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EAN : 9782918698395
64 pages
Editions Invenit (16/11/2012)
4.3/5   10 notes
Résumé :
Edward Hopper (1882-1967)
Nightbawks, 1942 : unecarte postale,sa légende, et le commencement, voilà bien des années,d'une correspondance intime et inépuisable entre l'écrivain Franz Bartelt et cette toile panoramique du peintre desgrandes solitudes. En observant ses personnages qui, dans la nuit, attirent la lumière mais créent vide et silence autour d'eux, Bartelt dénoue l'"impression de déjà-vu" que lui inspire le tableau, à laquelle répondent des morceaux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai eu envie de retrouver, en compagnie de Franz Bartelt et Edward Hopper, la belle collection Ekphrasis des éditions Invenit que j'avais découverte à travers le regard de Sylvie Germain sur «Le paysage avec Saint Christophe» de Joachim Patinir. Je remercie Babelio et les éditions Invenit d'avoir satisfait mon désir.

J'ai vraiment apprécié la façon dont Franz Bartelt déroule le fil de sa rencontre avec le peintre Edward Hopper. Cela part d'un petit rien, comme souvent dans les intrigues de ses différents livres, un rien qui nous conduit bien au-delà de la banalité apparente de sa découverte du peintre lors de la réception d'une carte postale transmise à l'occasion des voeux de fin d'année.
«Nighthawks», un tableau livré à domicile qu'un préposé surgissant du brouillard me remit en main propre en me souhaitant la bonne année... Sur le trottoir il y avait juste ce qu'il fallait de neige pour ajouter au silence de la rue.» nous dit-il.
Cette reproduction de «Nighthawks» va faire son chemin, s'insinuant dans sa vie, y réapparaissant par intermittence au milieu de papier épars ou surgissant d'entre les pages d'un livre. Ces réapparitions périodiques suscitent une rêverie inquiète, le tableau exerçant une certaine emprise qui le laisse dans un état proche de «L'intranquillité» de Pessoa favorisant alors le jaillissement de petits textes poétiques notés sur des feuilles volantes.
«En vingt cinq ans, cet objet de rêverie a disparu et réapparu des dizaines de fois, le plus souvent pour quelques semaines, de temps en temps pour plusieurs années sans que je m'en émeuve, car avec une image qu'on aime et dont on connait les moindres grains on vit aussi bien de son souvenir que de sa présence.»
Cette longue fréquentation de Franz Bartelt et des Noctambules de Hopper, par sa poésie et son approche sincère, dénuée de prétention, fait pénétrer le lecteur dans l'univers du peintre tout autant et sans doute mieux que bien des études qui se veulent savantes.
Si cette lecture partagée m'a permis de connaître plus intimement l'univers de Edward Hopper, elle m'a aussi amenée à découvrir d'autres facettes d'un écrivain dont le style n'a rien à envier à l'un de ceux qu'il admire, Antoine Blondin, lui-aussi noctambule angoissé mais chaleureux.
«...la femme en rouge n'a pas volé le feu du ciel, mais tout en elle capte les lumières, les regards, les attentions... Sans elle, le tableau ne serait que la chronique du vide et, au-delà du vide, de la vacuité de ces heures subsidiaires où le simple mortel trouve refuge dans ce qu'il faudrait peut-être oser appeler «un asile de nuit» c'est-à-dire un endroit ouvert quand tout est fermé et où, faute de mieux, on va mourir un petit peu, d'ennui ou par l'action naturelle du temps qui passe, en attendant que, dehors, les murs libèrent ceux qui ont plutôt choisi de mourir en dormant.»
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Le regard de l'auteur entraîne le regard du lecteur dans celui qu'il pose sur le tableau d'Edward Hopper, peintre américain dont une rétrospective des oeuvres a lieu au Grand Palais à Paris jusqu'au 28 janvier 2013.
Un peintre, un auteur. Peinture et mots se croisent. Peinture et mots creusent des sillons d'émotions. Peintre, auteur, lecteur : une mise en abyme continuelle.
Un lieu de vide, des êtres (âmes) humains, des couleurs, le peintre a figé tout un univers qui renvoie à nos yeux sensations, émotions, non-dit dans le dit que l'on soupçonne et cela pour l'éternité depuis 1942.
Des mots, le je qui parle, évoque la découverte (une carte postale qui apparaît, disparaît, réapparaît porteuse de sensations traduites en lignes éparses au long d'années sans oubli), le je qui se trouve et se dévoile dans les considérations sur la solitude, le vide, les êtres, leurs élans arrêtés, le temps qui est sans se montrer et dans lequel tout homme s'étiole.
Puis il y a ces interventions poétiques subtiles qui sont à lire et relire tant elles peuvent donner réponse aux interrogations de tout homme devant l'ennui qui le recouvre et le vide qui l'étreint.
On perçoit les pulsations du coeur dans ces passages qu'il est bon de chuchoter pour en sentir toute la quintessence poétique, y goûter le rythme et la beauté des choses dites. Hymne à la vie, hymne à l'émotion, hymne au regard qui, plus loin que le regard, pénètre au tréfonds de l'essentiel artistique.
Le livre est court et dense. Il demande à s'y promener encore et encore.

Merci à Babelio
Merci aux Editions E Invenit dont la collection Ekphrasis est un régal.
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Franz Bartelt- Hopper, L'Horizon intra muros- Éditions Invenit, collection Ekphrasis ( 12€)

Certains écrivains s'inspirent de faits divers, d'autres comme Franz Bartelt tente de percer le mystère d'un tableau, laissant leur imagination les guider. On sait l'auteur amateur d'art. N'a-t-il pas déclaré que « Si les gens fréquentaient plus souvent les musées, ils ne mettraient jamais les pieds dans les pharmacies...»?
A l'heure de l'exposition Hopper à Paris, Franz Bartelt revisite une de ses oeuvres majeures du peintre: l'emblématique tableau Nighthawks, et concentre son regard sur ces Oiseaux de nuit afin d'en décrypter les moindres détails. Il dédie cet ouvrage à ceux « que le temps transporte », pour qui le temps n'a pas de prise, fil rouge qu'il va dérouler en insérant des réflexions poétiques et philosophiques avec sa touche d'humour: « sans y convoquer plus d'un neurone ».
En préambule, l'auteur part du constat que l'art n'est pas la nourriture quotidienne du «  quidam ordinaire », qu'il ne s'invite pas dans nos chaumières, par paresse ou manque de curiosité. Les calendriers pallient cette carence ainsi que les cartes postales souvent utilisées en marque-pages.

C'est pourquoi Franz Bartelt retrouve le tableau Nighthawks , carte de voeux mystérieuse, dans un ouvrage consacré à Brueghel, ce qui lui permet une étude comparative. le contraste est frappant: l'individualisme , la solitude « impartageable » chez Hopper s'oppose au collectif, à cette communauté solidaire de Brueghel. Chacune des retrouvailles avec cette carte volante (qui semblait jouer à cache-cache avec l'auteur) déclencha l'écriture d'une prose poétique,dont des extraits sont distillés dans ce recueil. Si le mot nighthawks, qui convoque pour l'auteur « quelque chose d'effrayant », désigne des noctambules assimilés à des fêtards, ceux du tableau n'ont pas l'air de s'éclater. Ces êtres atones, comme figés, perdus dans leurs songes, semblent plutôt tromper ou noyer leur solitude « géométrique » , leur ennui dans ce bar « immensément désert ». Face à une telle immobilité, vacuité, l'auteur aurait souhaité déceler un soupçon de douceur,de chaleur, ne serait-ce qu'avec la présence d'un chat. Mais il convoque Rimbaud pour qui « l'essentiel est ailleurs », et ici c'est la société « fric » avec le tiroir caisse bien en évidence.
Franz Bartelt focalise notre attention sur des détails relatifs à chacun des individus: un journal sous le coude, une cigarette, les doigts de la femme en rouge. C 'est elle qui accroche la lumière réfléchie par le mur jaune paille et rayonne telle une icône, au visage serein et recueilli.

L'auteur s'interroge quant à la présence de ces trois anonymes dans « cet asile de nuit », ce havre de paix où l'obscurité et la lumière se livrent bataille. Attendraient-ils un train dans un buffet de gare?,citant une phrase célèbre d' Antoine Blondin: « Un jour ,nous prendrons des trains qui partent ». Hopper aurait-il peint le tableau de l'attente, cristallisé des instants suspendus où il n'y a ni passé, ni avenir? Mais où le temps implacable aura le dernier mot.
Dans ce huis clos, cet enfermement, tels des poissons captifs d'un aquarium, les personnages semblent subir leur vie, « avoir perdu l'espoir », face à cet «  horizon intra muros ». Pour l'auteur, il se dégage de cette scène statique, une certaine mélancolie,lui faisant songer à L'intranquillité de Pessoa, « une nostalgie de l'immédiat » que la couleur masque en surface seulement, tel un fard.

Comme un livre récolte autant d'interprétations que de lecteurs, Franz Bartelt rappelle que « le tableau parle par la voix de celui qui regarde », ajoutant que « Ce que l'on ressent prime sur ce qu'on apprend ». Au lecteur de s'approprier cette toile spleenétique, ayant aussi inspiré Philippe Besson.
En filigrane, on devine l'écrivain rivé à sa table ensevelie sous un flot de papiers , absorbé dans son travail « lent, long, obscur » qu'impose la créativité, et parfois taraudé par un « sentiment d'inutilité ». A la fin de ce recueil , on trouvera une biographie condensée du peintre et de l'auteur.

Franz Bartelt pense que « s'il s'est produit des miracles sur la terre, on le doit plus à la peinture qu'à la littérature ou à la musique ». Alors quand le lecteur découvrira qu'il sait allier littérature et peinture, il ne pourra être que comblé par cet opus à la présentation raffinée, enrichie par des gros plans du tableau. Franz Bartelt reste cet auteur éclectique, toujours là pour nous surprendre.
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Wim Wenders a dit qu'« on a toujours l'impression chez Hopper que quelque chose de terrible vient de se passer ou va se passer. ». Impatience de l'Homme qui se présage toujours et n'envisage que son propre destin.... !
Et si ce « si terrible », ce « temps redouté » n'était en fait qu'un Rien.
Un Terrible assourdissant Un rien en personne, personne en quête du Rien.
Ce Rien dont seule la lumière d'Hopper serait en mesure de nous porter l'écho.
Voilà : Rien . Ou plutôt cette certaine et épouvantable singularité d'entre nos murs. le poids de tout ce qui réside au fond de nous. le bout de l'infini, le rade de l'insomnie.
Franz Bartelt approche familièrement les noctambules d'Hopper. Familièrement parce qu'il les connaît bien.
Ces passants pesant de tout leurs coudes sur les comptoirs de la nuit.
Μightbawks -1942-
Quatre personnages pris dans la toile. Une toile prise en carte postale. Un homme garde, tourne et retourne à la carte, dans l'image. l'image prise dans la toile.
Cette carte a trouvé refuge chez l'auteur, puis en l'auteur. L'auteur est lui même pris à l'intérieur de la toile. Chassé et enchâssé. Rendez-vous, rencontre, surprise, au coin d'un livre comme au coin d'une rue - les noctambules apparaissent, disparaissent, reviennent, s'installent. Et c'est pour Bartelt l'occasion de prendre note de ces brèves, brèves de comptoir en somme.
L'échange se déroule. le regard se dédouble. Comptoir – Miroir -
La lecture de Bartelt est limpide, éclatante, un véritable cristal de poche.
Il y a une interaction constante entre le « regardant » et l' « écrivant », entre ce qui « se dépeint » et ce « qui est peint ».
C'est une des plus belles lectures que la collection Ekphrasis nous ait offertes.
Une rencontre, sans hasard, entre le silence et le verbe.
Sans que Rien, ni personne ne vienne troubler l'horizon de cette nuit.

Alors...Forcément : revenir à Hopper, et inévitablement plonger dans Bartelt.

« Heureux celui dont la patience n'attend rien ».

Astrid Shriqui Garain
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Quel plaisir lorsqu'un de vos auteurs préférés vient poser ses mots sur l'oeuvre d'un peintre dont l'oeuvre vous touche tout particulièrement. Frantz Bartelt laisse aller sa prose sur le tableau Nightbawks d'Edward Hopper. Certainement l'oeuvre la plus connue de ce peintre de génie qui a si bien peint la solitude et la nostalgie.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Heureux celui qui ne veut pas savoir,
qui entend le chant des arbres,
celui des astres ou celui du juke-box,
et l’herbe froissant le matin du jardin
ou montant en fumée du fond des cendriers,
pour qui le temps n’a pas de chemin,
pas de comptoir et pas d’histoire.
Heureux celui dont la patience n’attend rien.
Et que le temps transporte.
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Vivre au milieu des livres et des tableaux, c’est vivre dans le murmure de l’indicible et des questions qui n’appellent pas de réponses spécialement informées. S’il fallait se précipiter sur l’encyclopédie à chaque fois qu’on ouvre un roman ou qu’on regarde une toile, le quotidien finirait par savoir tout ce qu’il faut savoir du monde et par ignorer tout ce qu’il devrait connaître de lui-même.
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Sans être d'une nature dépressive, mais sujet par moments à ce que les bardes de la météorologie nationale nomment des " épisodes nuageux ", du fin fond de mon ciel de traîne où, parfois, la noirceur le dispute aux grisailles, j'ai trouvé dans le tableau de Hopper des raisons de présumer que la mélancolie pouvait être beaucoup plus présentable en couleurs. Certes, le pouvoir de la couleur est limité. A l'intérieur de tout, il fait noir. D'ailleurs, à l'intérieur de la couleur, il fait aussi noir qu'à l'intérieur de tout. La couleur ne change rien au fond des choses. Par contre, elle encourage la forme, elle la conforte, la réconforte, lui donne bonne mine. Comme les artifices de la poésie, comme les feintes de la peinture, c'est un traitement de surface, un fard qui, sans remédier à la disgrâce qui gouverne nos humeurs, permet de sauver les apparences.
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Pour un français monolingue, l'impression de solitue serait, si besoin en était, confortée par le mot "only" peint sur la façade - mais à condition de l'isoler. En situation, donc, d'enseigne ou de titre. Sur la carte postale, il n'apparaissait que sous la forme d'une tache inintelligible.
Tout compte fait, ce n'est même peut-être pas tant la solitude que les solitudes, à chacun la sienne, de plus en plus impartageable à mesure que le temps passe, que la nuit gonfle et prend dans les quartiers la place de la vie. C'est une opération de nettoyage par le vide.
Tout est impeccable. La rue est nette comme une moquette. Comme un lino, plutôt, dont les surfaces égales, tout en reflétant la lumière, ne retiendraient que les ombres de l'ombre. Les vitrines des magasins ont été soigneusement expurgées de tout signe distintif. Peu importe de quoi il est ici fait commerce. A l'instar de la vraie vie selon Arthur Rimbaud, l'essentiel est ailleurs : dans l'évidence du tiroir-caisse qui s'impose en majesté, comme un rappel à l'ordre de l'argent, symbole d'une société qui en a accepté la domination et la fatalité.
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À défaut d’être une science, l’émotion est un savoir. L’essentiel de la culture tient peut-être seulement dans une larme ou dans un sourire nés de la rencontre fortuite d’un être et d’une image. Ce qu’on ressent prime sur ce qu’on apprend.
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Vidéo de Franz Bartelt
Une minute quarante de Franz Bartelt à consommer sans modération, extrait du livre "Le bon temps" paru à L'Arbre vengeur.
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