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L'Enfant rieur tome 1 sur 2
EAN : 9782330001353
336 pages
Actes Sud (02/11/2011)
3.66/5   41 notes
Résumé :

Il lui aura fallu attendre le très grand âge pour rencontrer enfin en lui-même cet enfant rieur qu'il aurait pu être si les circonstances, deux guerres, et quantité d'incertitudes écrasantes pour sa jeunesse, avaient rendu cela possible. A tant d'années de distance, afin de ne pas imposer au personnage principal son "moi actuel, qui depuis lors a tant vécu", il s'agit pour lui de ré-imaginer à partir des s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Achat 12 novembre 2011- Librairie- boutique de l'aéroport d'Ajaccio- Relecture 24 janvier 2024.

Un écrivain découvert en 2008 grâce à une amie, qui m'avait offert un roman qui l'avait captivée ; Il s'agissait d'un très beau texte" L' Enfant bleu", touchant sa pratique de psychanalyste....

Ressentant le même enthousiasme, je me suis plongée dans l'oeuvre abondante de cet écrivain belge, venu assez tard à l'écriture, même si cette dernière était bien présente très tôt, en latence !

Dans cet " Enfant rieur", il s'agit d'un récit personnel qui retrace l'enfance et la jeunesse d'un garçon né juste avant la fin de la première guerre...puis l'entre- deux guerres, et à nouveau une autre guerre ou le jeune officier Bauchau se battra avec ses hommes qui le respectent...mais où il sera en rébellion
( intérieurement)contre l'état-major, car il supporte mal d'accepter la " Retraite" qu'on lui ordonne...

D'ici là, on a un petit garçon qui nait et vit dans une famille belge de la haute bourgeoisie; il se débat avec de gros soucis scolaires, malmené par les autres gamins; l'école l'ennuie, l' insupporte...
Ses parents sont aimants, mais engoncés dans les règles et principes de leur milieu social: catholiques et grands bourgeois... Comme par exemple , la méfiance exagérée de la Mère envers la Lecture..., avec l'omniprésence des " curés " !

Et pourtant, cela sera bien la lecture qui sauvera le petit Henri....

En contrepoint, des passages admirables sur son père qu'il vénère. Un amour entier pour un père brillant, aimant, malheureusement écrasé, méprisé par son propre père, et par un frère aîné, si imbu de sa fonction de patron....qu'il en devient une caricature...et cette mère aimante, cultivée, mais plus conventionnelle et rigide...tout cela dans un contexte de fuites, déménagements fréquents dans la période difficile de l'entre-deux guerres...

"En fouillant ma mémoire, je trouve beaucoup d'autres traits de ce genre, qui me révèlent que mon père était un élève zélé mais qui riait sous cape de ce que lui apprenaient ses professeurs de littérature française ou antique.Cela révèle chez lui un être beaucoup plus complexe que celui auquel je suis habitué. C'est incontestablement quelqu'un qui défend le devoir civique, le devoir familial et le respect de l'Église, mais cet homme de devoir cache sous cette première couche un homme de la dérision qui aime se moquer de ce que notre société a connu de plus rigide : un collège de jésuites. "

Ce récit réunit la description de l'enfance et du mal de vivre d' un adolescent en construction , dans une période historique belliqueuse et complexe (*** Appris ainsi beaucoup de la situation plus compliquée et humiliante de la Belgique pendant la seconde guerre...où elle a dû abdiquer, au grand dam de notre narrateur)

Henri, l'enfant, l'adolescent nous raconte ses relations à ses parents, à son frère aîné Olivier,admiré et craint à la fois, sa passion pour la lecture, pour les histoires que son père leur racontait , où il se révélait totalement autre, loin de son image sociale...

Contrairement à l'aîné, Olivier, plus pragmatique et énergique, on ressent Henri notre futur écrivain, très, très introspectif, rêveur, tourmenté...plein de doutes et de questionnements sans fin...

Une relecture...qui fait d'autant mieux comprendre le très riche cheminement de l'écrivain, de l'écriture à la psychanalyse, sans oublier ses longues années d'enseignant, dans une structure innovante, créée par lui et son épouse...

J'achève ce billet par un extrait touchant son père; ces passages sont parmi ceux qui m'ont le plus émue !

"Chose étrange, maman venait rarement l'écouter dans ce rôle de conteur où l'on pouvait entendre ce qu'il y avait de plus intime, de plus charmé, caché sous l'écorce parfois rude de papa. Ainsi elle n'a pas perçu, derrière son côté bourgeois, provincial et scientifique, ce qu'il avait de plus précieux, qu'il dissimulait d'habitude et ne montrait que sous ce revêtement imaginaire auquel, en se trompant sur lui-même, il n'accordait aucune importance. Qui était-il vraiment ? Je pense que ses histoires nous révélaient plus sur lui que son comportement. Ingénieur et rêveur, bourgeois et romantique, mon père était avant tout un grand conteur que seuls les enfants pouvaient comprendre. "

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Je ne connaissais pas du tout Henri Bauchau , auteur Belge , né en 1913 , il a exercé pendant quelques années en tant que psychanaliste et est donc un grand connaisseur de l'âme humaine .
Il écrit ici un livre autobiographique , qui commence à ses premiers souvenirs d'enfants pendant la grande guerre , il a trois ans , c'est bien sûr plus une vague impression qu'un véritable souvenir , 'un officier allemand le prend dans ses bras et il se met à pleurer .
J'ai été emportée par l'enfance du narrateur quand il raconte sa découverte toute personnelle des livres , son cheminement de lecteur qui passe des romans d'aventure aux classiques , lorsqu'il se rend compte que certains livres ne racontent pas seulement des histoires mais vous transportent dans un autre monde , ces pages là sont merveilleuses .
L'auteur a beaucoup de talent pour nous dépeindre sa jeunesse , partagée entre son éducation religieuse qui avait une grande importance à l'époque et ' la libre pensée ' lorsqu'il rencontre à l'âge de 11 ans des étudiants de l'ULB ; la montée su nazisme en Allemagne , les premiers mouvements des Jeunesses ouvrières chrétiennes , on sent que l'auteur a pu renouer avec l'enfant et l'adolescent qu'il était à l'époque .
L'auteur se montre tel qu'il est avec ses qualités et ses travers , son positionnement parfois difficile de puiné par rapport à son frère aîné Olivier .
Les deux frères vont tous les deux au début de leur vie adulte prendrent des chemins bien différent de leurs parents , mais finiront par retrouver les valeurs familiales .
Il ose avec le recul , il a attendu d'être à la fin de sa vie pour se confier , nous raconter son premier mariage pas vraiment malheureux mais mal assorti , il rencontre une autre femme mariée elle aussi , et tombent tous deux profondément amoureux , ce qui n'était pas évident pour l'époque .
C'est un livre d'une grande sensibilité et vu la qualité des autres livres de l'auteur , je le lirai encore .
Hélas , alors que pendant la période de l'enfance et l'adolescence de l'auteur , j'avais des étoiles dans les yeux en le lisant , le chapitre consacré à la deuxième guerre mondiale , m'a paru fort inégal , ce n'est plus du tout le même style , c'est pourquoi je ne mets que 3,5 / 5 . Une autre petite chose , on reste un peu sur sa faim car le récit , se termine un peu brutalement à la capitulation de la Belgique .
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Ce livre est une épure ! Henri Bauchau, à partir du récit de sa jeunesse arrive à faire passer tant de choses en ne disant que l'essentiel ! Des faits, des souvenirs bruts qui portent en eux-mêmes leur poids de vie dans une écriture limpide qui révèle ces grands fonds marins dont est faite toute vie, ces émotions qui font de chacun de nous ce que nous sommes et que Bauchau évoque par touches légères sans sentimentalité excessive.
L'écriture de Bauchau sonne toujours juste, sans se perdre dans des fioritures littéraires, et sa parole résonne et agit en nous à la manière de celle du psychanalyste qui nous ramène sans cesse à l'essentiel, à la vérité du coeur, celle que ne peut réduire ni le conformisme familial contre lequel l'auteur se dresse vigoureusement, ni l'obéissance sociale qui conduit aux pires échecs.
Ce livre est à la fois une magnifique leçon de vie et une invite pour chacun à être soi-même, sur le chemin qui est le sien, et qui n'appartient qu'à lui.
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Livre paru en 2011. Henry Bauchau est mort en 2012, à cent ans.
Au crépuscule de sa vie, il nous livre son enfance, sa jeunesse.
Racontant son enfance, il utilise « il » ou « l'enfant », pour s'en rapprocher,
« sans y mêler l'homme qui a vécu depuis ».
Adolescent, puis entrant dans la vie, il parle de lui en disant « mon personnage », comme s'il jouait un rôle qui n'était pas le sien.
C'est un inventaire de sa vie et des évènements de 1913 à 1940.
Comme si, avant de mourir, il voulait retrouver cet enfant rieur que la vie a transformé et qui peut-être se cherche encore.
A vrai dire, si j'ai lu ce livre avec beaucoup d'intérêt, y retrouvant la sensibilité de l'auteur, et heureuse de partager ses souvenirs, je lui ai cependant préféré les autres titres que j'ai eu le bonheur de lire jusqu'à présent.
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A 98 ans, Henry Bauchau témoigne par un récit autobiographique d'une période historique importante puisqu'elle comprend les deux guerres mondiales et la crise économique de 1929.
L'enfant rieur, enfant miraculé sauvé de l'incendie de la maison de Louvain où il était avec ses grand-parents pendant la première guerre mondiale, perd cette légèreté en rencontrant son premier soldat allemand. A 3 ans, il reconnaît la langue de l'ennemi et son sourire s'éteint.
Après une jeunesse difficile marquée par la guerre, le chômage de son père, les déménagements successifs et ses problèmes de santé, Henry peine à grandir et à retrouver son sourire. Pourtant, il observe à la manière naïve mais lucide de l'enfance cette période tourmentée.
Tout d'abord, grâce aux histoires de son père puis par la lecture, il découvre l'imaginaire et l'action. Elevé dans un milieu bourgeois et religieux, il se pose des questions sur son engagement envers Dieu et l'humanité. Il se laisse influencer par Raymond, qui veut créer un ordre monastique laïc. Il découvre la politique, une autre littérature et l'amour. Tout d'abord, ce sont des émois de jeunesse, puis une attirance étrange pour le beau Théo et ensuite l'amour piège pour Mary,  une émigrée russe, ancienne fiancée de son frère. Jalouse, violente, dépensière, elle deviendra vite une charge pour Henry.
J'ai beaucoup aimé les premières parties parce que l'on y sent la maladresse du jeune homme. Il observe, emmagasine et essaie de comprendre les autres, lui-même et les évènements de son époque. Derrière chaque émotion, on ressent cette blessure, cette peur de l'ennemi allemand.
L'auteur abandonne parfois la narration à la première personne pour laisser parler le personnage  qu'il représente, cet enfant rieur caché.
La dernière partie est consacrée à son engagement lors de la seconde guerre mondiale et se termine sur le regret d'avoir du obéir à l'ordre de capitulation du roi belge. Henry semble alors avoir failli personnellement et l'on perçoit que cela restera pour lui une blessure profonde.
" Pour la première fois, je ressens ce que c'est d'être prisonnier et sans arme. Sans arme! C'est comme cela que je me suis senti depuis lors. Heureusement, il y a eu l'écriture, qui est une autre arme."
J'aurais aimé alors en savoir plus sur la suite de sa vie. Bien sûr, retrouver Laure qui concrétise enfin le réel amour réciproque et vivre les engagements ultérieurs de cet homme sage et lucide, qui se lance pourtant si facilement dans l'action, comme pour contrer cette fragilité de l'enfance.
J'avais déjà beaucoup apprécié le boulevard périphérique, roman écrit en 2008, pour la qualité de l'écriture et la fragilité de l'émotion. Ici, c'est, en plus, un témoignage important et inespéré puisque vécu par l'auteur d'une large période historique capitale. Je ne peux que remercier et respecter cet auteur poète belge qui témoigne avec une grande émotion.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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critiques presse (1)
Telerama
23 novembre 2011
Fort de sa connaissance du psychisme humain, Bauchau apprivoise sa propre fragilité par la grâce d'une écriture empreinte du merveilleux et de la lucidité de l'enfance. Sous sa plu­me, les souvenirs ouvrent des gouffres où grouillent l'amour et le regret, le premier triomphant toujours du second.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
En fouillant ma mémoire, je trouve beaucoup d'autres traits de ce genre, qui me révèlent que mon père était un élève zélé mais qui riait sous cape de ce que lui apprenaient ses professeurs de littérature française ou antique.Cela révèle chez lui un être beaucoup plus complexe que celui auquel je suis habitué. C'est incontestablement quelqu'un qui défend le devoir civique, le devoir familial et le respect de l'Église, mais cet homme de devoir cache sous cette première couche un homme de la dérision qui aime se moquer de ce que notre société a connu de plus rigide : un collège de jésuites.

( p.87)
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j'ai toujours senti que ces contes du soir, alors que je ne savais pas encore lire, m'ont ouvert le monde imaginaire. J'ai beaucoup lu ensuite, beaucoup de livres m'ont donné à rêver, mais les histoires de papa étaient une réaction au monde dans lequel nous vivions, marqué par l'Occupation et une sorte de misère propre à la guerre. Ces histoires nous aidaient à voir la coloration des mois et des saisons et parfois à sentir, derrière la rude réalité qui nous tenaient prisonniers, une autre existence qu'on ne pouvait pas atteindre, mais qu'on devinait parfois, par quelques rayons. Je me dis souvent que si je suis devenu écrivain...c'est un peu à cause des histoires de papa qui ont agi sur moi de façon plus original que les livres, les peintures, les musiques que j'ai tant aimés.
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je crois pouvoir résumer ma jeunesse dans cette lutte constante pour sortir par la lecture du moule de la famille et du collège , et quand je dis ' lutte ' c'est bien le mot , car si mon père était relativement indifférent à ce que nous lisions , la plupart des abbés qui officiaient dans les églises et le collège où nous allions pensaient que les mauvaises lectures , les mauvais amis , l'oisiveté sont mères de tous les vices ;
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L'Université

Ce n'est que bien plus tard que j'ai pu répondre à mon désir de soigner, je devrais dire de me soigner en soignant les autres, quand je suis devenu psychanalyste. Mais à cette époque, dans mon milieu, tout ce qui touche de près ou de loin à la psychiatrie est objet de crainte et de méfiance, et si on doit y recourir, c'est dans le plus grand secret.


( p.157)
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En 1929, après des années de prospérité illusoire, l'Amérique a connu le grand krach qui s'est étendu à tout le monde occidental, transformant peu à peu la vie de chacun et créant un univers tout à fait différent dans lequel j'ai eu de plus en plus de mal à me reconnaître et à suivre mon chemin. Pourtant j'ai évolué comme les autres et en même temps je suis resté le même. Comment expliquer cela ? Je n'ai trouvé qu'une réponse, en forme de haïku : nous sommes natifs de nos ruines surgissantes.
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