà bien deux questions pour lesquelles je m'en voudrais de vendre la mèche.
En somme, un bon petit roman (peut-être même qualifiable de nouvelle) qui une nouvelle fois met à mal tant la Vertu humaine (avec un grand V comme Vérole) que le crédit qu'on peut escompter de notre sacro-sainte Justice (avec un grand J comme Judas).
Oui, une fois encore, n'hésitez pas à venir gratter un petit peu le vernis de l'humanité avec notre vieil ami Balzac, afin de voir ce qu'il y a en-dessous, vous ne serez pas déçus, à tout le moins, c'est mon misérable avis, qui ne vaudrait pas grand-chose en justice.
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D'une affaire d'interdiction, on tombe sur une rencontre entre deux âmes qui ont en commun la préservation de leur honneur...le juge et l'accusé, l'un, Popinot, un homme grand défenseur des pauvres, se ruinant dans des activités à caractère sociale, ayant une apparence stupide dans sa tenue mais très méticuleux dans son travail, ne se laisse pas berner à première vue, l'autre, le marquis d’Espard, traité de fou, à tort bien sur, accusé de dilapider sa fortune au profit d'une autre famille, appauvrissant ainsi ses enfants, en fait le marquis préfère s'acquitter du grand prix du déshonneur qui a pesé longtemps dans sa famille plutôt que de voir sa progéniture plongée dans une fortune souillée. Face à ces deux bons sens, la plaignante, la marquise d’Espard va se mordre la queue peut-être, mais, est-t-il que l'ignominie est maitresse dans ce monde? La marquise va s'en servir bien sûr...

Un tout petit roman, un petit plaisir bien assuré!
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Le juge Popinot doit trancher dans un conflit qui oppose la célèbre Marquise d'ESPARD à son mari qui vit reclus avec leurs deux fils.
La marquise voudrait interdire son époux. Cette action judiciaire rend le concerné incapable de gérer ses biens. Les explications à l'encontre de l'homme sont accablantes, sa gestion présente des lacunes incohérentes.
Popinot a la réputation d'être intègre et il va rendre visite à l'accusé. Là, il va de surprises en stupéfactions ! le coupable n'est pas toujours celui qu'on accuse.

Un texte très sensible, Balzac rend dans une histoire une critique acerbe de la justice.

Le manuscrit daté de 1836 est consultable en micro-film. Des ébauches plus anciennes de quelques pages ont aussi été récupérées. La version actuelle compte une grosse quinzaine de corrections (corrections grammaticales, substitutions de noms, précisions d'attitude)




PERSONNAGES

La majorité des personnages qui jouent un rôle dans L'Interdiction reparaissent dans La Comédie humaine.

– Horace BIANCHON : médecin. Neveu de Popinot, le personnage joue un rôle important dans La Messe de l'athée, dont la publication précède de peu celle de L'Interdiction. Reparaît dans une trentaine de textes de la Comédie humaine, où il devient illustre.

– M. CAMUSOT (dit Camusot de Marville) : magistrat. Nommé d'abord dans L'Interdiction La Giraudais. Est rebaptisé Camusot dans l'édition Furne (1844). C'est lui qui reprend le dossier d'Espard, sous le regard ironique de Popinot. On le retrouve tout au long de Splendeurs et misères des courtisanes et dans le Cousin Pons, avec qu'il est apparenté.

– Marquis Charles-Maurice-Marie-Andoche d'ESPARD : vivant retiré de la société parisienne. Personnage nouveau dans L'Interdiction, où il joue un rôle central, mais un peu effacé (il est trop parfait). Les allusions au marquis qui suivront dans l'oeuvre De Balzac se feront en référence à L'Interdiction.

– Marquise Jeanne-Clémentine Athénaïs d'ESPARD : une des figures du Faubourg Saint-Germain. Première apparition dans L'Interdiction. Appelée baronne dans le brouillon abandonné de la nouvelle, puis vicomtesse sous une surcharge du manuscrit. le prénom de Josephine, Jeanne, Clémentine qui est le sien dans le manuscrit est modifié en Jeanne-Clémentine Athénaïs dans la Chronique de Paris. La marquise apparaît dans plus de 20 oeuvres de la Comédie humaine, toujours dans le même rôle d'une femme sans coeur, et n'est pas sans ressemblance avec la duchesse de Langeais.

– Madame JEANRENAUD : le personnage, nommé d'abord Marboutin, apparaît sous le nom de Jeanrenaud dans l'édition Furne. « Laide à perpétuité et malheureuse comme les pierres ». Mais une excellente femme, et d'une scrupuleuse honnêteté : « chez la bonne femme tout était rond ». Ne reparaît pas.

– Jean-Jules POPINOT : magistrat, le juge d'instruction la plus intègre du tribunal de première instance de la Seine. Personnage nouveau et central dans L'Interdiction. Il est prénommé Jean-Joseph dans le manuscrit, avant d'être rebaptisé Jean-Jules dans la Chronique de Paris. C'est un personnage exemplaire, qui tend au premier rôle dans la nouvelle. Balzac lui accorde le don de seconde vue. Il est doué du « génie d'observation », « son jugement était lucide et sa pénétration profonde » pour le bien comme pour le mal. Onde d'Anselme Popinot, l'époux de Césarine Birotteau. Il tente d'obtenir un non-lieu pour Lucien de Rubempé (Splendeurs et misères des courtisanes) et sera un modèle pour les Frères de la consolation (L'Envers de l'histoire contemporaine).

– Eugène-Louis de RASTIGNAC : le personnage vient du Père Goriot. Dans L'Interdiction, est prénommé d'abord Ernest de Rastignac avant d'être rebaptisé Eugène dans l'édition Furne (1844).

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Une nuit de 1828, à la sortie d'une réception, deux vieux amis de la pension Vauquer se rejoignent. L'un aurait un service à demander à l'autre, une affaire un brin retorse sur la forme mais assez simple sur le fond. Résumons : Rastignac envisage d'abandonner Delphine de Nucingen pour la marquise d'Espard, plus influente et plus à la mode, plus utile à sa carrière et à sa vanité. La marquise d'Espars, elle, envisage de faire mettre sous tutelle (interdire) son époux, sans doute plus qu'à moitié fou et compromis dans des aberrations ruineuses qui menacent l'avenir de leurs enfants. le juge censé arbitrer l'affaire n'est autre que l'oncle de Bianchon. Ce dernier ne pourrait-il glisser un mot en faveur de la belle, favoriser une rencontre où elle puisse défendre directement ses arguments ?
C'est un homme des plus probes qu'Horace Bianchon, mais c'est aussi un ami fidèle : il fera de son mieux selon sa conscience. C'est le plus probe des juges que Jean-Jules Popinot, mais il ne voit aucun inconvénient à rencontrer tour à tour les deux partis en présence afin d'affiner son opinion. le plus probe, mais aussi le plus fin, et il ne tarde pas à comprendre qu'entre l'épouse bafouée et le mari cinglé, les choses ne sont pas si simples qu'elles le paraissent. Est-il d'ailleurs aussi fou qu'on le prétend, monsieur le marquis ?

Cette longue nouvelle De Balzac peut paraître un peu anecdotique mais on y retrouve, efficacement mis en scène, l'un de ses grands thèmes de prédilection : la véritable nature de la grandeur, confrontée aux vanités tortueuses, aux intérêts égoïstes et à la stupidité mesquine du monde. Grandeur incomprise, trop pure pour vouloir se faire reconnaitre, qu'incarnent chacun à sa manière deux hommes bien différents, le petit juge obscur et le marquis fortuné, le bourgeois et l'aristocrate enfin voués, peut-être, à se comprendre.
Le thème est intéressant, la peinture très vivante des lieux, des hommes et des caractères l'est tout autant, et les allures d'enquête que ne tarde pas à revêtir la narration accroche à merveille la curiosité du lecteur. Last but not least : les retrouvailles avec Rastignac - parfaitement cynique désormais - et Bianchon - toujours égal à lui-même - ne sont pas le moindre des plaisirs offerts par cet excellent petit condensé De Balzac, que j'apprécie d'autant mieux après les longues digressions des Illusions Perdues !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Une nouvelle longue en description.
Je me sens frustrée par cette lecture,elle est pour moi inachevée. J attendais une fin heureuse mais je suis restée sur ma fin.
Il n y a pas de suite au récit.
Pour une fois Balzac me déçoit, c est tellement triste,comme s il n avair plus eu envie d ecrire cette nouvelle qui aurait ou être pleine de surprises et de retentissements.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Si donc la nature avait doué monsieur Popinot d'un extérieur peu agréable, la magistrature ne l'avait pas embelli. Sa charpente offrait des lignes heurtées. Ses gros genoux, ses grands pieds, ses larges mains contrastaient avec une figure sacerdotale qui ressemblait vaguement à une tête de veau, douce jusqu'à la fadeur, mal éclairée par des yeux vairons, dénuée de sang, fendue par un nez droit et plat, surmontée d'un front sans protubérance, décorée de deux immenses oreilles qui fléchissaient sans grâce.
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Si le juge avait le pouvoir de lire dans la conscience et de démêler les motifs afin de rendre d'équitables arrêts, chaque juge serait un grand homme. La France a besoin d'environ six mille juges ; aucune génération n'a six mille grands hommes à son service, à plus forte raison ne peut-elle les trouver pour sa magistrature.
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Les magistrats, les avocats, les avoués, tout ce qui pâture sur le terrain judiciaire, distingue deux éléments dans une cause : le Droit et l'Équité. L'équité résulte des faits, le droit est l'application des principes aux faits. Un homme peut avoir raison en équité, tort en justice, sans que le juge soit accusable.
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À gauche, se trouve un jardinet carré qui ne permet pas de faire plus de quatre enjambées en tous sens [...], où, à défaut de végétation, il vient, à l'ombre de deux arbres, des papiers, de vieux linges, des tessons, des gravas tombés du toit.
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Son linge avait ce ton roux contracté dans l'armoire par un long séjour, et qui annonçait en feu madame Popinot la manie du linge ; suivant la mode flamande, elle ne se donnait sans doute que deux fois par an l'embarras d'une lessive.
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Vidéo de Honoré de Balzac
Deuxième épisode de notre podcast avec Sylvain Tesson.
L'écrivain-voyageur, de passage à la librairie pour nous présenter son récit, Avec les fées, nous parle, au fil d'un entretien, des joies de l'écriture et des peines de la vie, mais aussi l'inverse, et de la façon dont elles se nourrissent l'une l'autre. Une conversation émaillée de conseils de lecture, de passages lus à haute voix et d'extraits de la rencontre qui a eu lieu à la librairie.
Voici les livres évoqués dans ce second épisode :
Avec les fées, de Sylvain Tesson (éd. des Équateurs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23127390-avec-les-fees-sylvain-tesson-equateurs ;
Blanc, de Sylvain Tesson (éd. Gallimard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21310016-blanc-une-traversee-des-alpes-a-ski-sylvain-tesson-gallimard ;
Une vie à coucher dehors, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774064-une-vie-a-coucher-dehors-sylvain-tesson-folio ;
Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/14774075-sur-les-chemins-noirs-sylvain-tesson-folio ;
Le Lys dans la vallée, d'Honoré de Balzac (éd. le Livre de poche) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/769377-le-lys-dans-la-vallee-honore-de-balzac-le-livre-de-poche.
Invité : Sylvain Tesson
Conseil de lecture de : Pauline le Meur, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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